samedi 11 juillet 2020

Magellan - Stefan Zweig

En résumé.

Début du XVIème siècle, l'engouement pour les contrées extérieures à l'Europe est total : soif de découvertes, commerce des épices alors considérées comme des denrées rares qui font la richesse des marchands qui approvisionnent les cours européennes, et nécessité de trouver de nouvelles routes maritimes, avec l'envie sous-jacente de prouver que la Terre est ronde et non plate, comme l'affirment encore les cartes de l'époque. C'est dans ce contexte que Magellan débute sa carrière de marin. Il participe d'abord à plusieurs expéditions portugaises, en tant que simple homme à tout faire. Mais déjà, la mer le passionne. Au fil des découvertes auxquelles il participe, grandit en lui l'ambition d'être à son tour celui qui organise une expédition, avec l'irrépressible désir de prouver que l'on peut rejoindre les îles des épices situées du côté de l'Inde en passant par le continent américain, c'est-à-dire de faire le tour du monde, prouver que la Terre est ronde. Il va se renseigner, éplucher toutes les cartes, et réunir suffisemment de preuves pour penser que cela est possible. La cour portugaise refuse ce projet révolutionnaire et c'est finalement auprès de l'Espagne et de son roi Charles Quint qu'il trouve du soutien. En 1519, cinq navires s'élancent pour une aventure folle, qui ne doit sa réussite qu'à l'homme qui en est à l'origine.

Mon avis.

Stefan ZWEIG est connu pour avoir écrit de nombreuses biographies sur d'illustres personnages, qui ont marqué, à leur manière, leur époque. Pourtant, le premier livre que j'ai lu de lui n'est pas une biographie mais une nouvelle, Lettre d'une inconnue. Magellan est donc ma toute première biographie de l'auteur et j'en suis désormais certaine, ce ne sera pas la dernière.

L'idée d'écrire la vie de Magellan lui vient lors d'une traversée en bateau entre le continent européen et le Brésil. Il pense alors à tous ceux qui l'ont précédé sur ces océans, il pense aux premiers hommes qui ont osé, avec des embarcations plus fébriles et des cartes très approximatives, se lancer, au péril de leurs vies, à la découverte de nouveaux territoires. C'est donc la curiosité et l'envie d'en savoir plus sur le profil de tels explorateurs qui le conduisent à faire des recherches sur ce célèbre navigateur qu'est Magellan. J'ai beaucoup aimé cette démarche et à chaque page, on sent à quel point l'auteur est précis dans les informations qu'il nous délivre. J'ai également apprécié que cette biographie porte sur un autre explorateur que Christophe Colomb, dont on sait déjà beaucoup de choses.

Ce livre fut, à plusieurs égards, un coup de coeur. D'abord, il reste entièrement accessible, même si l'on n'est pas féru d'histoire, ce qui est mon cas. L'écriture est agréable, ZWEIG va dans le détail sans pour autant nous assomer d'informations superflues et il prend le soin de resituer chaque personnage dans un contexte historique plus large. Tout cela fait que nous ne nous ennuyons pas une seule seconde et même si nous connaissons la destinée de Magellan dès le départ, subsiste une forme de suspense qui nous tient en haleine. La rapidité des chapitres donne également du rythme à l'ensemble. Ensuite, j'ai beaucoup apprécié la description de Magellan. Le récit n'est pas une énumération sans fin d'événements, de dates, de personnages. L'auteur prend soin de décrire ses personnages, et en particulier le héros du livre. Le navigateur devient un personnage de roman, avec ses forces et ses faiblesses, et si son entreprise a réussi, c'est aussi grâce à sa personnalité et à sa détermination. On sent d'ailleurs une forme d'admiration et d'attachement de la part de ZWEIG, qui fait de cette biographie un récit incroyablement humain. Enfin, ce qui m'a également beaucoup plu est l'approche sensorielle du livre. Au fil de la lecture, nos cinq sens sont constamment en éveil : dès les premières pages, on est aveuglé par les couleurs chatoyantes des épices, ennivré par leurs odeurs qui nous embarquent en Orient, puis il y a l'expédition, le bruit des marteaux qui construisent les navires, le ressac des vagues, l'odeur iodée, le vent qui fouette notre visage et puis la vue de ces îles encore vierges, ces îles que l'homme n'a pas encore saccagées. D'ailleurs, là est mon seul et unique regret, que l'auteur n'est pas suffisamment évoqué l'impact de ces découvertes sur l'avenir de l'humanité. C'est bien à cette instant précis que s'accélèrent la destruction des populations autochtones, le pillage des terres fertiles et la volonté d'aller toujours plus loin dans l'exploitation des hommes et des ressources naturelles. ZWEIG en dit quelques mots mais pas suffisamment à mon goût, en même temps je dois reconnaître que nous sommes davantage dans le registre de la biographie que du pamphlet.

En définitive, je ne peux que vous conseiller ce livre. Il a la longueur idéale, ni trop long, ni trop court et on apprend tout un tas de choses sans s'en rendre compte tellement le style de l'auteur est agréable et prenant. J'ai déjà hâte de découvrir une nouvelle biographie écrite par notre cher ZWEIG.
Dernières infos.

Magellan a été publié en 1938 et compte 285 pages.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 59 - Lire une biographie ou autobiographie - 25/100

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