dimanche 15 mai 2022

Changer l'eau des fleurs - Valérie Perrin

En résumé.

Violette est garde-cimetière dans un petit village de Bourgogne. Un métier qui s'est imposé à elle, comme une évidence après les épreuves vécues, et qu'elle honore avec beaucoup d'humanité. Entretenir ce lieu de mémoire où se croisent les morts et les vivants, chacun trimbalant avec fracas les casseroles du passé, est à la fois pour elle un devoir mais aussi une façon de panser les blessures. Malgré le sourire affiché sur sa figure, Violette n'a pas été épargnée par la vie, si bien qu'elle souhaite désormais la finir seule, entourée par les animaux du cimetière. L'arrivée d'un inspecteur de police dans son cimetière va bouleverser sa routine et changer sa perception du temps. Lui qui enquête sur le grand amour de sa mère, va également être bousculé, si bien qu'il reviendra plusieurs fois dans ce petit cimetière étrangement vivant et coloré.

Mon avis. 

Ce livre, que je croisais partout, m'a été offert par une collègue le jour de son départ. Elle en avait beaucoup apprécié la lecture et souhaitait que je le découvre à mon tour. J'attendais d'avoir de belles journées de vacances pour savourer ce récit fleuve au nombre de pages conséquent. Contrairement à beaucoup d'autres lecteurs, ce ne fut pas un coup de cœur, mais j'en ai tout de même apprécié la lecture.

Si j'en ai apprécié la lecture, c'est avant tout parce que c'est un roman qui parle de la vie, et c'est parce que l'auteur intègre la question de la mort qu'il en est d'autant plus puissant. Que serait la vie si nous étions immortels ? Que seraient les parcours de vie s'ils ne devaient jamais s'achever ? Ainsi, à travers une multitude de personnages, Valérie PERRIN propose au lecteur d'explorer plusieurs parcours de vie, de gens simples, des gens comme tout le monde, ceux qui ont réussi à se conformer aux normes sociales, ceux qui y sont arrivés un temps puis qui ont été rattrapés par des regrets et des amours passionnels, et puis ceux qui ont vécu avec des névroses, et qui ont été à l'origine de véritables drames. Si l'histoire de Violette constitue le fil rouge de ce roman, nous croisons la route de plein d'autres êtres qui sont ou qui ont été. Ainsi, ce roman propose des allers-retours entre présent et passé, mais aussi quelques parenthèses pour découvrir d'autres histoires que celle de Violette mais qui résonnent à chaque fois avec l'intrigue principale. Il s'agit donc d'un roman humain qui s'intéresse au destin, aux rencontres et aux événements qui jalonnent notre existence. Rien n'est jamais noir chez les personnages de Valérie PERRIN, même le plus abject des maris se révèle être un homme aux blessures tellement vives qu'elles lui ont coupé la parole et l'ont privé de ses émotions.

Violette est l'incarnation de ces vies émaillées de rencontres, de drames ou de coups de pouce du destin. Elle qui cache sous ses manteaux aux couleurs sombres des petites robes aux couleurs vives, comme un pied de nez à la vie qui ne l'a pas gâtée. On suit ses aventures avec empressement, trop envieux de comprendre comment elle a pu se retrouver dans ce petit cimetière. On ne sera pas déçu, les rebondissements sont multiples, jamais très heureux. Parfois, c'est d'ailleurs un peu trop, comme si Violette endurait à elle seule tous les drames qu'une femme peut connaître dans sa vie. Les coïncidences sont parfois trop grosses pour être vraies, une Violette dont le nom de famille n'est autre que Toussaint et qui est garde-cimetière... Mouais. C'est dommage, ce genre de petits détails et d'exagérations viennent gâcher les efforts de l'auteur pour rendre par ailleurs ses personnages authentiques et crédibles. 

Même si ce livre est plein de lumière, notamment grâce au personnage de Violette, j'ai trouvé toute une partie glauque et quand j'y repense, cela me met mal à l'aise. Je ne sais pas ce qui me fait réagir ainsi, mais l'évocation du passé de Violette, lorsqu'elle œuvrait comme garde-barrière, m'amène à imaginer une maison toute triste, envahie par la moisissure, ébranlée par les nombreux passages des trains, le soleil cognant sur les rails, faisant naître une lumière aveuglante, la chaleur qui rend l'habitation insupportable, les odeurs de Philippe Toussaint et les mauvaises herbes qui engloutissent le jardin. Ces images sont associées pour moi au passé de Violette, à sa posture de femme vaillante mais résignée, rythmée par les horaires des passages des trains, une femme en friche, tout comme le serait sa maison. Le personnage de Philippe Toussaint, même s'il change progressivement d'image au fil de la lecture, y est pour beaucoup dans cette impression d'étrangeté, comme s'il était associé à la part de malsain qui vient planer sur ce livre et qui côtoie la partie plus lumineuse, celle où les âmes peuvent renaître.

Voilà un roman plus complexe qu'il n'en a l'air, qui vient nous titiller sur la vie, le destin, les rencontres qui se font et celles qui ne se font pas, les années sombres puis les années folles, les décisions que l'on prend, parfois sur un coup de tête. Malgré beaucoup d'humanité et de sensibilité incarnées par Violette, personnage central de cette histoire, quelques petits bémols viennent selon moi émailler le récit. Rien de bien dramatique cependant, Changer l'eau des fleurs reste un agréable moment de lecture.
Dernières infos.

Changer l'eau des fleurs a été publié en 2018 et compte 664 pages pour la version poche.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2022 : Consigne 86 - Une scène qui se déroule dans un cimetière - 17/100

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