samedi 30 septembre 2017

Charlie et le grand ascenseur de verre - Roald Dahl

En résumé.

Souvenez-vous, à la toute fin du premier tome, Charlie et sa famille s'envolent à bord du grand ascenseur de verre avec Willy Wonka après que ce dernier ait décidé de lui léguer sa chocolaterie. Cependant, le voyage vers sa nouvelle demeure ne se passe pas comme prévu. Le capitaine, Willy Wonka, toujours à l'affût d'une nouvelle fantaisie et suite à de mauvaises manoeuvres les envoie dans l'espace. Ils se mettent à flotter et surtout menacent d'entrer dans un hôtel spatial mis en orbite par les Américains. Sur Terre et dans la capsule américaine prête à rejoindre l'hôtel, ces derniers s'inquiètent et s'imaginent qu'il s'agit là d'une menace soviétique. Mais un autre type de danger rôde: les Gnoulis, ces vers géants qui habitent sur une autre planète et qui viennent tout simplement défendre leur territoire. Charlie et tout le petit monde doivent donc rejoindre la Terre illico presto, sauvant au passage les astronautes américains. Une fois revenus sur Terre, ce sont encore d'autres aventures qui les attendent...

Mon avis.

Contre toute attente, j'éprouve beaucoup de difficultés à émettre un avis objectif sur ce deuxième tome de la duologie Charlie et la chocolaterie. Je pense que ma lecture a été influencée par les avis plutôt mitigés que j'ai pu lire à droite à gauche et dont je n'ai pas réussi à me départir. C'est vrai que cette suite n'est pas à la hauteur de l'univers fantasque et gourmand à souhait proposé dans le premier opus. Dans l'ensemble, les personnages restent fidèles à ce qu'ils étaient (j'ai juste été surprise par les mauvais caractères des grands-parents (excepté Grand-Papa Joe)). L'incohérence vient plutôt de l'histoire en elle-même. Le passage dans l'espace, pourquoi pas. Si on cherche bien, c'est vrai que ce genre de mésaventure correspond au personnage de Willy Wonka. Le problème vient plutôt de la suite, lorsque toute la bande est revenue sur Terre. La suite n'a strictement aucun rapport avec le début du livre et les nouvelles expérimentations de l'ex-chef de la chocolaterie arrivent comme un cheveu sur la soupe. Les deux histoires en une sont donc traitées de façon séparée, sans qu'il y ait un liant qui aurait par exemple pu reposer sur l'installation de Charlie dans ce nouveau lieu. Le livre se lit donc extrêmement vite mais je ne me suis pas sentie transportée et je pense que j'aurai tout oublié d'ici quelques jours.

En fait et je rejoins l'avis de Petite Plume (dont je salue la chronique très intéressante qu'elle a faite sur cette duologie), je pense que Roal Dahl a voulu, au travers de ce deuxième tome, mettre en avant les agissements un peu ridicules des Américains pendant la Guerre Froide. Le livre a été publié en 1972, alors que les luttes pour la conquête spatiale font rage. On retrouve ici toutes les dérives inhérentes aux ambitions américaines démesurées: le toujours plus loin, le toujours plus grand (l'hôtel en question est immense, une prouesse pour l'époque et tout le monde demande à y séjourner), la peur des espions (on pense automatiquement aux soviétiques ou à la Chine, à la place de Charlie et sa famille) mais aussi la volonté d'empiéter sur un nouveau territoire (les Gnoulis ne peuvent-ils pas symboliser ce principe de "chacun chez soi"). Il s'agit donc ici d'une critique politique mais on retrouve dans la deuxième partie une critique de l'homme, de façon générale. Les grands-parents, attirés par l'élixir de jouvence que leur propose Willy Wonka vont prendre plusieurs pilules, sans s'inquiéter des effets, alors même que l'alchimiste déluré leur avait expliqué le fonctionnement de ce traitement. Les hommes sont guidés par leurs désirs primaires, ils agissent vite, sans même réfléchir sur les conséquences de leurs actes. Nous sommes donc loin des morales enfantines du premier texte, l'auteur nous laisse ici avec des considérations qui seraient plutôt destinées à un public adulte.

Pour conclure, une lecture loin d'être palpitante mais aux messages intéressants si on prend la peine de creuser un peu!

D'un coup d'oeil, les plus, les moins.

+ Les messages véhiculés via le récit des aventures de Charlie.
+ Ça fait toujours plaisir de retrouver ces personnages, auxquels on s'est attaché pendant le premier tome.

- Le manque de cohérence, d'une part avec le premier tome, d'autre part entre les deux parties du livre.
- Des éléments tirés par les cheveux et qui ne trouvent pas leur place dans l'histoire.

Dernières infos.

Cette suite de Charlie et la Chocolaterie a été publiée en 1972 pour la version originale et compte 196 pages.

Ma note.
Challenges.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges: 
Défi lecture 2017 - Consigne 2: un livre qui fait partie d'une duologie. (30/80)
ABC 2017 - Lettre D (15/26)

samedi 23 septembre 2017

Meurtre en Mésopotamie - Agatha Christie

En résumé.

Miss Leatheran, infirmière de son état, est recrutée par le Professeur Leidner, brillant archéologue, pour veiller sur la santé fragile de sa femme durant la durée des fouilles sur le site de Tell Yarimjah en Irak. Mrs Leidner n'est pas au plus haut de sa forme: elle est la cible de courriers anonymes depuis des années, elle est victime d' "hallucinations" selon les membres de l'équipe de fouilles et elle se dit souffrante. Mais finalement, on ne sait pas vraiment ce qui est à l'origine de ces accès de panique. Ou du moins, on fait semblant de rien savoir. L'ambiance tendue qui règne sur le camp atteint son paroxysme lorsque notre protagoniste est tuée. Heureusement, Hercule Poirot, en vacances dans le coin a vite fait de rappliquer et de se retrousser les manches, cette fois-ci accompagné dans ses opérations par la perspicace Miss Leatheran.

Mon avis.

Ayant achevé il y a peu la lecture du Crime de l'Orient-Express, je n'avais pas l'intention de me remettre de sitôt à une autre enquête servie par Agatha Christie. Et puis je suis tombée sur Meurtre en Mésopotamie lors d'un énième fouinage dans une boîte à livres d'un des parcs de ma ville. Et les vacances sont toujours un moment propice pour se plonger aux côtés d'Hercule Poirot, nos méninges doivent être en place et c'est mieux quand on se souvient de chaque fait.

Ce qui m'a frappé durant ma lecture et que je n'avais bêtement pas remarqué auparavant est que l'écriture d'Agatha Christie est toujours et uniquement centrée sur les faits. Ici, nous avons une narratrice un peu particulière puisque c'est Miss Leatheran qui est chargée de conter l'histoire. Au récit des dialogues entre les divers personnages, elle ajoute son point de vue. Pourtant, il n'y a  ici pas vraiment de plus-value à ce style narratif car on a surtout affaire à l'énumération des faits, rien que des faits. Peu de détails sur le travail archéologique en lui-même, peu de descriptions des paysages entourant le camp, peu de détails sur la façon de vivre à Tell Yarimjah, pas de risque de se tromper, on est bien dans une enquête policière. Cela ne me dérange pas dans le sens où on trouve ce qu'on est venu y chercher.

L'intrigue est plutôt bien menée. Finalement, la présence sur place de Miss Leatheran est très courte et pourtant son récit fait deux cent pages. Pages qui sont consacrées aux faits mais aussi aux réflexions de l'enquêteur à moustache. Pour autant, on ne s'ennuie pas, on en vient à suspecter chaque membre de l'équipe et les dernières trente pages sont un délice de suspense, habilement ménagé par Poirot. Encore une fois, notre Agatha a tout prévu et la révélation de l'assassin ou des assassins (moi aussi je ménage le suspense pour vous donner envie d'aller faire un tour en Irak à l'époque où ce n'était pas encore un champ de ruine!) est surprenante. Pour tout vous dire, j'avais de forts soupçons sur lui ou elle ou eux car on finit par connaître les codes mais j'ai quand même été étonnée parce que je refusais d'y croire. Dur dur quand on s'attache à un personnage et qu'on découvre qu'il est tout autre à la fin! En tout cas, c'est un dénouement plausible et réaliste.

Il a quand même fallu que je me perde dans les personnages. Ceux-ci sont décrits en tout début de livre, ainsi que le plan du camp, mais rien à faire, je ne parviens pas à me fabriquer des images mentales qui m'accompagneront tout au long de ma lecture. Je rencontre ce problème de façon régulière. Si ça ne pose pas de problème dans d'autres livres, ça devient embêtant pour un policier. Étant donné que la psychologie et les traits des personnages sont peu développés, il est difficile de dresser leur portrait robot et de le conserver. Dès que j'entame un Agatha Christie, il faudrait que je me munisse d'un crayon et d'un papier pour noter chaque détail en tout début de lecture.

Quoiqu'il en soit, un policier que je vous conseille si vous souhaitez pendant quelques heures jouer à un Cluedo littéraire!

D'un coup d'oeil, les plus, les moins.

+ Une intrigue bien menée et riche en rebondissements.
+ Le suspense est ménagé jusqu'à la fin.

- Dommage qu'il n'y ait pas davantage de détails sur l'expédition archéologique.

Dernières infos.

Meurtre en Mésopotamie appartient à la suite des policiers dans lesquels Hercule Poirot est présent. Il a été publié en 1936 pour la version originale et compte 224 pages. Agatha Christie est une source d'inspiration intarissable pour le cinéma. Cet opus fait l'objet d'une adaptation pour la série britannique Hercule Poirot.

Pour la petite anecdote, c'est en revenant de ce voyage en Irak/Syrie, qu'Hercule Poirot va être amené à résoudre le crime de l'Orient-Express.

Ma note.
Challenges.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges:
Défi lecture 2017 - Consigne 23: Un livre dont un des personnages est un docteur. (29/80)

jeudi 21 septembre 2017

Throwback Thursday - Histoire d'amour

Bonjour à tous !

Le Throwback Thursday est un rendez-vous repris par Betty Rose Books sur son blog. Les consignes sont très simples: chaque Jeudi, nous devons proposer un livre en accord avec le thème que Betty Rose Books nous aura concocté. Le but est d'enrichir notre Wish List en découvrant le choix des autres Bloggeuses!

Je tiens à préciser que toutes les images liées au Throwback Thursday proviennent du blog de Betty Rose Books.
Cette semaine, le thème est Histoire d'amour.

Pour l'occasion, voici le livre que j'ai choisi:

Lettre d'une inconnue
Stefan Zweig
Bettie Rose a raison, on n'a jamais assez d'amour! J'ai décidé d'orienter mon choix cette semaine vers un classique qui compte très peu de pages mais qui est vraiment puissant quant aux émotions et sentiments qu'il véhicule. C'est grâce à lui que j'ai découvert la plume pleine de sensibilité de Stephan Zweig, auteur autrichien qu'on ne présente plus. C'est un livre auquel on pense peu quand on parle d'histoire d'amour alors qu'il pose les jalons de l'amour passion et décrit très précisément la souffrance de l'amour à sens unique.

Résumé: Un célèbre écrivain rentre chez lui, après quelques jours de vacances à la montagne. Il n'a même pas le temps de se poser qu'on lui transmet une lettre arrivée pendant son absence. Celle-ci est l'oeuvre d'une femme qui l'a toujours aimé - une femme dont il ne se souvient plus. Nous la lisons avec lui et plongeons dans le tourment de l'auteur de cette missive enflammée et malheureuse.

Mon avis: La force de cette nouvelle n'est pas dans son histoire mais dans les thèmes qu'elle aborde: l'amour inconditionnel, le désir obsessionnel et la passion folie. L'inconnue a dépassé la frontière du raisonnable pour cet homme qui ne l'a jamais quittée dans ses pensées. Ses mots sont forts et décrivent une personnalité à fleur de peau, authentique et entière. L'écriture de Zweig est tellement juste et intelligente que le lecteur ne peut pas rester de marbre face à sa détresse. Je ne peux que vous conseiller cette lecture qui récolte tout de même un 17,5 sur Livraddict! Ce serait dommage de passer à côté alors qu'elle ne demande vraiment pas beaucoup de temps.

samedi 16 septembre 2017

L'île des oubliés - Victoria Hislop

En résumé.

Alexis, une jeune archéologue anglaise, est hantée par son histoire familiale - histoire à laquelle elle a eu très peu accès. Sa mère a toujours été peu loquace sur le sujet, ce qui ne fit qu'attiser la curiosité de sa fille au cours des années. Cette dernière décide alors de faire un détour, lors d'un voyage avec son petit-ami en Crète, dans le village natal de sa mère. Une conversation avec une vieille amie de la famille, un des rares témoins de la descendance des Petrakis, va lui en apprendre beaucoup sur son passé, notamment sur les liens qui ont uni ses aïeux à l'île de Spinalonga. Ce lieu chargé d'histoire accueillit entre 1903 et 1957 des colonies de lépreux, alors éloignés du continent pour éviter tout risque de contagion et endiguer la maladie. Un voyage autant dans l'espace que dans le temps, à la découverte de la mémoire d'une famille crétoise, voilà ce que nous propose Victoria Hislop.

Mon avis.

Cette lecture me fut offerte par Calyaa (son pseudonyme sur Livraddict) lors d'un Swap réalisé à la fin de l'année passée. J'avais vu la couverture se balader par ci par là, la plupart du temps accompagnée par des commentaires positifs. Cependant, la quatrième de couverture un peu trompeuse a mis du temps à me convaincre et j'attendais d'être dans une forme olympique pour me plonger dans cette histoire.

Car il faut dire que le sujet initial et surtout tel qu'il est vendu par l'éditeur, n'est pas des plus réjouissants. Qui dit lèpre, dit maladie peu connue et les seuls souvenirs qui me restaient des descriptions de ma prof d'Histoire de collège au sujet des jeunes gens qui l'avaient contractée au Moyen-Âge me donnaient plutôt envie de me munir d'un sac à vomi. Petit sujet sensible, j'avais donc peur d'avoir affaire à d'horribles descriptions. Ne nous dit-on pas d'ailleurs, toujours sur cette fameuse quatrième de couverture, "Quels mystères effrayants recèle cette île que surplombent les ruines d'une forteresse effrayante?" La lecture que j'en ai eue est finalement à l'opposé de ce film d'horreur annoncé. Via l'histoire de l'arrière grand-mère d'Alexis puis de sa grand-tante qui ont toutes deux vécu sur l'île de Spinalonga, on entre dans le quotidien des lépreux et j'en ai une image plutôt colorée. J'ai devant moi la vision de paysages ensoleillés, contrastés par le bleu azur de la mer et mis en relief par l'odeur entêtante des fleurs aux couleurs bariolées. Malgré la maladie, les habitants de l'île ne se sont pas laissés aller au désespoir et semblent avoir développé une petite société bienveillante et chaleureuse, à l'écart des affres mondiaux (je pense notamment à la Seconde Guerre Mondiale). De même, les anecdotes un peu gossip sur l'histoire des membres de la famille d'Alexis qui arrivent surtout à mi-roman ajoutent un supplément d'âme. C'est un peu comme si on feuilletait un Closer les doigts de pied en éventail au bord de la piscine, en s'exclamant toutes les trois pages "Non?! Elle a pas fait ça?" L'ambiance du roman est donc paradoxalement gaie et entraînante, même si les nouvelles ne sont pas toujours bonnes.

J'ai beaucoup apprécié les piliers historiques et donc réels de l'histoire. J'aime, de temps en temps, me plonger dans des histoires romancées mais enracinées dans la grande Histoire. Je trouve que ça humanise les dates et les faits qui s'enchaînent et surtout ça me permet de mieux mémoriser les lieux géographiques et le cadre temporel. On sent que l'auteur, helléniste, si on en croit le nombre de publications qui prennent racine en Grèce, a beaucoup fouillé l'histoire de Spinalonga et des villages crétois pour servir au lecteur un bout de ce passé resté un peu tabou. Il faut quand même mentionner l'originalité du sujet!

Néanmoins, au cours de ma lecture, j'ai pu déplorer quelques longueurs. Pour commencer, le récit cadre qui composent le premier et le dernier chapitre n'est finalement pas très utile. L'auteur aurait pu entrer dans l'histoire directement, sans passer par Alexis et sa soif de revenir sur l'histoire maternelle. Finalement, on s'en fiche un peu de savoir qu'elle n'est pas épanouie dans ses vies professionnelle et sentimentale. 98 % du livre sont dédiés à l'histoire de ses ancêtres et aux développements sur Spinalonga. Et puis il faut dire qu'on ne comprend pas très bien pourquoi la mère d'Alexis a eu honte de son passé. Certes, son histoire n'est pas commune mais de là à être aussi taiseuse... C'est donc un prétexte un peu raté pour entrer en matière.

Les autres longueurs apparaissent en fin de roman. Retracer le passé de toutes ses personnes prend des pages et on voit que l'auteur s'est un peu essoufflée en fin de livre, l'histoire est un peu plus bâclée, comme quand j'étais étudiante, que je démarrais mes devoirs sur les chapeaux de roue puis que je faiblissais et finissais par bâcler car j'avais des crampes au petit doigt. Et bien je pense que Victoria a aussi eu des crampes du clavier! Il faut dire que cinq cent pages pour une saga familiale, c'est beaucoup, surtout lorsque les rebondissements ne sont pas non plus à sauter au plafond.

Tout de même, j'ai été endurante et sans pointe à l'arrivée, je ne regrette pas ma lecture, somme toute agréable pour la période estivale.

D'un coup d'oeil, les plus, les moins.

+ L'intérêt historique du roman: on part à la découverte de l'île de Spinalonga.
+ Le voyage dans le temps et dans l'espace, tout ça avec les fesses collées au fauteuil et les sous dans le porte-monnaie.
+ Malgré le thème difficile, un sentiment plutôt joyeux et chaleureux qui se dégage du livre.

- Quelques longueurs et essoufflements, surtout vers la fin du livre qui peuvent donner une impression d'histoire bâclée.
- Le récit cadre qui bouffe des chapitres et qui finalement n'apporte pas grand chose à l'histoire.

Dernières infos.

L'île des oubliés a été publié en 2006 pour la version originale et compte 520 pages. Si vous êtes sensible aux charmes des paysages grecs, je vous conseille d'aller faire un tour vers les autres productions de l'auteur, dont Cartes postale de Grèce, sa dernière publication. Pour l'avoir feuilleté en librairie, ça donne envie car il regorge de photos de la région!

Ma note.
Challenges.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges:
Défi lecture 2017 - Consigne 20: Un voyage dans le temps. (28/80)

samedi 9 septembre 2017

Thérèse Desqueyroux - François Mauriac

En résumé.

L'histoire de Thérèse Desqueyroux s'ouvre sur un non-lieu prononcé suite à sa condamnation pour avoir tenté d'empoisonner son époux. Elle ne sera pas poursuivie car ce dernier a choisi de nier la vérité afin de préserver sa famille et surtout leur fille du qu'en-dira-t-on typique de ces petits villages reculés des Landes en ce début du XXème siècle. Thérèse n'est pas pour autant soulagée, elle qui souffre de ce mariage arrangé. Elle s'est toujours sentie enfermée par ces pins qui la toisent et par les conventions sociales qui ont fait d'elle une perle rare pour n'importe quel homme préoccupé par l'appât du gain. Pourtant, elle ne sait pas vraiment ce qui l'a conduite à ce geste malheureux, elle n'a que des suppositions. Ce qui est certain est que le silence de Bernard lui coûte très cher puisqu'il l'enferme dans leur chambre, la privant ainsi de tout contact avec l'extérieur. Thérèse va se laisser dépérir, jour après jour, à tel point que Bernard ne sait plus quoi faire d'elle.

Mon avis.

Je vous en ai délibérément beaucoup dit dans ce petit résumé. Ce n'est pas très grave car on ne lit pas Thérèse Desqueyroux pour l'histoire en elle-même mais parce qu'on a envie de partir à la découverte de ce personnage atypique mais ô combien intéressant.

Ce livre est mon tout premier roman de Mauriac. Pourtant, difficile de passer à côté de ce Prix Nobel de littérature, locataire de l'Académie Française et reconnu pour ses explorations dans l'âme humaine. Il y a cinq ans, j'ai rencontré cette fameuse Thérèse dans les salles obscures. J'étais tombée sous le charme de cette femme au caractère bien trempé et à la souffrance qui prend aux tripes. Lorsque je suis tombée sur le récit original de cette histoire qui peut paraître folle dans une boîte à livres d'un parc bordelais (Mauriac est originaire de Bordeaux), je n'ai pas hésité trois secondes et je me suis laissée emporter par l'écriture mauriacienne.

Il m'a quand même fallu du temps pour apprivoiser sa plume. Je me suis d'abord sentie égarée par des tournures de phrases qui en disaient trop sans en dire assez, des descriptions à la fois poétiques et troublantes, du vocabulaire aussi précis que compliqué. J'étais finalement ravie de connaître le cœur de l'histoire car je pense que je n'aurais vraiment rien compris sinon. L'empoisonnement n'est en effet quasiment pas décrit et on ne comprend pas de suite pourquoi Thérèse a été conduite au tribunal. Le temps est aussi distordu: quelques chapitres sont consacrés au présent et aux conséquences de ses actes, en fin et début du roman mais ce qui constitue la majeure partie du livre est le passé de la jeune femme, une longue introspection qui amène peu à peu le lecteur au dénouement. En parallèle de ma lecture, je suis allée sur quelques sites pour lire des résumés et des critiques, j'ai également écouté des émissions de radio consacrées à l'oeuvre mauriacienne. J'avais peur de passer à côté d'un mot, d'une action qui auraient pu fausser mon envie d'entrer dans l'histoire de Thérèse. Ces recherches m'ont bien aidée et m'ont permises, à moitié livre, d'apprécier toute la splendeur de ce petit roman.

A première vue, on peut être tenté de condamner sévèrement la conduite de Thérèse, à raison d'ailleurs. Et puis au fil des pages on en vient à éprouver de la sympathie pour la tortionnaire et une vive antipathie pour la victime. Le lecteur a uniquement accès au point de vue de Thérèse, largement décrit. On décèle en elle une personne très intelligente qui s'ennuie à en faire mourir les autres. Elle se sent comme prisonnière d'une cage dorée, elle dont le destin a été tracé dès sa naissance, de part les intérêts que son père avait à nouer avec la famille de son époux. Cet ennui conduit à la haine et la jalousie, déjà jeune fille lorsque sa grande amie et demie sœur de Bernard, Anne, avait trouvé le grand amour aux côtés d'un homme plutôt frivole. Thérèse ne l'a jamais supporté, elle qui n'a jamais connu l'amour vrai. On côtoie aussi cette dureté dans la relation à sa fille qu'elle n'a pas désirée et qui est peu présente dans ses réflexions. On voit bien à quel point toute cette sensibilité et cette intelligence réprimées par la norme ont conduit à faire d'elle une femme perdue, venimeuse et tourmentée par des questions auxquelles elle ne trouve pas de réponse.

J'ai beaucoup pensé pendant ma lecture à Madame Bovary. Flaubert et Mauriac avaient en commun d'avoir choisi leurs héroïnes un peu comme objets d'expiation. Mauriac a déclaré lors d'un célèbre interview qu'il aurait très certainement fini comme Thérèse Desqueyroux s'il ne s'était pas autant épanoui dans sa vie. La littérature et la reconnaissance lui ont permis de mettre des mots, au travers de ses personnages (principalement féminins), sur ce besoin d'utiliser sa sensibilité et son intelligence pour ne pas se retrouver à son tour enfermé dans une cage. C'est d'ailleurs intéressant de voir qu'il choisit à chaque fois des personnages qui sont en contradiction avec ses valeurs: lui est pieux alors que Thérèse est agnostique, il cherche à tout prix à éviter le pêché alors que Thérèse y plonge la tête la première.

Voilà une chronique assez longue mais il y a vraiment beaucoup à dire sur ce petit roman. Je vous encourage vraiment à aller le lire et je vous conseille de ne pas vous laisser désarçonné par les premières pages.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ La profondeur du personnage de Thérèse Desqueyroux.
+ Le renversement de situation: on en vient à aimer le coupable et à détester la victime.
+ En creux, la double analyse qu'on peut faire de la société de l'époque (et notamment du rôle de la femme)  mais aussi de la vie de Mauriac.

- La complexité de la plume de Mauriac qui nous perd parfois.

Dernières infos.

Thérèse Desqueyroux a été publié en 1927 et compte 148 pages. Le roman a été adapté au cinéma à deux reprises, en 1962 par Georges Franju et en 2012 par Claude Miller, mettant en scène Audrey Tautou et Gilles Lelouche.

François Mauriac est également l'auteur de Génétrix et du Nœud de Vipères, parmi ses plus connus.

Si vous souhaitez en savoir plus sur l'écrivain, je vous conseille d'aller faire un tour ici (2000 ans d'histoire sur France Inter) et ici (une série d'émissions lui ont été consacrées sur France Culture).

Ma note.
Challenges.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges:
Défi lecture 2017 - Consigne 13: Un livre d'un auteur de sa région. (27/80)

vendredi 1 septembre 2017

Harry Potter et le prince de Sang-Mêlé - J.K Rowling

En résumé.

Le cinquième tome s'était tristement achevé sur la victoire des Mangemorts revenus au pouvoir derrière leur leader, celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Alors que l'été a été pour Harry l'occasion de se poser encore une fois mille et une questions, c'est Dumbledore, le directeur de Poudlard en personne qui vient le chercher chez les Dursley pour le conduire chez la famille Weasley, quelques jours avant la rentrée. Déjà la sixième année est arrivée et elle ne sera pas des plus reposantes: entre voyages dans la Pensine et révélations sur le passé de Voldemort, nouveaux professeurs, découverte d'un mystérieux livre ayant appartenu au Prince de Sang-Mêlé, amourettes déçues et enquête sur un Malfoy aux agissements étranges, Harry ne va pas trouver le temps de s'ennuyer...

Mon avis.

J'étais restée sur un goût amer suite à ma relecture du cinquième tome que j'avais trouvé tout en longueur. Heureusement, ce sixième tome démarre sur les chapeaux de roue, les pages défilent sans qu'on s'en rende compte et on a hâte d'arriver au dénouement. C'est très certainement l'un des tomes les plus importants de la saga puisque les éléments qui vont nous permettre de comprendre le final dans le septième tome se mettent doucement en place. Ce tome a deux visages, comme le professeur Quirell dans le tout premier volume:

D'une part, le lecteur est baladé entre plusieurs petites histoires gentillettes. Malgré le climat tendu qui règne sur le monde des sorciers, on est quand même plongé dans l'ambiance si chaleureuse de Poudlard. Les amours et les jalousies entre les uns et les autres adoucissent cette atmosphère irrespirable du tome précédent. Et le Quidditch est toujours là pour nous offrir des moments de liesse, en dehors des sombres préoccupations de nos jeunes apprentis sorciers! L'euphorie est aussi apportée par ce mystérieux Prince de Sang-Mêlé qui rajoute par petites doses du suspense tout au long de l'histoire.

D'autre part, les chapitres consacrés aux échanges entre Dumbledore et Harry au sujet de Voldemort son nombreux. C'est intéressant d'être immergé dans le passé de ce dernier. Cela offre des clés de lecture pour comprendre son attrait pour la magie noire. C'est aussi l'occasion d'en apprendre plus sur les Horcruxes.

Lors de ma première lecture, ce sixième tome est le seul qui m'avait arraché quelques larmes. La fin est particulièrement dure, non seulement à cause du meurtre qui est perpétré mais aussi à cause de la trahison dont est victime un Dumbledore assez naïf (il est d'ailleurs intéressant de mettre en perspective toute l'intelligence qu'il mettait en avant quelques chapitres plus haut). A l'occasion de cette relecture, j'ai conservé une petite pointe au cœur mais je m'en suis finalement remise très vite et me voici à présent dans les starting block pour re-découvrir la fin.

Pour finir, j'ouvre puis referme très vite une petite parenthèse. Dumbledore est un personnage très présent tout au long de cet avant-dernier tome et on apprend à mieux le connaître. J'ai été quelque peu surprise par le ton prétentieux qu'il emploie pour faire référence à plusieurs reprises à son intelligence supérieure. Je suis plutôt d'accord avec lui mais un peu de modestie ne fait pas de mal et je dois dire que rien que pour cette raison il est descendu d'un cran dans mon estime.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Les diverses histoires qui s'entremêlent et qui nous ballotent entre côté sombre et côté gai.
+ Les multiples rebondissements qui font que le lecteur est toujours tenu éveillé.

- On est toujours dans une structure classique du Harry Potter: pendant l'année, les Mangemorts et Voldemort sont en vacances mais dés Juin, l'activité reprend et attention aux dégâts!

Dernières infos.

Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé a été publié en 2005 et compte 747 pages. Le film correspondant est quant à lui sorti 4 ans plus tard.

Ma note.
Challenges.

Cette lecture me permet d'avancer dans ce challenge:

C'est le 1er, je balance tout - Août 2017

Bonjour à tous!

Par manque de temps, cela fait un bon bout de temps que je n'ai pas participé au C'est le 1er, je balance tout! Ce concept a été lancé par Lupiot du blog Allez vous faire lire. J'en suis très vite tombée amoureuse car j'en avais un peu assez de mes Bilans du mois qui n'étaient finalement qu'une énumération de mes lectures, sans grand intérêt. Ce rendez-vous vient rythmer les fins de mois et surtout il nous permet de découvrir plein de jolies lectures mais aussi plein de balades sur la toile, avec ou sans lien avec les livres, et ça, j'adore! 

Les règles sont très simples puisqu'il s'agit de retracer le mois écoulé au travers de quatre catégories que voici:

1. Le top et flop du mois dernier
2. Une chronique d'ailleurs
3. Un lien que nous avons adoré le mois dernier (hors chronique littéraire)
4. Une petite fierté 

Sans plus tarder commençons avec le top et flop du mois dernier.

Je suis très contente de ce mois d'Août! Pas moins de sept lectures, dont certains assez denses, c'est une belle prouesse qui ne va malheureusement pas durer puisque la rentrée est dans quelques jours. En plus de ça, deux pavés sont en haut de la liste de mes prochaines lectures, donc si j'arrive à lire deux livres en Septembre, je serai déjà contente!
Difficile d'être déçu par un Harry Potter ou un Agatha Christie... En dehors de ces deux lectures, j'ai vraiment beaucoup aimé Thérèse Desqueyroux qui m'a permise de découvrir l'univers de François Mauriac. Voici une histoire forte, où l'on partage les pensées d'une jeune femme brillante mais dont les conventions sociales ont fait volé en éclat ses rêves de petite fille. J'ai également été conquise par ma lecture de La lucidité - un livre qui nous interpelle sur l'état de santé de nos démocratie. Que se passerait-il si le vote blanc était majoritaire lors d'une prochaine élection? José Saramago, prix Nobel de Littérature nous propose sa possibilité.

J'ai été beaucoup moins séduite par la suite de Charlie et la chocolaterie. Je trouve que l'histoire n'est ni cohérente avec le premier opus ni dans ses deux parties. Certains faits sont tirés par les cheveux, l'intrigue m'a parfois paru longuette alors qu'il est censé y avoir de l'action. Non vraiment, on ne retrouve pas tout le charme et la magie des premières aventures de Charlie. J'ai été aussi moins emballée par Le cri de la mouette - l'autobiographie d'Emmanuelle Laborit, sourde, co-directrice de l'IVT à Paris et défenseur de la langue des signes. Je n'ai pas vraiment de raison de ne pas avoir apprécié cette lecture, c'est une juste une impression, une ambiance qui ne m'a pas enthousiasmée.

Continuons avec les chroniques vues d'ailleurs. Les nominés de ce mois-ci sont....

* Charlotte du blog Loca des livres. Cela fait un petit moment que je suis tombée pour la première fois sur son blog et j'y suis revenue tout récemment pour sa chronique sur Soeurs de miséricorde de Colombe Schnek, que j'ai dans ma PAL et qui ne va pas tarder à se retrouver entre mes mains! Ce que j'aime particulièrement dans son blog est la diversité de ses lectures, autant dans les genres littéraires que dans la nationalité des auteurs. Charlotte est étudiante en lettres espagnoles, d'où la curiosité pour de nouvelles aventures littéraires. Quand je serai en manque d'inspiration pour mes prochaines lectures, je n'hésiterai pas à aller y puiser quelques bonnes idées!

* Corentine du blog Un fil à la page. Mes pérégrinations sur Livraddict m'ont conduite un jour vers ce blog avec lequel je me suis tout de suite sentie en harmonie. J'ai avec l'auteur de ces chroniques très fouillées et précises beaucoup de lectures communes et j'aime en découvrir de nouvelles. Le style épuré du blog avec un accès direct au contenu me plaît vraiment. Tout comme le précédent, il va devenir une valeur sûre pour de nouvelles découvertes littéraires!

Je vous ai présenté la liste des nominées, à vous de déterminer la gagnante, sachant qu'elles peuvent l'être toutes les deux ! Enchaînons désormais avec les liens vers un tumblr qui j'espère vous fera sourire, un site shopping d'été même si celui-ci tire vers la fin et une chanson que j'adoooore!

* Ce tumblr Chers voisins qui est aussi un site Internet m'a été conseillé par une amie cet été et je me suis préssée d'y aller faire un tour. Comme vous vous en doutez, on peut y lire des mots que des voisins bien ou mal attentionnés se sont laissés. C'est très drôle et délicieux d'ironie. Je me souviens d'un particulièrement bien rédigé et dont je vais peut-être m'inspirer pour rappeler à ma voisine pianiste qu'elle n'est seule au monde.

* Comme vous l'avez peut-être deviné au travers de quelques chroniques sur ce blog, j'ai à coeur de consommer local et de m'assurer de la qualité des produits que j'achète. J'essaie le plus possible d'agir en accord avec mes convictions sur la necessité de protéger au mieux notre planète. Alors certes, ça coûte cher mais je préfère m'équiper à petites doses avec des achats qui dureront. D'où Les Rubans de Déothie, une fabrication artisanale de sandales que je trouve absolument magnifiques. Le principe est simple, vous achetez les sandales que vous agrémentez ensuite par des rubans tout colorés qui peuvent s'attacher de façons différentes. A la pointe de la mode tout en consommant français et de qualité!

* Il est à présent temps de mettre un peu de musique sur cet article! C'est ce que je vous propose avec une découverte toute récente d'un artiste qui est pourtant connu avec sa chanson Black Man in a White World. Je veux parler de Micheal Kiwanuka et de son album Love & Hate. Je suis tombée amoureuse de la toute première chanson Cold Little Heart qui dure près de 10 min dans sa version longue et que je n'arrête pas d'écouter en boucle, tout en rédigeant cet article. Mention spéciale aussi pour celle qui a donné le nom à son album, Love & Hate.



Terminons désormais avec la minute fierté et réhaussement d'un ego en perte de vitesse!

Un mois d'Août qui s'est déroulé plutôt tranquillement. J'ai profité de mes vacances sans réaliser de prouesse particulière, savourant chaque heure avant une rentrée qui promet d'être intense et un peu stressante. Mes vacances sur la côte landaise en compagnie de deux grandes amies que je connais déjà depuis 10 ans ont été l'occasion de jolis souvenirs et de belles lectures. 7 livres en un mois, c'est déjà pour moi une fierté. 


Je vous souhaite un excellent mois de Septembre!