En résumé.
Cinquantenaire, enseignant de lettres classiques et de communication à l'université du Cap (Afrique du Sud), David Lurie parvient à mettre dans son lit une jeune étudiante. On ne connaît pas vraiment les motivations de la jeune fille mais celles de son entourage, choqué par l'attitude de Lurie, son claires : l'attaquer en justice et demander son renvoi. C'est ainsi que le professeur deux fois divorcé, et sans plus personne à se mettre sous la dent, se retrouve sans travail. Il décide alors de faire ses valises et s'enfuit vers l'arrière pays, chez sa fille, qui est à la tête d'une vaste exploitation agricole. Ce qui devait être un bref passage s'éternise lorsqu'il constate à quel point la vie de Lucie est difficile et dangereuse. Il se transforme en employé, donnant quelques coups de main à la jeune femme. Mais un jour, leur vie bascule, ils sont victimes d'un viol pour elle, d'une violente agression pour lui, là, sur la ferme, dans cet endroit dont ils sont propriétaires. Lurie, terrorisé par de tels actes mais aussi très méfiant vis-à-vis de l'attitude des locaux fait de son mieux pour convaincre Lucie de fuir ces lieux risqués.
Mon avis.
J'ai lu pour la première fois ce livre il y a plusieurs années, en version originale. Il m'avait alors laissée perplexe mais je pensais que c'était dû à mon incompréhension de certains termes ou certains passages. Toutefois, malgré une impression mitigée, je n'ai jamais oublié cette histoire et c'est tout naturellement que j'ai souhaité la relire en ce mois de Mai placé sous l'étendard de l'Afrique du Sud (challenge En 2021... Je voyage). L'envie de me rafraîchir la mémoire et l'espoir de mieux comprendre la plume de J.M COETZEE, lauréat de nombreux prix littéraires, dont le prix Nobel en 2003. Alors, deuxième fois déçue ou première fois enthousiasmée ? Suspense...
Après ma relecture, je comprends ce qui m'avait marquée à l'époque. C'est l'ambiance sordide de ce roman, certaines scènes violentes qui restent gravées dans la mémoire, c'est aussi cette impression de lourdeur qui ne quitte pas le lecteur. Dès les premières pages, on nous présente David Lurie, un personnage antipathique, presque dégoutant, égocentré et qui saute sur tout ce qui bouge. La relation qu'il entretient avec Mélanie Isaacs contient une part de glauque, cette jeune étudiante qui se laisse aller dans les mains de ce grand échalas qui n'a même pas le physique pour lui. L'oppression monte d'un cran lorsqu'il rejoint sa fille dans la campagne sud-africaine. J'ai imaginé des paysages désert et secs, son chenil avec des chiens maigres, parfois abattus par sa voisine. Une maison mal rangée et un voisinage inquiétant, le résultat d'une longue confrontation entre propriétaires terriens et esclaves, entre Blancs et Noirs. Des tractations sous le manteau, des menaces mises à exécution, un sentiment d'insécurité omniprésent. Au milieu de tout ça, le personnage phare de ce roman, David Lurie cherche encore qui il est, un homme qui court après les femmes, même celles qui le rebutent, un universitaire viré ou encore un père inquiet pour le sort de sa fille, proie toute désignée pour les vautours. Ainsi, tous les éléments sont réunis pour nous décrire un environnement très spécial, avec des personnages qui se débattent avec le sordide, leurs instincts primaires, dominer, être dominés dans la moiteur du climat. Je n'y ai pas vu là une critique de la société sud-africaine post apartheid, même si j'aurais dû. Les choses ne sont pas clairement dites, on imagine les points de fracture, sans pour autant qu'ils soient nommés par l'auteur. Disgrâce, tomber en disgrâce, David Lurie tombé en disgrâce, sa catégorie sociale également tombée en disgrâce.
Pour la deuxième fois, je n'ai pas vraiment été emballée par ma lecture. Même si c'est vrai que l'ambiance est bien travaillée, j'ai trouvé l'ensemble un peu longuet, peut-être parce que je n'ai éprouvé de la sympathie pour aucun des personnages. Disgrâce fait partie de ces romans auxquels on ne peut pas reprocher grand chose mais qui ne parviennent pourtant pas à créer le coup de cœur. J'ai été un peu frustrée de ne pas comprendre tous les thèmes explorés par l'auteur de façon implicite. Je pense que j'ai pris ma lecture essentiellement au premier degré, et je n'ai pas su accéder au second degré, peut-être que je n'étais pas non plus disponible pour y accorder trop de réflexion. J'ai toutefois apprécié le fait qu'il se passe en Afrique du Sud et qu'il soit écrit par un auteur originaire de là-bas. Rares sont les romans que j'ai lus sur ce pays, donc j'ai été ravie d'élargir mes horizons, et cela prend une autre forme quand c'est un local qui écrit sur son propre pays.
Une relecture un peu décevante. Néanmoins, je vous encourage à vous faire votre propre avis si jamais vous croisez sa route. Si je n'ai pas su m'imprégner totalement de l'histoire de David Lurie, ni saisir toutes les implications de ce livre, je suis sûre que d'autres lecteurs pourront être séduits par la plume de J.M COETZEE.
Dernières infos.
Disgrâce a été publié en 2001 pour la version française. Il compte . Il a été adapté au cinéma en 2008 par Steve JACOBS.
Ma note.
* 100 livres à lire en 2021 : 20/100
* Défi lecture 2021 : Consigne 95 - Un livre dont un personnage est enseignant - 20/100
* En 2021... Je voyage : Afrique du Sud (+ 25 points)