samedi 23 février 2019

Joyeux suicide et bonne année - Sophie De Villenoisy

En résumé.

Sylvie Chabert est célibataire, sans enfant, entièrement dévouée à son travail, pas d'amis sauf la fidèle Véronique. Et maintenant, elle n'a plus de parents, son père vient de la quitter pour rejoindre les anges. Alors Sylvie Chabert décide d'en faire de même. Du moins, dans quelques mois. Avant, elle s'autorise à consulter un psy - un psy plutôt charmant qui lui conseille de réaliser toute une série d'actions, des choses qu'elle n'a jamais osé faire. Cela la conduit petit à petit à regarder la vie autrement, à faire sauter les derniers verrous qui l'enfermaient dans une vie monotone. Une renaissance qui la conduira, peut-être, à aimer la vie de nouveau.

Mon avis.

C'est mon amoureux qui m'a offert ce roman pour mon anniversaire, et donc pour la nouvelle année - les deux jours coïncidant - l'an dernier. Je vous l'accorde, c'est un cadeau au titre un peu étrange mais n'y voyez pas un message caché de sa part, juste l'envie de me proposer une histoire en accord avec mes ressentis, car je suis de moins en moins adepte des passages à la nouvelle année. C'est toujours pour moi un moment douloureux, non pas parce que je prends une nouvelle année de vieillesse, mais parce que cette soirée du nouvel an ne m'inspire plus que mélancolie, voire tristesse. Enfin bref, tout ça pour dire que je me suis enfin plongée dans ce tout petit livre.... au mois de Février ..... mais l'hiver n'est pas terminé, ouf !

Vous l'aurez peut-être deviné à sa couverture aux couleurs chatoyantes et aux illustrations girly, nous sommes dans le registre du feel-good, voire du chick-lit (la frontière entre les deux registres est, pour moi, souvent assez mince) avec ce roman. Tous les codes sont réunis : une héroïne malheureuse, voire même suicidaire, dont la vie est toute grise et sans espoir d'amélioration mais il suffit que quelques grains de sable (un homme, une femme SDF sur un quai de métro, une collègue un peu farouche et un psy audacieux) viennent enrayer les mécanismes de la routine et nous voilà repartis pour un tour ! Je ne peux pas le nier, c'est un livre qui est plaisant à lire, avec des passages qui nous arracheraient un début de sourire (je pense aux premiers chapitres), des personnages mignonnets et une morale gentillette, même si déjà vue, re-vue et rere-vue. Pour tout cela, le livre remplit le contrat : il nous fait passer un bon moment. Mais j'en suis malheureusement restée là : un bon moment, c'est tout, rien de plus, et ce pour plusieurs raisons.

La première raison est que l'histoire est un peu tirée par les cheveux. ! Attention spoiler ! Imaginez, la nana est au fond du sceau, elle éprouve le désir de mettre fin à ses jours, mais il suffit d'une partie de jambes en l'air et d'une rencontre avec une femme SDF (qui meurt dans ses bras) pour qu'elle retrouve, en quasiment deux jours, la pêche et l'envie de vivre. Loin de moi l'idée de sous-estimer le pouvoir de ces deux événements (la partie de jambes en l'air et la mort d'une personne sous ses yeux) mais je trouve que c'est un peu surfait et un peu léger pour guérir une personne enfermée dans une profonde dépression, pour qui il n'y pas d'autre issue que la mort. D'autre part et je le confesse, je suis un peu psychorigide, alors j'aime les histoires réalistes et crédibles (pour toute autre histoire qui n'appartient pas au fantastique ou à la science-fiction). Or, il me semble que la probabilité de voir une personne inconnue mourir dans ses bras est de l'ordre de l'infime. J'aime parfois rêver avec les histoires feel-good (lorsqu'elles sont bien écrites) mais j'estime qu'elles ne sont vraiment réussies que lorsqu'elles ont des réelles chances de se produire. ! Fin du spoil ! La deuxième raison est que nous sommes dans un style d'écriture superficiel. Parce que l'histoire reste superficielle et convenue, les mots employés ne risquent pas de défriser la moustache des Académiciens. Ou peut-être est-ce l'inverse : c'est parce que les mots employés ne risquent pas de défriser la moustache des Académiciens que l'histoire ne décolle pas. Je pense que les thèmes du suicide et de la solitude auraient mérité plus de profondeur et davantage de développement. C'est dommage, car l'idée de départ n'est pas mauvaise, il aurait juste fallu lui donner plus d'ampleur, plus d'enrobage. La dernière raison mais qui découle des autres est que l'ensemble reste niais et vraiment bienpensant.

En conclusion, mon amoureux, quand tu liras ces quelques lignes, merci du cadeau mais la prochaine fois, un peu plus de robustesse dans l'écriture, sans tomber dans du Proust (il comprendra le clin d’œil). Pour vous autres, de passage sur ce blog, un petit livre à lire si vous tombez dessus dans une boîte à livre ou à la bibliothèque, si vous avez quelques heures à tuer dans les transports en commun, ou si vous avez 44 de fièvre et que vous n'avez plus la pêche suffisante pour lire autre chose.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Un livre feel-good fidèle au genre, plaisant à lire avec des personnages mignonnets, quelques passages amusants et un ensemble bienveillant.

- Toutefois, l'histoire reste tirée par les cheveux, manquant de réalisme.
- Les thèmes (solitude, mort, ...) manquent de développement, on reste trop à la surface des choses.
- L'ensemble reste niais et bienpensant.
- Trop vite lu.... et vite oublié !

Dernières infos.

Joyeux suicide et bonne année a été publié en 2016 et compte 214 pages.

Ma note.