samedi 20 octobre 2018

Les souvenirs - David Foenkinos

En résumé.

Le narrateur est veilleur de nuit dans un hôtel parisien - un emploi qu'il a choisi car il lui laisse le temps de trouver l'inspiration pour ce livre qu'il rêve d'écrire. Si sa vie professionnelle rime avec routine, sa vie privée connaît quelques remous. Son grand-père vient de mourir, et il s'aperçoit qu'il n'a pas su être à ses côtés pour ses derniers jours. Lorsque sa grand-mère, désormais veuve, s'échappe de la maison de retraite dans laquelle elle a été placée, il n'hésite pas à se lancer à sa recherche. Il finit par la retrouver, à Etretat, et une fois ensemble, grand-mère et petit-fils vont partager de tendres moments, autour de leurs souvenirs. Lors de ce voyage, le narrateur rencontre Louise, dont il va tomber amoureux...

Mon avis.

Les souvenirs est mon deuxième roman de David Foenkinos, après La Délicatesse lu quelques années plus tôt. C'est dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2018 que j'ai décidé de me tourner vers ce livre, afin de compléter la catégorie "Pommes au four, tasse de thé et bougie" du menu "Automne - Douceur de Vivre". J'avais envie d'une lecture réconfortante, sans prise de tête, et bien écrite. Pari réussi avec ce livre plein de douceur !

J'ai pu lire à droite, à gauche, qu'il fallait avoir un moral d'acier avant d'entamer cette lecture, au vu des thèmes abordés. Certes, le deuil, la vieillesse, la séparation, suite à un décès où à une rupture amoureuse confèrent une certaine nostalgie à l'ensemble du récit. Toutefois, je ne l'ai pas trouvé déprimant pour autant. Ces choses-là font partie de la vie et l'auteur les abordent avec beaucoup de simplicité, de tendresse et de beauté. Ces événements, de part les émotions qu'ils provoquent chez le narrateur, vont lui donner l'entrain et l'inspiration nécessaires à l'écriture de son livre. Ce sont ces souvenirs qui alimentent son envie de créer et d'enfermer sa mélancolie dans une production artistique. Par ailleurs, d'autres thèmes à connotation plus positive contrastent avec la douleur du temps qui passe. Je pense, bien sûr, à l'amour et à l'histoire que la narrateur va vivre avec Louise. Cette partie de l'intrigue ne constitue en aucun cas la charpente de l'édifice, elle vient juste y apporter sa pierre, d'une jolie manière. C'est aussi l'occasion d'évoquer le poids de la transmission entre générations, nos amours naissants, notre avancée dans la vie font écho à ceux que nos aïeux ont pu vivre, c'est comme s'ils nous passaient le relais, à leur disparition. Rien de bien dramatique, c'est la vie qui continue... J'ai pu lire que ce roman était en fait une autobiographie. Après avoir cherché des éléments sur la vie de David Foenkinos, il semblerait que ce soit pure fiction car rien ne correspond avec la réalité. Mais c'est vrai que c'est piégeant, tellement on entre dans l'intimité du narrateur.

Dans la première partie du livre, j'ai été déboussolée par la narration (qui se fait à la première personne). Je ne savais pas vraiment où on voulait m'embarquer, cela me semblait un peu fouillis. On me parlait d'un grand-père, puis d'une grand-mère, puis d'un père et d'un fils qui ne sait pas quoi raconter dans son livre. J'ai compris, petit à petit, qu'il n'y aurait pas une intrigue franche et déterminée dans ce livre mais que ce serait plutôt une ode aux souvenirs, pêle-mêle, tels qu'ils viennent à l'esprit du narrateur. Le concept est poussé jusqu'au bout puisque entre chaque chapitre (au demeurant très courts), sont glissés des bribes de souvenirs (à peine quelques lignes) de personnages célèbres (Saint Lazare, Alois Alzheimer, Vincent Van Gogh) ou d'inconnus (Gérard, le policier en première ligne, le peintre du tableau de la vache) mais toujours en lien avec le chapitre qui précède. J'ai trouvé l'idée plus sympathique, elle apporte une plus-value à l'intrigue générale. Le style d'écriture est très fluide, on a l'impression qu'on assiste à un monologue d'une personne qui nous raconterait sa vie, au travers de ses souvenirs. Le récit du narrateur est émaillé par quelques réflexions pertinentes. Une m'a marquée plus que les autres : le père du narrateur a travaillé d'arrache-pied toute sa vie et lorsqu'il doit partir à la retraite, c'est tout son monde qui s'écroule. Il continue d'aller au bureau tous les jours mais se rend vite compte que ses collègues poursuivent leur vie, sans lui et ne l'incluent plus dans la gestion des dossiers. Il réalise alors que sa vie professionnelle avait pris le pas sur sa vie privée et qu'il ne lui reste plus rien maintenant qu'il est hors-circuit. Rien d'original dans cette anecdote mais ça m'a fait du bien de le lire et de me souvenir de faire attention aux limites à dresser entre vies professionnelle et privée. 

En conclusion, je vous conseille ce petit livre qui parle de la vie, sans prétention, celle du quotidien, celle qui nous concerne tous. Le récit est empreint de douceur, de tendresse et de bienveillance, il saura vous réconforter même si les thèmes abordés ne sont pas toujours des plus heureux.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Un style d'écriture agréable, fluide et tout en simplicité.
+ L'impression de douceur et de sérénité qui se dégage à la lecture.
+ Les petits souvenirs incrustés sont une bonne idée.

- Dans la première partie du livre, on ne voit pas vraiment où l'auteur souhaiter nous embarquer.

Dernières infos.

Les souvenirs a été publié en 2011 et il compte 290 pages. Il a été adapté au cinéma en 2015 par Jean-Paul Rouve et mettant en scène, entre autres Michel Blanc et Annie Cordy. David Foenkinos est également l'auteur de La délicatesse, Le Mystère Henri Pick, Charlotte ou encore Le potentiel érotique de ma femme.

Ma note.

samedi 6 octobre 2018

L'arrière-saison - Philippe Besson

En résumé.

Ben s'agite derrière son comptoir, dans ce café de Cap Cod (côte Est des Etats-Unis), éclairé ce soir-là par le coucher du soleil typique de la fin Septembre, cette lumière franche qui annonce le début de l'automne, froid et rugueux. Les gestes de Ben sont empreints d'une certaine nervosité, comme s'il s'imprégnait des états d'âme de sa cliente fidèle, Louise, accoudée au bar, dans sa robe rouge qui la sublime. Elle attend Norman, son amant, qui doit aujourd'hui quitter sa femme pour la rejoindre, elle, son amour illégitime. Lorsque la clochette retentit, ce n'est pas Norman qui pousse la porte du café mais Stephen, le vieil amour de Louise qui l'a quittée quelques années auparavant pour une amie du couple. Aujourd'hui célibataire, il espérait bien tomber sur cette ancienne conquête dont il est toujours amoureux. Voilà une soirée étrange pour Louise, qui se trouve désormais partagée entre deux hommes. Les souvenirs se bousculent, les sentiments s'agitent, comme Ben, derrière son comptoir.

Mon avis. 

L'arrière-saison fut l'objet d'une relecture. Alors que l'automne montre le bout de son nez, j'avais envie de ressortir ce livre des étagères de ma bibliothèque. Au commencement de l'histoire de Louise et de ses trois mâles, il y a ce tableau d'Edward Hopper, Nighthawks (1942), souvent traduit par Les Noctambules ou Rôdeurs de Nuit. Ce peintre américain, très célèbre pour ses tableaux qui pointent la solitude de l'homme moderne, est très certainement mon peintre préféré. Je suis à chaque fois bouleversée par les décors qu'il propose et les âmes humaines qui les habitent. Les sentiments qui se dégagent de ses toiles sont si justes, si profonds, si émouvants... Alors comment résister à cette proposition de Philippe Besson de raconter les tourments des protagonistes de ce tableau qui sert de couverture au livre ?

Si vous voulez de l'action, je vous arrête tout de suite, car ce livre est plutôt du genre contemplatif. L'auteur respecte d'une main de maître le rythme qui se dégage de ce tableau, à savoir cette lenteur de la pensée un Dimanche soir, dans un café désert, alors que la nuit fait doucement son apparition. L'action est minime, les dialogues rares et succincts, chaque intervention étant fouillée par le narrateur omniscient. Chaque personnage est ainsi passé sous le microscope des sentiments afin de détecter la maladie des regrets mais aussi les espoirs qui naissent dans chaque prise de décision. Malgré la simplicité du décor et de la scène, l'ambiance est pesante, chacun rumine et sait que cette soirée aura un impact déterminant sur leurs cœurs solitaires. Ce sont la mélancolie et la nostalgie qui dominent le tableau, mais aussi la lecture. Un accord divin, délicat et sensible, entre les pensées des protagonistes, ce café ancien qui appartient à la vieille Phillies, la fin de l'été, le coup de pinceau de Hopper et la plume de Besson. Cependant un risque demeure avec ce genre de narration, celui d'ennuyer le lecteur. Pour ma part, ce ne fut pas le cas car le projet de donner vie à un monument de la peinture me séduit beaucoup. Pour autant, j'ai trouvé certains passages assez longs et je me suis parfois sentie frustrée lorsque le narrateur prend le soin de décrire chaque intervention des personnages. Cela contrariait mon envie d'en savoir plus, de rendre cette intrigue un peu plus dynamique. La longueur du livre (un peu moins de 200 pages) est adaptée. Plus de longueur aurait vraiment lassé le lecteur. 

Voilà pour la forme. Pour ce qui est du fond, le message final proposé par Philippe Besson est intéressant. Si on récapitule, Louise souhaite avec ardeur que son amant quitte enfin la femme qu'il trompe depuis des mois pour qu'ils puissent enfin avoir une vraie relation de couple, stable et légitime. Quelques années auparavant, ce fut elle la femme que Stephen quittait pour aller convoyer en justes noces avec une autre femme. Les réflexions de Louise prennent alors une autre tournure, et pourraient être celles de ce quatrième personnage qu'est la femme que l'on abandonne parce qu'elle ne fait plus l'affaire et dont on parle peu dans ces quelques pages. Et comme les choses n'arrivent jamais par hasard, ces constations interviennent ce soir-là, alors que Stephen fait sa réapparition, rappelant à Louise des souvenirs douloureux. De même, Stephen est aujourd'hui Norman, l'homme pivot qui a le pouvoir de faire le malheur de l'une et le bonheur de l'autre, bien présent dans l'esprit de Louise mais peu décrit dans le récit. Au fur et à mesure des chapitres, se met donc en place un jeu de miroir entre les quatre protagonistes, entre Louise et la femme de Norman et entre Stephen et Norman. Le récit nous invite donc à fouiller les apparences, à dresser un portrait exhaustif des personnages mais aussi à mettre en relation les divers sentiments qui les animent. C'est en cela que l'intrigue est plus complexe que l'on pourrait le croire à première vue.

En somme, un petit livre que je vous conseille pour les soirées automnales à venir. Il se lit vite, s'emporte facilement et vous promet de passer un beau moment en compagnie de ces personnages travaillés avec finesse et délicatesse.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Le projet de l'auteur : donner vie au tableau Nighthawks d'Edward Hopper. 
+ L'intrigue, en complète adéquation avec le ton du tableau. 
+ Des personnages travaillés, dont les ressentis sont décrits avec une précision chirurgicale.
+ La complexité des relations entre les personnages, malgré l'apparente simplicité de la scène.

- Quelques longueurs, surtout en fin de livre, quand on se lasse un peu des interruptions de dialogue pour décortiquer les pensées des protagonistes. 

Dernières infos.

L'arrière-saison a été publié en 2002 et compte 191 pages.

Ma note.

jeudi 4 octobre 2018

Throwback Thursday - Livre préféré de l'été 2018

Bonjour à tous !

Le Throwback Thursday est un rendez-vous repris par Betty Rose Books sur son blog. Les consignes sont très simples: chaque Jeudi, nous devons proposer un livre en accord avec le thème que Betty Rose Books nous aura concocté. Le but est de revenir sur des lectures passées d'enrichir notre Wish List en découvrant le choix des autres Bloggeuses!

Je tiens à préciser que toutes les images liées au Throwback Thursday proviennent du blog de Betty Rose Books.
Cette semaine, le thème est Livre préféré de l'été 2018.


Pour l'occasion, voici le livre que j'ai choisi :

Orgueils et Préjugés
Jane Austen
Voilà un thème qui prolonge l'été, malgré le froid automnal qui pointe le bout de son nez depuis quelques jours, pour mon plus grand plaisir. Dans l'ensemble, je suis plutôt satisfaite de mes lectures estivales, même si je ne les ai pas jugées assez nombreuses. Toutefois, il y en a vraiment une qui se détache du lot, un véritable coup de cœur, un livre que j'ai eu beaucoup de mal à lâcher... Je veux bien sûr parler de ce classique de la littérature anglaise, Orgueil et Préjugés. Mon tout premier Jane Austen. J'ai mis du temps à franchir le pas, ayant peur d'être le vilain petit canard déçu au milieu de cette vaste étendue d'avis enthousiastes. Mais dès les premières lignes, j'ai compris que je viendrai à mon tour grossir les rangs des inconditionnels de Jane Austen...

En résumé : En plein XIXème siècle, dans une famille anglaise appartenant à la bourgeoisie. Le père et la mère Bennet ne savent plus où donner de la tête... Cinq filles à marier, si l'on veut leur assurer un avenir car la loi de l'époque est claire : s'il n'y a pas de descendance masculine dans la famille, l'héritage sera destiné au membre masculin le plus proche du père dans la lignée des Bennet. Comme les choses se goupillent plutôt bien, le cousin héritier a bien l'intention d'épouser une de ses cousines. Dans le même temps, de nouveaux voisins arrivent, mâles, célibataires et ayant de l'oseille. Si la mère Bennet est déjà en train d'imaginer ses filles faisant partie de la haute société, qu'en sera-t-il pour les principales concernées ?

Mon avis : Dans cette lecture, je crois que j'ai tout aimé... La plume de l'auteur, qui rend cette histoire dynamique, prenante et intelligente. Les piques adressées au fonctionnement de la société de l'époque, déguisées par l'humour, sont délicieuses. Elizabeth apparaît comme une jeune fille impertinente mais incroyablement intelligente, en avance sur son temps et qui, par ses traits d'esprit, fait ressortir la bêtise de ceux qui l'entourent. Les intrigues sont ficelées avec minutie. Jane Austen tisse sa toile d'une main de maître, ce qui nous permet de passer un moment exquis, où l'on n'a pas le temps de s'ennuyer une seconde. Si vous hésitez encore à vous plonger dans ce classique, je vous conseille vivement de franchir le pas ! 

dimanche 23 septembre 2018

Une histoire des abeilles - Maja Lunde

En résumé.

Angleterre, 1851. William a toujours rêvé de faire partie de ces scientifiques qui bouleversent le quotidien des gens grâce à leurs inventions. Après avoir eu de nombreux enfants, l'obligeant à prendre un job alimentaire, il a vu tous ses espoirs s'envoler en fumée. Il est aujourd'hui enlisé dans la dépression et ne parvient plus à sortir de son lit pour se confronter au monde extérieur. C'est Edmund, son fils, qui va lui donner la force de se relever, grâce à un livre sur les abeilles négligemment posé sur son bureau. William a alors l'idée de construire une ruche révolutionnaire pour épater son fils.

Ohio, 2007. George est à la tête d'une exploitation apicole en pleine cambrousse américaine. Passionné par son métier, il espère bien que son fils reprendra les rênes de l'entreprise. Seulement, Tom a d'autres projets, dont celui de devenir écrivain. Comme un malheur n'arrive jamais seul, les abeilles de George commencent à disparaître mystérieusement annonçant le début de l'Effondrement.

Chine, 2098. Les abeilles ayant disparu, hommes et femmes sont obligés de polliniser la nature à la main. Tao fait partie de ses ouvriers d'un nouveau genre. La disparition tragique de son fils, Wei-Wen, va la conduire jusqu'à Beijing, ville désormais déserte, pour obtenir enfin des réponses.

Mon avis.

Cela fait un moment que ce livre me faisait de l’œil, depuis sa publication lors de la rentrée littéraire 2017. Si vous avez eu l'occasion de vous balader sur ce blog, vous aurez très certainement deviné que l'environnement est un thème qui m'est cher. Ce livre, à la frontière entre fiction et réalité, avait donc tout pour me plaire, surtout que je n'avais jusqu'à présent rien lu sur la disparition des abeilles. Malheureusement, ce fut une déception et je vous explique pourquoi sans plus tarder.

Une histoire des abeilles est un livre riche, développé, détaillé et documenté. On sent bien que Maja Lunde, norvégienne de son état, a fait de multiples recherches pour informer le lecteur du rôle primordial des abeilles dans la pollinisation et par voie de conséquence, dans l'agriculture. Elle est même remontée aux origines des ruches, à travers le personnage de William Savage. J'ai même pensé qu'il faisait véritablement partie de l'histoire apicole mais après vérification, il n'est que fiction. Les trois personnages apportent de la robustesse au message écologique que souhaite faire passer l'auteur. La disparition des abeilles et ses multiples conséquences (économique, agricole, sociale) s'ancrent dans le réel, au niveau micro (George croule sous les dettes depuis qu'il ne peut plus faire travailler ses abeilles) mais aussi macro (en 2098, c'est la société entière qui est pénalisée par la disparition des insectes). En cela, le récit est efficace et touche n'importe quel lecteur, lui faisant prendre conscience de l'imminence et de l'ampleur de la catastrophe. Un autre thème abordé, outre les abeilles, est la relation filiale. Chaque personnage se débat avec sa descendance, avec plus ou moins de virulence. Dans tous les cas, il y a une volonté de transmettre le patrimoine des abeilles - peut-être que se cache ici la volonté de l'auteur de nous faire réaliser que chaque génération a un impact sur les conditions de vie des générations qui suivront. Ainsi, le destin des abeilles ne s'est pas décidé en une dizaine d'années. Il a été préparé pendant des siècles, au gré des multiples évolutions technologiques (ruches, pesticides, méthodes apicoles) qui ont eu un impact sur les abeilles. Ainsi, ce livre peut être appréhendé sous de multiples facettes et ne contient pas qu'un seul message, simpliste, mais plusieurs, qui doivent nous amener à nous interroger sur notre place en tant qu'habitant de ce monde ayant un rôle sur notre environnement mais aussi en tant qu'individu qui prépare l'avenir pour les générations futures.

Malgré la richesse du texte, je n'ai pas été entièrement convaincue par cette lecture. Si j'adhère au fond, c'est-à-dire au message développé par Maja Lunde, je n'ai pas été séduite par la forme. Le récit est pourtant dynamique, construit sur une alternance des points de vue des trois personnages. Par son ambiance un peu glauque et inquiétante, c'est l'histoire de Tao qui l'emporte sur les autres, colorant le livre d'une impression étrange, parfois oppressante, voire même angoissante (à raison, on parle quand même de la disparition des abeilles). Je ne me suis pas attachée aux personnages : William m'a paru très distant et froid, je n'ai pas compris les idées de George que je n'ai pas trouvé très intéressant et le personnage de Tao est noyée dans cette ambiance sordide. On reste confiné dans leurs quotidiens, alors que j'aurais imaginé que l'auteur nous parlerait davantage des conditions qui ont provoqué la disparition des abeilles et les luttes qui auraient pu voir le jour entre citoyens et entreprises pro produits phytosanitaires. J'aurais également aimé en savoir davantage sur l'Effondrement, ce point de bascule qui a changé complètement le visage d'une ville comme Beijing. Pour la faire courte, je trouve qu'il manque de la matière, ne serait-ce que pour approfondir les arguments et donner un contexte encore plus général à ce qui est déjà proposé.

Néanmoins, cela reste un livre à mettre entre toutes les mains, afin de sensibiliser le plus grand nombre à ce danger qui nous concerne tous. J'enjoins donc tout lecteur à ne pas passer à côté de cette lecture riche en réflexions !

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ La richesse des thèmes abordés (disparition des abeilles et ses conséquences, poids de l'héritage, relations filiales)
+ L'organisation du récit qui se veut dynamique.
+ La part visionnaire : comment vivrions nous sans les abeilles ?

- L'ambiance parfois sordide.
- Des personnages pas particulièrement attachants.
- Certains volets auraient pu être plus approfondis.

Dernières infos.

Une histoire des abeilles a été publié en 2017 et compte 396 pages.

Ma note.

samedi 15 septembre 2018

Amours - Léonor de Récondo

En résumé.

1908, une maison cossue dans le Cher, deux femmes et un homme à tout faire, Céleste, Henriette et Pierre, et leurs maîtres, Anselme et Victoire de Boisvaillant. En apparence, rien pour les unir, à part les petits tracas de la vie quotidienne. Mais celui qui désire gratter le vernis des convenances s'apercevra que Victoire ne touche pas Anselme, ce qui pousse ce dernier à aller voir du côté de Céleste. La jeune fille, qui ne demandait rien à personne, tombe enceinte. Afin de préserver son image du qu'en dira-t-on et d'assurer la descendance de Boisvaillant, on décide que cet enfant ce nommera Adrien et qu'il sera le fils prodigue de Victoire et Anselme. Seulement, la mère nouvellement déclarée ne sait pas y faire avec ce poupon de chair et d'os, elle le néglige, ne lui apporte aucune affection et le petit être commence à être en danger. C'en est trop pour Céleste. Une nuit, elle se faufile dans la chambre de Victoire et ravit l'enfant pour l'emporter avec elle dans sa chambre. Seulement, Madame a des yeux partout, monte quatre à quatre les marches, ouvre grand la porte et assiste à ce spectacle si doux entre une mère et son enfant - une scène qui va bouleverser l'équilibre des relations entre tous ces protagonistes.

Mon avis.

Voilà une lecture qui sort totalement de ma zone de confort ! J'ai croisé sa route sur Livraddict, séduite par la nouvelle couverture des éditions Points, sur laquelle on voit un entrelacement de papillons colorés sur un fond beige. La quatrième de couverture ne me parlait pas vraiment (j'avais peur de m'ennuyer) mais j'ai tellement aimé ce mélange de couleurs pastel que j'ai fini par me décider à l'emprunter à la bibliothèque. Il faut dire aussi que les avis positifs lus sur la toile étaient nombreux.

Comme son nom l'indique, ce livre parle d'amour - l'amour au pluriel, sous toutes ces formes, le vrai, le grand, celui avec un grand A, le cruel, le pervers, le méchant, le jaloux, le filial, l'amical, l'amoureux. L'auteur a su introduire les nuances de façon subtile et intelligente. Ainsi, à travers les expériences de ces personnages, on traverse une large palette de sentiments, en partant de l'amour qui respecte les conventions mais qui n'a aucune valeur au niveau du cœur (Victoire/Anselme) pour aller jusqu'au plus honteux mais le plus ardent, celui entre deux femmes (Victoire/Céleste). Entre deux, on a l'amour (version dévotion) qu'Henriette porte à Pierre, devenu sourd alors qu'il était jeune soldat pendant la guerre. On a aussi l'amour sale, un amour qui n'en est pas vraiment un, celui qu'Anselme mobilise chaque fois qu'il viole Céleste. Enfin, l'un des plus beaux, l'un des plus compliqué, l'amour filial, celui qui se développe entre le mère biologique et son enfant puis entre deux mères qui s'aiment et leur enfant. Cette palette amoureuse est explorée avec beaucoup de minutie par l'auteur, qui prend le temps de développer chaque personnage, chaque sensation, chaque situation, grâce à une plume délicate et libre, à l'image de Victoire et Céleste. Rien n'est laissé au hasard et pourtant la lecture est dynamique. Les chapitres sont très courts, on reste dans l'essentiel, on ne s'encombre pas de l'annexe, ce qui fait que les pages se tournent très vite. La longueur du livre est parfaite pour l'histoire, ni trop ni pas assez, ce qui est plutôt rare pour les romans de cette longueur-là. On est souvent frustré de ne pas en avoir plus.  

Évoquer l'homosexualité à cette époque, en ces lieux (la campagne) et dans ce milieu social est un pari plutôt osé mais nécessaire puisque de nombreuses personnes devaient être concernés par ce que vivent les personnages d'Amours, sans parler des personnes hétérosexuelles prises dans un mariage dont elles ne voulaient pas et qui n'ont cessé de rêver à un autre, qui appartenait souvent à une autre classe qu'elles. Ainsi, ce livre cristallise un certain nombre d'interdits en vigueur à l'époque. Léonor de Récondo évoque d'ailleurs la place de l'Eglise, toute puissante et dont le regard sur les affaires sentimentales de ses sujets est jugé comme légitime. Le prête tient une place éminemment importante dans ce livre puisque c'est lui qui conduit Céleste à sa perte, alors même que les deux jeunes femmes avaient réussi à trouver une marge de liberté dans leur maison, osant renvoyer Anselme dans ses tours. Ainsi, parler d'amour est une des meilleures armes que l'auteur a trouvé pour aborder les mœurs du XIXème siècle avec humanité et bienveillance.

Malgré la douceur du livre, l'authenticité des personnages et la force du message, je ressors de ma lecture avec un avis mitigé. S'il m'a marquée, par les images mentales que j'ai créées tout au long de la lecture, je pense avoir été mal à l'aise lors de certaines scènes. Et lorsque je pense à ce livre, une ambiance plutôt oppressante me saisit. Rien de bien grave, cela reste un beau livre que je vous conseille, surtout si vous appréciez cette époque et ces thèmes-là.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Le thème de l'amour est décliné sous toutes ses facettes, de façon détaillée et pertinente.
+ La lecture est fluide, agréable, rythmée. La longueur du livre est adaptée à l'histoire.

- Certaines scènes m'ont mise mal à l'aise. 

Dernières infos.

Amours a été publié en 2015 et compte 280 pages. Il a obtenu le prix des libraires la même année.

Ma note.

jeudi 13 septembre 2018

Throwback Thursday - Instantanés de vie

Bonjour à tous !

Le Throwback Thursday est un rendez-vous repris par Betty Rose Books sur son blog. Les consignes sont très simples: chaque Jeudi, nous devons proposer un livre en accord avec le thème que Betty Rose Books nous aura concocté. Le but est de revenir sur des lectures passées d'enrichir notre Wish List en découvrant le choix des autres Bloggeuses!

Je tiens à préciser que toutes les images liées au Throwback Thursday proviennent du blog de Betty Rose Books.
Cette semaine, le thème est Instantanés de vie.

Pour l'occasion, voici le livre que j'ai choisi :

Les fils conducteurs
Guillaume Poix
Lorsque j'ai découvert le thème de cette semaine, j'étais un peu sceptique. J'ai tout de suite pensé à Les gens dans l'enveloppe, d'Isabelle Monnin dans lequel elle s'inspire de photos achetées sur le Net pour écrire son histoire. Elle donne alors vie à ces personnes dont elle ne savait rien, jusqu'à ce qu'elle les rencontre "pour de vrai" et nous livre leur véritable histoire. Etant donné que je vous avais déjà présenté ce livre il y a quelques mois lors d'un Throwback Thursday, j'ai décidé de me creuser les méninges et l'évidence m'a finalement frappée. Le livre que je viens de terminer, Les fils conducteurs, convient parfaitement pour le thème. On y parle de photographes, d'expositions photographiques, clichés, mais c'est aussi une incursion dans la vie d'une poignée de Ghanéens qui luttent pour leur survie.

En résumé : Lors d'une exposition photographique dans un musée de Genève, Thomas, lui-même photographe, est saisi par un cliché qui montre des mains entrelacées au-dessus d'un cercueil. Il ne le sait pas mais ses mains appartiennent à Ama et Jacob qui viennent de perdre leur mari, leur père. Le manque d'argent les pousse à rejoindre la capitale du Ghana, Accra pour tenter de gagner leur vie. Très vite, leur destin se lie à Agblogboshie, décharge située en périphérie de la ville qui recueille tous les déchets électroniques dont le monde occidental ne veut plus. Chaque jour, des centaines d'hommes et de femmes se précipitent dans ce mouroir à ciel ouvert pour tenter d'y récupérer des métaux précieux, qu'ils revendront. Les conditions de travail sont absolument épouvantables, extrêmement nocives pour la santé humaine et mettent nos protagonistes dans des états d'intense détresse. 

Mon avis : Une fiction très réaliste sur l'avenir des déchets électroniques et sur l'impact que leur recyclage a sur les hommes et les femmes de la décharge d'Agblogbloshie (mais pas que, on pourrait généraliser les conclusions à bien d'autres situations). Le fait qu'on ait affaire à des personnages qui ont une histoire humanise de simples informations, statistiques, choses lues dans les journaux. Il s'agit d'un écrit bouleversant, rédigé avec virtuosité. Seule la fin m'a un peu déçue. Je ne l'ai pas comprise, elle m'a même mise mal à l'aise. Pour autant, ce livre reste essentiel, le genre de bouquin que chaque citoyen devrait lire. Si vous n'avez pas peur du dur et du concret, je vous le conseille !

dimanche 9 septembre 2018

Les fils conducteurs - Guillaume Poix

En résumé.

Alors qu'il visite une exposition au Musée d'Art et d'Histoire de Genève, Thomas, photographe, est happé par le cliché de deux mains enchevêtrées qui reposent sur un cercueil. Il ne le sait pas mais ces mains appartiennent à Jacob et Ama, qui viennent de perdre leur père, leur mari. A court d'argent, ils sont contraints de quitter leur campagne du centre du Ghana pour rejoindre la capitale, Accra. Le temps passe et emporte avec lui l'espoir de trouver du travail. Comme pour beaucoup d'autres ghanéens, l'ultime solution est la décharge d'Agbogbloshie. C'est dans ce lieu que des milliers de bateaux viennent déposer les déchets électroniques provenant du monde occidental, des Etats-Unis mais aussi de l'Europe. Isaac et Moïse initient Jacob à la "fouille", cette activité éminemment dangereuse qui consiste à désosser les déchets pour trouver des matériaux précieux, qu'ils revendent pour se faire un peu d'argent. Entre fumées toxiques, morts prématurées, trafic, l'obsolescence programmée tue chaque année des hommes et des femmes qui doivent accepter le pire pour survivre. Thomas, qui ambitionne de suivre le chemin de ces déchets, du port Hambourg au port d'Accra croisera la route de Jacob et subira à son tour le prix de nos inconsciences.

Mon avis.

Cela faisait un bon bout de temps que ce livre me faisait envie. Je l'ai découvert grâce à la chronique, une fois de plus magistrale, de Lola sur le blog A l'horizon des mots. Etant préoccupée par le devenir de notre planète mais aussi par les inégalités qui ne cessent de se creuser entre les Hommes, le titre et la quatrième couverture de ce livre m'ont tout de suite parlé. De la décharge d'Agblogboshie, je ne connaissais rien. Je savais simplement que nos déchets, qui plus est, électroniques, contenaient des substances dangereuses qui n'étaient pas forcément recyclées et qui pouvaient être déversées dans les sols et les fleuves de pays dont tout consommateur n'à que faire. Je savais également que des enfants, plutôt que d'aller à l'école, fouillaient les immondices, à la recherche de matériaux rares dans des conditions sanitaires absolument déplorables. Ce livre, en mettant des visages et un quotidien derrière ces faits que l'on oublie vite, m'a conforté dans mes convictions. Il fait partie de ces livres que chaque citoyen, chaque consommateur devrait lire.

Sa grande force est de se situer entre le roman et le documentaire. Roman parce que l'on suit des héros qui nous crèvent le cœur, parce qu'on est embarqués dans une histoire, parce que l'on a envie de savoir ce que vont devenir Moïse, Isaac, Jacob et Ama, parce que les faits sont mis en musique par un chef d'orchestre talentueux. Documentaire parce que le cadre de cette histoire est tristement réel, parce que la décharge d'Agbogbloshie existe bel et bien, ainsi que ces hommes et ces femmes qui la fréquentent tous les jours, parce que la capitale est effectivement polluée à un degré extrême, parce qu'il est certain que nos déchets électroniques - smartphone, télévision, bouilloire, cafetière, appareil photo, écran d'ordinateur, fer à repasser, frigo - finissent leur vie à Accra. La plume de Guillaume Poix est exquise. Elle rend à ces personnages sales et malades toute leur grâce. Elle parvient même à rendre nos déchets esthétiques. On a l'impression d'assister à un ballet, les bateaux qui vont et viennent, les danseurs qui font aller leurs doigts fragiles pour dépecer les trésors, les grands méchants qui viennent casser le rythme d'une danse si bien organisée. Le paradoxe est saisissant : on hésite entre l'affreuse laideur de la situation et la beauté des mots pour la décrire, ce qui finit par la rendre encore plus cruelle. Le rythme est soutenu, on alterne les récits, entre celui de Thomas et ceux des acteurs d'Agbogbloshie, les images dans notre tête se succèdent, à vive allure, on tourbillonne, on se demande, on s'agace, on s'insurge, on se révolte, jusqu'à l'envie de vomir.

Ce livre était bien parti pour ravir les cinq étoiles... Jusqu'à ce que la fin vienne tout gâcher, le moment où Thomas entre en scène et rencontre Jacob. Je ne vous dévoile par tout, pour préserver la surprise. Toujours est-il que je n'ai vraiment pas compris pourquoi ajouter un mal qui n'était pas nécessaire et qui finalement n'apporte pas grand chose à l'essence du message. Je me suis même sentie mal à l'aise, ces dernières pages ont changé la perception que j'avais des personnages, m'obligeant à revoir ma copie. J'accorde malheureusement une importance primordiale aux dénouements qui colorent à mon avis une histoire, la rendant plus lumineuse ou plus sombre. Guillaume Poix n'a pas su ajuster ses pinceaux à ce moment précis, c'est dommage, car le reste du livre est absolument parfait.

Je vais donc m'en tenir aux quatre fleurs, mais je vous encourage vivement à vous procurer ce livre, à le lire en long, en large et en travers. Certes, les images ne sont pas toujours faciles (on est loin du conte avec des chevaux en pâte d'amande et des cœurs pailletés) mais c'est une lecture utile, citoyenne et incroyablement bien narrée.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Le thème du livre : le devenir de nos déchets électroniques, la décharge d'Agbogbloshie au Ghana.
+ La plume de l'auteur, fantastique, qui décrit la situation avec beauté et cruauté.
+ Les personnages qui soulignent les ravages de l'obsolescence programmée.

- Le dénouement, que je n'ai pas compris et qui m'a semblé inapproprié.

Dernières infos. 

Les fils conducteurs a été publié en 2017 et compte 224 pages. Guillaume Poix a été l'invité du Mag de l'été, diffusé sur France Inter, l'été dernier, pour la sortie de son livre. Voici le lien vers l'interview. Aussi, si ce thème vous intéresse, je vous conseille ces épisodes de l'émission Cultures Monde, diffusés sur France Culture, dont le thème est "Les nouveaux délinquants environnementaux". On y retrouve la question des déchets, mais aussi le trafic d'ivoire, la pêche illégale ou encore la déforestation illégale. Enfin, si vous souhaitez en savoir davantage sur Agbogbloshie, vous pouvez visionner La tragédie électronique de Cosima Dannoritzer, qui a également réalisé Prêt à jeter, sur le même thème. Ces deux documentaires ont été diffusés sur Arte.

Ma note.

samedi 1 septembre 2018

C'est l'été, je balance tout ! - Juillet/Août 2018

Bonjour à tous!

Voici un type d'article qui avait un peu déserté le blog ces derniers temps, à mon grand regret... Il me prend tellement de temps à rédiger que je n'ai pas pu m'y atteler ces derniers mois. Je suis donc heureuse de pouvoir vous le proposer cet été, sachant qu'il risque de disparaître aussi vite qu'il a fait son retour.  C'est le 1er, je balance tout! est un rendez-vous qui a été lancé par Lupiot du blog Allez vous faire lire. J'en suis très vite tombée amoureuse car j'en avais un peu assez de mes Bilans du mois qui n'étaient finalement qu'une énumération de mes lectures, sans grand intérêt. Ce rendez-vous vient rythmer les fins de mois et surtout il nous permet de découvrir plein de jolies lectures mais aussi plein de balades sur la toile, avec ou sans lien avec les livres, et ça, j'adore! 

Les règles sont très simples puisqu'il s'agit de retracer le mois écoulé au travers de quatre catégories que voici:

1. Le top et flop du mois dernier
2. Une chronique d'ailleurs
3. Un lien que nous avons adoré le mois dernier (hors chronique littéraire)
4. Une petite fierté 

Sans plus tarder commençons avec le top et flop de l'été.
Cet été fut riche en lectures ! Du côté des Top, on retrouve bien sûr Harry Potter à l'école des sorciers. J'en suis à ma troisième relecture mais cette fois-ci je me suis plongée dans la version illustrée de ce best-seller proposée par Jim Kay. Même si je suis une fan inconditionnelle du petit sorcier, je ne suis pas pour me procurer toutes les éditions des différents tomes. Mais je dois dire que celle-ci est absolument sublime et vaut vraiment le coup ! A présent, on reste au Royaume-Uni mais on part sur un sujet totalement différent avec Orgueil et Préjugés, qui fut un véritable coup de cœur. J'ai mis du temps à me décider à lire mon tout premier Jane Austen mais j'ai eu raison de passer outre ma crainte de ne pas apprécier ce classique de la littérature anglaise. J'ai accroché dès les premières pages et je n'arrivais plus à le lâcher, tellement je me sentais proche des personnages (surtout d'Elizabeth) et tellement j'ai adhéré à l'humour caustique de l'auteur. Un pur régal ! Sur la troisième place du podium, on retrouve Les yeux jaunes des crocodiles, qui fut l'objet d'une relecture. J'ai encore une fois apprécié la plume de Katherine Pancol qui sait si bien nous parler du quotidien d'hommes et de femmes touchants auxquels on s'attache très facilement. A noter toutefois que Le château de ma mère et Le fil des souvenirs auraient pu également recevoir la médaille de bronze.

Du côté des flops, il y a d'abord les tomes 5 (L'Odyssée du Passeur d'Aurore) et 6 (Le fauteuil d'argent) des Chroniques de Narnia. Malheureusement, ces deux lectures confirment la tendance, je ne suis pas une adepte de cette saga. Même si les idées sont plutôt bonnes et l'univers original, fourmillant de personnages et paysages fantastiques, il me manque quelque chose. Les faits sont vite évacués, on peine à s'attacher aux protagonistes et les fins sont souvent étranges, inadaptées au reste de l'histoire. Je suis ravie de voir qu'il ne me reste plus qu'un tome pour achever ma lecture de ces chroniques. Ensuite, je n'ai malheureusement pas été séduite par Un avion sans elle. Alors que j'avais apprécié ma lecture du Temps est assassin l'été dernier, j'ai trouvé que l'intrigue traînait dans celui-ci, que l'ambiance était un peu glauque, ce qui m'a mise mal à l'aise. J'ai eu l'impression de m'ennuyer alors que je venais y chercher de l'action et du suspense. Dommage ! Enfin, je n'ai pas non plus apprécié ma lecture de Pour une enfance heureuse. Lu dans le cadre de mon boulot et conseillé par une collègue, j'ai trouvé que l'auteur enfonçait beaucoup trop de portes ouvertes et que les répétitions étaient nombreuses. Certes, ses arguments sont étayés par l'avancée des recherches en neurosciences mais on n'en retire pas grand chose, à part ce que l'on sait déjà... Heureusement, c'est vite lu ! 

Continuons avec les chroniques vues d'ailleurs

* Je n'en reviens pas, je pensais vous avoir déjà parlé du blog A l'horizon des mots lors des précédents bilans mais que nenni ! Vite, vite, réparons cette bévue ! Lola, l'hôte de ces bois, est à mes yeux une sorte d'héroïne. Ses lectures sont originales, fouillées, pertinentes, intelligentes et sa plume de chroniqueuse est divine (oui, je le confesse, je suis jalouse). J'y vais régulièrement lorsque j'ai envie d'idées lecture qui sortent du lot et je ressors de là avec quinze mille références notées sur mon petit papier. Grâce à elle, j'ai découvert La route sombre de Ma Jian et je ne vais pas tarder à me plonger dans Les fils conducteurs de Guillaume Poix, qui me fait très envie depuis que j'ai lu sa chronique. Un blog à avoir dans ses favoris !

* A présent, voici un blog que j'ai déniché tout récemment, grâce à sa chronique du Château de ma mère de Marcel Pagnol. Creezzy, qui emprunte son pseudo à son livre favori nous donne des idées lecture selon notre humeur, nous fait part de ses livres préférés et on découvre d'article en article de jolis livres inconnus au bataillon mais qui nous séduisent déjà...

Je vous ai présenté la liste des nominées, à vous de déterminer la gagnante, sachant qu'elles peuvent l'être toutes les deux ! Enchaînons désormais avec les liens venus des stratosphères du Web.

* Outre la lecture, j'aime de plus en plus me mettre derrière les fourneaux. Ce ne fut pas toujours le cas mais l'envie de manger des plats à la fois sains et gourmands et de faire plaisir à mon amoureux m'encourage progressivement à mettre les orteils dans la cuisine. Dans ma quête culinaire, je suis aidée par le blog Papilles et Pupilles créé par Anne Lataillade. C'est un petit coin de paradis, qui regorge d'idées recette des plus simples aux plus ardues. Je n'ai jamais raté une seule recette trouvée dans cette bible numérique, tellement les choses sont bien présentées et expliquées. Parmi mes réussites, il y a la tarte aux pêches, citron vert et romarin (une tuerie absolue), le poulet au curry (un plat qui apporte du réconfort après les journées de boulot) ou encore la tarte poires/chocolat, à faire bientôt, pour la saison des poires ! Miam !

* Quand je cuisine, j'aime beaucoup mettre la radio en fond. C'est une des rares occasions où je peux l'écouter de façon attentive tout en faisant autre chose et sans perdre de temps pour autant. Tout récemment, j'ai écouté La passion de lire, un épisode de l'émission Une bonne tasse d'été diffusée sur France Inter. La journaliste et ses invités interrogent notre rapport à la lecture et nous donnent plein de titres de romans qui les ont marqués ou qu'ils souhaitent tout simplement conseiller. Si ce genre d'échanges vous intéresse, je vous encourage à y faire un tour. En dehors de cet épisode consacré à la lecture, l'émission aborde divers sujets de société.

* Pour égayer ce bilan qui touche bientôt à sa fin, je vous glisse une petite musique de Snow Patrol, Make this go on forever. Si je connaissais le groupe depuis quelques années, j'ai découvert cette chanson dans un épisode de Grey's Anatomy (je ne regarde pas mais un épisode passait à la TV à ce moment-là). Je la trouve juste géniale et je pense qu'elle va m'accompagner à la rentrée.

Terminons désormais avec la minute fierté !

Cet été, j'ai eu deux grandes victoires. 

D'abord, celle d'avoir validé ma première année de Master. Cette année fut particulièrement dure, et s'est conclue par des examens en cascade dont je suis ressortie vivante et avec de bonnes notes. L'année qui s'annonce risque d'être encore plus difficile. Alors j'ai rechargé les batteries cet été et fait le plein de belles lectures car je pense ne pas avoir beaucoup de temps pour les livres dans les mois à venir, même si je vais essayer de ne pas changer les bonnes vieilles habitudes et poster une chronique par semaine sur le blog.

Ma deuxième fierté est celle d'avoir conduit en Écosse. Il y a quelques mois, nous avons décidé avec une amie de se faire un mini road-trip écossais (sur une semaine), à la découverte des Loch et des paysages magnifiques qui ont vu naître Harry Potter ou encore la série Outlander. Mon amie ne conduisant pas, j'étais la seule à pouvoir nous conduire aux différents sites que nous souhaitions visiter. Qui dit Royaume-Uni, dit conduite à gauche, dit voiture de location. Autant vous dire que je balisais sérieusement avant de partir, étant d'un naturel un peu froussard. Finalement, malgré une ou deux frayeurs et quelques coups de klaxons, ça s'est bien passé ! J'ai déjà hâte d'y repartir ! Je vous laisse avec quelques photos...

 Une petite balade sur l'Ile de Skye...
En route pour Portree, "capitale" de l'Ile de Skye...
 Arthur Seat, Edimbourg...

Sur la route...

Je vous souhaite du courage pour la rentrée et un bel automne !

dimanche 26 août 2018

Orgueil et Préjugés - Jane Austen

En résumé.

La famille Bennet ne sait plus où donner de la tête... Leurs cinq filles sont désormais en âge de se marier. Leur trouver un homme riche et occupant une position honorable dans la hiérarchie sociale est devenu une urgence si elles veulent être à l'abri du besoin. Car non, en raison d'une vieille loi anglaise, elles ne pourront pas hériter de la maison familiale, qui repartira dans les mains d'un cousin un peu barbant, Mr Collins, à la mort de leur père. Comme les choses se goupillent plutôt bien, de nouveaux locataires viennent occuper une riche demeure non loin de là. Et comme une bonne nouvelle en entraîne une autre, les nouveaux locataires sont deux mâles célibataires, le gentil Mr Bingley, accompagné de son ami bien orgueilleux mais à la tête d'une fortune, Mr Darcy. C'est décidé, Jane, l'aînée ira à Mr Bingley et Elizabeth à Mr Collins, afin de mettre fin à la malédiction qui pèse sur la famille. Mais qu'en sera-t-il des sentiments des principales intéressées dans cette histoire, Jane et Elizabeth Bennet ?

Mon avis.

Mon premier livre de Jane Austen et donc ma première lecture d'Orgueil et Préjugés. Oui, je sais c'est une honte. Il faut dire que j'avais la pression, un classique de la littérature anglaise, adapté un nombre incalculable de fois au cinéma, des commentaires élogieux à la pelle, une note qui frise le record sur Livraddict, j'avais peur de ne pas aimer et de passer à côté de quelque chose. Autant vous dire de suite que mes craintes se sont évanouies dès les premières pages et que ce livre fut un véritable coup de cœur !

On rentre dans cette histoire comme dans un bon bain chaud, rempli de mousse et qui sent le citron (oui parce que le ton est légèrement acidulé quand même). Une de mes craintes était le style de Jane Austen dont je pensais qu'il serait trop riche ou trop ampoulé pour permettre une lecture fluide. Finalement, ce fut le cas, je me suis un peu brûlé les orteils en entrant dans le bain, surtout lors des joutes verbales entre Elizabeth et Darcy (cela dépend peut-être de la traduction) que j'ai eu du mal à comprendre en totalité mais on s'y fait rapidement, on se laisse envelopper par la chaleur des lieux et le piquant des personnages. Le décor est bien planté sans pour autant avoir quinze pages de descriptions. D'ailleurs, seul le domaine de Pemberley est mis à l'honneur. Plus que les paysages et le faciès des personnages, ce qui intéresse en premier lieu Jane Austen est leur caractère. Il n'y a qu'à voir le titre, orgueil et préjugés, tout un programme... La société bourgeoise, la "gentry" anglaise du XIXème siècle qui accueille l'intrigue, est passée au vitriol même si l'auteur y va avec beaucoup de subtilité, sa meilleure arme étant l'ironie. J'ai beaucoup aimé Mr Bennet, qui, agacé par la niaiserie de sa femme, garde sa colère pour lui mais lui fait quelques remarques bien placées et bien grinçantes. Elizabeth incarne les opinions que souhaite défendre Jane Austen. Elle est un peu le mouton noir dans tout ce fatras de bienpensance, l'esprit libre, très certainement la plus intelligente. Elle refuse cette loi tacite selon laquelle le mariage est avant tout une affaire d'argent. Pour elle, il n'y a que l'amour qui puisse unir deux êtres. Malgré ses traits d'esprit, elle n'est pas épargnée par la plume de Jane Austen qui montre combien l'orgueil et les préjugés peuvent conduire au malheur. Ainsi, tout le monde en prend pour son grade, même si Darcy et Elizabeth sont érigés au sommet du tas de fumier, ce qui fait que l'intrigue a du mordant et évite de tomber dans la niaiserie d'une comédie romantique.

J'ai également beaucoup apprécié le rythme de l'histoire. Si l'amour naissant entre Elizabeth et Darcy sert de fil conducteur, plusieurs développements secondaires viennent apporter de l'action, voire du suspense. Combien de fois j'ai eu des difficultés à poser mon livre ! Je l'ai carrément dévoré, souhaitant par dessus tout savoir ce qui allait se passer pour tel ou tel personnage. Je dois avouer qu'un petit récapitulatif des relations entre les différents protagonistes trouvé sur le page Wikipedia du livre m'a été de grand secours quand je ne savais plus qui était lié à qui. Sans ça, on n'a aucun mal à suivre l'intrigue. Tout est tellement bien ficelé, bien pensé pour que les uns et les autres se croisent de façon complètement naturelle. J'avais l'impression d'habiter moi aussi cette partie de l'Angleterre et de suivre les aventures de mes voisins depuis la fenêtre. Elizabeth fut bien évidemment ma voisine préférée. Certes, elle a son petit caractère mais elle pointe tellement bien le manque d'intelligence des autres et de certaines traditions. J'ai aimé sa liberté d'être et d'agir. Le passage où elle refuse la première demande en mariage de Darcy est absolument magistral. Malgré les manières de l'époque, j'ai eu le sentiment de lire une œuvre moderne, pas si éloignée de notre époque. Quelques petites modifications et nous pourrions facilement adapter cette histoire à notre monde contemporain. Rien de surprenant, puisque c'est un livre qui parle de l'Homme et de ses travers, thème intemporel qui a déjà fait couler beaucoup d'entre et qui continuera d'en faire couler...

Avant de vous quitter, je tenais à vous dire quelques mots sur Tibert Editions, l'édition qui a publié cette version d'Orgueil et Préjugés illustrée par Margaux Motin. Il s'agit d'une toute jeune maison d'édition qui a pour objectif d'allier littérature et art pictural. Ainsi, ils publient des grands noms de la littérature sublimés par le talent d'un artiste. Pour le moment, sont disponibles Les hirondelles de Kaboul de Yasmina Kadra et Mrs Dalloway de Virginia Woolf. Pour ma part, j'ai vraiment apprécié mon expérience de lecture avec Orgueil et Préjugés. Le livre est d'une qualité excellente, les illustrations apportent un vrai plus humoristique et artistique et il décore à merveille ma bibliothèque. Je vous laisse aller faire un tour sur leur compte Ulule et sur leur site.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Un regard cynique sur la société bourgeoise dans l’Angleterre du XIXème.
+ Des personnages aux caractères bien marqués, mention spéciale pour Elizabeth.
+ Une intrigue bien ficelée, faite d'une mosaïque d'histoires qui donnent du rythme.
+ Le plume intelligente de Jane Austen qui parvient à montrer avec finesse et subtilité le poids de l'orgueil et des préjugés chez l'Homme.
+ Le charme qui se dégage des lieux.

- Quelques passages un peu difficiles à comprendre (mais ils restent rares)

Dernières infos.

Orgueil et préjugés a été publié en 1813 (pour la version originale) et compte 353 pages. Si vous souhaitez en savoir plus sur ce livre, je vous conseille cet épisode de l'Alchimie d'un roman et cet épisode de La grande table sur France Culture. Si vous n'êtes toujours pas rassasiés, sachez que La compagnie des auteurs (toujours sur France Culture) a consacré quelques épisodes à Jane Austen.

Ma note.
Challenge.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges:

dimanche 19 août 2018

Un avion sans elle - Michel Bussi

En résumé.

Le 23 Décembre 1980, un avion provenant de Turquie et se rendant dans la capitale française choisit une montagne du Jura, le Mont Terrible, pour se laisser mourir. La carlingue prend feu, les quelques deux cent passagers ne survivent pas, sauf un bébé de trois mois qui fut éjecté à temps. Mais ce jour-là, il y a deux bébés de trois mois à bord de l'appareil : Lyse-Rose de Carville, la petite fille d'un riche industriel et Émilie Vitral, aux origines plus modestes. Aucun signe distinctif ne permet de savoir laquelle des deux a survécu. Les familles se déchirent, la justice tranche, la fillette sera une Vitral. Pour autant, les De Carville n'abandonnent pas la bataille. Ils embauchent un détective privé, Crédule Grand-Duc à qui ils donnent 18 ans pour faire la lumière sur cette sombre affaire. 18 ans de vide, d’errance, à multiplier les pistes sans aller jusqu'au bout. Il aura fallu attendre la toute dernière minute de la toute dernière heure de ces années d'enquête pour que l'homme se réveille, alors qu'il n'avait jamais été aussi près du sommeil irréversible, et trouve l'ultime indice, celui qui libèrera les deux familles.

Mon avis.

Qui dit été, dit forcément un bon policier sous le parasol ! J'ai découvert Michel Bussi l'an dernier, à la même période avec Le temps est assassin. Ayant bien aimé, j'ai décidé de renouveler l'expérience avec Un avion sans elle. Je ne comprends pas trop ce qui s'est passé, les indices étaient au vert, les avis sur Livraddict dithyrambiques, la note très bonne, la quatrième de couverture prometteuse et pourtant... Et pourtant, ce fut une déception.

Michel Bussi a su choisir les ingrédients d'une bonne recette. Il y a du suspense, et ce, dès les premières lignes. On est face à un Crédule Grand-Duc qui veut en finir, et au moment de passer l'arme à gauche, le voilà qui découvre LA vérité. Nous, il faudra encore qu'on attende près de 600 pages. Alors on sort la loupe, on essaie de lire entre les lignes, on fait des fils avec les différentes informations, on tisse une toile, on se prend les pieds dedans et on finit par abandonner et par se laisser porter. Il faut dire que l'auteur tente de rythmer son histoire. La trame de l'intrigue est portée par le journal de Grand-Duc dans lequel il a consigné tous les indices, toutes les pistes qu'il a suivis pour tenter de percer le mystère Lylie. Ce journal est lu par Marc Vitral, à la fois le supposé frère de la rescapée et son amant (oui, ils sont amoureux ces deux-là, pour arranger les choses...). On déroule donc le fil de l'histoire grâce à lui, on progresse à son allure, on croise toute une foule de personnages qui apportent eux aussi leur pierre à l'édifice. Ainsi, on alterne entre les différents points de vue et les différentes époques, plus on avance et plus les morts se succèdent et plusieurs enquêtes finissent par se mêler. Le tout en une journée ! On a à peine le temps de reprendre notre souffle !

Oui, on a à peine le temps de reprendre notre souffle si on est asthmatique. Si on n'a pas de problème pulmonaire ou si on a de la Ventoline à portée de main, pas besoin de courir chez le médecin, tout va bien se passer. En effet, plusieurs longueurs dans la narration nous offrent la possibilité de respirer. Michel Bussi aime rappeler toutes les cinq ou six pages les questions qui assaillent les différents personnages. Or, on les connaît ces interrogations, depuis le début et, à moins d'être frappé par une amnésie soudaine (ce qui fait beaucoup si on est déjà asthmatique), on se passerait bien de ces rappels sans grand intérêt, à part plomber l'intrigue. Donc malgré le suspense, malgré le rythme insufflé par les allers-retours entre les différents personnages et les différentes époques, malgré l'envie de savoir, je me suis progressivement laissée gagner par l'ennui. Les petits twists tous les trois/quatre chapitre n'ont pas suffi à me ranimer et j'avais hâte de voir le bout du tunnel ! Par ailleurs, je ne me suis pas attachée aux personnages que j'ai trouvé plutôt froids et distants. Même Marc qui est censé être le héros ne m'a fait ni chaud ni froid. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur Lylie. Après tout, c'est elle le sujet de l'intrigue, j'aurais donc aimé savoir comment elle a grandi toutes ses années, sans connaître sa véritable identité, comment elle appréhende sa relation avec Marc, mais finalement peu de choses sont dites sur son compte. Les longueurs, le style parfois un peu lourd, la psychologie des personnages, l'histoire en elle-même confèrent au livre une ambiance un peu oppressante. C'est propre au genre thriller, me direz-vous, et vous aurez raison. Mais dans ce cas-là, je ne me suis vraiment pas sentie à l'aise. Entre ce détective que j'ai trouvé gras et maladroit, la relation incestueuse entre Marc et Emilie, ces morts à la pelle, les insectes de Grand-Duc et le physique déroutant de Malvina, j'étais bien contente de refermer définitivement le livre et me débarrasser de cette ambiance poisseuse qui me collait à la peau. Pour finir, le dénouement final est surprenant mais sans plus. Le reste du livre en fait tellement des caisses sur "Lyse-Rose ou Emilie Vitral" que l'on peut s'attendre à un rebondissement de dernière minute, car l'on sait bien que le but de l'auteur est de tromper ses lecteurs.

En définitive, Un avion sans elle a bien sa place dans le genre du thriller. Si vous souhaitez du rythme, du suspense, des rebondissements, des morts, vous serez servis. Néanmoins, je n'ai pas été totalement convaincue, je pense que je l'aurais été davantage si le livre avait fait deux cent pages de moins, élaguant ainsi les trop nombreuses répétitions.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Le thème de l'intrigue : suspense garanti !
+ Le rythme donné à l'histoire via l'alternance entre les différents points de vue et époques.

- Des longueurs et des répétitions qui plombent le récit.
- Aucun des personnages n'est attachant.
- L'ambiance oppressante, poisseuse.

Dernières infos.

Un avion sans elle a été publié en 2012. Il compte 573 pages. Pour vous mettre dans l'ambiance, Comme un avion sans ailes de Charlélie Couture. Si vous êtes conquis par le style Michel Bussi, sachez qu'il également l'auteur de Nymphéas noirs, Le temps est assassin, Maman a tort, Gravé dans le sable ou encore N'oublier jamais

Ma note.

jeudi 16 août 2018

Throwback Thursday - Afrique

Bonjour à tous !

Le Throwback Thursday est un rendez-vous repris par Betty Rose Books sur son blog. Les consignes sont très simples: chaque Jeudi, nous devons proposer un livre en accord avec le thème que Betty Rose Books nous aura concocté. Le but est de revenir sur des lectures passées d'enrichir notre Wish List en découvrant le choix des autres Bloggeuses!

Je tiens à préciser que toutes les images liées au Throwback Thursday proviennent du blog de Betty Rose Books.
Cette semaine, le thème est Afrique.

Pour l'occasion, voici le livre que j'ai choisi :

L'autre visage de la vérité
Beverley Naidoo
Nous poursuivons notre tour du monde littéraire avec le continent africain. Comme pour l'Amérique du Sud, je n'ai pas dans ma bibliothèque beaucoup de lectures qui traitent ou qui sont issues de cette région du globe. J'ai donc du fouiller dans ma mémoire et j'ai finalement choisi de vous présenter ce livre que j'avais à lire pour l'option d'Anglais lorsque j'ai passé mon Bac. Je l'avais donc lu en version originale et quelques années plus tard, ça me plairait bien de le relire en Français. Je viens de voir qu'il est classé dans la catégorie jeunesse mais il est tout à fait intéressant pour un public adulte.

En résumé : Nigéria. Un matin. La mère de Sade, douze ans et Femi, son plus jeune frère est assassinée sous les yeux de ses enfants. La voiture avec à son bord les meurtriers s'enfuit. La raison de cette insécurité est la dictature qui règne sur le pays, la censure est plus que jamais présente et le père des enfants, journaliste n'a plus le droit d'utiliser ses armes, les mots, pour dire ce qu'il pense. Il oblige les enfants à fuir le pays et à rejoindre un oncle qui vit à Londres. A leur arrivée dans la grande ville, personne n'est là pour les attendre... Ce qui promettait d'être une libération pour la famille va virer au cauchemar...

Mon avis : Mes souvenirs sont un peu flous, car l'époque du Bac remonte à une dizaine d'années déjà (je reviens, je vais enterrer ma jeunesse)... Mais je me souviens avoir vraiment bien accroché à cette histoire. Le style est à la fois fluide et poignant. Il y a du suspense, beaucoup d'émotion, des personnages attachants et une réflexion sur le sujet de fond, qui est la dictature et la liberté d'expression. Même si le livre date de 2000, ce qu'il relate est toujours d'actualité dans certains parties du monde. Je vous conseille donc de vous précipiter sur cette lecture !