dimanche 2 mai 2021

De l'eau pour les éléphants - Sara Gruen

En résumé.

Jacob Jankowski a quatre-vingt-dix ans, ou quatre-vingt-treize, ça fait longtemps qu'il a arrêté de compter. Pensionnaire dans une maison de retraite, son quotidien se trouve être chamboulé par l'arrivée d'un cirque itinérant qui s'installe juste en face du foyer. Cet événement qui apporte joie et effervescence à ses congénères plonge Jacob dans ses souvenirs, le ramenant des années en arrière, quand il a lui même intégré la troupe des frères Benzini. A l'époque, début des années 30, il terminait ses études vétérinaires. Il ne lui restait plus qu'un examen à passer pour ensuite rejoindre le cabinet de son père, lui-même vétérinaire. Seulement quelques jours avant la dernière ligne droite, ses parents sont tués dans un accident de voiture. Jacob devient sans le sou. Désemparé, paralysé par le chagrin et la peur devant sa copie à remplir, il décide de s'enfuir, montant sur un coup de tête dans le train qui passait près du campus. Un train par comme les autres puisqu'ils embarque artistes de cirque et ouvriers vers une nouvelle ville où installer le chapiteau et donner quelques représentations. Jacob se fait embaucher en tant que vétérinaire, mais déchante vite. La cruauté de la direction envers les animaux mais aussi les hommes, l'appât du gain, les conditions de vie le bouleversent. Heureusement que la jolie Marlène, la seule à pouvoir apprivoiser les chevaux sauvages, est là pour adoucir ses peines et l'aider à trouver une place.

Mon avis.

Voici un livre que j'avais repéré il y a quelques temps déjà, mais dans lequel je viens seulement de me plonger, alors que le Canada, nationalité de l'auteur, est à l'honneur ce mois-ci dans mon challenge En 2021, je voyage... Une lecture qui m'a faite voyager dans le temps et dans l'espace, à la découverte de ce qu'était le cirque aux États-Unis en pleine crise économique suite au krach de 29 et à l'époque de la prohibition.

J'ai d'abord été sensible au projet de l'auteur. Après avoir dégoté des photos de cirques itinérants datant de cette époque, Sara GRUEN s'est beaucoup documentée pour en savoir un peu plus sur les conditions de vie et de travail des hommes et des bêtes qui prenaient part à cette folle aventure. Ce n'est qu'après avoir amassé une somme conséquente d'informations qu'elle s'est lancée dans l'écriture de ce livre. Celui-ci s'est donc trouvé enrichi par cette démarche qui lui a permise d'intégrer à son récit fictionnel des anecdotes réelles, rendant l'ensemble conforme à ce qu'était la vie des cirques à cette époque. Cela se ressent clairement tout au long du récit. Aidée par les photos présentes à chaque fin de chapitre, je me suis complètement immergée dans les souvenirs de Jacob, j'ai encore les images qui apparaissent devant mes yeux, ces trains bondés, les paillettes des artistes alors que les ouvriers vivaient dans la misère, devant bien souvent renoncer à leur paie pour amortir de mauvaises tractations engagées par la direction, le sourire des spectateurs alors que ce qui se passait en coulisses était bien plus sombre, les grandes tablées, la présence de ces animaux exotiques et la prestance des chapiteaux contrastant avec la pauvreté des hommes qui les montaient à la force de leurs bras. Cette vie décousue, parfois dangereuse mais libre, s'oppose à la vie de Jacob désormais enfermé dans cette maison de retraite aux règles liberticides. Les chapitres alternent, opposant passé et présent, on se demande même si un même homme a pu vivre de tels extrêmes au cours d'une seule vie. La nostalgie de Jacob nous émeut, son envie d'être autonome face aux recommandations des médecins qui l'infantilisent nous révoltent, lui qui a tant fait, et qui a été témoin de tellement de choses. Être confiné dans un lieu si protecteur, après avoir été exposé pendant des années à la dureté de la vie dans un cirque.

Si j'ai apprécié ma lecture, c'est davantage pour son aspect documentaire que pour la relation Jacob/Marlène qui occupe également beaucoup de place dans le récit. J'ai trouvé que cette relation n'était pas assez développée et approfondie. C'est une évidence dès les premiers chapitres que ces deux-là finiront ensemble. L'auteur devait tellement en être convaincue qu'elle n'a pas pris le temps de laisser progresser cette relation, on passe presque d'un rapide coup d’œil à l'amour fou. Le mari de Marlène et accessoirement le patron de Jacob, a un côté assez caricatural, le méchant face auquel il est facile de paraître plus humain, plus doux, plus sensible. Il ne s'agissait pas de le dépasser, il s'agissait juste de se débarrasser de lui. Ainsi il n'a pas été compliqué pour Jacob de passer pour l'amant idéal aux yeux de Marlène face à son rival antipathique. Je suis également restée un peu sur ma faim sur la place des éléphants dans l'intrigue. Ils sont annoncés dans le titre et dans la quatrième de couverture présentant Rosie, l'éléphante, comme le troisième personnage clé, aux côtés de Marlène et Jacob. Finalement, Rosie n'est pas du tout omniprésente dans le récit, elle a juste un rôle clé dans le dénouement. D'autres personnages secondaires sont bien plus développés comme le nain Walter ou encore le vieux Camel, à juste titre car ils apportent vraiment un truc en plus à l'histoire.

En somme, une lecture agréable, que j'ai dévorée, les pages se tournent très vite tant le style d'écriture est simple et fluide. Je retiendrais principalement la découverte de l'univers du cirque aux États-Unis dans les années 30 ainsi que ces personnages qui ont fait le bonheur de milliers de spectateurs, plus que l'histoire d'amour entre Marlène et Jacob. Vraiment je vous le conseille !
 
Dernières infos.

De l'eau pour les éléphants a été publié en 2007 pour la version française et compte 402 pages. Le roman a été adapté à l'écran en 2011 par Francis LAWRENCE. Il met en scène Reese WHITHERSPOON et Robert PATTINSON.

Ma note.
Challenges.
 
* Défi lecture 2021 : Consigne 36 - Un livre contenant un nombre de chapitres inférieur à votre âge - 16/100
En 2021... Je voyage : Canada (+ 25 points)

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