dimanche 26 décembre 2021

La véritable histoire de Noël - Marko Leino

En résumé.

Alors qu'ils plongent dans les eaux fraîches de la mer Baltique pour s'amuser, deux jeunes garçons tombent sur un coffret en bois renfermant une montre à gousset. Un trésor qui renferme une fantastique histoire transmise de génération en génération. Leur grand-père décide de la leur raconter.

Au large de la Finlande, sur une île éloignée de toute forme de vie, une famille habite une cabane battue par le vent et par les bourrasques de neige. Pourtant, malgré la précarité de leur mode de vie, Nicolas est heureux en compagnie de ses parents et de sa petite sœur, Aada. Par une nuit d'hiver, alors qu'il n'a que cinq ans, son père et sa mère sont contraints de le laisser seul pour accompagner leur fille malade sur le continent pour qu'elle puisse y recevoir des soins. Leur absence, qui ne devait durer que quelques heures, durera toute une vie puisqu'ils trouvent la mort sur leur barque, emportés par la mer déchaînée. Le petit garçon est alors rapatrié dans le village le plus proche, sur la côte. Aucun villageois n'est en mesure de l'adopter car tous sont très pauvres. Ils vont donc prendre une décision inédite : Nicolas passera un an dans chaque famille du village, et le changement s'opèrera tous les ans, le jour de Noël. D'abord déstabilisé par les événements, Nicolas finit par trouver ses marques et par s'attacher aux habitants du village. Pour les remercier, il prend l'habitude de leur fabriquer quelques jours avant Noël des jouets en bois. Son talent ne cessera de grandir pour devenir petit à petit l'homme célébré et connu de tous en cette période de fête, le Père Noël.

Mon avis.

J'ai eu plusieurs fois l'occasion de croiser ce livre sur Internet à l'approche des fêtes mais je me suis finalement décidée à le lire cette année, alors que le pays à l'honneur pour le mois de Novembre était la Finlande (challenge en 2021, je voyage.). Quoi de mieux qu'un conte jeunesse pour se mettre tout doucement dans l'ambiance de Noël !

Bien que le début soit un peu triste, voilà un roman tout doux à savourer sous la couette, avec une tasse de chocolat chaud et un chat roulé en boule à ses pieds. Certes, c'est un conte jeunesse mais il est très bien adapté pour les adultes en quête de la magie de Noël. On y retrouve une version de l'histoire du Père Noël, joliment narrée et toute en simplicité. C'est aussi l'occasion de voyager au cœur de la Laponie et de s'imaginer ce petit village perdu au milieu de la forêt et bordé par la mer, fait de maisons très modestes mais illuminées par les levers de soleil, la neige s'étalant en couches épaisses, terrain de jeu préféré des jeunes enfants. L'auteur ne laisse rien au hasard et explique dans les moindres détails la légende du Père Noël, le tout faisant preuve d'une certaine cohérence. Les habits rouges du Père Noël ? C'est parce que les rennes obéissent mieux lorsque leur maître porte du rouge. Néanmoins, point de lutins ni de mère Noël dans cette version, on reste juste sur l'histoire d'un petit garçon blessé par la vie mais dont la générosité est telle qu'elle devient sa raison d'être.

J'avais un peur de me lancer dans une histoire dégoulinante de guimauve et de caramel, comme c'est souvent le cas pour les histoires de Noël. Certes, il y a du bon sentiment mais le tout s'équilibre plutôt harmonieusement. Nicolas apparaît comme un personnage avec des reliefs, capable de donner le meilleur mais aussi capable de blesser autrui, une personne humaine en somme. J'ai été sensible à son plus grand travers : ne vouloir s'attacher à personne de peur que les personnes aimées s'en aillent et laissent derrière elles une blessure trop douloureuse. Les questions du deuil, de la reconstruction après la perte d'un être cher sont importantes dans le récit et ont façonné la personnalité de Nicolas. C'est une histoire qui s'intéresse à la vie d'un homme, de sa plus tendre enfance à sa mort. Le défi était colossal mais l'auteur s'en est bien sorti. Il a réussi à rythmer son récit, à ralentir lorsque c'était nécessaire et à accélérer lorsqu'il en avait besoin, de sorte que l'on ne s'ennuie jamais, nous donnant même l'impression de parcourir cette histoire à vitesse grand V.

Un roman idéal pour la période des fêtes de fin d'année. Avec son livre, Marko LEINO propose une alternative aux comédies romantiques et autres histoires qui exploitent à fond le thème de Noël pour faire du chiffre. Comme un enfant attendant avec impatience les cadeaux au pied du sapin, on replonge dans la féérie de la légende du Père Noël grâce à un récit rythmé, réfléchi et représentatif de l'ambiance des pays nordiques.
Dernières infos.

La véritable histoire de Noël a été publié en 2014 et compte 328 pages. 

Ma note.
Challenges.

100 livres à lire en 2021 : 44/100
* Défi lecture 2021 : Consigne 17 - Un livre dont le nom et le prénom de l'auteur contient le même nombre de lettres - 44/100
En 2021... Je voyage : Finlande (+ 20 points)

jeudi 23 décembre 2021

Bleu de Delft - Simone van der Vlugt

En résumé.

Bleu de Delft
 nous embarque dans la Hollande du XVIIème siècle. On y suit les aventures de Catrijn, une jeune paysanne en deuil suite au mystérieux décès de son époux. Libérée de cet homme qui la battait et attirée depuis toujours par les opportunités qu'offre la ville, elle décide de vendre les terres dont elle était devenue propriétaire pour rejoindre Amsterdam. Là elle est embauchée comme intendante dans une riche famille. Alors qu'elle prend progressivement ses marques et qu'elle commence par se faire remarquer pour ses talents de peintre, elle est rattrapée par son passé, menacée par son ancien valet de ferme qui compte révéler les véritables circonstances de la mort de son mari si elle n'achète pas son silence. Elle décide alors de fuir pour échapper à cet homme incontrôlable et se retrouve à Delft chez un parent de la famille qui l'avait engagée à Amsterdam. Son nouvel hôte est propriétaire d'une faïencerie. Catrijn va vite y trouver ses marques, une fois de plus louée pour ses compétences en peinture, qu'elle utilise pour décorer les poteries fabriquées dans l'atelier de son patron. Néanmoins, malgré ce bonheur professionnel, Catrijn sera une nouvelle fois rattrapée par son passé mais aussi vivement secouée par deux événements majeurs de cette époque : l'explosion de la poudrière de Delft qui ravage la ville et un épisode de peste particulièrement virulent.

Mon avis.

Comme pour beaucoup d'autres lecteurs j'imagine, j'ai été attirée par ce roman parce qu'il m'a fait penser à une lecture qui se déroule dans un contexte similaire, La jeune fille à la perle de Tracy CHEVALIER dans lequel on entre dans l'intimité du célèbre peintre VERMEER. La Hollande du XVIIème siècle, l'essor du bleu de Delft (pour désigner ces poteries peintes en bleu et blanc) et l'âge d'or de la peinture hollandaise avec l'ascension de grands peintres comme REMBRANDT et VERMEER sont des thèmes communs aux deux romans. Pourtant ils se distinguent nettement de part leur contenu. Bleu de Delft se déroule avant La jeune fille à la perle. Dans le premier, VERMEER n'est pas encore le grand peintre qu'il va devenir, il travaille encore dans l'auberge familiale. Par ailleurs, Bleu de Delft semble encore plus romancé et nous offre un large aperçu des villes à cette époque et nous fait voyager jusqu'aux origines de la céramique.

Car ce roman est avant tout un voyage, dans le temps et dans l'espace. On se laisse facilement imprégner par des images, des odeurs, des bruits qui nous donnent l'impression de perdre pied avec la réalité pour nous retrouver dans cet univers particulier, dans ce moment où tout bascule pour la région. Quand je repense à ma lecture, me viennent à l'esprit des paysages, des canaux bordés d'une végétation marécageuse sur lesquels navigue Catrijn, la tête remplie d'espoir, me vient l'architecture des villes, les maisons en bois, les marchés colorés, se gorgeant peu à peu d'épices suite aux grandes expéditions, les piaillements des marchants et des clients, la chaleur des fours de la faïencerie, la lumière vive causée par les flemmes, les gestes précis des peintres qui créent de nouveaux motifs qui feront la renommée de la ville de Delft, mais aussi la peur causée par l'épidémie de peste, la suspicion, les commérages, la moindre odeur qui devient douteuse. Bien que très peu douée pour l'Histoire, c'est ce que j'apprécie dans les romans historiques, ces impressions qui nous submergent, et ce passé que la plume d'un écrivain parvient à faire revivre. Là est pour moi la grande force de ce roman.

L'histoire de Catrijn est également passionnante à lire. En un peu plus de 300 pages, l'auteur parvient à nous faire le récit de la vie de cette femme qui à dû s'imposer dans un milieu essentiellement réservé aux hommes. Catrijn en vit des choses, d'abord avec les hommes qui ne cessent de la tourmenter, pour le meilleur comme pour le pire puis elle se débat avec des événements contre lesquels elle ne peut lutter. Une fois le bonheur retrouvé, il semble à chaque fois lui filer entre les doigts, comme si le destin ne pouvait jamais la laisser en paix. Autant dire que le roman est rythmé, les rebondissements s'enchaînent les uns après les autres, à peine se réjouit-on d'une bonne nouvelle pour elle que son quotidien est de nouveau contrarié. Ce qui est un point fort peut aussi devenir à certains moments un point faible dans la mesure où Simone van der VLUGT en fait parfois un peu trop. On sent bien que le parcours de Catrijn est vraiment romancé. Je pense qu'à l'époque il n'était pas si évident pour une femme de se faire aussi rapidement une place dans le milieu de la peinture. L'exode de la ville vers la campagne devait également étre plus compliqué que ça, à cause du coût mais aussi du manque de praticité des transports. Catrijn, bien que harcelée par son ancien valet de ferme, apparaît comme une jeune femme avec beaucoup de charme et obtient toujours très rapidement les faveurs de chaque personne qu'elle croise, et en particulier d'hommes volages qui sont prêts à tout quitter pour rester à ses côtés. C'est un peu exagéré, mais bon, c'est appréciable de lire de temps en temps le parcours d'héroïnes qui font rêver, sans pour autant que ça tombe dans un côté niais.

En somme, un roman historique qui fait le job pour ceux dont l'Histoire n'est pas la passion première. J'imagine que pour les experts en la matière, ce roman doit être trop romancé pour être véritablement apprécié. Pour ma part, j'ai aimé suivre les aventures de Catrijn, séduite par le contexte et par les informations historiques que j'ai glanées au fil de ma lecture. Je le recommande à tous les amateurs du genre.
Dernières infos.

Bleu de Delft a été publié en 2018 et compte 329 pages.

Ma note.
Challenges. 

 100 livres à lire en 2021 : 43/100
* Défi lecture 2021 : Consigne 59 - Un livre avec un virus/une épidémie/un confinement - 43/100
En 2021... Je voyage : Pays-Bas (+ 20 points)

dimanche 5 décembre 2021

Swing Time - Zadie Smith

En résumé.
 
Au début des années 80, dans un quartier populaire de Londres, deux petites filles se rencontrent lors d'un cours de danse. L'une s'appelle Tracey, vive comme l'éclair, le rythme dans la peau, douée pour les pirouettes et les entrechats, née d'une mère peu éduquée et d'un père qui est désormais en prison. L'autre est la narratrice, petite fille modèle, encouragée par les ambitions de sa mère jamaïcaine qui remue ciel et terre pour faire partie de l'élite culturelle et d'un père blanc plutôt mou, sans personnalité mais très présent pour sa fille. Les deux jeunes filles vont grandir ensemble, la narratrice étant attirée par l'intrépide Tracey. Pourtant, une fois devenues adolescentes, leurs chemins s'éloignent, l'exubérance de Tracey finit par faire fuir son amie. Alors que l'une rejoint une école de danse, l'autre se lance dans des études de communication. De fil en aiguille, la narratrice devient l'une des assistances d'une célèbre pop star, Aimee. Pendant plusieurs années, elle s'engagera corps et âme pour satisfaire les moindres caprices de cette chanteuse capricieuse, y compris celui de financer la construction d'une école en Afrique, projet philanthropique, tirant vers le marketing plutôt que vers l'humanitaire. En marge de cette vie passée aux quatre coins du monde, la narratrice finira par recroiser de temps en temps la route de Tracey, dont le destin n'est pas aussi glorieux qu'annoncé.

Mon avis.

Je vous présente aujourd'hui un roman dont je n'avais jamais entendu parler, sélectionné par mon amoureux alors que je lui avais demandé de me choisir un roman d'un auteur britannique dans les rayons de sa médiathèque. Expérience à refaire puisque ça m'a permise de découvrir un nouvel univers, même si le roman ne fut pas à la hauteur du résumé qui était pourtant prometteur.

J'ai pu voir qu'un certain nombre de blogueurs, blogueuses avaient comparé ce roman à L'amie prodigieuse d'Elena FERRANTE. Le début peut en effet peut nous faire penser à cette autre histoire d'amitié célèbre dans l'univers de la littérature. Tracey et la narratrice sont tout aussi différentes que Lila et Lenu le sont l'une vis-à-vis de l'autre. L'exubérance et la témérité de l'une tranche avec la réserve et l'observation de l'autre. Cependant, passées les descriptions initiales, la ressemblance entre les deux romans s'amenuise. Si L'amie prodigieuse continue d'explorer la relation entre les deux jeunes filles une fois l'enfance passée, Swing Time suit davantage le destin de la narratrice, laissant peu à peu de côté Tracey, tout en y revenant ponctuellement au fil des pages. Beaucoup de lecteurs ont également mis en avant les problématiques soulevées par ce roman : le milieu socioéconomique des deux amies, leur métissage, la place qu'elle doivent se tailler en tant que femme, les travers de l'engagement humanitaire, les inégalités à tout niveau et la quête du bonheur. Pour ma part, j'ai moins été sensible à toutes ces thématiques. Je ne les trouve d'ailleurs pas significatives à la lecture du roman, elles ne sont, à mon humble avis, évoquées que de façon superficielle. Je pense davantage que ce roman exclusivement féminin n'est en réalité que le portrait de plusieurs femmes issues d'univers complètement différents, explorant le pouvoir de la volonté et comment celle-ci peut façonner un destin. Il y a évidemment Tracey, jeune fille si volontaire qu'elle en vient à s'inventer une vie tout en tenant les autres responsables de sa propre déchéance, Aimee, star aveuglée par le consumérisme et la bienpensance, la mère de la narratrice, perpétuellement animée de combats qui la dépassent, Hawa, jeune femme africaine au destin déjà tout tracé et pour finir la narratrice, jeune femme qui a finalement peu de personnalité, observant le destin de toutes ces autres femmes sans pour autant s'en inspirer. La preuve est qu'il n'est à aucun moment donné son prénom, comme si elle était une observatrice désincarnée.

Si j'ai beaucoup apprécié les 150 premières pages au cours desquelles on voit naître l'amitié entre Tracey et la narratrice, j'ai beaucoup moins été emballée par la suite. A partir du moment où Aimee entre en scène, j'ai un peu sombré dans l'ennui. D'ailleurs, il nous est promis un roman d'amitié entre Tracey et la narratrice, mais au final il est davantage question d'Aimee qui occupe la plupart du roman. La danse est un autre thème qui est présenté comme un fil rouge dans le titre ou la quatrième de couverture, alors que c'est un sujet qui est finalement peu exploité. Même si je me suis motivée pour finir le livre, j'ai complètement décroché lors des chapitres sur le projet humanitaire en Afrique. J'ai trouvé ça long, truffé de digressions inutiles, les personnages masculins introduits sont étranges, à tel point que je me suis senti mal à l'aise et c'est l'impression qui prédomine lorsque je repense à ma lecture. Le dénouement est à la fois surprenant et évident, comme s'il ne pouvait en être autrement. Il vient un peu rattraper la déception que j'ai eu à la lecture des trois quarts du livre, même si ça ne suffit pas pour me détourner de la sensation d'ennui qui me vient aussi à l'esprit à l'évocation de ce roman. La construction du récit qui se veut une alternance entre divers passages de la vie de la narratrice ne parvient pas à rythmer l'ensemble. Il parvient au mieux à créer un peu de suspense, notamment parce que l'on est curieux de voir pourquoi les relations entre la narratrice et Tracey, puis Aimee vont finir par se déliter.

Même si roman est intéressant à plusieurs égards, je ne le conseillerais pas nécessairement. Il y a suffisamment de lectures excellentes sur les étals des librairies ou des médiathèques pour perdre son temps avec des lectures un peu en-deça de ce que l'on attend d'un bon roman. 
Dernières infos.

Swing Time a été publié en 2016 et compte 480 pages.

Ma note.
Challenges.
 
 100 livres à lire en 2021 : 42/100
* Défi lecture 2021 : Consigne 52 - Un livre comprenant une scène d'anniversaire - 42/100
En 2021... Je voyage : Angleterre (+ 10 points)