samedi 12 septembre 2020

Le blé en herbe - Colette

En résumé.

Les Audebert et les Ferret, deux familles parisiennes plutôt bourgeoises semble t-il, ont l'habitude de passer leurs vacances ensemble, sur la côte bretonne. Leurs enfants respectifs, Philippe et Vinca, ont donc grandi ensemble, et ont développé, au fil des étés, une relation amicale profonde, quasi filiale. Âgés de 15 et 16 ans, ils entrent désormais dans l'adolescence et leur relation prend une tournure nouvelle. Chatouillés par leurs émois, ils se promettent qu'ils ne se sépareront plus jamais et même qu'ils se marieront. Un grain de sable vient toutefois contrarier leurs projets. Philippe fait la connaissance de Camille Dalleray, une jeune femme également en vacances sur la côte. Les deux gens se tournent autour, jusqu'à ce que Philippe succombe complètement face à la sensualité de cette dame en blanc. Vinca, ayant tout deviné des tourments de son fidèle ami, est gagnée par la jalousie. La relation Phil-Vinca est alors à considérer d'un nouvel œil, entachée par des problèmes qui appartiennent désormais à la vie d'adulte et non plus à l'enfance insouciante.

Mon avis.

J'ai lu pour la première fois ce très court roman à l'âge de Phil et Vinca, lors de mon année de Première. Je me souviens que mes copines et moi n'avions pas du tout apprécié cet écrit de Colette, et même les explications exaltées de notre professeur de Français ne réussirent pas à nous faire changer d'avis. Ce livre est resté sur les étagères de ma bibliothèque pendant toutes ces années, et j'ai décidé de l'en sortir sur un coup de tête, avec la curieuse envie de voir ce que j'en penserais, 11 ou 12 après.

Quand je suis en vacances, j'aime commencer ma journée avec un bon petit-déjeuner, savouré en compagnie d'une bonne lecture. C'est en général ce qui m'encourage à aller me coucher le soir, me dire que cet instant délicieux m'attend juste après ma nuit de sommeil. Ce rituel a été contrarié ces derniers jours par cette relecture laborieuse du Blé en herbe. Plutôt que de m'accompagner dans mon réveil, ce roman m’assommait et m'encourageait plutôt à aller me recoucher. Pas de doute, 11 ou 12 ans après, cette histoire de Phil et Vinca ne me convainc toujours pas. Même si j'ai fourni de réels efforts pour me concentrer sur le texte, savourer la beauté de la plume de Colette et m'imaginer ces paysages bretons éclairés d'une lumière estivale, j'avais l'impression de lire "à vide", c'est-à-dire d'entamer une phrase, d'en lire les quatre ou cinq premiers mots puis de partir dans mes pensées jusqu'à la fin du paragraphe, et là de me dire qu'il me fallait recommencer puisque je n'avais rien retenu de ce que je venais de lire. Et ça, à chaque page, ce qui est très lassant au bout du compte. Je ne sais comment me l'expliquer mais je me suis profondément ennuyée durant cette lecture. L'attachement aux personnages n'a malheureusement pas rattrapé le coup puisque je ne me suis pas vraiment projeté dans leurs émois d'adolescent, ayant passé l'âge peut-être. Toujours est-il que j'ai eu le sentiment de passer les phrases, tourner les pages sans en retirer grand chose, malgré le style travaillé de l'auteur qui s'attache à décrire au plus près le sentiment amoureux au travers de ses deux personnages.

Car tout n'est évidemment pas à jeter dans ce roman. D'ailleurs, rien n'est à jeter, c'est juste qu'il n'est pas à mon goût mais je suis sûre qu'il plaira à d'autres lecteurs qui seront séduits par la plume de Colette - une plume emplie de poésie et de grâce, métaphorique, qui laisse entrevoir les faits et gestes audacieux de Phil et Vinca au travers d'évocations édulcorées et imagées. Si le contenu du Blé en herbe ne fait plus débat aujourd'hui, tant ce sujet a été exploré par mille et un bouquins, films, BD et ne fait plus partie des débats de société, il a pu choquer à l'époque, justement à cause de cette écriture métaphorique qui parle en fait de l'initiation sexuelle de deux adolescents, bien qu'abordée avec beaucoup de pudeur. Un autre atout de ce livre est la réflexion autour du passage de l'adolescence à l'âge adulte, la perte d'innocence, l'envie de rapprochements physiques tout en gardant des moments de solitude et d'introspection pour justement analyser ces changements. Ces questionnements sont d'autant plus travaillés dans le livre qu'ils touchent deux êtres qui ont grandi ensemble, qui jouaient ensemble, se chamaillaient, se consolaient, se confiaient. Comment regarder cet attachement filial avec des yeux nouveaux, alors que l'envie d'un rapprochement physique semble s'imposer aux deux protagonistes ? Enfin, Le blé en herbe est un roman très visuel, des adjectifs de couleurs enrichissent souvent les descriptions : les yeux bleus de Vinca, les tenues blanches de Camille Dalleray... On parvient sans trop de difficulté à se projeter dans ces paysages bretons, chargés de nos outils pour partir à la pêche, les pieds dans l'eau fraîche et le dos installé contre des rochers inconfortables pour une pause bien méritée. C'est un livre qu'il faut lire en été, sans aucun doute, pour faire directement l'expérience de toutes les scènes propres à cette saison qui sont rapportées.

Un roman qui ne m'a pas convaincue et qui m'a profondément ennuyée, par deux fois. Néanmoins, je lui reconnais bien des qualités, dont le style travaillé de Colette. L'avantage est qu'il est assez court, vous pouvez donc vous faire votre propre avis en le lisant, la souffrance ne durera pas trop longtemps si jamais votre avis concorde avec le mien.
Dernières infos.

Le blé en herbe a été publié en 1923 et compte 96 pages. Il a été porté à l'écran en 1954 par Claude AUTANT-LARA.

Ma note.
Challenges.

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