jeudi 28 octobre 2021

Moi, Malala - Malala YOUSAFZAI

En résumé.
 
Née dans la touristique vallée du Swat, au nord du Pakistan, Malala YOUSAFZAI est une jeune fille heureuse, amoureusement entourée de ses parents et de ses deux frères. Elle aime se rendre sur les bancs de l'école dirigée par son père, et est souvent classée parmi les meilleurs élèves. Son quotidien bascule lorsque les Talibans, des fanatiques religieux qui prônent une application stricte de la Charia, envahissent progressivement les régions limitrophes de l'Afghanistan, puis le district du Swat. Petit à petit, les femmes sont privés de leurs droits, dont le plus important aux yeux de Malala, celui de recevoir une éducation. Bien que musulmane accomplie, la jeune fille, ayant récupéré de son père la fougue militante, s'érige contre ce nouveau système et contre l'aveuglement extrémiste des Talibans. Son engagement attire les média nationaux puis internationaux et elle devient rapidement un symbole du combat pour l'accès à l'éducation partout dans le monde. En 2012, alors qu'elle n'est âgée que de 15 ans et qu'elle rentre de l'école en bus, un Taliban lui tire dessus. De part sa notoriété, elle accèdera à des soins de qualité, au Pakistan d'abord puis en Angleterre. Cependant, elle ne pourra plus remettre les pieds dans son pays natal auquel elle est pourtant si attachée.

Mon avis.

Cela fait un moment que je connais le visage de Malala, jeune fille rendue célèbre par l'obtention du Prix Nobel en 2014. Souvent attirée par la lecture de son autobiographie, j'ai finalement sauté le pas en ce mois d'Octobre, alors que j'avais envie d'un livre qui change un peu de l'ordinaire et qui soit plus du côté de la réalité que de la fiction. Un téléchargement plus tard, Moi, Malala avait rejoint ma Kindle, n’embarquant dans un voyage périlleux au cœur de la majestueuse vallée du Swat.

Comme toujours, il est difficile de chroniquer une autobiographie. Je ne donnerai évidemment pas mon avis sur le contenu qui appartient strictement à l'auteur, mais je me concentrerai davantage sur la forme. La première partie est essentiellement consacré à l'histoire de Malala, à ses origines, autant familiales que territoriales. Elle revient, assez largement, sur l'histoire géopolitique du Pakistan, cette région du monde ayant d'abord été bouddhiste avant d'être musulmane, gérée par des seigneurs locaux puis intégrée à l'Inde avant d'être déclarée indépendante en 1947. Elle revient également sur les principaux chefs politiques qui ont gouverné ce territoire oscillant entre coups d'état, dictature et démocratie. Le Swat, c'est aussi l'histoire de ses ancêtres, de ses arrière-grands-parents à ses parents, l'évolution d'un territoire touristique, aux paysages dignes des jardins d'Eden qui se sont progressivement transformés en terrain de guerre. Cette première partie est certes un peu rébarbative mais indispensable pour comprendre ce qu'est le Pakistan. J'ai dû m'y prendre à deux fois pour véritablement m'imprégner de ce passé aussi riche que tumultueux, ayant envie de mémoriser chaque détail pour devenir incollable sur ce pays tristement connu pour les faits de guerre mais méconnu quand il s'agit d'évoquer ses joyeux naturels. La deuxième partie est plus accessible car on rentre dans le vif du sujet, la vie de Malala à Mingora, ville en plein essor, un essor rapidement contrarié par l'arrivée des Talibans. On suit son quotidien rythmé par les journées d'école et les examens à préparer. Son père est une figure importante pour elle puisque c'est lui qui lui a transmis le goût d'étudier et la volonté de s'ériger contre toute forme d’extrémisme qui viendrait saper les libertés les plus élémentaires.

Ce qui m'a le plus frappé est le parallèle entre l'évolution de la vie de Malala, qui s'obscurcit au fur et à mesure que les Talibans gagnent du terrain, et l'évolution du paysage, qui se meurt petit à petit. Ce coin du monde, autrefois ouvert sur l'ailleurs, se renferme progressivement sur lui-même et n'est plus qu'animé par une volonté de vengeance, attisée par les Talibans. On voit à quel point l’extrémisme peut s'insinuer, sans crier gare, et bouleverser la vie de millions de personnes. Ce livre m'a donné une autre vision du Pakistan. Principalement connu pour être un théâtre de guerre, je me suis naïvement rendue compte que ce pays n'était pas que ça et qu'il avait eu un autre passé, bien plus glorieux. L'écriture de Malala est empreinte d'une douceur émouvante, on sent la nostalgie poindre au bout de sa plume. Il y a certes les titres honorifiques, le combat pour l'éducation, mais il y a aussi la jeune fille qui a vécu un drame, comme tant d'autres écoliers ailleurs dans le monde malheureusement, la jeune fille qui a été obligée de se séparer de ses affaires de classe et de sa maison, la jeune fille qui a été contrainte de quitter brutalement ses amies et les concours d'école. Cela donne un visage à cette partie reculée du monde, dont on entend peu parler, si ce n'est pour énumérer les attentats, ou l'implication de telle ou telle force occidentale dans la chasse aux Talibans. Malgré la cruauté de ce qu'elle raconte, Malala offre une vision positive et combative du peuple pakistanais.

Voilà un parcours de vie inspirant et enrichissant qui a le mérite de toujours nous faire garder à l'esprit combien nous sommes chanceux dans nos pays occidentaux de ne plus avoir à se battre pour bénéficier d'une éducation. C'est aussi garder à l'esprit la détresse vécue par d'autres, parfois contraints de fuir leur pays pour des raisons vitales alors qu'ils auraient aimer y rester. Je vous encourage de partir à la découverte de cette personnalité brillante, emblème du combat pour le droit à l'éducation.
Dernières infos.

Moi, Malala a été publié en 2013 et compte 390 pages. Pour avoir un aperçu rapide de la vie de Malala, rendez vous ici, rapide épisode d'1 jour 1 question. Enfantin mais toujours très efficace. Je vous renvoie également vers cet épisode du Dessous des cartes qui revient sur l'histoire du Pakistan. Il ne traite pas de tout mais il peut être une bonne entrée en matière.

Ma note.
 
Challenges.
* Défi lecture 2021 : Consigne 15 - Un livre numérique ou audio - 40/100
En 2021... Je voyage : Pakistan (+ 20 points)

lundi 25 octobre 2021

Les folles enquêtes de Magritte et Georgette - Nadine Monfils

Tome 1 : Nom d'une pipe !

En résumé :
Le célèbre peintre belge René MAGRITTE est troublé par une jeune femme en robe fleurie qu'il croise à un arrêt de tram. A tel point troublé qu'il en parle à sa tendre et espiègle épouse Georgette puis en dresse un portrait sur une de ses toiles. Quelques jours plus tard, c'est avec un vif étonnement qu'il apprend l'assassinat de cette jeune femme, dont la vie était plutôt banale. Mariée à un homme sans grand intérêt, menant un quotidien routinier mais rêvant d'une vie plus enthousiasmante, elle s'était laissée séduire par de mystérieuses lettres envoyées par un admirateur secret. MAGRITTE et sa femme, bouleversés par la nouvelle, et par la prémonition du peintre qui l'avait peinte à côté de son propre corps pour symboliser une mort imminente, décident d'enquêter. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises, puisque d'autres meurtres suivront, les victimes étant toujours des jeunes femmes ayant reçu des déclarations d'amour enflammées dans des enveloppes bleutées. Le couple excentrique pourra compter sur la gouaille de l'artiste, la perspicacité de Georgette et quelques relations avec la police bruxelloise.

Mon avis : Cela n'aura échappé à personne, le "cosy mystery" est partout sur les étals des librairies. Ces romans policiers aux meurtres édulcorés et à l'ambiance cocooning connaissent un certain succès depuis la publication des Agatha Raisin en français. Depuis, chaque auteur rivalise d'ingéniosité pour se faire une place dans l'ensemble des séries proposées. Après Agatha Raisin, Hamisch Macbeth, Marie-Antoinette (pour Frédéric LENORMAND), voici venu René MAGRITTE à la tête d'un cosy mystery à la sauce belge. C'est mon amoureux qui m'a fait découvrir ce premier tome. Je n'avais initialement pas prévu de me lancer dans ces nouvelles lectures, car toujours un peu déçue par le style littéraire des cosy mystery qui laisse en général à désirer, et par la résolution des meurtres qui est la plupart du temps prévisible dès les premiers chapitres. Néanmoins, j'ai été agréablement surprise avec ces enquêtes de MAGRITTE et Georgette qui changent un peu de l'ordinaire. D'abord, on se retrouve à Bruxelles et l'ambiance estaminet, bière et bâtiments typiques des Flandres est agréable. Ensuite, MAGRITTE est un personnage qui a du charisme et une gouaille qui le rend unique. Le personnage de Georgette, sa femme, est également bien travaillé, elle est attachante et très réaliste. D'une façon générale, on est complètement immergé dans leur quotidien qui paraît très authentique et qui doit être le fruit de nombreuses recherches effectuées par l'auteur. C'est d'ailleurs une des forces de ce roman, les nombreuses références aux tableaux de l'artiste, et à la culture belge, comme l'introduction du personnage de BREL. C'est peut-être parfois un peu trop pour moi, faire revivre toutes ces célébrités et leur prêter des vies fantasmées par l'auteur mais je dois dire que c'est quand même bien fait. L'intrigue policière en elle-même est bien menée et réfléchie. Elle prend le temps de se développer et les mystères sont progressivement dévoilés. Il n'y a pas une quantité trop importante de personnages. Malgré ma lecture fractionnée, je suis parvenue à me repérer dans l'histoire et c'est vraiment appréciable car ce n'est pas le cas avec tous les livres dont je dois parfois relire quelques chapitres pour me replonger dans l'histoire. En somme, ce premier tome des aventures de MAGRITTE et Georgette fut une belle découverte, c'est un cosy mystery travaillé, et qui change un peu des ambiances très british, en proposant un humour et une simplicité typiquement belges.

Ma note : 3/5.

Challenges :
* Défi lecture 2021 : Consigne 67 - Un livre d'une autrice blonde - 39/100
En 2021... Je voyage : Belgique (+ 15 points)

Tome 2 : A Knokke-le-Zoute !

En résumé :
 René et Georgette MAGRITTE décident de prendre du bon temps à Knokke-le-Zoute, station balnéaire huppée de la côte belge. Il faut dire que le peintre y a ses entrées puisque ses œuvres décorent le casino de la ville. A peine s'installent-ils dans leur hôtel qu'ils sont déjà dérangés par leur voisin de table, un homme plutôt affable qui n'hésite pas à leur faire part de la disparition inquiétante de sa femme Daisy Fox. Les choses s'accélèrent lorsque Jackie, la chienne du couple, découvre le lendemain ce même homme raide mort sur la plage. Si la police conclut à un fâcheux accident et classe l'affaire sans suite, Georgette et René y voient un meurtre. Qui pouvait bien en vouloir à cet homme ? Où est passée Daisy Fox ? Entre deux balades en cuistax, le couple décide de mener l'enquête.

Mon avis : Enthousiasmée l'année dernière par la lecture du premier tome de cette nouvelle série de cosy mystery, j'ai souhaité me plonger dans le second tome, et ainsi prolonger l'esprit des vacances. Je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi, peut-être que je n'étais pas disponible pour cette lecture, mais la magie n'a pas opéré une seconde fois pour moi. Pourtant, le côté positif reste la découverte de la culture belge. Les paysages, la gastronomie, l'art, les expressions populaires, Nadine MONFILS peuple son roman d'anecdotes typiquement belges. C'est clairement la plus-value de cette série qui au-delà du divertissement, nous amène vraiment à la découverte d'un pays, de ses habitants et de ses façons de vivre. La contrepartie est que c'est parfois un petit peu trop dans la caricature. Par exemple, l'auteur fait revivre Hergé et propose plusieurs personnages qui ont des ressemblances avec ceux développés dans les aventures de Tintin : la grand-mère de Daisy qui s'apparente à la Castafiore et le majordome Nestor. Comme dans le premier tome avec Brel, je ne suis pas vraiment adepte de ces résurrections de personnages célèbres. Même si ça part d'un bon sentiment, je trouve que c'est un peu surfait que de réinventer l'histoire en faisant se rencontrer des personnes qui ne se sont jamais croisées, même si elles ont pu s'exprimer les unes sur les autres. De même, les chapitres (très courts) purement consacrés à Magritte m'ont paru longuets. C'est tout à son honneur, l'auteur se sert de l'intrigue pour expliquer quelques uns de ses tableaux et n'hésite pas à rappeler sa façon de concevoir la peinture, sa vie auprès de Georgette. Pour saisir toute la portée de ces passages, il faudrait faire quelques recherches à côte, et avoir les peintures sous les yeux, ce que j'ai eu la flemme de faire. Quand on est en train de lire, on n'a pas forcément envie de s'interrompre toutes les deux minutes pour chercher des compléments d'information. J'ai donc carrément décroché lors de certains passages. Quant à l'enquête, rien de bien révolutionnaire non plus. C'est le genre d'intrigue qu'on a pu lire des dizaines de fois dans ce type de bouquin. C'est à la fois agréable car on passe un bon moment et en même temps, c'est le genre d'histoire qu'on aura vite fait d'oublier. Dans ce second tome, j'ai en revanche apprécié les échanges entre Magritte et Georgette qui sont empreints d'humour, et l'attitude casanière de Magritte qui n'aime pas les enfants sur la plage (comme moi) et les voisins trop bruyants (comme moi). En somme, une lecture mitigée, qui m'a fait voyager sur une côte belge très typique, mais qui contient aussi quelques longueurs et dont l'enquête aurait pu être davantage complexifiée.

Ma note : 3/5.

Challenges :
Défi lecture 2022 : Consigne 15 - Titre avec un nom de ville  - 34/100