samedi 2 novembre 2019

Avant que j'oublie - Anne Pauly

En résumé.

Carrières-sous-Poissy - banlieue parisienne - sous un soleil automnal, le cœur d'Anne PAULY n'est plus à la fête, gelée par le deuil et les souvenirs. Elle vient de perdre son père, cet homme au double visage, homme alcoolique et brutal avec sa femme d'une part, amateur de poésie et collectionneur minutieux de piles usagées d'autre part. Anne PAULY part en pèlerinage émotionnel, sur les traces de ce père dont l'absence lui creuse une boule de chagrin dans sa gorge de femme épanouie. Après avoir affronter l'hôpital, il faut aller sur sa tombe, l'honorer une dernière fois puis rejoindre la vieille baraque, musée d'un quotidien de personne âgée, regorgeant d'objets à la fois insolites et banals, remplis de souvenirs douloureux. Trier les affaires, mettre sa tristesse de côté, faire preuve de courage face à un frère peu concerné par le départ du géniteur. Une tranche de vie, dans son côté sombre.

Mon avis.

Voici le premier roman, prometteur, d'une toute nouvelle écrivaine, Anne PAULY, sorti dans le cadre de la rentrée littéraire 2019. D'habitude, je ne participe pas à ces rentrées littéraires, par manque de temps pour choisir méticuleusement et patiemment les titres qu'il me plairait de découvrir, et puis par manque de budget car on le sait, les livres grand format, bien que revêtant un confort de lecture, coûtent cher. Cette année fait donc figure d'exception, grâce à mon amoureux, qui, dans le cadre de ses études, doit lire des romans de la rentrée littéraire. Je fais donc office de second dans ses lectures qui sont déjà sélectionnées (cela m'évite de faire des choix) et fournis par son école (pas de budget à prévoir donc). 

C'est donc avec beaucoup de joie, de plaisir mais aussi d'émotion que j'ai découvert Avant que j'oublie. Difficile d'écrire un énième roman sur le deuil, quand tant d'autres l'ont fait avant vous. Quoi dire de plus ? Quoi de dire de moins ? Quoi dire de différent ? Comment se démarquer pour frapper le lecteur ? Je pense que l'auteur ne s'est justement pas posée toutes ses questions, elle s'est juste contentée de nous livrer son propre deuil, sa façon à elle de vivre ce moment si particulier qu'est la perte d'un père, et c'est en ça que réside, à mon sens, la force de se livre. Une histoire écrite avec beaucoup d'humilité, de simplicité, qui va droit à l'essentiel et qui ne s'encombre pas de phrases larmoyantes ou déjà vues. Cette narration de scènes que chacun est amenée à vivre un jour, l'hôpital, la confrontation avec les pompes funèbres puis avec la maison, témoin de notre jeunesse perdue et de nos parents perdus, tout cela servi sous la plume d'une personne comme vous et moi, qui rend un dernier hommage, à travers cette écriture si précise et délicate, à ce père qui n'a pas fait l’unanimité de son vivant. Ce sont des mots de la fille au père, qui retracent un deuil mais aussi la vie d'un homme secret, aux multiples facettes, un homme qui n'avait rien d'extraordinaire, un homme fragile comme vous et moi. La mère, qui elle, a fait l'unanimité de son vivant n'est quasiment pas présente et c'est tant mieux, on se concentre sur l'essentiel, on se forge notre propre avis sur le héros de ces quelques pages.

De ces 138 pages, peu nombreuses mais ô combien percutantes, j'ai tout aimé. J'ai aimé le ton employé, oscillant entre mélancolie, tristesse, et humour lors de la narration de certaines scènes. J'ai aimé la simplicité des faits rapportés, me projetant lorsque je serai malheureusement à la place de la narratrice. J'ai aimé le portrait qu'elle dresse de son père, pas de blanc ou noir, juste un portrait plein de nuances et d'affection. J'ai aimé toute l'émotion que j'ai ressentie. Certains passages ont même déclenché quelques envies de larmes, même lorsque je rédige cet article. J'ai particulièrement été émue par la lettre de Juliette, amie amante du père, qui écrit et décrit à Anne la vraie personnalité de son père, une lettre, toujours simple mais gorgée d'une tendresse si pudique qu'elle nous décroche quelques soupirs accompagnés de larmes. Dans ces quelques pages, j'ai vu la fragilité humaine, qui vacille lorsque de tels événements nous frappent et qui se débarrasse enfin du patchwork social pour se laisser aller à des émotions primaires. 

Je crois que je ne peux pas être plus claire dans mes propos, je vous conseille vraiment ce premier roman d'Anne PAULY. Malgré ce thème du deuil, le livre n'est pas triste, mais plutôt émouvant et authentique. Et parfois, ça fait du bien de se plonger dans une certaine mélancolie, qui va de pair avec la saison automnale qui plus est !
Dernières infos.

Avant que j'oublie a été publié en 2019 aux éditions Verdier. Il compte 138 pages.

Ma note.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire