mercredi 3 août 2022

Ecoute la pluie tomber - Olivia Ruiz

En résumé.
 
Comme pour rendre un dernier hommage à sa nièce morte en couches, Carmen prend la plume pour retracer le destin de cette famille espagnole arrivée en France en 1939 pour fuir le franquisme. Une famille essentiellement composée de femmes, des femmes qui en veulent, qui ne rechignent jamais à la tâche et qui font tout pour préserver leur identité tout en se faisant une place dans leur terre d'accueil. Carmen, la petite dernière de la fratrie, très vite séparée de ses parents, entame sa jeunesse dans le café de sa sœur Rita et de son beau-frère Alain à Marseillette (du côté de Carcassonne). Profitant de la bienveillance de ses sœurs et des habitués du café, elle désire néanmoins s'en émanciper. Comme si le destin frappait à sa porte, elle a un jour le coup de foudre pour un torero arrivé de Tolède. Voyant dans cet amour soudain l'occasion de prendre son envol, elle le suivra sur son domaine, en Espagne. L'oiseau, fier de quitter le nid, aura pourtant rapidement les ailes coupés.

Mon avis.

Ayant été agréablement surprise par le premier roman d'Olivia RUIZ, La commode aux tiroirs de couleurs, j'avais très envie de me lancer dans son second roman, Écoute la pluie tomber, dont le titre est tiré d'un des personnages du roman, Escota quand ploú et qui trimballe avec lui toute sa poésie.

Avec ce second roman, l'auteur nous embarque une fois de plus sur le chemin de ses origines. L'Espagne, bien sûr, mais aussi Narbonne et surtout Marseillette. Ses grands-parents tenaient l'unique café-bar-restaurant-hôtel du village. La vie qui emplissait ce lieu a souvent été une source d'inspiration au cours de sa carrière. C'est donc tout naturellement que l'action principale de ce second roman se déroule dans ce lieu si cher à son cœur. Olivia RUIZ a également fait le choix de personnages essentiellement féminins, aux caractères bien trempés. On ne peut pas s'y tromper, même si les hommes sont présents, tantôt violents, tantôt charmeurs, il s'agit bien là d'une histoire de femmes. Des femmes espagnoles qui ont connu l'exil, la séparation, et la reconstruction dans un pays qui n'était pas le leur. Une seule solution, l'entraide, et la transmission. L'esprit de famille, la transmission de génération en génération semblent être des thèmes de prédilection pour cette artiste complète. 

Comme lors de ma lecture du premier roman, j'ai été complètement embarquée par l'univers proposé par Olivia RUIZ. Autant je me fabrique toujours des images mentales de ce que je lis, autant j'ajoute rarement des sons à ces images. Ici, c'est tout le contraire. Naturellement, la voix si particulière de l'auteur est venue me raconter cette histoire, j'ai entendu Carmen, Rita, Léonor et leurs voix fortes aux tonalités espagnoles, j'ai capté les bruits du café, les verres qui tintent, les chaises qu'on racle sur le sol, les hommes qui demandent leurs verres et les plateaux qui se renversent. Me reviennent en tête des images baignées de soleil, dans les décors des années 70. 

Le début de ce roman peut être déroutant car on ne comprend pas tout de suite qui est Carmen, Cali ou encore Rita. Alors que c'est Carmen qui s'exprime pendant la totalité du roman, il me semble que certaines premières pages sont aussi rédigées par Cali sans que ce soit annoncé, cela a pour conséquence de semer un peu le trouble dans la tête du lecteur. Puis tout revient dans l'ordre et on comprend que l'on aura affaire à Carmen. Je me suis là aussi laissée totalement embarquer par son parcours. Une vie semée d'embûches qui nous ballade de l'Espagne au sud de la France. Le suspense est toujours ménagée pour apporter un peu de rythme à l'intrigue générale. J'ai beaucoup aimé la fin, très émouvante, le décès de Cali bien sûr, encore plus dur à accepter maintenant que son personnage a été exploité, mais aussi l'histoire d'Escota quand ploú, jeune homme écorché vif. Heureusement que la roue va enfin tourner pour lui.

Voici un second roman réussi, que j'ai pris plaisir à découvrir et que j'ai dévoré en quelques heures. L'occasion de côtoyer la petite et la grande Histoire grâce à une galerie de personnages hauts en couleurs et à des scènes à la fois visuelles et sonores. Un roman à glisser dans son sac de plage !
Dernières infos.

Écoute la pluie tomber a été publié en 2022 et compte 198 pages.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2022 : Consigne 66 - Livre dont le titre a plus de voyelles que de consonnes.  - 25/100

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