dimanche 23 juillet 2017

Le vieux qui lisait des romans d'amour - Luis Sepulveda

En résumé.

Antonio José Bolivar habite El Idilio, une petite ville d'Amazonie. Il est venu s'y réfugier suite à la mort de sa femme et depuis son installation, les choses ont bien changé. On a propulsé à la tête de la ville un maire gras et sans intérêt, uniquement là pour servir les ordres des colons qui viennent piller le sol de ses minerais. Les Indiens Shuars sont peu à peu trournés en ridicule, ravagés par l'alcool et chassés de leur terre. C'est dans ce contexte que survient un jour la mort d'un des colons. Alors que les Indiens sont immédiatement accusés, Antonio José Bolivar, pour qui la forêt amazonienne n'a plus de secrets est le seul à reconnaître dans la plaie du mort la patte d'un félin. La femelle meurtrière n'a fait que réagir à la disparition de ses nourrissons causée par les hommes. Alors qu'un deuxième assassinat survient quelques jours plus tard par cette même femelle en peine, il est demandé à Antonio José Bolivar d'aller la combattre.

Mon avis.

Cela faisait un moment que j'étais tentée par la lecture de ce petit classique dont j'ai toujours entendu beaucoup de bien. J'avais peur que ce soit un peu trop poétique avec des pages et des pages consacrées à le beauté de l'Amazonie. Même si ça peut être très agréable, les longues descriptions ont vite fait de m'ennuyer. Finalement, pas du tout, il y a une véritable intrigue, rapide et efficace, qui vient illustrer un combat qui n'aura jamais de fin (malgré tout mon optimisme), la domination sans foi ni loi de l'homme sur la nature.

Car notre vieux, avant d'être un fidèle lecteur de romans d'amour, est un ardent défenseur de la faune et de la flore. Lui qui a passé de nombreuses années aux côtés des Indiens Shuars, connaît les moindres recoins de l'Amazonie et surtout le comportement des animaux qui ont été dérangés par les activités de l'homme. L'auteur se sert de l'histoire d'Antonio José Bolivar pour dénoncer les ravages causés par l'homme et ce à deux niveaux. Le premier vis-à-vis des animaux qui sont tués parce que jugés dangereux ou encombrants lorsqu'on souhaite s'approprier leurs territoires pour y couper du bois ou y chercher de l'or. Ensuite, c'est aussi la domination sur les Indiens qui est mise en avant. Eux aussi sont un peu encombrants et finalement ils ne servent pas à grand chose, ils ne consomment pas (sauf de l'alcool ramené par les colons), ne travaillent pas, sont sales et un peu idiots. Alors bien sûr, ils sont responsables de tous les maux et sont accusés de brider les activités humaines, rien que par leur présence sur des terres à enjeu financier. La façon dont l'auteur amène ces critiques est intelligente car on ne peut pas ne pas ressentir de la peine pour cette mère qui a perdu ses petits et on ne peut pas ne pas être en colère contre ces hommes décrits avec grossièreté, à l'image de leurs ambitions. Le lecteur est donc amené à prendre partie pour les animaux et à détester ceux qui ne les respectent pas.

A la lecture du titre du livre, on ne s'attend pas vraiment à avoir affaire à de tels développements. J'ai donc été un peu surprise car le côté "romans d'amour" n'est finalement pas très exploité. Antonio José Bolivar s'y réfugie et ce sont les seuls moments où il peut rêver et s'imaginer des histoires qui n'ont rien à voir avec son quotidien. Ces histoires d'amour qui viennent contraster toute la barbarie dont l'homme fait preuve le rattachent au côté positif de l'humanité. Cela lui confère aussi une image agréable et romantique et une fois de plus, le lecteur est obligé d'éprouver de la sympathie pour lui et de se ranger à ses côtés. Alors que les colons apparaissent comme de gros plein de soupe indélicats, le vieux est décrit avec finesse et sagesse.

Je ne peux donc que vous encourager à vous plonger dans la lecture de ce classique à haut pouvoir philosophique. Le seul bémol que j'aurais est qu'il est un peu trop court. J'avais en plus du mal à me concentrer pendant ma lecture, ce qui fait que je suis très certainement passée à côté de moultes détails qui auraient pu rendre mon analyse encore plus précise. Je relie cette rapidité de l'intrigue à la rapidité idiote avec laquelle le maire a traité le problème: nous sommes menacés par un féroce félin, il faut le tuer. Action réaction. On ne s'interroge pas sur les motivations de l'animal ni sur nos propres implications dans l'affaire.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Le message en fil rouge.
+ Une intrigue efficace et entraînante.

- La rapidité de l'histoire.

Dernières infos.

Le vieux qui lisait des romans d'amour a été publié en 1992 et a obtenu le Prix France Culture étranger et le Prix Relay évasion la même année. Il compte 140 pages. Il a fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 2001.

Ma note.
Challenges.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges: 
Défi lecture 2017 - Consigne 68: un livre qui a reçu un prix l'année de votre naissance (23/80) 
ABC 2017 - Lettre S (13/26)
* Les 100 livres à lire au moins une fois (9/100)

2 commentaires:

  1. Ce livre me fait envie depuis un moment déjà :) Ton avis me conforte ! Le thème de la domination de l'homme sur la nature est, je crois, l'un de mes sujets favoris en littérature !!


    (J'ai essayé de publier un précédent commentaire via Wordpress mais ça ne fonctionne pas alors je passe par mon compte google. Pour info je suis Corentine du blog unfilalapage)

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  2. Si ce thème est l'un de tes préférés, alors je ne peux que te conseiller la lecture du Vieux qui lisait des romans d'amour. Il est très vite lu, de part son nombre de pages, mais les idées qu'il véhicule sont puissantes et d'actualité.
    Merci d'être passée par là en tout cas :)

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