dimanche 26 août 2018

Orgueil et Préjugés - Jane Austen

En résumé.

La famille Bennet ne sait plus où donner de la tête... Leurs cinq filles sont désormais en âge de se marier. Leur trouver un homme riche et occupant une position honorable dans la hiérarchie sociale est devenu une urgence si elles veulent être à l'abri du besoin. Car non, en raison d'une vieille loi anglaise, elles ne pourront pas hériter de la maison familiale, qui repartira dans les mains d'un cousin un peu barbant, Mr Collins, à la mort de leur père. Comme les choses se goupillent plutôt bien, de nouveaux locataires viennent occuper une riche demeure non loin de là. Et comme une bonne nouvelle en entraîne une autre, les nouveaux locataires sont deux mâles célibataires, le gentil Mr Bingley, accompagné de son ami bien orgueilleux mais à la tête d'une fortune, Mr Darcy. C'est décidé, Jane, l'aînée ira à Mr Bingley et Elizabeth à Mr Collins, afin de mettre fin à la malédiction qui pèse sur la famille. Mais qu'en sera-t-il des sentiments des principales intéressées dans cette histoire, Jane et Elizabeth Bennet ?

Mon avis.

Mon premier livre de Jane Austen et donc ma première lecture d'Orgueil et Préjugés. Oui, je sais c'est une honte. Il faut dire que j'avais la pression, un classique de la littérature anglaise, adapté un nombre incalculable de fois au cinéma, des commentaires élogieux à la pelle, une note qui frise le record sur Livraddict, j'avais peur de ne pas aimer et de passer à côté de quelque chose. Autant vous dire de suite que mes craintes se sont évanouies dès les premières pages et que ce livre fut un véritable coup de cœur !

On rentre dans cette histoire comme dans un bon bain chaud, rempli de mousse et qui sent le citron (oui parce que le ton est légèrement acidulé quand même). Une de mes craintes était le style de Jane Austen dont je pensais qu'il serait trop riche ou trop ampoulé pour permettre une lecture fluide. Finalement, ce fut le cas, je me suis un peu brûlé les orteils en entrant dans le bain, surtout lors des joutes verbales entre Elizabeth et Darcy (cela dépend peut-être de la traduction) que j'ai eu du mal à comprendre en totalité mais on s'y fait rapidement, on se laisse envelopper par la chaleur des lieux et le piquant des personnages. Le décor est bien planté sans pour autant avoir quinze pages de descriptions. D'ailleurs, seul le domaine de Pemberley est mis à l'honneur. Plus que les paysages et le faciès des personnages, ce qui intéresse en premier lieu Jane Austen est leur caractère. Il n'y a qu'à voir le titre, orgueil et préjugés, tout un programme... La société bourgeoise, la "gentry" anglaise du XIXème siècle qui accueille l'intrigue, est passée au vitriol même si l'auteur y va avec beaucoup de subtilité, sa meilleure arme étant l'ironie. J'ai beaucoup aimé Mr Bennet, qui, agacé par la niaiserie de sa femme, garde sa colère pour lui mais lui fait quelques remarques bien placées et bien grinçantes. Elizabeth incarne les opinions que souhaite défendre Jane Austen. Elle est un peu le mouton noir dans tout ce fatras de bienpensance, l'esprit libre, très certainement la plus intelligente. Elle refuse cette loi tacite selon laquelle le mariage est avant tout une affaire d'argent. Pour elle, il n'y a que l'amour qui puisse unir deux êtres. Malgré ses traits d'esprit, elle n'est pas épargnée par la plume de Jane Austen qui montre combien l'orgueil et les préjugés peuvent conduire au malheur. Ainsi, tout le monde en prend pour son grade, même si Darcy et Elizabeth sont érigés au sommet du tas de fumier, ce qui fait que l'intrigue a du mordant et évite de tomber dans la niaiserie d'une comédie romantique.

J'ai également beaucoup apprécié le rythme de l'histoire. Si l'amour naissant entre Elizabeth et Darcy sert de fil conducteur, plusieurs développements secondaires viennent apporter de l'action, voire du suspense. Combien de fois j'ai eu des difficultés à poser mon livre ! Je l'ai carrément dévoré, souhaitant par dessus tout savoir ce qui allait se passer pour tel ou tel personnage. Je dois avouer qu'un petit récapitulatif des relations entre les différents protagonistes trouvé sur le page Wikipedia du livre m'a été de grand secours quand je ne savais plus qui était lié à qui. Sans ça, on n'a aucun mal à suivre l'intrigue. Tout est tellement bien ficelé, bien pensé pour que les uns et les autres se croisent de façon complètement naturelle. J'avais l'impression d'habiter moi aussi cette partie de l'Angleterre et de suivre les aventures de mes voisins depuis la fenêtre. Elizabeth fut bien évidemment ma voisine préférée. Certes, elle a son petit caractère mais elle pointe tellement bien le manque d'intelligence des autres et de certaines traditions. J'ai aimé sa liberté d'être et d'agir. Le passage où elle refuse la première demande en mariage de Darcy est absolument magistral. Malgré les manières de l'époque, j'ai eu le sentiment de lire une œuvre moderne, pas si éloignée de notre époque. Quelques petites modifications et nous pourrions facilement adapter cette histoire à notre monde contemporain. Rien de surprenant, puisque c'est un livre qui parle de l'Homme et de ses travers, thème intemporel qui a déjà fait couler beaucoup d'entre et qui continuera d'en faire couler...

Avant de vous quitter, je tenais à vous dire quelques mots sur Tibert Editions, l'édition qui a publié cette version d'Orgueil et Préjugés illustrée par Margaux Motin. Il s'agit d'une toute jeune maison d'édition qui a pour objectif d'allier littérature et art pictural. Ainsi, ils publient des grands noms de la littérature sublimés par le talent d'un artiste. Pour le moment, sont disponibles Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Kadra et Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Pour ma part, j'ai vraiment apprécié mon expérience de lecture avec Orgueil et Préjugés. Le livre est d'une qualité excellente, les illustrations apportent un vrai plus humoristique et artistique et il décore à merveille ma bibliothèque. Je vous laisse aller faire un tour sur leur compte Ulule et sur leur site.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Un regard cynique sur la société bourgeoise dans l’Angleterre du XIXème.
+ Des personnages aux caractères bien marqués, mention spéciale pour Elizabeth.
+ Une intrigue bien ficelée, faite d'une mosaïque d'histoires qui donnent du rythme.
+ Le plume intelligente de Jane Austen qui parvient à montrer avec finesse et subtilité le poids de l'orgueil et des préjugés chez l'Homme.
+ Le charme qui se dégage des lieux.

- Quelques passages un peu difficiles à comprendre (mais ils restent rares)

Dernières infos.

Orgueil et préjugés a été publié en 1813 (pour la version originale) et compte 353 pages. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce livre, je vous conseille cet épisode de l'Alchimie d'un roman et cet épisode de La grande table sur France Culture. Si vous n'êtes toujours pas rassasiés, sachez que La compagnie des auteurs (toujours sur France Culture) a consacré quelques épisodes à Jane Austen.

Ma note.
Challenge.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges:

dimanche 19 août 2018

Un avion sans elle - Michel Bussi

En résumé.

Le 23 Décembre 1980, un avion provenant de Turquie et se rendant dans la capitale française choisit une montagne du Jura, le Mont Terrible, pour se laisser mourir. La carlingue prend feu, les quelques deux cent passagers ne survivent pas, sauf un bébé de trois mois qui fut éjecté à temps. Mais ce jour-là, il y a deux bébés de trois mois à bord de l'appareil : Lyse-Rose de Carville, la petite fille d'un riche industriel et Émilie Vitral, aux origines plus modestes. Aucun signe distinctif ne permet de savoir laquelle des deux a survécu. Les familles se déchirent, la justice tranche, la fillette sera une Vitral. Pour autant, les De Carville n'abandonnent pas la bataille. Ils embauchent un détective privé, Crédule Grand-Duc à qui ils donnent 18 ans pour faire la lumière sur cette sombre affaire. 18 ans de vide, d’errance, à multiplier les pistes sans aller jusqu'au bout. Il aura fallu attendre la toute dernière minute de la toute dernière heure de ces années d'enquête pour que l'homme se réveille, alors qu'il n'avait jamais été aussi près du sommeil irréversible, et trouve l'ultime indice, celui qui libèrera les deux familles.

Mon avis.

Qui dit été, dit forcément un bon policier sous le parasol ! J'ai découvert Michel Bussi l'an dernier, à la même période avec Le temps est assassin. Ayant bien aimé, j'ai décidé de renouveler l'expérience avec Un avion sans elle. Je ne comprends pas trop ce qui s'est passé, les indices étaient au vert, les avis sur Livraddict dithyrambiques, la note très bonne, la quatrième de couverture prometteuse et pourtant... Et pourtant, ce fut une déception.

Michel Bussi a su choisir les ingrédients d'une bonne recette. Il y a du suspense, et ce, dès les premières lignes. On est face à un Crédule Grand-Duc qui veut en finir, et au moment de passer l'arme à gauche, le voilà qui découvre LA vérité. Nous, il faudra encore qu'on attende près de 600 pages. Alors on sort la loupe, on essaie de lire entre les lignes, on fait des fils avec les différentes informations, on tisse une toile, on se prend les pieds dedans et on finit par abandonner et par se laisser porter. Il faut dire que l'auteur tente de rythmer son histoire. La trame de l'intrigue est portée par le journal de Grand-Duc dans lequel il a consigné tous les indices, toutes les pistes qu'il a suivis pour tenter de percer le mystère Lylie. Ce journal est lu par Marc Vitral, à la fois le supposé frère de la rescapée et son amant (oui, ils sont amoureux ces deux-là, pour arranger les choses...). On déroule donc le fil de l'histoire grâce à lui, on progresse à son allure, on croise toute une foule de personnages qui apportent eux aussi leur pierre à l'édifice. Ainsi, on alterne entre les différents points de vue et les différentes époques, plus on avance et plus les morts se succèdent et plusieurs enquêtes finissent par se mêler. Le tout en une journée ! On a à peine le temps de reprendre notre souffle !

Oui, on a à peine le temps de reprendre notre souffle si on est asthmatique. Si on n'a pas de problème pulmonaire ou si on a de la Ventoline à portée de main, pas besoin de courir chez le médecin, tout va bien se passer. En effet, plusieurs longueurs dans la narration nous offrent la possibilité de respirer. Michel Bussi aime rappeler toutes les cinq ou six pages les questions qui assaillent les différents personnages. Or, on les connaît ces interrogations, depuis le début et, à moins d'être frappé par une amnésie soudaine (ce qui fait beaucoup si on est déjà asthmatique), on se passerait bien de ces rappels sans grand intérêt, à part plomber l'intrigue. Donc malgré le suspense, malgré le rythme insufflé par les allers-retours entre les différents personnages et les différentes époques, malgré l'envie de savoir, je me suis progressivement laissée gagner par l'ennui. Les petits twists tous les trois/quatre chapitre n'ont pas suffi à me ranimer et j'avais hâte de voir le bout du tunnel ! Par ailleurs, je ne me suis pas attachée aux personnages que j'ai trouvé plutôt froids et distants. Même Marc qui est censé être le héros ne m'a fait ni chaud ni froid. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur Lylie. Après tout, c'est elle le sujet de l'intrigue, j'aurais donc aimé savoir comment elle a grandi toutes ses années, sans connaître sa véritable identité, comment elle appréhende sa relation avec Marc, mais finalement peu de choses sont dites sur son compte. Les longueurs, le style parfois un peu lourd, la psychologie des personnages, l'histoire en elle-même confèrent au livre une ambiance un peu oppressante. C'est propre au genre thriller, me direz-vous, et vous aurez raison. Mais dans ce cas-là, je ne me suis vraiment pas sentie à l'aise. Entre ce détective que j'ai trouvé gras et maladroit, la relation incestueuse entre Marc et Emilie, ces morts à la pelle, les insectes de Grand-Duc et le physique déroutant de Malvina, j'étais bien contente de refermer définitivement le livre et me débarrasser de cette ambiance poisseuse qui me collait à la peau. Pour finir, le dénouement final est surprenant mais sans plus. Le reste du livre en fait tellement des caisses sur "Lyse-Rose ou Emilie Vitral" que l'on peut s'attendre à un rebondissement de dernière minute, car l'on sait bien que le but de l'auteur est de tromper ses lecteurs.

En définitive, Un avion sans elle a bien sa place dans le genre du thriller. Si vous souhaitez du rythme, du suspense, des rebondissements, des morts, vous serez servis. Néanmoins, je n'ai pas été totalement convaincue, je pense que je l'aurais été davantage si le livre avait fait deux cent pages de moins, élaguant ainsi les trop nombreuses répétitions.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Le thème de l'intrigue : suspense garanti !
+ Le rythme donné à l'histoire via l'alternance entre les différents points de vue et époques.

- Des longueurs et des répétitions qui plombent le récit.
- Aucun des personnages n'est attachant.
- L'ambiance oppressante, poisseuse.

Dernières infos.

Un avion sans elle a été publié en 2012. Il compte 573 pages. Pour vous mettre dans l'ambiance, Comme un avion sans ailes de Charlélie Couture. Si vous êtes conquis par le style Michel Bussi, sachez qu'il également l'auteur de Nymphéas noirs, Le temps est assassin, Maman a tort, Gravé dans le sable ou encore N'oublier jamais

Ma note.

jeudi 16 août 2018

Throwback Thursday - Afrique

Bonjour à tous !

Le Throwback Thursday est un rendez-vous repris par Betty Rose Books sur son blog. Les consignes sont très simples: chaque Jeudi, nous devons proposer un livre en accord avec le thème que Betty Rose Books nous aura concocté. Le but est de revenir sur des lectures passées d'enrichir notre Wish List en découvrant le choix des autres Bloggeuses!

Je tiens à préciser que toutes les images liées au Throwback Thursday proviennent du blog de Betty Rose Books.
Cette semaine, le thème est Afrique.

Pour l'occasion, voici le livre que j'ai choisi :

L'autre visage de la vérité
Beverley Naidoo
Nous poursuivons notre tour du monde littéraire avec le continent africain. Comme pour l'Amérique du Sud, je n'ai pas dans ma bibliothèque beaucoup de lectures qui traitent ou qui sont issues de cette région du globe. J'ai donc du fouiller dans ma mémoire et j'ai finalement choisi de vous présenter ce livre que j'avais à lire pour l'option d'Anglais lorsque j'ai passé mon Bac. Je l'avais donc lu en version originale et quelques années plus tard, ça me plairait bien de le relire en Français. Je viens de voir qu'il est classé dans la catégorie jeunesse mais il est tout à fait intéressant pour un public adulte.

En résumé : Nigéria. Un matin. La mère de Sade, douze ans et Femi, son plus jeune frère est assassinée sous les yeux de ses enfants. La voiture avec à son bord les meurtriers s'enfuit. La raison de cette insécurité est la dictature qui règne sur le pays, la censure est plus que jamais présente et le père des enfants, journaliste n'a plus le droit d'utiliser ses armes, les mots, pour dire ce qu'il pense. Il oblige les enfants à fuir le pays et à rejoindre un oncle qui vit à Londres. A leur arrivée dans la grande ville, personne n'est là pour les attendre... Ce qui promettait d'être une libération pour la famille va virer au cauchemar...

Mon avis : Mes souvenirs sont un peu flous, car l'époque du Bac remonte à une dizaine d'années déjà (je reviens, je vais enterrer ma jeunesse)... Mais je me souviens avoir vraiment bien accroché à cette histoire. Le style est à la fois fluide et poignant. Il y a du suspense, beaucoup d'émotion, des personnages attachants et une réflexion sur le sujet de fond, qui est la dictature et la liberté d'expression. Même si le livre date de 2000, ce qu'il relate est toujours d'actualité dans certains parties du monde. Je vous conseille donc de vous précipiter sur cette lecture !

jeudi 9 août 2018

Throwback Thursday - Asie

Bonjour à tous !

Le Throwback Thursday est un rendez-vous repris par Betty Rose Books sur son blog. Les consignes sont très simples: chaque Jeudi, nous devons proposer un livre en accord avec le thème que Betty Rose Books nous aura concocté. Le but est de revenir sur des lectures passées d'enrichir notre Wish List en découvrant le choix des autres Bloggeuses!

Je tiens à préciser que toutes les images liées au Throwback Thursday proviennent du blog de Betty Rose Books.
Cette semaine, le thème est Asie.

Pour l'occasion, voici le livre que j'ai choisi :

Baguettes chinoises
Xinran
Pour cette semaine consacrée à une lecture provenant du continent asiatique, je me sens un peu plus inspirée. C'est une culture qui ne m'attire pas vraiment, mais j'aime bien de temps en temps me plonger dans leurs livres car on y trouve des ambiances et des façons d'écrire très différentes des nôtres. Si je ne l'avais pas déjà choisi pour un autre Throwback Thursday, je vous aurais présenté La route sombre de Ma Jian (auteur chinois), livre magistral sur les atrocités commises dans le cadre de la politique de l'enfant unique. J'aurais également pu vous parler des Délices de Tokyo écrit par Durian Sukegawa (auteur japonais) que j'ai vraiment beaucoup apprécié mais je le vois fleurir un peu partout sur la blogosphère, alors je me suis finalement tournée vers ce livre qui traite également de la politique de l'enfant unique en Chine mais de façon très différente que La route sombre.

En résumé : Trois, Cinq et Six tirent leurs prénoms de leur position dans la fratrie, uniquement composée de filles. C'est bien là le drame de leurs parents, n'avoir mis au monde que des filles, ce qui est très mal vu du gouvernement. Ils ont tout de même pu échapper aux sanctions du planning familial grâce à des connaissances bien placées. Ces trois sœurs, issues de la Chine rurale, sont donc des baguettes, terme employé dans les années 90 pour faire référence à ces filles qui sont trop minces pour le travail agricole. Afin de fuir un mariage arrangé, Trois décide un jour de quitter sa campagne natale pour partir à Nankin, une ville en pleine essor. Elle ouvre ainsi la voie pour ses deux autres sœurs qui ne tarderont pas à la rejoindre.

Mon avis : Avant de rejoindre l'Angleterre, Xinran a animé dans son pays de nombreuses émissions de radio sur la position des femmes sous le régime chinois. Pour cela, elle a sillonné le territoire à la recherche de témoignages qui lui donneront du grain à moudre. Elle s'est aussi inspirée de ces rencontres pour écrire l'histoire de Trois, Cinq et Six. Pour cette raison-là, je m'attendais à un livre assez critique, qui dénonce les effets traumatisants de la politique de l'enfant unique sur les femmes chinoises. Autant vous dire qu'il n'en est rien. L'écriture n'est en rien incisive, le tout manquant de relief. On se croirait dans un conte pour enfants où les écureuils sont en tutu, les lapins se cachent dans les nuages et les lamas crachent des cœurs en guimauve. En revanche, j'ai bien aimé les éléments de culture chinoise (fêtes typiques, nourriture, modes de vie) que l'auteur distille ça et là. Elle fait aussi part de ses réflexions sur la position de la Chine dans le monde contemporain. Intéressant d'avoir son point de vue !

dimanche 5 août 2018

Le fil des souvenirs - Victoria Hislop

En résumé.

1917. Un incendie ravage Thessalonique, ville du Nord de la Grèce. L'atelier textile de Kostantinos Komninos, jusqu'alors en plein essor, est dévasté. Ironie du sort, c'est aussi ce jour-là que son seul fils, Dimitris, voit le jour, lui dont le destin est tout tracé, lui qui doit reprendre et faire prospérer l'empire paternel. En attendant les reconstructions, la famille se réfugie rue Irini, dans les quartiers populaires de la ville. 

Quelques années plus tard, la Turquie décide de se rebeller contre la Grèce qui l'a envahie au fil des ans. Pour éviter le pire, un échange de population est proposé en guise d'accord. Les musulmans qui peuplaient Thessalonique et ses alentours devront rejoindre la Turquie alors que les Grecs qui ont fait leur vie là-bas devront revenir sur leurs terres natales. C'est ainsi que Katerina, originaire de Smyrne (aujourd'hui Izmir en Turquie), débarque rue Irini, avec sa mère d'adoption, ayant perdu sa mère biologique lors de l'embarquement à bord des bateaux de réfugiés. Pour lutter contre le chagrin de ne plus voir sa mère, la petite fille développe rapidement une passion pour la couture, à tel point qu'elle deviendra une des couturières les plus douées de la ville.

Les destins de ces deux jeunes gens vont se mêler, se démêler pour finir par se mêler définitivement, avec en toile de fond les guerres successives, la montée de l'antisémitisme, l'accroissement des inégalités ou encore le chômage.

Mon avis.

Comme pour beaucoup d'autres lecteurs, j'ai découvert la plume de Victoria Hislop l'été dernier, avec L'Île des oubliés, dans lequel elle retrace l'histoire de l'île de Spinalonga, au large de la Crète, qui accueillit pendant de nombreuses années des gens atteints de la lèpre. Ayant apprécié ma lecture, j'ai décidé de récidiver avec Le fil des souvenirs, dans lequel l'auteur explore de nouveau l'histoire grecque. La structure reste la même, dans la mesure où le récit s'ouvre sur Dimitris et Katerina âgés, qui décident de raconter leur histoire à leur petit-fils. J'ai trouvé cela dommage, d'une part parce que ça n'apporte rien à l'histoire, d'autre part parce que ça enlève une part de suspense : on sait d'ores-et-déjà qu'ils vont finir ensemble et auront des enfants. L'auteur aurait pu directement entrer dans le vif du sujet, qui est déjà très dense en lui-même.

En effet, le résumé que j'ai fait du livre est long, chargé d'informations, et pourtant je ne vous ai pas tout dit. Il faut dire que ce livre est extrêmement riche. Dès les premières pages, on monte à bord d'une machine à remonter le temps afin de traverser le XXème siècle à pas de géants, à coups de secousses et de ralentissements. Cette fresque familiale (on part de l'arrière petit-fils pour remonter jusqu'à l'arrière grand-père) permet à l'auteur d'évoquer l'histoire de Thessalonique, la véritable héroïne du livre, qui a su résister à plusieurs incendies, aux deux guerres mondiales, aux conflits avec la Turquie, aux migrations de populations, aux idées fascistes, au débarquement des allemands et j'en passe. Grâce à l'évolution des personnages, on passe de tableau en tableau, nous donnant parfois l'impression d'avoir plusieurs livres en un, tellement on est à chaque fois projeté dans une ambiance différente. Comme pour L'Île des oubliés, j'ai trouvé ce projet très intéressant, l'histoire de ce pays étant rarement mise en scène dans des livres à destination du grand public. D'ailleurs, j'aurais aimé que les détails historiques soient encore plus nombreux, j'ai parfois eu l'impression de ne pas saisir les enjeux portés par des camps adverses. Néanmoins, j'ai eu le sentiment d'apprendre plein de choses, tout en me faisant plaisir.

Car évidemment, même si l'intrigue prend ses racines dans l'Histoire, ce n'est pas un livre historique et nos personnages sont là pour nous le rappeler. On ne peut pas non plus dire que ce livre est une romance car cela n'occupe qu'une infime partie de l'histoire. Avant cela, les personnages ont dû traverser une quantité d'événements douloureux, qui nous permettent de bien comprendre les répercussions de décisions prises à une échelle qui les dépasse. Il semble que Victoria Hislop avait à cœur de mentionner la tolérance et la fraternité qui existait dans la ville entre juifs, musulmans et chrétiens avant que les événements ne viennent bouleverser l'organisation si méticuleuse de ces familles qui s'entraidaient avec beaucoup de plaisir. Dimitris incarne aussi d'autres valeurs, comme le courage et l'audace d'aller à l'encontre des opinions de son père, de se battre au nom de sa patrie et pour sa patrie. Ainsi, les personnages apportent un supplément d'âme à l'histoire et lui donne du relief, de même que le décor qui tient surtout à l'industrie textile. Avec Katerina, couturière hors pair, nous avons affaire au champ lexical du textile : les matières, les points, les robes qu'elle confectionne pour la mère de Dimitris, tout cela nous donne une impression de douceur et colore cette histoire très sombre par moments. Le passé de Thessalonique est ainsi vivifié, mis en rythme, et devient plus personnel grâce à tous ces personnages qui vont se croiser, et donner de l'émotion aux faits historiques que l'on trouve dans les manuels d'Histoire.

Je n'ai pas trouvé ce livre plus ou moins bon que L'Île des oubliés. Il explore tout simplement un autre pan de l'Histoire et je ne saurai que vous le conseiller pour vos prochaines lectures estivales. Voyage dans le temps et dans l'espace garanti !

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Une fresque familiale bien fouillée et documentée qui nous permet d'apprendre plein de choses sur l'histoire de Tessalonique durant le XXème siècle.
+ Grâce aux personnages, l'histoire est rythmée et on passe de tableau en tableau à vive allure.
+ Le décor (Thessalonique et l'industrie textile) colore les passages sombres.

- L'introduction qui n'apporte rien à l'histoire et casse le suspense.

Dernières infos.

Le fil des souvenirs a été publié en 2013 et compte 545 pages. Si vous avez aimé Le fil des souvenirs, Victoria Hislop est également l'auteur de L'Île des oubliés, Une dernière danse ou encore Cartes postales de Grèce.

Ma note.

jeudi 2 août 2018

Throwback Thursday - Amérique du Sud

Bonjour à tous !

Le Throwback Thursday est un rendez-vous repris par Betty Rose Books sur son blog. Les consignes sont très simples: chaque Jeudi, nous devons proposer un livre en accord avec le thème que Betty Rose Books nous aura concocté. Le but est d'enrichir notre Wish List en découvrant le choix des autres Bloggeuses!

Je tiens à préciser que toutes les images liées au Throwback Thursday proviennent du blog de Betty Rose Books.
Cette semaine, le thème est Amérique du Sud.

Pour l'occasion, voici le livre que j'ai choisi :

Tristes Tropiques
Claude Lévi-Strauss
Je n'ai malheureusement pas beaucoup de lectures provenant d'Amérique du Sud à mon actif, ce qui est bien dommage car c'est un continent que je rêve de découvrir, bien plus que l'Asie ou l'Afrique par exemple. Tout particulièrement, j'aimerais poser mes valises au Brésil, un pays qui m'attire depuis la lecture de Tristes Tropiques. On ne croise pas souvent ce livre sur la blogosphère, peut-être parce qu'on pense que Claude Lévi-Strauss n'est pas accessible, ce qui est vrai pour la majorité de son oeuvre. Néanmoins, ce livre, qui peut être vu comme une introduction à sa pensée, est très agréable à lire et nous ouvre les portes sur les Indiens peuplant les forêts centrales du Brésil.

En résumé : Claude Lévi-Strauss est ethnologue et un des pères du courant structuraliste. Il a étudié plusieurs peuples indigènes mais s'est particulièrement intéressé aux tribus originaires du Brésil. Dans ce livre, il nous raconte ses voyages jusqu'à ce pays qui a peu à peu été ravagé par la main des colons, il dénonce l'impact de tous ceux qui ont souhaité "occidentaliser" ces peuples et il nous raconte leurs us et coutumes, leur rapport à la famille ou encore à la mort. Il s'agit donc d'un récit aux multiples facettes, humain au possible, un peu intimiste dans la mesure où le chercheur nous livre ses pensées sur le ton de la confession. Ce n'est donc pas un traité d'anthropologie uniquement accessible aux initiés !

Mon avis : Vous l'aurez très certainement compris au ton des précédents paragraphes, je suis tombée sous le charme de ce livre. J'ai toujours été attirée par les peuples indigènes, par l'ailleurs et l'étranger. J'ai toujours aimé découvrir des alternatives à notre mode de vie occidental. Claude Lévi-Strauss a comblé ma soif de savoir, à tel point que j'ai choisi de faire de ce livre le sujet de mon mémoire de troisième année pendant mes études. J'ai particulièrement aimé sa vision du tourisme, des voyages et de l'impact que l'Homme peut avoir sur ses semblables et sur l'environnement, problématique qui m'est chère. Je vous invite donc à vous plonger dans cette petite pépite ! De mon côté, je prévois de le relire très bientôt !