dimanche 29 janvier 2017

Lettre d'une inconnue - Stefan Zweig

En résumé.

Un célèbre écrivain rentre de trois jours de vacances à la montagne lorsqu'on lui remet une lettre à l'expéditeur inconnu. Cette lettre, faisant plusieurs pages, provient d'une femme qui l'a aimé toute sa vie... Nous la lisons avec lui.

Mon avis.

Un résumé plutôt court d'une part parce que nous parlons d'une nouvelle d'une soixantaine de pages, d'autre part parce que je veux vous laisser la surprise du dénouement.

C'est la première fois que je me plonge dans une oeuvre du renommé Stefan Zweig. J'ai repoussé la lecture car j'avais peur que sa plume soit incompréhensible et inaccessible. Une fois de plus, j'ai eu tort de nourrir de tels préjugés. L'écriture de cette mystérieuse inconnue est très agréable et elle en appelle à notre empathie.

Car la force de cette nouvelle ne se situe pas dans son histoire à proprement parler mais dans les thèmes abordés. C'est de l'amour passionnel, obsessionnel et à sens unique dont il s'agit, celui d'une femme qui a espéré pendant tant d'années attirer l’œil de l'homme qu'elle aimait à la folie - ici "aimer à la folie" n'est pas seulement une expression, c'est une réalité. C'est la passion folie, la passion qui rend paranoïaque et qui emporte avec elle toute forme de raison. Le talent de l'auteur est d'analyser avec une finesse remarquable ces sentiments jugés honteux et d'en montrer les travers désastreux. En tant que lecteur compatissant, on a mal pour cette inconnue qui s'est oubliée pour se construire autour d'un idéal et qui a perdu la notion du raisonnable/déraisonnable. Cette histoire peut faire écho en chacun de nous, lors de la perte d'une personne qu'on a profondément aimée. On ne sait pas comment décrire cette détresse, on ne sait pas mettre des mots sur notre souffrance. Il suffirait juste de relire ceux de l'inconnue...

Cette première nouvelle est suivie d'une deuxième un poil plus courte, La ruelle au clair de lune, dont le thème est toujours l'amour à sens unique. On y retrouve les mêmes manifestations du délire passionnel: perdre la raison jusqu'à la folie et s'imaginer que la seule issue à l'indifférence de l'autre est la mort, se retrouver dans une boucle de pensées obsessionnelles. Pourtant, j'ai moins apprécié. La narration n'est plus à la première personne mais à la troisième, le rythme trop rapide, l'ambiance un peu scabreuse, les sentiments sont moins fouillés, même si l'idée générale est intéressante.

En bref, un classique qui se lit très vite et dont l'angle d'attaque est intéressant pour réfléchir aux conséquences de la passion amoureuse. N'hésitez plus!

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Les thèmes en toile de fond, explorés avec justesse et rigueur: l'amour impossible, le désir obsessionnel, la passion morbide.
+ La sensibilité de Zweig sans laquelle il n'aurait pas pu écrire cette nouvelle.
+ La sincérité et la pureté de l'inconnue.
+ Le style d'écriture tout à fait accessible.

- Dommage que ce soit si court, on aurait aimé en lire plus.
- Le caractère parfois un peu répétitif de la lettre

Dernières infos.

Lettre d'une inconnue a été publiée en 1922 pour la version originale, 1927 pour la version française. La nouvelle compte 72 pages. La ruelle au clair de lune, elle, compte 32 pages.

La nouvelle a également fait l'objet de plusieurs adaptations cinématographiques dont une, la plus connue, en 1938 par Max Ophüls.

Ma note.

Challenges.


Lettre d'une inconnue me permet d'avancer dans plusieurs challenges:

2. 100 romans en 2017 (c'est une nouvelle mais visiblement, ça compte quand même) (1/100)
3. Défi lecture - consigne 69 Un livre lu pour un autre défi - en l’occurrence, j'ai lu celui-ci pour avancer un peu dans le challenge Les 100 livres à lire au moins une fois. (1/80)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire