samedi 25 juillet 2020

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea - Romain Puértolas

En résumé.

Après avoir arnaqué ses amis et admirateurs dans son petit village de l'Inde, le fakir Ajatashatru Lavash Patel (à prononcer "J'attache ta charrue, la vache" selon le narrateur) embarque pour Paris, destination Ikea afin de se procurer un nouveau lit à clou. Bien décidé à faire des économies, Aja n'a pas réservé d'hôtel et choisit de passer la nuit dans le célèbre magasin. Pourquoi se priver quand on a, à sa disposition, des dizaines de lits et de canapés, des cuisines et des salles de bain ? Alors qu'il est sur le point de s'endormir, il se fait surprendre par deux employés de la marque et se réfugie dans une armoire. Manque de bol, celle-ci est embarquée pour l'Angleterre. Dans le camion transportant les marchandises, le fakir rencontre un clandestin soudanais, en quête d'une terre pacifique. A leur arrivée, les deux hommes sont arrêtés par la police britannique et renvoyés en Espagne. A partir de là, les péripéties se poursuivent pour l'Indien, visitant tout à tour l'Italie, la Lybie et la France, rencontrant sur son passage des personnes qui changeront à jamais sa vie.

Mon avis.

Un livre trouvé en parfait état dans une boîte à livres. Cela a fait mon affaire puisque je pense que je ne l'aurais jamais acheté si je n'avais pas croisé sa route de cette façon. A l'approche des vacances, j'avais envie d'une histoire fraîche, tout simple et rapide à lire. Celle-ci était toute indiquée, en plus on y parle de voyages...

Bien que plutôt léger, ce livre, que l'on pourrait classer dans la catégorie des "feel-good books", propose trois histoires en une. La première, la principale, celle de ce fakir qui va vivre, malgré lui, des aventures rocambolesques. Parti pour un aller-retour à Paris avec le désir bien précis de se procurer un lit à clou, il va finalement faire le tour de l'Europe, souvent placé au centre de plusieurs quiproquo et échappant aux diverses menaces grâce à des moyens de transports peu conventionnels (une armoire, un sac de voyage, une mongolfière). Ces nombreuses péripéties servent de fil rouge à l'intrigue. Ensuite, il y a une deuxième histoire, celle de ce clandestin soudanais et plus largement celle de tous les clandestons. C'est un thème récurrent et Aja s'interroge à de nombreuses reprises sur la souffrance que ressentent ces hommes et ces femmes qui ont tout quitté pour un espoir de vie meilleure. D'ailleurs, sa propre aventure contraste vivement avec leurs aventures à eux. Alors que la sienne est racontée sur le ton de l'humour, et semble se faire de façon si simple (il suffit de se cacher dans une valise pour atterrir à Rome), celle des migrants apparaît, à juste titre, comme douloureuse, semée d'embûches et incarnant quelque part le mythe de Sisyphe. Enfin, la troisième histoire est le changement qui s'opère chez l'Indien, comme si nous avions affaire à un voyage initiatique. Le fakir, habitué à mentir sur ses pouvoirs pour escroquer son entourage, rencontre au fil de ses étapes européennes des personnages qui lui permettent de gagner en maturité. A l'issue du roman, c'est un homme transformé, qui a désormais l'ambition de rendre les gens heureux, à commencer par sa compagne. 

Un roman qui laisse donc entrevoir plusieurs messages, sans pour autant entrer dans une histoire tire-larmes. Au contraire, le récit des aventures d'Aja se veut plutôt comique, même si pour ma part je ne suis pas partie dans de grands éclats de rire, juste quelques sourires de temps en temps. C'est le type de livre que l'on lit pour se changer les idées, sans en attendre grand chose. J'ai d'ailleurs trouvé que la longueur et le rythme étaient bien. Les aventures s'enchaînent, les chapitres sont courts et rythmés, on n'a donc pas le temps de s'ennuyer, et l'histoire s'arrête à temps, un pays de plus aurait été de trop. En revanche, j'ai moins apprécié le côté un peu surréaliste des aventures de ce fakir farfelu. Bien sûr, l'auteur avait besoin de rebondissements et de coups d'éclats pour servir ses ambitions mais j'ai trouvé qu'il allait parfois un peu trop loin. Par exemple, l'histoire d'amour avec Marie est vite introduite puis balayée, la carrière d'écrivain d'Aja sonne faux (comme si un éditeur filait 100 000 € pour un manuscrit à peine entamé) et le passage en Lybie est carrément tiré par les cheveux. Mais bon, il faut accepter ce genre de couacs dans ce type de livre.

En somme, un livre sans prétention, dont l'objectif est uniquement de faire passer au lecteur un bon moment, et c'est d'ailleurs réussi. A lire au bord de la piscine, entre deux plongeons rafraîchissants. 
Dernières infos.

L'extraordianire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea a été publié en 2013 et compte 307 pages. Il est suivi des Nouvelles aventures du fakir au pays d'Ikea. Le premier tome a été adapté au cinéma en 2018 par Ken SCOTT.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 19 - Livre dont le titre contient le nom d'un objet de la maison (armoire) - 27/100

jeudi 23 juillet 2020

Tag : Dans la valise

En ce mois de Juillet un peu particulier, j'ai eu envie de me lancer dans un TAG placé sous le signe des lectures estivales et du voyage. Si nous sommes un peu contraints cette année dans nos destinations, la découverture littéraire est toujours possible, et quoi de mieux que voyager par les mots, bien installé dans le transat, sous l'ombre bienfaitrice d'un arbre nonagénaire et avec le chant des cigales en bruit de fond ?!

J'ai pioché ce TAG une fois de plus chez Pocket Jeunesse, il suffit de suivre ce lien.


1. Un livre léger.

Oscar et la dame rose - Eric-Emmanuel SCHMITT
Qui dit livre léger, dit livre assez court. Celui-ci ne fait qu'une centaine de pages et pourtant, il se révèle être très puissant. L'histoire d'un petit garçon qui n'a plus que quelques jours à vivre, mais qui va en profiter à mille pour cents grâce à la dame rose, une dame qui rend visite aux enfants dans les hôpitaux bénévolement et qui a une imagination débordante. Avis aux cinéphiles, l'histoire d'Oscar à été adaptée au cinéma, avec Michèle LAROQUE dans le rôle de la dame rose.

2. Un livre que vous souhaitez lire cet été.

Une dernière danse - Victoria HISLOP
Il y a des auteurs qui reviennent tous les étés : Michel BUSSI, Katherine PANCOL, Marcel PAGNOL et Victoria HISLOP. J'ai donc choisi celui-ci, emprunté à la médiathèque et ma prochaine lecture je pense. Ses romans nous font toujours voyager et ont un côté historique qui est très plaisant.

3. Un livre que vous aimeriez acheter.

Circé - Madeline MILLER
Il y en a plusieurs que je souhaiterais acheter mais mon choix s'arrête sur celui-ci dont je suis sûre qu'il serait un coup de coeur. A en lire la quatrième de couverture, il s'agirait d'une sorte de biographie sur le personnage mythologique de Circé. Je suis sûre qu'on y apprend plein de choses et j'ai pu lire plein d'avis positifs sur la blogosphère.

4. Un livre que vous avez dans votre liseuse.

Rien de s'oppose à la nuit - Delphine DE VIGAN
Avec le confinement, j'ai fait plusieurs acquisitions sur ma liseuse alors que j'avais perdu l'habitude de m'en servir. Mon choix se porte finalement sur un livre que j'avais acheté il y a deux ans. Je me souviens l'avoir dévoré, avec cette impression que les pages défilent plus vite sur la liseuse. Un roman autobiographique, histoire de la vie de la mère de Delphine DE VIGAN, atteinte de bipolarité. Un livre émouvant, parfois dérangeant du fait de sa dimension intime mais à lire !

5. Un livre avec une valise ou un sac sur la couverture.

Bons baisers de Cora Sledge - Leslie LARSON
L'occasion pour moi d'évoquer un roman qui n'a pas fait grand bruit et que j'ai lu il y a dèja quatre ans. Le temps ayant fait son oeuvre, je ne me souviens plus vraiment de l'histoire mais j'en garde tout de même un bon souvenir. L'histoire d'une vieille dame contrainte par ses enfants d'aller en maison de retraite et qui va tout faire pour s'en échapper. Elle écrira ses aventures dans un journal intime, l'occasion pour nous d'en savoir un peu plus sur son passé.

6. Un livre qui parle de vacances.

Agatha Raisin enquête : Vacances tous risques - M.C BEATON
Le sixième tome des aventures de notre détective déjantée qui se passe à Chypre. Un tome rafraîchissant, qui permet de faire une pause bienvenue dans la série qui se passe majoritairement à Carsely, petit village des Costwolds en Angleterre. Dépaysement assuré !

7. Un livre d'aventure.

Le voleur de foudre (Percy Jackson, tome 1) - Rick Riordan
Une série dans laquelle je viens à peine de me plonger. Légère déception, après avoir adoré le hors saga Percy Jackson et les héros grecs, mais qui reste quand même une agréable lecture, très mouvementée de part les aventures que vit le jeune Sang Mêlé Percy, fruit d'un amour entre Poseidon et sa mère, mortelle. 

8. Un livre qui parle de voyage dans le temps.

La commanderie - Alain ADE
Ce livre ne parle pas de voyage dans le temps mais EST un voyage dans le temps - le temps du Moyen-Âge. L'auteur nous permet de nous lancer sur les traces des Templiers, à la recherche de leur trésor qui continue de fasciner un certain nombre de ferrus d'Histoire. Un roman historique rythmé, des personnages attachants et des rebondissements qui tiennent le lecteur en haleine, je le conseille vivement, y compris pour ceux qui ne sont pas très portés sur l'Histoire.

9. Un livre de la couleur de votre valise/votre sac.

Le vestibule des causes perdues - Manon MOREAU
Ma valise étant rose, mon choix se porte naturellement sur ce livre dont la lecture est particulièrement adaptée à la saison estivale. On y retrouve plusieurs personnages qui ont en commun de cheminer vers Saint Jacques de Compostelle. Un livre au thème original, dépaysant et qui nous donnerait presque envie d'enfiler nos chaussures de marche pour les rejoindre.

10. Un livre qui se déroule au dernier endroit où vous êtes partis en vacances.

La libraire de la place aux herbes - Eric DE KERMEL
En Août dernier, je suis partie dans le Gard, je n'ai pas eu l'occasion de visiter Uzès où se déroule l'histoire de Nathalie, jeune femme qui plaque tout pour ouvrir une librairie, mais c'est le seul livre que je pouvais mettre en lien avec mes dernières vacances. Une histoire agréable, même si elle s'évapore vite lorsque la lecture est terminée. J'ai particulièrement apprécié les conseils lecture distillés tout au long du livre, qui sortent des sentiers battus pour certains d'entre eux.

Ici s'achève ce TAG. J'espère qu'il vous a plu et que vous pourrez y glaner des idées lecture pour cet été. N'hésitez pas à le reprendre et à me laisser vos propres choix en commentaires. 

Je vous souhaite un bel été !

dimanche 19 juillet 2020

Les chroniques de San Francisco - Armistead Maupin

Relire les Chroniques de San Francisco, c'est me plonger dans mes souvenis, l'été 2009 plus particulièrement, l'été entre la Première et la Terminale, où on traîne avec les copains du lycée, profitant de chaque instant car vite rattrapée par l'appréhension de bientôt quitter le cocon familial pour la grande ville et les études. C'est aussi une lecture de retour d'un voyage à San Francisco, avec le désir de prolonger le dépaysement. C'est aussi un immense coup de coeur, je me souviens que j'avais été littéralement transportée, enchaînant frénétiquement les différents tomes, à tel point que j'ai recommandé ces Chroniques pendant dix ans à toute personne en panne de lecture. Eté 2020, l'envie de me replonger dans les histoires loufoques des habitants du 28, Barbary Lane, l'envie de me confronter à mes souvenirs et de voir si la magie opère toujours...

Tome 1 : Chroniques de San Francisco.

En résumé : Mary-Ann Singleton n'a que 25 ans lorsqu'elle débarque à San Francisco, elle qui a passé toute son enfance à Cleveland (Etat de l'Ohio, au Nord-Est des Etats-Unis). Très vite, elle se met en quête d'un logement et c'est finalement au 28, Barbary Lane qu'elle trouve son bonheur. Son appartement est enclavé dans une maison plus grande, divisée en plusieurs logements, tous tenus par une logeuse énigmatique, Anna Madrigal, une dame assez âgée qui fait pousser de la marijuana dans son jardin et qui en offre à ses locataires en guise de cadeau de bienvenue. D'abord déroutée par les moeurs de ses voisins, collègues et amis qui habitent la ville mythique, elle se fait progressivement une place, soutenue par Mouse et Mona, d'autres locataires du 28, Barbary Lane. Au fil des chapitres, nous suivons le quotidien de tous ces personnages hauts en couleur, donc les vies sont parsemées de rebondissements inattendus.

Mon avis : Je conçois que la forme et le fond de ce premier tome peuvent surprendre les lecteurs qui ne sont pas des habitués du style Armistead Maupin. La forme, déjà, une compilation de très courts chapitres, des chroniques véritablement. A l'origine, celles-ci étaient publiées dans le journal The San Francisco Chronicle, ce qui explique le fait qu'elles devaient être brèves et attrayantes. Il y a peu d'éléments de narration, principalement des dialogues, plutôt brefs eux aussi, entre les divers personnages. Pour ce qui est du fond, le contexte est le San Francisco de la fin des années 70 (les premières chroniques ont été publiées en 1978), c'est-à-dire un San Francsisco très libre qui tranche avec le reste du pays, plus conservateur dont Cleveland et Mary-Ann sont les symboles. Les thèmes  récurrents sont ceux la drogue, l'homosexualité, la liberté sexuelle mais aussi la tolérance et l'innocence. Certaines scènes peuvent donc paraître assez crues et déroutantes. Cette relecture du premier tome m'a un peu déçue. Même si j'ai quand même dévoré le livre, je lui ai trouvé quelques longueurs et quelques passages qui n'apportent pas grand chose à l'histoire. En revanche, j'ai retrouvé ce que j'avais le plus aimé à l'époque où je l'avais lu pour la première fois : les rebondissements de fin de chapitre qui sont toujours inattendus, qui relancent l'intrigue et maintiennent le lecteur en haleine. Si Armistead MAUPIN voulait que son lectorat lui reste fidèle, j'imagine qu'il avait tout intérêt à attiser sa curiosité, c'est chose réussie et j'ai déjà envie de passer à la suite. Enfin, j'ai apprécié l'éclectisme des personnages, il y a en pour tous les goûts, de ceux qui sont introvertis à ceux qui sont carrément libérés, de ceux qui en sont à l'heure des bilans à ceux qui croquent la vie à pleines dents. En tout cas, j'attends avec impatience de relire le second tome car pour le moment, le coup de cœur ne se confirme pas.

Ma note : 3/5

Challenges : 
Défi lecture 2020 : Consigne 80 - Livre dont le résumé de la quatrième de couverture contient le nom d'une ville - 26/100
 
Tome 2 : Nouvelles chroniques de San Francisco.

En résumé : Guidée par ses nouveaux amis du 28 Barbary Lane, Mary-Ann poursuit sa découverte du déjanté San Francisco des années 70. L'affaire Norman Neal Williams aura été un coup dur pour la jeune femme qui s'en remet difficilement. Heureusement, Edgar Halcyon, avant de passer l'arme à gauche, avait prévu de lui offrir une croisière au Mexique pour la remercier de son implication en tant que secrétaire de l'empire Halcyon. Quoi de mieux qu'un voyage pour tourner la page ? Mouse est de la partie, peut-être que cette croisière sera l'occasion pour eux deux de trouver l'amour ? Dans le même temps, Mona ne va pas bien et décide de s'enfuir pendant quelques temps. Un étrange hasard la conduira jusqu'à ses origines, et la rencontre avec Mother Mucca permettra de révéler bien des secrets. Quant à Brian, il est toujours en quête du grand amour, et vit d'étranges scènes avec sa voisine de l'immeuble d'en face tous les soirs à onze heures. Mais qui se cache derrière cette relation purement platonique ?
 
Mon avis : Quelques lignes de résumé et j'ai déjà employé le terme "étrange" par deux fois. Je crois que c'est bien ce qui caractérise ce deuxième tome. Lorsqu'on entame les Chroniques de San Francisco, il ne faut pas avoir peur de se lancer dans des histoires un peu farfelues, déjantées, voire glauques à certains moments. Ce deuxième tome ne déroge pas à la règle et c'est bien ce qui m'a plu. J'ai retrouvé ce pour quoi j'avais tant apprécié cette saga dix ans auparavant : les rebondissements abracadabrantesques, les personnages hauts en couleur, l'ambiance très particulière et des scenarii que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. En cela, je l'ai préféré au premier dont la relecture m'avait un peu déçue. Celui-ci est moins chargé en références et est plus tourné vers le développement de plusieurs intrigues qui finissent toujours par se recouper de façon surprenante. C'est d'ailleurs un tome clé dans la mesure où il révèle des secrets qui sont déterminants pour comprendre qui sont les habitants de ce petit coin de San Francisco. On retrouve encore une fois des personnages qui luttent pour assouvir leur soif de liberté et dont les actes sont tournés vers la recherche de l'amour, qu'il soit filial, amical ou charnel. Le lecteur est témoin de l'évolution de chacun d'entre eux, en particulier Mary-Ann qui est plongée pour la deuxième fois dans une enquête assez sordide mais qui nous tient en haleine jusqu'à la fin du livre. Le suspense est bien plus présent que dans le premier tome, Armistead MAUPIN s'amuse à tirer plein de ficelles différentes pour captiver ses lecteurs et les tenir en haleine jusqu'aux ultimes révélations. J'ai hâte de commencer le troisième tome, curieuse de voir comment vont évoluer les relations de Mary-Ann et Burke, Mouse et Jon, Brian et Mona, DeDe et D'or. Je pense que l'auteur nous réserve encore bien des surprises !
 
Ma note : 3/5

Challenges : 
* Défi lecture 2021 : Consigne 80 - Un livre qui contient une lettre (hors correspondance ou roman épistolaire) > lettre de la mère de Michael à son fils (p.35 à 38) - 28/100
En 2021... Je voyage : États-Unis (+ 20 points)

samedi 11 juillet 2020

Magellan - Stefan Zweig

En résumé.

Début du XVIème siècle, l'engouement pour les contrées extérieures à l'Europe est total : soif de découvertes, commerce des épices alors considérées comme des denrées rares qui font la richesse des marchands qui approvisionnent les cours européennes, et nécessité de trouver de nouvelles routes maritimes, avec l'envie sous-jacente de prouver que la Terre est ronde et non plate, comme l'affirment encore les cartes de l'époque. C'est dans ce contexte que Magellan débute sa carrière de marin. Il participe d'abord à plusieurs expéditions portugaises, en tant que simple homme à tout faire. Mais déjà, la mer le passionne. Au fil des découvertes auxquelles il participe, grandit en lui l'ambition d'être à son tour celui qui organise une expédition, avec l'irrépressible désir de prouver que l'on peut rejoindre les îles des épices situées du côté de l'Inde en passant par le continent américain, c'est-à-dire de faire le tour du monde, prouver que la Terre est ronde. Il va se renseigner, éplucher toutes les cartes, et réunir suffisemment de preuves pour penser que cela est possible. La cour portugaise refuse ce projet révolutionnaire et c'est finalement auprès de l'Espagne et de son roi Charles Quint qu'il trouve du soutien. En 1519, cinq navires s'élancent pour une aventure folle, qui ne doit sa réussite qu'à l'homme qui en est à l'origine.

Mon avis.

Stefan ZWEIG est connu pour avoir écrit de nombreuses biographies sur d'illustres personnages, qui ont marqué, à leur manière, leur époque. Pourtant, le premier livre que j'ai lu de lui n'est pas une biographie mais une nouvelle, Lettre d'une inconnue. Magellan est donc ma toute première biographie de l'auteur et j'en suis désormais certaine, ce ne sera pas la dernière.

L'idée d'écrire la vie de Magellan lui vient lors d'une traversée en bateau entre le continent européen et le Brésil. Il pense alors à tous ceux qui l'ont précédé sur ces océans, il pense aux premiers hommes qui ont osé, avec des embarcations plus fébriles et des cartes très approximatives, se lancer, au péril de leurs vies, à la découverte de nouveaux territoires. C'est donc la curiosité et l'envie d'en savoir plus sur le profil de tels explorateurs qui le conduisent à faire des recherches sur ce célèbre navigateur qu'est Magellan. J'ai beaucoup aimé cette démarche et à chaque page, on sent à quel point l'auteur est précis dans les informations qu'il nous délivre. J'ai également apprécié que cette biographie porte sur un autre explorateur que Christophe Colomb, dont on sait déjà beaucoup de choses.

Ce livre fut, à plusieurs égards, un coup de coeur. D'abord, il reste entièrement accessible, même si l'on n'est pas féru d'histoire, ce qui est mon cas. L'écriture est agréable, ZWEIG va dans le détail sans pour autant nous assomer d'informations superflues et il prend le soin de resituer chaque personnage dans un contexte historique plus large. Tout cela fait que nous ne nous ennuyons pas une seule seconde et même si nous connaissons la destinée de Magellan dès le départ, subsiste une forme de suspense qui nous tient en haleine. La rapidité des chapitres donne également du rythme à l'ensemble. Ensuite, j'ai beaucoup apprécié la description de Magellan. Le récit n'est pas une énumération sans fin d'événements, de dates, de personnages. L'auteur prend soin de décrire ses personnages, et en particulier le héros du livre. Le navigateur devient un personnage de roman, avec ses forces et ses faiblesses, et si son entreprise a réussi, c'est aussi grâce à sa personnalité et à sa détermination. On sent d'ailleurs une forme d'admiration et d'attachement de la part de ZWEIG, qui fait de cette biographie un récit incroyablement humain. Enfin, ce qui m'a également beaucoup plu est l'approche sensorielle du livre. Au fil de la lecture, nos cinq sens sont constamment en éveil : dès les premières pages, on est aveuglé par les couleurs chatoyantes des épices, ennivré par leurs odeurs qui nous embarquent en Orient, puis il y a l'expédition, le bruit des marteaux qui construisent les navires, le ressac des vagues, l'odeur iodée, le vent qui fouette notre visage et puis la vue de ces îles encore vierges, ces îles que l'homme n'a pas encore saccagées. D'ailleurs, là est mon seul et unique regret, que l'auteur n'est pas suffisamment évoqué l'impact de ces découvertes sur l'avenir de l'humanité. C'est bien à cette instant précis que s'accélèrent la destruction des populations autochtones, le pillage des terres fertiles et la volonté d'aller toujours plus loin dans l'exploitation des hommes et des ressources naturelles. ZWEIG en dit quelques mots mais pas suffisamment à mon goût, en même temps je dois reconnaître que nous sommes davantage dans le registre de la biographie que du pamphlet.

En définitive, je ne peux que vous conseiller ce livre. Il a la longueur idéale, ni trop long, ni trop court et on apprend tout un tas de choses sans s'en rendre compte tellement le style de l'auteur est agréable et prenant. J'ai déjà hâte de découvrir une nouvelle biographie écrite par notre cher ZWEIG.
Dernières infos.

Magellan a été publié en 1938 et compte 285 pages.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 59 - Lire une biographie ou autobiographie - 25/100

samedi 4 juillet 2020

Le mec de la tombe d'à côté - Katarina Mazetti

En résumé.

Elle, elle se recueille sur la tombe de son défunt mari, pour lui reprocher d'être parti si tôt et pour lui dire à quel point il lui manque. Lui, il vient déposer des fleurs sur la tombe de ses parents. Elle, elle est plutôt chic, tailleur beige et bouche pincée. Lui, il est plutôt débraillé, avec sa salopette qui sent la bouse de vache. Elle, elle aime la musique classique et les œuvres d'art. Lui, il aime les boulettes de viande et ses tracteurs. Elle, elle est bibliothécaire et habite dans un appartement d'un blanc immaculé. Lui, il est agriculteur, il croule sous les dettes et habite dans la maison de ses parents à la décoration kitch. Tout oppose Désirée et Benny. Et pourtant, un sourire va les réunir, alors qu'ils partagent un jour le même banc au cimetière. Depuis ce jour-là, ils sont amoureux mais leur idylle naissante est vite rattrapée par tous ces points de discorde qui entament la force de leurs sentiments.

Mon avis.

Ce livre traînait sur les étagères de ma bibliothèque depuis déjà quelques années. D'ailleurs, je ne sais même plus d'où il vient, si je l'ai acheté, si on me l'a prêté ou même offert. Après l'avoir reluqué bien des fois, j'ai enfin osé aller plus loin que le simple feuilletage. Il faut dire qu'il m'arrangeait bien pour valider une des consignes du Défi Lecture auquel je participe, celle de lire un bouquin d'un auteur scandinave. Katarina MAZETTI étant suédoise, c'était parfait. Et puis, quoi de mieux qu'un feel-good book pour enchaîner sur le sombre récit de Yann QUEFFELEC, Les noces barbares.

Comme bon nombre de lecteurs, si j'en crois les avis que j'ai lus sur Internet, ce livre fut pour moi une monstrueuse déception. Je n'en attendais pas grand chose, comme à chaque fois que je me lance dans ce genre d'histoire à l'eau de rose, dégoulinante de guimauve, mais là, je dois dire que c'est particulièrement mauvais. L'intrigue en elle-même est trop vite expédiée, à peine Benny et Désirée se sont-ils rencontrés qu'ils sont déjà quasiment unis pour la vie. Finalement, très peu de scènes se déroulent au cimetière, juste le temps de se rendre compte que les deux personnages sont diamétralement opposés (comme souvent dans ce genre d'histoire), puis leurs avis évoluent, après avoir échangé un sourire, et c'est fini, plus de cimetière, plus de passé, plus rien, juste une histoire d'amour qui va traîner en longueur. Celle-ci connaît des soubresauts qui ne peuvent qu'agacer le lecteur. On enchaîne les faux problèmes et les querelles de maternelle, tout ça pour essayer de créer un vague suspense inutile. On tourne les pages, on tourne les pages, pour finalement arriver à une fin qui est dans la continuité du livre, mauvaise, et en fait incompréhensible. Le tout sur un fond vulgaire, avec des scènes amenées sans aucune classe, et racontées sans la moindre élégance.

S'il n'y avait que l'intrigue... Mais non, il y a aussi les personnages. A eux deux, Désirée et Benny sont un ramassis de clichés rarement égalé dans l'histoire de la littérature. Désirée est le prototype de la bibliothécaire coincée, froide et rigide, ne lisant que des bouquins et méprisant ceux qui n'ont pas un rond de culture. Quand à Benny, c'est l'archétype du paysan, fils à maman, paumé, qui sent mauvais et macho qui plus est, attendant de sa future compagne qu'elle sache faire des boulettes et ranger la maison. Sinon, c'est rédibitoire. Comment de telles caricatures peuvent ne pas nous taper sur le système ?! Aucune profondeur, aucun réalisme. Pour prendre juste un exemple, alors que Désirée se lamente sur son défunt mari en début de livre, ce dernier est très vite oublié lorsqu'elle développe sa relation avec Benny. J'aurais quand même attendu un peu plus de peine de sa part, une remise en question aussi, voire même, mais je sais que j'exagère, de la culpabilité. A la place, rien du tout. Comment adhérer à des personnages qui paraissent aussi irréalistes ?! 

En somme, une histoire décousue, des personnages caricaturaux et affligeants, passez votre chemin. Même si vous avez envie d'une histoire légère et pas trop prise de tête, je vous conseille de vous tourner vers une autre lecture. Quant à moi, j'hésite à lire le second tome (oui, je suis maso), juste parce que je suis une jusqu'au boutiste et que j'aime bien lire l'intégralité d'un cycle. 
Dernières infos.

Le mec de la tome d'à côté a été publié en 1999 et compte 221 pages. Il est suivi d'un second tome, Le caveau de famille.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 12 - Lire un auteur scandinave - 24/100