dimanche 26 avril 2020

La libraire de la place aux herbes - Eric De Kermel

En résumé.

Mère de deux grands enfants et mariée à un homme aimant, Nathalie, professeur de lettres pendant plusieurs années en région parisienne, décide de tout plaquer pour changer de vie. Suite à sa décision, la petite famille pose ses valises à Uzès, charmante petite ville du Gard. Nathalie y reprend une librairie sur la Place aux Herbes, place pittoresque aux arcades chargées d'histoire et qui invite à la flanerie. L'ouverture de la librairie est un succès, les lecteurs s'y succèdent et Nathalie devient au fur et à mesure des rencontres bien plus qu'une professionnelle du livre. Grâce à ses conseils lecture avisés, elle va peu à peu cotoyer l'intimité de ses clients et oser les guider sur le chemin du bonheur. Ce sont les destins de ces personnes qui ont changé sa vie qu'elle raconte dans ces quelques pages.

Mon avis.

Ce livre me faisait de l'oeil depuis quelques temps. Une couverture printanière et colorée, une histoire qui m'avait l'air de tenir la route, j'avais glissé ce livre dans ma liste des "Pourquoi pas ?". Le hasard est venu précipiter les choses puisque je reçus ce livre des mains de ma tante, contre une invitation à savourer un bon pot-au-feu. Déjà, le partage était présent avant-même la lecture du livre. Reçu en Novembre, je me gardais pourtant cette lecture toute fraîche pour l'arrivée des beaux jours.

D'emblée, je peux dire que cette lecture m'a laissé une impression mitigée. Du très bon et du très mauvais se côtoient durant ces quelques pages. Je vais essayer de commencer par le très bon. Déjà, le roman a quelque chose de très réaliste. On y côtoie des personnages simples et authentiques, à commencer par Nathalie, dont on pourrait croire qu'elle existe vraiment et qu'elle rédige vraiment une autobiographie. Le style d'écriture, la simplicité des événements narrés et le réalisme du contexte (petite ville du Sud de la France) nous amène à penser que l'on partage réellement le quotidien de cette libraire de la Place aux Herbes, même si l'on est vite rattrapé par le côté trop bienveillant pour être vrai dans un deuxième temps (j'y reviendrai plus tard). J'ai également apprécié la place et le rôle qui sont donnés à l'objet livre : celui-ci est errigé comme vecteur de bien-être, objet qui invite au voyage, au développement de soi, mais aussi révélateur d'une personnalité. En tant que passionné par la lecture et les livres, on ne peut qu'aller dans le sens de cette proposition et je dirais même que cela fait du bien de voir que le lecteur peut être considéré comme quelqu'un d'ouvert aux rencontres, au partage, et qu'il n'est pas seulement cette personne cérébrale, introvertie et solitaire qui est souvent le cliché du "petit rat de bibliothèque". Enfin, ce que j'ai le plus aimé est les conseils de lecture que distillent Nathalie au fil de ses rencontres. Ceux-ci sont récapitulés en fin de livre, ce qui est pratique si l'on veut essayer d'en lire quelques uns. Ces conseils de lecture s'orientent souvent vers des auteurs classiques mais il semblerait qu'il y ait d'autres pépites, méconnues, mais que je serais curieuse de découvrir à l'occasion. 

A présent, passons aux déceptions. Si je reste toujours un peu frileuse avec les livres qui s'orientent vers la catégorie "développement personnel", c'est que je trouve qu'il y a souvent trop de clichés à mon goût, du genre "il faut savourer l'instant présent", "il faut vivre ses rêves", "le partage et l'ouverture à l'autre sont la clé du bonheur". Je ne dis pas que ces conseils ne sont pas à suivre mais ils nient à mon avis tout une partie d'une réalité qui nous dépasse et si c'était si facile, nous le ferions déjà tous ! Je les trouve donc toujours un peu niais, et ce livre ne déroge pas à la règle. Si l'ambiance générale nous projette dans un monde réel, les rencontres avec les différents clients, qui constituent la majeure partie du livre puisque chaque chapitre est dédié à une rencontre, ont quelque chose d'irréel. La posture de Nathalie, en tant que sage, est elle-même irréelle et cela devient agaçant au fil des pages. On peine à croire que les problèmes avancés par ces gens peuvent être si vite résolus, juste avec l'aide de la libraire. D'autre part, les conseils qu'elle donne sont pour moi trop niais, bien pensants et dégoulinant de guimauve enrobée de caramel aux éclats de sucre. C'est dommage car ce côté prend trop d'importance au fil des pages et il vient finalement gâcher une idée qui aurait pu être bonne si elle en était restée au stade de rencontres et de partages d'expériences et lectures. Les personnages que la libraire rencontre ne m'ont pas vraiment marquée. J'en ai déjà oublié la plupart.

Je ne vais pas m'étendre davantage, vous l'aurez compris, une lecture en demie-teinte pour moi. Le réel intérêt de ce livre réside dans la découverte de nouveaux titres à placer dans sa Pile à Lire et dans l'hommage qui est rendu à l'objet livre.
Denières infos.

La libraire de la place aux herbes a été publié en 2017 et compte 278 pages.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 42 - Livre dont le titre contient un nom de métier (libraire)

samedi 18 avril 2020

Mémé - Philippe Torreton

En résumé.

Au travers de ses souvenirs de jeune enfant et de grand adulte, Philippe TORRETON nous embarque dans un petit coin de Normandie à la rencontre de sa Mémé. Femme qui a connu la guerre, le divorce, le bonheur d'avoir des enfants et des petits-enfants, les fins de mois difficiles, les mains sales après avoir gratté la terre pour quelques navets, l'usine, la bricole et le mobilier en Formica. Femme de peu, à la vie anonyme, comme la plupart de nos Mémés, ayant habité la même Terre que nous mais ayant connu un autre monde. Femme ordinaire mais emblème de toutes nos Mémés.

Mon avis.

Je reçus ce livre des mains de mon amoureux il y a déjà quelques années. Bien plus que le thème, j'avais été alors attirée par les illustrations de Giovanna GIULIANO qui font vivre, avec beaucoup de grâce et de douceur, le texte de Philipe TORRETON dans cette version illustrée proposée par les éditions J'ai lu. Malgré tout l'attrait pour ce livre, il m'a fallu beaucoup de temps pour le sortir de ma Pile à Lire, attendant le bon moment et surtout le printemps pour faire honneur à cette couverture aux couleurs des fleurs nouvelles.

De Philipe TORRETON, je dois avouer que je ne connaissais pas grand chose, en dehors des grands poncifs, un homme médiatisé, compagnon pendant quelques années de Claire CHAZAL et comédien de la Comédie Française. Au vue de sa carrière bien remplie, il me reste encore beaucoup de choses à découvrir de lui. Cela dit, après la lecture de Mémé, je peux affirmer que je connais déjà trois choses supplémentaires à son sujet : il est normand, nous avons les mêmes grands-mères et il est un écrivain doué. Dans ce court récit, les souvenirs sont jetés pêle-mêle, sans suivre de fil conducteur autre que le déroulement d'une pensée tellement accaparée par l'émotion qu'elle ne peut plus suivre un raisonnement organisé. Les souvenirs font appel à tous les sens : l'odeur des pommes qui macèrent pour devenir cidre, le goût des plats traditionnels de Mémé, sa peau douce contre la joue, tous ses mots que l'on n'entend pas et le réconfort qu'on ressent quand on la voit. L'auteur décrit avec beaucoup de douceur et de respect l'univers de cette femme qui a courbé le dos toute sa vie sans rien demander. Les mots s'alignent, délicats et emplis de poésie, pour un dernier hommage à cette femme qui a eu un si grand rôle dans la vie de son petit fils.

L'émotion ressentie pendant ces quelques pages vient de la délicatesse des mots et tournures de phrases employées, mais aussi de ce qu'ils racontent. Mémé est mes grands-mères. Même si nous habitons toutes les trois à l'opposé de la Normandie, c'est le même genre de souvenirs qui nous habitent, des souvenirs universels qui font vibrer notre âme d'enfant et de petite-fille ou de petit-fils. Tout au long de ma lecture, j'ai eu la sensation de revivre ces passages, éclairs, ou traînant en longueur lors des repas de famille, chez mes mémés à moi, qui elles aussi ont courbé l'échine pour gagner trois fois rien, qui elles aussi ne disaient rien, trop occupées à respecter cette pudeur des anciens, qui elles aussi s'accomodaient des restes et des mêmes objets, jusqu'à la déformation de la cuillère à soupe trentenaire.Toutes ses façons de vivre, à l'opposé de ce que nous vivons actuellement, le consumérisme, le narcissisme, le besoin de faire savoir au monde entier que l'on existe, quitte à se rendre ridicule et à gaspiller les dernières ressources que nous offre généreusement notre nature. C'est aussi un point abordé par l'auteur et que je partage avec lui, cette humilité et modestie de nos mémés, trop discrètes pour faire savoir au monde qu'elles avaient raison sur toute la ligne.

Amoureux de votre mémé ou nostalgique d'une époque révolue, je vous conseille cette parenthèse de douceur. Elle ne vous prendra que quelques heures mais vous fera remonter le temps sans quitter le canapé ou le siège du métro, petite pause dans un quotidien où l'on perd l'essentiel.
Dernières infos.

Mémé a été publié en 2017 et compte 168 pages.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 84 - Livre qui contient une citation (p.102 : Citation extraite du Bateau ivre de RAIMBAUD).

samedi 11 avril 2020

Les assassins - R.J. Ellory

En résumé.

1984. Alors que John Costello et sa petite-amie entament une histoire pleine de promesses du haut de leurs 16 ans, leur avenir est fauché en plein vol. Par un après-midi à l'atmosphère oppressante, dans la parc qui les a vus grandir, ils sont tous les deux attaqués par un serial killer qui se fait passer pour le Marteau de Dieu. La jeune fille meurt sur le coup. John Costello, gravement blessé, parvient toutefois à se remettre des coups qu'il a reçus. Néanmoins, sa santé mentale est entamée et sa vie ne sera plus la même à partir de ce jour fatal.

2006. New York. Ray Irving, inspecteur de police bougon et esseulé, est appelé pour enquêter sur plusieurs assassinats aux motivations mystérieuses. Victimes au passé irréprochable, mode opératoire différent pour chacun des meurtres et aucune trace suspecte sur les scènes de crime... Irving est vite dépassé par la situation et rattrapé par un journaliste du City Herald, journal de la ville, qui en sait déjà plus que lui. Cet homme, c'est John Costello, véritable mémoire vivante de l'histoire des serial killer. Il voit en ces assassinats l'oeuvre d'un seul homme, qui réédite d'anciens assassinats, à la date précise où ceux-ci ont été commis au cours des dernières décennies. Un duo inattendu est lancé sur la piste de l'homme qui fera trembler New-York pendant quelques mois.

Mon avis.

Après avoir terminé les Mémoires d'une jeune fille rangée de Simone DE BEAUVOIR, j'avais envie d'une lecture qui pepse, qui me tiendrait en haleine et que je dévorerais au soleil, ou en soirée, confortablement installée sous la lumière chaude de ma lampe de chevet. Je me suis instinctivement tournée vers un Dan BROWN, valeur sûre, et puis j'avais envie de me plonger dans un autre univers et de découvrir un nouvel auteur. Rien ne correspondait à mes envies capricieuses, ni dans ma Pile à Lire, ni dans ma Whish-List. Alors j'ai arpenté mes blogs chouchous pour enfin trouver LE livre qui me ferait passer des nuits blanches. Cette inspiration, je l'ai trouvée chez le fabuleux blog de Jostein, qui regorge de conseils lecture aux petits oignons. Quelques recherches supplémentaires, beaucoup d'avis positifs sur les livres de R.J ELLORY, emballé c'est pesé, Les assassins était sur ma Kindle.

Je ne suis pas une experte en thrillers, car j'en lis très peu, froussarde que je suis. Mon avis ne sera donc pas des plus affutés puisque je manque de références auxquelles comparer cette lecture. Néanmoins, je peux affirmer que je suis satisfaite de ce livre qui a entièrement comblé mes attentes. Malgré les 568 pages, je n'ai pas vu le temps passer et je me suis très vite prise au jeu. Seul le début, très sombre, où l'assassinat de la petite-amie de John Costello est décrit avec beaucoup de détails qui nouent l'estomac m'a un peu perturbée. J'avais peur que la suite serait aussi crue, avec un enchaînement d'assassinats tous plus violents les uns que les autres. Bien sûr, la suite est aussi violente mais tout n'est pas macabre, l'auteur a su injecter une dose d'humain qui adoucit l'ensemble et qui permet au lecteur de ne pas rester uniquement dans du thriller sanglant, notamment grâce à la compension que l'on ressent pour les personnages. Même si je sais qu'il a pu décevoir plusieurs lecteurs, le dénouement fut pour ma part une réussite, à tel point que j'avais l'impression que la scène finale se déroulait devant mes yeux, que je ressentais les émotions des personnages et mon coeur n'en pouvait plus, lui non plus, à l'approche de cette fin tant attendue.

Je trouve que le titre anglais convient mieux que le titre français, The Anniversary Man, puisqu'il résume à lui seul le coeur de l'intrigue. Cette enquête qui prend aux tripes l'inspecteur Irving, et par ricochet, qui nous prend aux tripes. L'enquête piétine, quelques petits rebondissemente émaillent le récit pour ne pas ennuyer le lecteur et le suspense est ménagé jusqu'au terme du livre. Au-delà du côté "page turner" inhérent à tout bon pollar qui se respecte, j'ai aimé les personnages qui permettent à ce récit de vivre et qui lui donnent une dimension très réaliste. Le personnage de l'inspecteur Irving est particulièrement attachant. Sa vie d'homme célibataire et casanier, aigri par un travail qui ne fait que ressortir le côté sombre de l'âme humaine, est véritablement secoué par l'entrée dans sa vie de John Costello, aussi seul que lui, mais dont la lucidité sur ce qui l'est est partciculièrement émouvante. Les deux vies entrent en résonance et on voit poindre, de façon très subtile, lors de quelques phrases jetées ça et là, une relation d'une infinie beauté, bien que toujours rendue précaire par cette question lancinante : et si Costello était l'homme recherché ? Est également abordée la question de la résilience de ces hommes et femmes qui ont eu affaire à des attaques de tueurs en série. Comment fait-on pour vivre avec ça, alors que le commun des mortels finit par oublier, avec le temps, ces assassinats et le nom des victimes. Et puis qui sont ces gens, dont le dessin est de tuer sans relâche ? Qu'éprouvent-ils ? Beaucoup d'autres écrits et professionnels de la psychiatrie ont déjà tenté de répondre à ces questions et ce livre n'a pas la prétention d'apporter une nouvelle pierre à l'édifice mais j'ai quand même trouvé intéressant que cet angle de vue soit proposé au cours de la lecture. Cela donne un petit côté documentaire à ce thriller aux multiples facettes. Dans la continuité, une autre question est soulevée, celle du marché noir qui se développe autour des actes des tueurs en série. Ces personnes qui collectionnent des photos des scènes de crime, des objets ayant appartenus aux tueurs en série et qui les revendent. C'est quelque chose que je ne connaissais pas, naïve que je suis, et qui m'a heurtée, le sordide n'a donc pas de limite... Il est également à noter que tous les assasssinats décrits dans ce livre, ceux qui appartiennent au passé du moins, ont véritablement eu lieu, ça fait froid dans le dos.

Je conseille cette lecture aux amateurs de sensations fortes, qui n'ont pas peur de quelques épisodes sanglants et qui ont envie d'un livre immersif et qui se lit vite. Grâce à plusieurs éléments, qui agrémentent et enrichissent l'histoire principale, cette lecture est autre chose qu'un thriller, c'est aussi une histoire d'êtres qui cherchent, se trouvent et se séparent, c'est aussi un documentaire sur l'univers troublant des tueurs en série.
Dernières infos.

Les Assassins a été publié en 2015 pour la version française (et 2009 pour la version originale) et compte 568 pages.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 34 - Livre dans lequel apparaît votre mois de naissance ("Janvier", p. 283).

dimanche 5 avril 2020

Mémoires d'une jeune fille rangée - Simone de Beauvoir

En résumé.

Simone DE BEAUVOIR, célèbre écrivain et philosophe, principalement connue pour son ouvrage "Le deuxième sexe" et pour avoir fait avancer la cause des femmes, revient dans ce livre sur son enfance, son adolescence et l'entrée dans sa vie de jeune femme. Née dans une famille bourgeoise, d'une mère très pieuse et un peu pincée, et d'un père plutôt fantasque et passionné de théâtre, Simonde DE BEAUVOIR s'est peu à peu construite, tantôt en accord avec les idéaux de ses parents, tantôt en opposition. Ce sont véritablement les livres qui l'aident à avancer et c'est auprès d'eux qu'elle trouve des réponses aux innombrables questions qu'elle se pose. Ils jouent aussi le rôle de l'ami qui console lorsque la jeune Simone sera prise dans des tourments sentimentaux inextricables. De ses premières années à son obtention de l'agrégation de philosophie - année au cours de laquelle elle rencontre Jean-Paul SARTRE - nous découvrons, dans ces quelques pages, les éléments fondateurs de la pensée de cette grande intellectuelle française.

Mon avis.

De Simone DE BEAUVOIR, je ne connaissais pas grand chose à vrai dire. L'auteur du "Deuxième Sexe", oui, la compagne de Jean-Paul SARTRE, oui aussi, mais ça s'arrêtait là. C'est mon amoureux qui a d'abord lu ce bout d'autobiographie puis il me l'a conseillé, car certains passages lui faisaient penser à moi. C'est donc avec empressement et curiosité que je me plongeai dans cet écrit, à la recherche de réponses que je me suis moi-même posée il y a quelques années.

Difficile de donner un avis critique sur les écrits d'un intellectuel aussi charismatique et reconnu que Simone DE BEAUVOIR. Alors je vais juste livrer ici mon impression de lectrice, en toute humilité et sans prétention aucune. La première impression qui me vient est celle d'une lecture longue et laborieuse. Les premières pages, où elle raconte essentiellement son enfance m'ont vite lassée, je peinais à m'identifier à elle, petite fille née dans une famille bourgeoise et à l'éducation marquée par la religion chrétienne. Je ne maîtrisais quasiment aucune référence historique qui borde son récit, et donc je me suis trouvée bien en peine d'imaginer une ambiance à ses souvenirs. Cette impression de longueur s'est poursuivie tout au long de ma lecture, mais elle s'est un peu apaisée, avec l'évolution de Simone vers des raisonnements plus adultes et les nouvelles rencontres qu'elle fait au fil des années. Autant j'ai trouvé la narration de son amitité avec Zaza intéressante, autout la narration de sa pseudo-histoire d'amour avec son cousin Jacques m'a vraiment ennuyée et m'a paru interminable. Ce sentiment d'interminable est, je crois, renforcé par le fait que tout est rédigé d'un bloc. Le récit est seulement scindé en quatre parties qui correspondent peu ou prou aux ruptures qui viennent poser les jalons de l'évoluation de sa pensée. A l'intérieur de ces parties, au nombre de pages conséquent, aucun chapitre, seules quelques coupures imposées par les paragraphes. Là où les chapitres contribuent habituellement au rythme dans une histoire, ici la pensée se déploie de façon illimitée, selon le propre rythme de son auteur et le lecteur peut parfois s'y noyer.

La deuxième impression qui me vient est plus positive. J'ai vraiment apprécié certains passages, certaines réflexions dans lesquelles j'ai pu un peu m'identifier. Il va de soi que je n'ai pas l'intelligence de Simone DE BEAUVOIR mais là où nous nous rejoignons, c'est sur le côté humain, nous sommes toutes les deux des femmes. J'ai apprécié ces passages où elle raconte le bonheur que lui procurent les livres et surtout l'aide qu'ils lui apportent lorsqu'elle traverse des passages délicats. Même si je ne connais pas la moitié des références littéraires qu'elle donne (ou du moins, que de nom), j'ai aimé son rapport intime à ces histoires qui l'aident à se positionner dans la vie. J'ai aussi aimé la narration de ses épisodes dépressifs comme euphoriques car peu de gens connaissent ces montagnes russes désagréables, qui plongent l'être qui en est la victime tantôt dans le déssaroi le plus complet, tantôt dans la joie la plus intense. J'ai aussi aimé la personne qu'est Simone DE BEAUVOIR. J'ai aimé le fait qu'elle ne soit pas, durant ces premières années en tout cas (après je ne sais pas), uniquement tournée sur sa carrière professionnelle et sa réussite. Elle reste encore très influencée par les relations qu'elle noue, notamment avec ses amis, et ce sont celles-là qui la font souffrir ou qui sont au coeur de son épanouissement, plus que la réussite à je ne sais quel examen élitiste. 

La dernière impression qui me vient est la satisfaction. La satisfaction d'avoir rencontré cette femme dont je connais désormais un peu plus que les grands poncifs qui nous sont servis habituellement. Je ne suis pas sûre de me plonger dans l'immédiat dans un autre de ses livres, qui sont quand même des gros morceaux, mais d'ici quelques années, et si cela correspond à mon humeur, pourquoi pas.

Une lecture aux premières notes de longueur et d'ennui mais qui prend de la saveur et du caractère au fur et à mesure de la dégustation. Je vous conseille ce livre si vous avez envie d'en savoir plus sur cette femme que l'on ne présente plus. Préparez vous tout de même à une lecture laborieuse, ce n'est pas le genre de lecture divertisante que l'on lit au bord de la plage !
Dernières infos.

Mémoires d'une jeune fille rangée a été publié en 1958 et compte 473 pages.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 30 - Livre écrit par une femme (à lire durant le mois de Mars).
* Les 100 livres à lire au moins une fois (14/100)