Strasbourg, 1518. La misère est partout, elle rampe dans les rues, s'insinue dans les modestes habitations strabourgeoises, les épidémies font rage, les désordres climatiques privent les gens de nourriture et l'invasion turque qui se prépare réveille les angoisses. Enneline TROFFEA, la femme du graveur de la rue du Jeu-Des-Enfants vient de noyer son bébé, une bouche à nourrir de plus, c'était trop pour ce couple sans le sou. Frappée par le chagrin, la détresse la plus sérieuse qui soit, son corps est agité de mouvements incompréhensibles à son retour. Vite, elle sort de sa demeure et se met à danser de façon diabolique dans cette rue qui l'avait vue sortir quelques temps auparavant, son bébé contre le coeur. Elle ne s'arrêtera pas de danser, pendant des mois, malgré les douleurs bientôt visibles et une fatigue qui la fera tomber à plusieurs reprises. Elle est très vite rejointe par quantité de voisins qui la suivent dans ces agitations frénétiques du corps. Bientôt, les huiles strabourgeoises s'inquiètent, maire, médecins, clergé, tous tentent de trouver l'origine de cette épidémie dansante, pour la guérir, au plus vite.
Mon avis.
Une lecture qui est tombée par hasard. Le hasard d'une sortie à la bibliothèque, sans intention d'emprunter quoi que ce soit, et finalement mes yeux se sont posés sur ce livre de Jean TEULE, dont j'avais déjà lu Le magasin des suicides. Le sujet, original, et le court format, m'ont séduite. Ni une, ni deux, il était dans mon panier. Lu en seulement deux jours, ce fut une lecture déroutante, instructive et que je n'oublierai pas de si tôt.
Le réel plus de ce livre est qu'il s'ancre dans des faits réels. Si j'en crois ce que j'ai pu lire à droite, à gauche sur Internet, des cas réels d'épidémie dansante ont été relevés à cette époque, sans qu'une cause soit clairement identifiée. Pour Jean TEULE, c'est le désespoir qui conduit les hommes à entrer dans ces mouvements incontrôlables, comme la seule manière qui leur reste de témoigner de leur volonté de vivre, à tout prix. J'ai été frappée par certains passages relatant des faits sordides, qui m'ont donné quelques envies de vomir parfois, mais attestant de la misère sévère qui s'abattait sur ces pauvres gens. Si les premiers couples à répendre, de façon involontaire, l'épidémie au reste de la ville sont des personnages clés de l'histoire, l'auteur s'intéresse également au pouvoir en place à l'époque, avec une critique très appuyée du clergé, qui interprétait ces faits comme résultant de l'action du diable. Ils concentraient toutes les richesses et stockaient toute la nourriture, sans la partager avec les strabourgeois qui mourraient de faim, l'appât du gain dominant toute forme de bienveillance. Le partie pris pour le maire, qui s'oppose au clergé en leur demandant d'ouvrir leur grenier à la population affamée, et cherchant des causes rationnelles à ces comportements irrationnels, notamment en convoquant l'élite médicale, est très net.
J'ai pu lire des avis complètement contradictoires sur ce livre, certains ayant beaucoup aimé, d'autres ayant détesté. Je ne suis pas suffisamment calée en histoire (c'est un euphémisme) pour tenter de déceler d'éventuelles entorses à la vérité historique. Je prends les faits tels qui sont écrits, ayant une confiance aveugle en l'auteur, même si je me doute qu'il a usé de sa marge de manoeuvre pour romancer le tout afin d'accrocher le lecteur. Quant à son style d'écriture, que beaucoup ont attaqué, je ne l'ai pas trouvé mauvais. Certains passages sont parfois difficiles d'accès, de part leur tournure, mais sinon, le récit se lit facilement, l'essentiel est dit, et les laideurs décrites sont parfois contrebalancées par des anachronismes qui nous arrachent un sourire, ou des tournures inattendues qui rompent avec l'ambiance grave de ce passage historique méconnu. De plus, les courts chapitres, qui alternent avec d'autres, un peu plus longuets, donnent du rythme à l'ensemble et nous maintiennent en éveil. Ainsi, même si ce ne fut pas un coup de coeur, je ressors plutôt satisfaite de ma lecture, j'ai eu le sentiment d'apprendre de nouvelles choses, sans perdre mon temps puisque ce livre est très rapide. Cette lecture me donne envie de me plonger dans un autre Jean TEULE dans quelques temps - auteur qui est visiblement connu pour écrire autour de faits divers historiques, et parfois glauques comme celui-ci.
Je conseille ce livre à tous les lecteurs qui aiment les romans historiques, ou d'une moins les anecdotes s'ancrant dans l'histoire. Voici une lecture rapide, qui vous apprendra néanmoins tout un tas de choses !
Dernières infos.
Ma note.
Challenges.
* 100 livres à lire en 2020 : 5/100
* Défi lecture 2020 : Consigne 76 - Livre tiré d'une histoire vraie ou basée sur des faits réels.
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