lundi 30 décembre 2019

Tokyo Vice - Jake Adelstein

En résumé.

Âgé de 24 ans, Jake ADELSTEIN, originaire du Missouri mais étudiant au Japon, est le premier "gaijin" - étranger - à faire ses débuts en tant que journaliste au sein du Yomiuri Shinbun, le premier quotidien du pays. Très vite, il est envoyé dans l'arrière-pays afin de couvrir des affaires de moeurs. Rien de palpitant pour un journaliste mais cela lui permet de se construire progressivement un réseau et surtout de nouer des relations étroites avec les services de police dont les informations sont précieuses pour pouvoir sortir des articles de qualité et espérer avoir la primauté de l'information sur les concurrents. Au fil des mois, des années, le jeune américain fait son trou dans ce milieu très dur où on ne compte pas les heures, pour finalement attérir à Tokyo. Sa carrière prend alors un véritable tournant puisqu'il est de plus en plus amené à se pencher sur le côté très sombre de la société nippone : yakuzas - la mafia japonaise - crimes, esclavagisme sexuel, corruption, extorsion de fonds, et j'en passe et des meilleures. Des enquêtes qui vont le prendre aux tripes, parfois au risque de perdre les siens et sa propre vie.

Mon avis.

J'ai découvert cette autobiographie/fiction/documentaire sur ce blog que je cite très souvent tant il est inspirant : Horizon des mots. Je ne suis pas une fan du Japon, ni de sa culture, mais je suis toujours intéressée par ce genre de récit à la croisée des genres, qui mêle faits réels et enquêtes policières. Ce mélange des styles est visiblement la marque de fabrique des éditions Marchialy, que j'ai découvertes à cette occasion et dont je ne manquerai pas de me procurer dans un futur proche un autre de leurs ouvrages tant le projet me plaît. Pour en revenir au sujet qui nous préoccupe, Tokyo Vice ne fut pas le coup de coeur que j'espérais, mais j'en ressors quand même satisfaite car j'en ai appris un peu plus sur cette société japonaise que je qualifierais d'ambivalente et parce qu'il s'agit d'un témoignage rare.

Tokyo Vice est une lecture dense à plusieurs égards : son nombre de pages (près de 500 pages), son rythme (les enquêtes se multiplient), son contenu (il est souvent question de crimes) et l'ambiance est oppressante, sans moment de répit. En même temps, il a dû être compliqué pour l'auteur de résumer ce travail de longue haleine et qui a duré une dizaine d'années en un récit qui ne dépasse pas les 500 pages. Même si j'ai toujours pu suivre les affaires qu'il narrait, je me suis souvent sentie un peu perdue, comme semée par quelqu'un qui marcherait trop vite, tant les informations à intégrer sont nombreuses. Entre le système législatif, les différentes strates de la police, les noms japonais de toutes les personnes qu'il rencontre et qui sont impliquées dans plusieurs affaires, je dois avouer que j'ai parfois lâché des bribes, surtout lorsque j'ai lu certains passages en pointillés. Je pense que c'est cet aspect-là du récit qui m'a le plus gêné, le fait de me noyer au milieu des faits et des dizaines de personnes qui sont évoquées, de ne pas comprendre tous les tenants et les aboutissants, de ne pas être bien repéré dans le temps et le déroulé de la vie de l'auteur.

De part le thème du livre, le côté "enquête policière" est présent, mais on ne perd jamais de vue qu'il s'agit avant tout d'un documentaire dont l'objectif est de nous donner une vision la plus exhaustive possible des dessous sombres du Japon. D'ailleurs, les éléments autobiographiques sont peu nombreux et surtout axés sur la vie professionnelle de Jake ADELSTEIN. Da sa vie privée, on ne sait presque rien, à part qu'il se met en couple avec une japonaise et qu'ils ont deux enfants. Ce peu d'informations sur lui, en tant qu'homme, et non en tant que journaliste, nous donne une image assez froide de ce personnage qui trempe dans un milieu lui-même très dur, même si ce qui le pousse à flirter avec la pire espèce est son obsession de justice et surtout de rendre justice à certains de ses amis qui ont été floués par les yakuzas. Je pense qu'il faut être un homme courageux et intelligent pour prendre autant de risques, manier la chèvre et le chou, les yakuzas d'un côté, les policiers de l'autre et aussi bien s'intégrer dans cette société aux moeurs particuliers mais la façon dont il se met en scène ne rend pas hommage à ces qualités indéniables, au contraire elle dresse de lui un portrait plutôt négatif. Cela va d'ailleurs avec l'ambiance du récit qui n'a rien de bien réjouissant. Je ne peux pas dire que j'ai été étonnée par ce qu'il raconte, maintenant que les travers de cette société sont de plus en plus évoqués ici et là. Le récit commence à dater (début des années 2000), et ce qui pouvait être original à l'époque ne l'est peut-être plus aujourd'hui. Espérons d'ailleurs que le système qu'il s'emploie à montrer du doigt a changé depuis.

En bref, une lecture que je conseille à toute personne qui aime ce style où fiction et réalité s'entremêlent. Bien que ce soit un récit très dense, parfois un peu compliqué à suivre, il n'en reste pas moins qu'il est riche en informations et qu'il tend vers une description exhaustive du côté peu connu de ce pays au charme souvent vanté. 
Dernières infos.

Tokyo Vice a été publié en 2016 aux éditions Marchialy et compte 475 pages.

Ma note.

mardi 24 décembre 2019

Le plus bel endroit du monde est ici - Francesc Miralles et Care Santos

En résumé.

Employée dans une compagnie d'assurances, la vie d'Iris n'a rien d'enthousiasmant. Pas d'ami, pas de compagnon, et ses parents qui viennent de mourir. Alors la jeune femme décide de mettre fin à ses jours. La voilà positionnée au bord d'une voie ferrée, prête à faire le grand saut, lorsque son œil est attiré par une enseigne de café qu'elle n'avait jamais remarquée jusqu'ici : Le plus bel endroit du monde est ici. Elle pousse la porte de ce lieu prometteur et plonge dans une ambiance magique et réconfortante. Après s'être assise à l'une des tables et avoir commandé une boisson chaude, un beau jeune homme, Lucas, la rejoint. Ensemble, et pendant six semaines, il vont refaire le monde et ce nouvel ami, dont Iris ne connaît que peu de choses, va l'aider à panser ses blessures et à aller de l'avant, avant de disparaître mystérieusement...

Mon avis.

Cela faisait très longtemps que j'avais envie de me plonger dans ce très court roman, dont j'avais entendu beaucoup parlé sur la toile. Toujours emprunté, j'ai fini par me le procurer il y a quelques semaines, alors que les arbres commençaient à perdre leurs feuilles. Une lecture idéale pour l'automne, accompagnée d'un thé aux saveurs réconfortantes ou d'un bon chocolat chaud, mais qui m'a laissée perplexe, tant cette lecture fut en décalage avec mes attentes.

Chose rare, il a fallu que je m'y prenne à trois fois pour commencer ce livre et pour entrer pleinement dans l'histoire. Invoquant d'abord ma fatigue qui m'empêchait de garder le fil de l'histoire, puis ma mémoire défaillante trop accaparée par les choses du quotidien, ou enfin un défaut d'imagination et de compréhension de ma part, j'ai finalement compris que ce qui me gênait dans les premières pages de ce livre était son côté surréaliste. Moi qui m'attendais à un roman feel-good des plus banals et bien ancré dans la réalité, je me suis retrouvé face à ce café et à ses personnages grotesques. Vraiment, j'ai eu beaucoup de difficultés à comprendre (moi et mon éternel besoin de TOUT comprendre) où voulaient en venir les auteurs. Ainsi, certains concepts, comme le psychanalyste de poche ou le fait que chaque table du café est dédiée à une "leçon de vie" (savoir pardonner, savourer l'instant présent...), m'ont paru complètement tirés par les cheveux.

Malgré ces déconvenues de premiers chapitres, j'ai tout de même choisi de poursuivre ma lecture. Heureusement que la deuxième partie du roman est uniquement consacrée à la vie d'Iris, puisque le café et tout ce qui va avec, a disparu. J'ai un plus apprécié cette nouvelle étape dans le récit, même si certains événements sont eux aussi tirés par les cheveux et amenés avec peu de délicatesse. Ainsi, Iris retrouve comme par magie son amour de jeunesse qu'elle avait perdu de vue depuis des dizaines d'années, son agent immobilier devient en quelques jours sa nouvelle meilleure amie, et j'en passe et des meilleures. Cette accumulation de clichés que l'on voit venir à des kilomètres avec leurs gros sabots, ainsi que des personnages plutôt plats m'ont empêchée de savourer pleinement cette histoire qui aurait pu être une bonne idée si elle n'avait pas autant trempée dans la guimauve. Je n'ai pas non plus adhéré à l'aspect développement personnel du livre, contrairement à beaucoup de lecteurs. Là aussi, j'y ai simplement trouvé une accumulation de poncifs que l'on a l'habitude d'entendre ou de lire dans toute émission ou magazine qui vend de la psychologie de comptoir.

En deux mots, j'ai le sentiment d'être passée à côté de ce roman qui a tout de même le mérite de se lire extrêmement vite, et de présenter quelques bonnes idées. Dommage qu'elles ne soient pas plus abouties pour éviter l'écueil de la niaiserie. Un autre point positif, l'immense et fabuleux artiste Léonard COHEN est cité dans les toutes premières pages avec sa chanson I'm your man (pas la meilleure, mais je suis quand même preneuse) !
Dernières infos.

Le plus endroit du monde est ici a été publié en 2010 et compte 197 pages.

Ma note.