dimanche 4 octobre 2020

Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers - Benjamin Alire Saenz

 En résumé.

1987, El Paso, ville au sud du Texas, près de la frontière mexicaine. Aristote est un adolescent d'une quinzaine d'année, plutôt réservé et sur la défensive. Il a peu d'amis, un frère qui est en prison et semble subir sa jeunesse plutôt que d'en profiter. L'été est là, et c'est lors d'un passage à la piscine qu'il fait la connaissance de Dante, un adolescent du même âge que lui, passionné de poésie et plutôt enjoué malgré sa solitude. Les deux jeunes garçons se lient vite d'amitié, encouragés par leurs parents respectifs peu habitués à les voir entourés d'amis. Cette amitié est telle qu'Ari sauve la vie de Dante lors d'un accident, ce geste scellant cet attachement si particulier avec cet alter-ego qui l'amène à s'ouvrir progressivement sur lui-même et sur son entourage. Alors que la rentrée arrive, leur amitié est mise à rude épreuve avec la mutation du père de Dante à Chicago pour l'année scolaire. Celui-ci embarque dans sa foulée toute sa famille. Les deux amis vont donc devoir vivre à distance, et entretenir ce lien si spécial malgré leurs expériences respectives. Le retour de Dante à El Paso s'annonce plein de promesses, l'occasion de faire le point sur les changements qui s’opèrent chez les deux garçons promis à un avenir qui ne sera plus jamais en solitaire.

Mon avis.

J'ai emprunté ce livre un peu sur un coup de tête à la médiathèque alors qu'il était mis en avant sur un des rayonnages. J'étais curieuse de voir si je l'apprécierais aussi après tous les commentaires élogieux que j'avais lus à droite, à gauche. Je peux d'ores et déjà vous dire qu'il n'a pas été le coup de cœur attendu, ou espéré, néanmoins il fut quand même une lecture agréable. 

J'ai d'abord été désorientée par les premiers chapitres, voire même agacée et déçue. Le style est particulier, peut-être typique des romans jeunesse dont je ne suis plus familière puisque j'en lis très peu. Des chapitres très courts, qui ne font parfois qu'une seule page, des dialogues à perte de vue, très concis, et un personnage particulièrement étrange, avec une façon de s'exprimer que j'ai trouvé décalée. J'ai même failli abandonné ma lecture, tellement je trouvais l'ensemble vide de sens, superficiel, avec des pages et des pages sur des faits anecdotiques qui m'ont donné l'impression que l'auteur "faisait du remplissage" sans s'attacher à donner un fil conducteur à son histoire. Même si les choses se sont améliorées au fil des pages, je ne me suis jamais attachée au personnage d'Aristote qui manque selon moi d'authenticité. Ses réflexions sonnent parfois faux, comme artificielles ou caricaturales, balancées pour accentuer la description de son mal-être et en faire quelqu'un de vraiment en décalage. En fait, ce qui m'a manqué est un véritable travail sur les dialogues, leur donner davantage de poids pour qu'ils soient plus percutants et plus réalistes.

Alors que les deux cents premières pages m'ont laissée plutôt perplexe, j'ai davantage apprécié la suite du livre. Justement, j'ai trouvé qu'on entrait enfin dans le vif du sujet et que l'auteur nous offrait enfin matière à réflexion. J'ai bien aimé le thème de l'adolescence et de la découverte de soi. Le lecteur voit progressivement se métamorphoser Aristote qui passe d'un adolescent colérique et fermé à un jeune déterminé et de plus en plus ouvert sur le monde. Si le thème de l'homosexualité est souvent mis en avant pour évoquer ce livre, celui-ci est peu traité finalement. Il arrive en bout de course et est abordé succinctement. Plusieurs thèmes expliquent selon moi la transformation d'Aristote : bien sûr, cette amitié avec Dante, une relation qui devient amoureuse, mais il y a aussi la question des origines (d'où on vient pour aller où). Les origines mexicaines d'abord puisque les deux garçons sont issus de familles mexicaines puis, dans un second temps, la place dans la fratrie, avec cette question qui obsède Aristote, celle de son frère qui est en prison et dont plus personne ne parle à la maison. Ce sont dans les dernières pages que tous les non-dits se lèvent progressivement, grâce à Dante, incontournable personnage, mais aussi grâce aux deux familles qui font preuve d'ouverture d'esprit. On entrevoit enfin les blessures du passé, ce que l'on cache mais qui finit par réapparaître un jour ou l'autre, sous des cauchemars, sous la façon dont on élève, de façon inconsciente, ses enfants et, une fois réglées ou mises en mots, ces troubles du passé finissent par être soulagés. 

Une lecture en demie-teinte, heureusement que la deuxième partie du livre sauve le reste. Je comprends que ce roman jeunesse puisse plaire, dans la mesure où il n'est pas aussi gnan-gnan que certains autres romans où la fin paraît évidente dès les premières pages. Sous ces airs de pavé, il se lit extrêmement vite, et c'est tant mieux.

 
Dernières infos.

Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers a été publié en 2012 pour la version originale et compte 359 pages.

Ma note.
Challenges.

100 livres à lire en 2020 : 37/100
Défi lecture 2020 : Consigne 18 - Livre dont le titre contient une conjonction de coordination - 37/100

2 commentaires:

  1. Très peu tentée par ce livre qui finalement suscite beaucoup d'avis mitigés... je pense passer mon tour :) Cependant, heureusement que tu n'as pas été trop déçue !

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    1. Oui, je te conseille de passer ton tour, il y a tellement d'autres livres à lire ! Dommage, car l'idée de fond n'était pas mal mais la façon dont l'histoire est racontée n'est pas à la hauteur...

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