En résumé.
L'auteur, Anjan SUNDARAM, est promis à un bel avenir, du moins ce que notre société occidentale considère comme un bel avenir, des études de mathématiques réussies qui lui ouvrent les portes de Goldman Sachs. Pourtant, ce n'est pas la trajectoire qu'il choisit. Sur un coup de tête, grâce à une rencontre, ou encore par envie d'authenticité, notre homme prend un aller simple pour Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo. Accueilli chez l'habitant, des gens très modestes résidant dans un des quartiers sensibles de la métropole qui ne cesse de s'étendre, il décide de troquer ses livres d'algèbre contre du papier et un stylo puisqu'il sera désormais reporter. Les sujets ne manquent pas, la pauvreté, le délabrement général d'une ville empreinte de son passé colonial, le système D, le pillage des ressources, la dictature, l'insécurité quotidienne, la corruption, et pourtant rien de tout ça n'intéresse les journaux occidentaux. Anjan SUNDARAM, sidéré par ce qu'il voit du Congo, souvent étouffé par le mode de vie, va lutter pour faire entendre sa voix et faire reconnaître ses talents de journaliste, jusqu'à écrire aujourd'hui pour des journaux renommés tels que The Guardian, The New York Times ou encore The Washington Post.
Mon avis.
Après Tokyo Vice, Kinshasa jusqu'au cou est le deuxième bouquin des éditions Marchialy dans lequel je me plonge. Cette jeune maison d'éditions réunit tout ce que j'aime en littérature, des histoires vraies tellement originales de part leurs thèmes qu'elles nous amènent fréquemment sur le terrain de la fiction. Pourtant, si sur le papier le projet a tout pour me plaire, c'est une seconde déception que je viens de vivre avec ce livre qui nous emporte jusqu'au cœur de l'Afrique.
Je dois bien le dire, les premières pages m'ont carrément séduites, à tel point que je pensais que ce serait un coup de cœur. Chouette, un livre qui change de l'ordinaire, une parole rapportée d'un pays dont on parle peu, pourtant porteur d'enjeux avec ses ressources naturelles incroyables. Enfin une parole pour raconter les ravages de la colonisation, puis de la décolonisation. Enfin quelqu'un pour me faire voyager à l'autre bout du monde, me faire vivre un quotidien si différent du mien, me rapporter des paysages que je n'aurai très certainement jamais l'occasion de voir de mes propres yeux. Que d'espoir placé dans ces quelques pages ! Et puis la douche froide, la lente descente aux enfers, ce moment où on compte les pages tellement on a hâte d'en voir le bout. Je ne pourrais pas vraiment situer le point de bascule. Je ne sais d'ailleurs pas si la faute est du côté de l'auteur, ou du mien, avec mes lectures fractionnées dans les transports en commun, qui m'empêchent de vivre l'histoire dans sa totalité. En tout cas, j'étais été gênée par une chronologie quasiment absente. On comprend que l'auteur nous livre une partie de sa nouvelle vie de journaliste, qui culmine avec les premières élections démocratiques du pays qui portent au pouvoir Joseph KABILA. Mais je n'ai pas bien compris quel est le point de départ de ce récit, s'il intervient après des années déjà passées au Congo ou si nous n'en sommes encore qu'au début. Qui plus est, très vite, Anjan SUNDARAM oriente son récit vers une suite de détails sur sa nouvelle vie, perdant de ce fait de la consistance. Je crois que ma déception principale vient de là, j'aurais aimé en connaître davantage sur le Congo, plutôt que d'avoir affaire à des détails sordides. Je me suis tellement détachée du personnage principal que j'ai fini par m'ennuyer, attendant inexorablement quelque chose qui ne venait pas, quelque chose de plus consistant, qui nous amène véritablement à la rencontre d'un pays et de sa population. D'ailleurs, ma déception est du même ordre que celle que j'ai connue après la lecture de Tokyo Vice. Les auteurs se perdent tellement en détails qui sont pour moi inutiles, que l'on perd tout ce qu'il y a d'extraordinaire dans leurs parcours et dans ce qu'ils ont pu voir des ces pays.
Néanmoins, le tableau n'est pas complètement noir, quelques touches de lumières nous redonnent de l'espoir. Cela ne va pas vous surprendre, j'ai principalement aimé les passages où l'auteur s'attarde à décrire la société congolaise, ainsi que le présent politique du pays. Quelques morceaux de chapitres sont consacrés aux ravages causés par la colonisation, ainsi qu'à la lente et difficile reconstruction de ce pays gangrené par la corruption, et la violence imposée par les différentes milices. La richesse des sols congolais attire la convoitise des pays occidentaux mais aussi de plus en plus de la Chine, mais par un jeu de passe-passe, aucun bénéfice ne revient dans les mains de la population qui vit dans l'insalubrité la plus totale. L'auteur nous fait ressentir un environnement fait de débrouille, étouffant de chaleur, encore très guidé par le chamanisme, où l'insécurité domine et où le danger peut être partout, sous des formes diverses dont le vol est une des menaces les plus courantes semble t-il puisque c'est même devenu un mode de vie. En milieu de livre, l'auteur s'éloigne de Kinshasa, pour aider un ami mais aussi pour s'extraire de l'ambiance pesante de la capitale, et part à la découverte des contrées reculées de ce vaste pays. Les peuples autochtones, bien que très en marge de la mondialisation ont tout de même été infiltrés par le mode de vie à l'occidentale. C'est d'ailleurs l'étude de ces populations qui lui vaudra son premier succès journalistique.
Bien que ces sujets soient très intéressants, ils n'ont pas suffisamment été développés à mon goût. Je reste sur une déception face à ce récit qui était pourtant plein de promesses. L'impression d'être passée à côté de quelque chose, peut-être l'aurais-je mieux apprécié si je l'avais lu d'une traite... Si vous êtes un passionné de l'histoire africaine ou simplement curieux de modes de vie bien éloignés des nôtres, je vous conseille ce livre, sinon passez votre tour !
Dernières infos.
Kinshasa jusqu'au cou à été publié en 2017 et compte 344 pages.
Ma note.
Challenges.
* 100 livres à lire en 2020 : 44/100
* Défi lecture 2020 : Consigne 29 - Livre dont la couverture représente un paysage urbain - 44/100
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