dimanche 24 décembre 2017

Baguettes chinoises - Xinran

En résumé.

Les protagonistes, Trois, Cinq et Six tirent leurs prénoms de leur position au sein de la fratrie, uniquement composée de filles. C'est d'ailleurs le drame de leurs parents, ne jamais avoir pu mettre au monde un garçon, ce qui en Chine est synonyme de déshonneur. Ils ont tout de même pu échapper au courroux du planning familial grâce à des connaissances bien placées. Les trois sœurs, issues de la Chine rurale, sont des baguettes. Voici le terme concédée dans les années 90 pour ces filles qui finalement ne servent pas à grand chose pour le travail dans les champs. Les hommes, appelés des poutres, sont bien plus forts, responsables et courageux. Trois décide un jour de partir de sa campagne qui l'a vue grandir afin d'échapper au mariage arrangé qui l'attend. Elle rejoint Nankin, une ville en pleine explosion et ouvre ainsi la voie pour deux de ses autres sœurs. Toutes les trois comptent bien montrer qu'elles aussi, elles peuvent devenir des poutres, si on leur accorde un peu de confiance.

Mon avis.

Voici ma deuxième lecture sur la Chine contemporaine en quelques semaines. Il faut dire que trouver un auteur dont le nom commence par un X n'est pas chose aisée. Heureusement que les auteurs asiatiques sont là ! Il y a peu, je vous ai parlé de La route sombre de Ma Jian, un livre à cheval sur le documentaire et la fiction et dont le thème est la politique de l'enfant unique. J'avais été frappé par les faits relatés et par la plume incisive de l'auteur. Je pensais retrouver la même verve ici mais il n'en est rien. Certes, on est immergé dans la culture chinoise mais le tout reste gentillet et on ne referme pas du tout le livre avec les mêmes impressions.

Ce livre ne vous apprendra pas comment manier des baguettes (même si j'en aurais bien besoin). Le projet de l'auteur n'a en effet rien de culinaire. Il se situe plutôt du côté du documentaire. Xinran, avant de partir pour l'Angleterre a animé en Chine des émissions de radio sur la position des femmes sous le régime. Pour cela, elle a sillonné le pays à la recherche de témoignages lui apportant du grain à moudre. De ces rencontres, elle en a choisies trois qui font l'objet de ces quelques pages. Même si les parcours racontés sont bien les leurs, le récit emprunte à la fiction puisque les trois jeunes femmes ne sont en réalité pas des sœurs. Le ton employé par l'auteur est plutôt agréable, plaisant et léger. L'exode des trois protagonistes s'est soldé par une réussite. Elles n'ont rencontré aucun obstacle sur leur route, les gens ont tous été très serviables et aidants avec elles. Elles ont toutes des personnalités plutôt lisses et dévouées comme toute bonne baguette. Même si elles ont fui leur père et même si elles se surprennent à avoir de l'ambition, elles restent dans le cadre imposé par la société et on n'a pas l'impression d'assister à un vrai bouleversement des mentalités. Bref, ce sont trois histoires qui se finissent bien, comme dans les contes ancestraux chinois.

J'ai donc globalement été déçue par ce récit un peu plat, dans lequel rien ne se passe véritablement. Je m'attendais à davantage de conviction de la part de l'auteur qui connaît bien la problématique de la place des femmes dans la société chinoise. Alors pour résister à mon ennui, j'ai essayé de me rattraper sur tous ces passages racontant la culture chinoise et distillés ça et là, au milieu des histoires de Trois, Cinq et Six. Je ne suis pas une grande sinophile et avant ces deux dernières lectures, j'ignorais beaucoup de choses sur cette culture aux antipodes de la nôtre. C'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans cette façon d'écrire que je trouve atypique quand on est habitué à lire des productions occidentales. Les codes restent les mêmes mais il y a une certaine douceur, un certain calme et le poids de la tradition se fait ressentir. L'auteur en profite pour glisser quelques comparaisons entre la Chine rurale et la Chine moderne, l'exode de milliers de paysans rejoignant la ville pour faire vivre les autres membres de la famille restés à la campagne. Elle dit quelques mots sur le positionnement du pays, entre communisme et capitalisme. Elle confronte également les points de vue chinois et occidentaux sur la politique menée par les dirigeants successifs. Par ailleurs, nombreuses sont les descriptions des fêtes typiques du pays, de la nourriture, des modes de vie, toujours sous l'angle des regards innocents des trois paysannes. Grâce à ces passages, j'ai eu le sentiment d'apprendre de nouvelles choses et de partir en voyage pour pas cher.

Baguettes chinoises est une lecture agréable et dépaysante. Il ne faut malheureusement pas s'attendre à plus. Les trois intrigues manquent de relief et on finit par attendre la fin avec impatience.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Les passages instructifs sur la culture chinoise.

- Une intrigue qui manque de relief - le courage dont ont fait preuve les trois sœurs auraient pu être davantage mise en avant.
- La longueur de certains passages.

Dernières infos.

Baguettes chinoises a été publié en 2008 et compte 341 pages.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2017 - Consigne 58: un livre d'un auteur asiatique. (39/80)
ABC 2017 - Lettre X (24/26)

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