samedi 17 décembre 2022

Les nuits de laitue - Vanessa Barbara

En résumé.

Otto et Ada ont vécu une histoire d'amour fusionnelle dans leur maison jaune perchée tout en haut d'une colline. Ayant décidé de ne pas avoir d'enfants, ils ont vécu l'un pour l'autre, partageant, au fil des jours, leur passion pour le chou-fleur à la milanaise, les documentaires animaliers et le ping-pong. Si Otto est devenu un petit vieux plutôt acariâtre et renfrogné, Ada était tout son contraire, une femme extravertie toujours mêlée aux activités du quartier. Lorsque celle-ci meurt soudainement, c'est un grand vide qui habite désormais la maison jaune. Otto, incapable de tourner la page, repense aux souvenirs heureux. Amateur de romans policiers et de faits divers, il ne peut s'empêcher d'imaginer qu'Ada a été victime d'un coup monté. Tout en restant confortablement assis dans son fauteuil, il mène son enquête en prêtant une attention soutenue aux bruits provenant de son voisinage loufoque.

Mon avis.

Je pense que je ne me serais pas spontanément dirigée vers ce livre si je n'avais pas eu envie de remplir une des catégories de mon Défi lecture 2022, celle de l'auteur sud-américain. J'ai souvent été déçue par les bouquins des éditions Zulma, que je trouve toujours un peu perchés et ennuyants. Celui-là, même s'il contient quelques scènes cocasses qui prêtent à sourire, ne m'a pas non plus emballée. A vrai dire, je l'ai refermé il y a des déjà plusieurs semaines, et il n'en subsiste déjà plus grand chose...

Les nuits de laitue offrent trois dimensions de lecture : la dimension comique grâce à la mise en scène de personnages aux habitudes plutôt étranges, la dimension tragique avec Otto qui a perdu sa femme et peine à faire son deuil et la dimension policière avec cette enquête autour de la mort d'Ada. Si les dimensions comique et policière sont souvent mises en avant dans la quatrième de couverture ou dans les chroniques que j'ai pu lire ça et là, j'ai trouvé que c'était la dimension tragique qui était la plus développée dans ce récit. On y découvre un Otto complètement désemparé pour qui il est difficile de vivre sans Ada. Chaque page est imprégnée de son souvenir, chaque phrase fait écho à la femme qu'elle était. L'image que j'ai d'Otto est celle d'un homme cloué à son fauteuil, incapable de se mouvoir tant il est privé de sa seule raison de vivre, Ada. C'est en cela une émouvante évocation de la perte d'un être cher et des ravages qu'elle peut causer chez ceux qui restent. J'ai été sensible à ce personnage qu'est Otto, mais encore plus aux émotions qui le traversent. 

La dimension comique est plutôt bien traitée aussi. En début de récit, chaque chapitre est consacré à la description d'un des voisins d'Otto. J'ai bien aimé le personnage du facteur qui se trompe tout le temps dans la distribution de son courrier, mais aussi celui du pharmacien qui est obsédé par les effets secondaires des médicaments, ou encore celui du japonais frappé d'Alzheimer et qui a longtemps cru que la Seconde Guerre Mondiale n'était pas terminée. Il y a aussi la secrétaire débordée par sa machine à écrire et par ses chiens qui lui refont tout son intérieur à coups de morsure et l'anthropologue fraîchement mariée mais dont le mari est toujours en déplacement. Cette galerie fantasque de personnages apporte un peu de lumière à la peine d'Otto et donne l'image d'un quartier animé, comme en marge du monde tant la fantaisie a tendance à se faire rare. Certaines de leurs petites habitudes nous font sourire. Ce côté loufoque se retrouve souvent dans les romans étrangers, alors que les romans français sont toujours un peu plus sérieux.

Je suis en revanche complètement passée à côté de la dimension policière. Je n'ai pas bien compris où voulait en venir l'auteur avec la présence de ce meurtre dans l'intrigue. Qui plus est, il faut attendre plusieurs chapitres pour comprendre qu'il y a quelque chose de louche qui s'est passé dans ce quartier. On ne comprend d'ailleurs pas pourquoi cela intervient si tard dans le récit. Cette dimension un peu bancale, qui tombe comme un cheveu sur la soupe gâche pour moi la totalité du livre. On sent bien que c'est l'aboutissement de l'intrigue, mais c'est raté, alors il ne reste plus que les deux autres dimensions qui ne suffisent pas selon moi à faire un bon roman. C'est là le côté un peu inabouti que je reproche parfois aux bouquins des éditions Zulma. Tous les ingrédients sont réunies pour une lecture agréable, mais la recette manque de piquant ou les ingrédients ne sont pas bien incorporés, et j'ai souvent l'impression de passer à côté du message de l'auteur, ou du dénouement.

Voilà donc un roman particulier, truffée de bonnes intentions mais dont le dénouement est trop fragile pour être apprécié. J'ai donc achevé ce livre avec une légère amertume, déçue d'être passée à côté de ce roman qui fut pourtant primé premier roman étranger en 2015. 
Dernières infos.

Les nuits de laitue a été publié en 2015 et compte 223 pages.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2022 : Consigne 12 - Auteur d'Amérique latine ou d'Amérique centrale - 39/100

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