Le narrateur est veilleur de nuit dans un hôtel parisien - un emploi qu'il a choisi car il lui laisse le temps de trouver l'inspiration pour ce livre qu'il rêve d'écrire. Si sa vie professionnelle rime avec routine, sa vie privée connaît quelques remous. Son grand-père vient de mourir, et il s'aperçoit qu'il n'a pas su être à ses côtés pour ses derniers jours. Lorsque sa grand-mère, désormais veuve, s'échappe de la maison de retraite dans laquelle elle a été placée, il n'hésite pas à se lancer à sa recherche. Il finit par la retrouver, à Etretat, et une fois ensemble, grand-mère et petit-fils vont partager de tendres moments, autour de leurs souvenirs. Lors de ce voyage, le narrateur rencontre Louise, dont il va tomber amoureux...
Mon avis.
Les souvenirs est mon deuxième roman de David Foenkinos, après La Délicatesse lu quelques années plus tôt. C'est dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2018 que j'ai décidé de me tourner vers ce livre, afin de compléter la catégorie "Pommes au four, tasse de thé et bougie" du menu "Automne - Douceur de Vivre". J'avais envie d'une lecture réconfortante, sans prise de tête, et bien écrite. Pari réussi avec ce livre plein de douceur !
J'ai pu lire à droite, à gauche, qu'il fallait avoir un moral d'acier avant d'entamer cette lecture, au vu des thèmes abordés. Certes, le deuil, la vieillesse, la séparation, suite à un décès où à une rupture amoureuse confèrent une certaine nostalgie à l'ensemble du récit. Toutefois, je ne l'ai pas trouvé déprimant pour autant. Ces choses-là font partie de la vie et l'auteur les abordent avec beaucoup de simplicité, de tendresse et de beauté. Ces événements, de part les émotions qu'ils provoquent chez le narrateur, vont lui donner l'entrain et l'inspiration nécessaires à l'écriture de son livre. Ce sont ces souvenirs qui alimentent son envie de créer et d'enfermer sa mélancolie dans une production artistique. Par ailleurs, d'autres thèmes à connotation plus positive contrastent avec la douleur du temps qui passe. Je pense, bien sûr, à l'amour et à l'histoire que la narrateur va vivre avec Louise. Cette partie de l'intrigue ne constitue en aucun cas la charpente de l'édifice, elle vient juste y apporter sa pierre, d'une jolie manière. C'est aussi l'occasion d'évoquer le poids de la transmission entre générations, nos amours naissants, notre avancée dans la vie font écho à ceux que nos aïeux ont pu vivre, c'est comme s'ils nous passaient le relais, à leur disparition. Rien de bien dramatique, c'est la vie qui continue... J'ai pu lire que ce roman était en fait une autobiographie. Après avoir cherché des éléments sur la vie de David Foenkinos, il semblerait que ce soit pure fiction car rien ne correspond avec la réalité. Mais c'est vrai que c'est piégeant, tellement on entre dans l'intimité du narrateur.
Dans la première partie du livre, j'ai été déboussolée par la narration (qui se fait à la première personne). Je ne savais pas vraiment où on voulait m'embarquer, cela me semblait un peu fouillis. On me parlait d'un grand-père, puis d'une grand-mère, puis d'un père et d'un fils qui ne sait pas quoi raconter dans son livre. J'ai compris, petit à petit, qu'il n'y aurait pas une intrigue franche et déterminée dans ce livre mais que ce serait plutôt une ode aux souvenirs, pêle-mêle, tels qu'ils viennent à l'esprit du narrateur. Le concept est poussé jusqu'au bout puisque entre chaque chapitre (au demeurant très courts), sont glissés des bribes de souvenirs (à peine quelques lignes) de personnages célèbres (Saint Lazare, Alois Alzheimer, Vincent Van Gogh) ou d'inconnus (Gérard, le policier en première ligne, le peintre du tableau de la vache) mais toujours en lien avec le chapitre qui précède. J'ai trouvé l'idée plus sympathique, elle apporte une plus-value à l'intrigue générale. Le style d'écriture est très fluide, on a l'impression qu'on assiste à un monologue d'une personne qui nous raconterait sa vie, au travers de ses souvenirs. Le récit du narrateur est émaillé par quelques réflexions pertinentes. Une m'a marquée plus que les autres : le père du narrateur a travaillé d'arrache-pied toute sa vie et lorsqu'il doit partir à la retraite, c'est tout son monde qui s'écroule. Il continue d'aller au bureau tous les jours mais se rend vite compte que ses collègues poursuivent leur vie, sans lui et ne l'incluent plus dans la gestion des dossiers. Il réalise alors que sa vie professionnelle avait pris le pas sur sa vie privée et qu'il ne lui reste plus rien maintenant qu'il est hors-circuit. Rien d'original dans cette anecdote mais ça m'a fait du bien de le lire et de me souvenir de faire attention aux limites à dresser entre vies professionnelle et privée.
En conclusion, je vous conseille ce petit livre qui parle de la vie, sans prétention, celle du quotidien, celle qui nous concerne tous. Le récit est empreint de douceur, de tendresse et de bienveillance, il saura vous réconforter même si les thèmes abordés ne sont pas toujours des plus heureux.
D'un coup d’œil, les plus, les moins.
+ Un style d'écriture agréable, fluide et tout en simplicité.
+ L'impression de douceur et de sérénité qui se dégage à la lecture.
+ Les petits souvenirs incrustés sont une bonne idée.
- Dans la première partie du livre, on ne voit pas vraiment où l'auteur souhaiter nous embarquer.
Dernières infos.
Les souvenirs a été publié en 2011 et il compte 290 pages. Il a été adapté au cinéma en 2015 par Jean-Paul Rouve et mettant en scène, entre autres Michel Blanc et Annie Cordy. David Foenkinos est également l'auteur de La délicatesse, Le Mystère Henri Pick, Charlotte ou encore Le potentiel érotique de ma femme.
Ma note.