dimanche 29 octobre 2017

Stupeur et tremblements - Amélie Nothomb

En résumé.

Amoureuse de la culture nippone, Amélie a décidé de débuter sa carrière d'interprète au sein d'une firme japonaise immense et puissante, Yumimoto. Le léger souci est que la jeune occidentale ne fera jamais de l'interprétariat. Elle subira plutôt sans relâche le courroux de ses supérieurs qui ne sont jamais satisfaits ni de son travail ni de ses initiatives. Elle se sent inadaptée dans ce milieu où la hiérarchie ne peut pas être remise en cause, même si elle est défaillante, et où les codes sociaux nous semblent absurdes. Sa descente aux enfers se termine aux toilettes. En effet, elle descend progressivement les échelons, au rythme de ses gaffes et finit par occuper le poste de dame-pipi - rôle qu'elle prendra très à cœur.

Mon avis.

Je n'avais jusqu'à ce jour jamais lu d'Amélie Nothomb. J'en ai toujours entendu beaucoup parler, avec ce sentiment qu'on adorait ou qu'on détestait. Alors qu'il me manquait la lettre N pour le Challenge ABC entamé en début d'année, je me suis dit que ce serait l'occasion de me plonger dans l'univers de cet auteur, souvent décrit comme fantasque. Finalement, je ressors contente de ma lecture, sans être ni émerveillée, ni déçue.

On pourrait qualifier ce petit livre d'autobiographique puisque Amélie Nothomb, fille d'un diplomate belge a vécu lorsqu'elle était petite au pays du Soleil Levant. Elle y est revenue plus tard pour effectuer un stage d'interprète. Pour autant, elle a choisi de nous faire partager ici seulement un pan de sa vie, cette expérience au sein du monde du travail japonais. Le lecteur n'a accès à aucune autre information: ni son âge, ni sa vie privée, ni d'où elle vient, ni ce qu'elle fait en dehors de l'entreprise. Seules les journées de labeur, ennuyantes car aucune mission ne lui est confiée, sont analysées à la loupe. C'est d'ailleurs ce qui fait la force de roman: l'entrée dans une société extrêmement hiérarchisée et rigide, réputée pour l'importance de ces codes. La machine l'a broyée comme elle broie les autres salariés qui ne se rebellent pas, et qui n'ont même pas l'idée de se plaindre entre eux. C'est un royaume du chacun pour soi, où même la solidarité féminine n'existe pas. D'ailleurs, la narratrice témoigne de la difficulté d'être une femme au Japon, que se soit dans l'univers professionnel (gravir les échelons prend des années) ou dans l'univers privée (la femme doit être toute dévouée à son conjoint et à sa famille).

Je suis très loin d'être une experte de cette partie du monde. Même si je trouve que la culture nippone est intéressante à bien des égards, je ne me suis jamais sentie attirée par tout ce qui la compose (les mangas, sa nourriture, l'histoire du pays, ...). Il m'est seulement arrivée de lire quelques bouquins sur les comportements de déviance (notamment sexuelle) notés dans cette société. Cependant, j'ai pris plaisir à suivre les frasques d'Amélie. L'absurdité du fonctionnement de cette entreprise n'a même pas besoin d'être pointé du doigt, il va de soi, rien qu'en suivant les péripéties de l'héroïne. C'est un livre qui se lit extrêmement vite. Certains lecteurs ont apprécié l'humour distillé au fil des pages. Moi, je n'ai pas su le voir ou je l'aurais plutôt qualifié de ton léger, malgré la cruauté psychologique dénoncée par l'auteur. Faire glisser une critique implacable du système, l'air de rien, en sifflotant, voilà un autre point fort de ce livre. L'écriture est tout à fait accessible. Je m'attendais à une intrigue un peu perchée et pas toujours compréhensible. Il n'en est rien pour cet opus, peut-être est-ce vrai pour les autres. Je vais vérifier assez vite car celui-ci m'a donné envie de me replonger dans l'univers d'Amélie Nothomb. Et je ne vais avoir que l'embarras du choix! Elle a publié, depuis son tout premier roman, L'Hygiène de l'Assassin, un roman par an. On en est donc à 25 livres!

Je ne peux que vous conseiller ce livre qui ne vous prendra pas plus d'un jour et qui vous emmènera à l'autre bout du monde, à la découverte des méthodes de travail forcenées employées par les entreprises japonaises.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ La rapidité de l'intrigue.
+ Le style narratif qui va droit au but et qui ne s'encombre pas de détails superflus.
+ La légèreté du ton qui rend le message encore plus absurde et fort.
+ L'aspect documentaire sur les méthodes de travail au Japon.

- L'inconvénient d'une histoire rapide est que très souvent, on l'oublie aussi rapidement.

Dernières infos.

Ce livre date de 1999 et compte 186 pages. La même année, il a fait l'objet du Grand Prix du Roman de l'Académie Française. Il a été aussi adapté à l'écran avec dans le rôle d'Amélie, Sylvie Testud.

Ma note.
Challenges.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges: 
Défi lecture 2017 - Consigne 27: un livre dont l'histoire se passe en Asie. (34/80)
ABC 2017 - Lettre N (17/26)

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