samedi 19 décembre 2020

De pierre et d'os - Bérengère Cournut

En résumé.

Plongée dans le froid glacial et la nuit polaire des contrées arctiques, Uqsuralik est brusquement séparée de sa famille lorsque la banquise se fracture. De son ancien foyer, elle ne gardera qu'une amulette, une couverture en peau d'ours et un harpon brisé lancé par son père dans l'urgence. La jeune femme est désormais face à elle-même, elle doit aller à la rencontre d'autres hommes pour survivre. Heureusement, elle est douée pour la chasse, un atout de taille pour qui veut se faire intégrer à une nouvelle tribu mais cela peut aussi attirer la jalousie des hommes. Uqsuralik devra donc se frayer un chemin au milieu de ces paysages aussi splendides qu'hostiles, se faire une place auprès de ses congénères, repousser le froid et la faim pour élever correctement ses enfants et se faire bien voir des esprits pour qu'ils restent toujours de son côté, malgré les épreuves imposées par un tel environnement.

Mon avis. 

De pierre et d'os me faisait de l’œil depuis un an déjà, lors de sa sortie à l'occasion de la rentrée littéraire 2019. En lisse pour de nombreux prix, finalement lauréat du Prix roman Fnac 2019, j'avais été séduite par son sujet pour le moins original, la vie d'une jeune femme Inuit dans ces contrées polaires aussi fascinantes que redoutables. Je me suis finalement décidée à le lire, en ce début Décembre frileux, un livre idéal pour les mois d'hiver qui s'annoncent, bien au chaud sous un plaid.

Malgré l'originalité du thème, j'avais peur de m'ennuyer, peur de passages purement contemplatifs, peur que le moindre flocon soit détaillé en long, en large et en travers. Pourtant, s'il est vrai que le rythme est assez lent, s'adaptant forcément au rythme de vie des Inuits et au calme qui règne dans ces paysages immaculés, Bérengère COURNUT a réussi à me tenir éveillée, voire même à me tenir en haleine. Le découpage en chapitres assez courts et qui alternent avec des chants aux allures de poèmes donnent du rythme et du caractère à l'ensemble. Ce fut une lecture idéale pour mes voyages en transports en commun, reposante et me permettant d'arrêter ma lecture à la fin d'un chapitre, sans perdre le fil de l'histoire. La présence d'ellipses narratives participe aussi au dynamisme de l'ensemble. C'est un livre à la longueur idéale, suffisamment long pour avoir le temps de pénétrer dans cet univers hors du monde, et suffisamment court pour ne pas s'ennuyer, avoir le temps d'explorer la vie de cette jeune femme sans s’appesantir sur ses moindres faits et gestes. Le fait que le récit soit raconté à la première personne nous aide aussi à entrer dans le personnage d'Uqsuralik. Même si nos vies n'ont absolument rien de commun, je me suis attachée à elle et j'ai pris plaisir à ressentir les émotions qu'elle aurait pu ressentir face aux aléas d'une vie passée dans un environnement aussi dur.

Lorsqu'on commence la lecture de ce livre, il me semble important de savoir (du moins, ce fut une de mes interrogations) que l'auteur n'a jamais exploré ces contrées arctiques. L'écriture de ce livre s'est faite lors d'une résidence de dix mois à la Bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle (à Paris) pendant laquelle Bérengère COURNUT a pu fouiller dans le fonds documentaire et dans les archives à la recherche d'écrits et de photographies laissés par des explorateurs qui sont eux-mêmes allés sur le terrain à la rencontre de ces peuples. D'ailleurs, certaines photos sont présentes en fin de livre. Ces recherches ont été fructueuses puisqu'elle laisse derrière elle un roman très réaliste. Pour moi qui ai toujours été attirée par l'ethnologie et la découverte de peuples traditionnels, je peux vous dire que j'ai été gâtée durant ces quelques pages. L'impression de faire un bond dans le temps, de revenir à une ère préhistorique, avec ces hommes qui chassent avec des moyens rudimentaires, qui exploitent tout de l'animal chassé, de sa viande à sa peau en passant par sa graisse pour se chauffer, qui invoquent l'esprit de l'animal mort pour le remercier, qui sont en symbiose avec leur environnement alors qu'il peut être très dangereux voire fatal. L'envie d'imaginer par la lecture ce mode de vie si éloigné du nôtre, désencombré d'artifices, de consommation à outrance, dénué de stress (mais pas d'angoisse), le retour à l'essentiel même s'il peut être cruel, une communion avec la nature et les esprits, une exploration mystique, comme si l'ensemble des petits et grands problèmes pouvaient trouver leurs causes et leurs solutions dans les secrets de l'univers. Peut-être.

Alors que l'hiver se profile, je ne peux que vous conseiller cette lecture, véritable pause dans une période anxiogène, qui recentre le lecteur sur l'essentiel et qui nous permet de découvrir le peuple Inuit, son mode de vie ainsi que ses mythes et ses croyances. 
Dernières infos.

De pierre et d'os a été publié en 2019 et compte 220 pages. Il a obtenu le Prix du roman Fnac la même année.

Ma note.

Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 95 - Lire un nature-writing - 47/100

2 commentaires:

  1. Je le note ! C'est convaincant ce que tu en dis !
    J'ai dans ma PAL "La maison de nos pères" et c'est aussi sur le thème des Inuit, mais là, c'est un récit décousu, avec beaucoup de description. Peut-être que ce livre me réconciliera avec le genre !

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    1. Je ne connais pas du tout "La maison de nos pères"... Mais tu peux y aller les yeux fermés avec De pierre et d'os. Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à de l'aventure mais il reste un bon roman dans sa catégorie je pense !

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