dimanche 29 mai 2022

La guerre des métaux rares - Guillaume Pitron

En résumé.

On n'en entend peu parler, et pourtant, ils sont partout : les métaux rares. Indium, antimoine, germanium, terres rares, autant de mots qui ne nous évoquent pas grand chose si l'on n'est pas féru de sciences. Et pourtant, nous avons quelques grammes de ces métaux dans nos mains tous les jours, dans nos téléphones et dans nos ordinateurs portables. Ils sont aussi dans nos téléviseurs à écran plat, nos tablettes, nos voitures électriques, nos panneaux solaires, nos éoliennes et plus largement dans nos engins militaires. En fait, ce sont eux qui permettent la grande révolution numérique que nous connaissons actuellement, ils sont aussi indissociables de la fameuse transition énergétique, soit l'abandon du pétrole pour des procédés plus propres. Ainsi, notre avenir, celui d'une planète habitable, repose sur l'emploi de ces métaux rares dans une industrie 2.0. Seulement voilà, l'exploitation de ces métaux posent de sérieux problèmes. Leur rareté, déjà, entre en contradiction avec l'avidité de l'Homme. Leur extraction, ensuite, représente un coût environnemental très important, que l'on délocalise, évidemment. Leur pouvoir géopolitique, enfin, rabat les cartes d'un monde jusqu'alors dominé par la puissance américaine. Celui qui les possède et les exploite devient le roi du monde. Ça, la Chine l'a bien compris.

Mon avis.

Ayant par le passé déjà entendu parler des métaux rares comme étant un des principaux problèmes des voitures électriques, je fus immédiatement attirée par ce bouquin lorsque je parcourais le rayon écologie de ma librairie. Rien qu'à la lecture de la quatrième de couverture, on comprend qu'il est une nécessité de lire à ce sujet, ne serait-ce que parce que les enjeux sont cruciaux pour notre avenir.

Parce que c'est un thème qui m'est cher, j'ai l'habitude de lire sur l'état de notre monde. Réchauffement climatique, modes de consommation outranciers, modèle capitaliste désuet et inadéquat, disparition massive des espèces, pollution chimique, toutes ces problématiques n'ont plus de secret pour moi. Néanmoins, j'avais peu exploré la thématique des métaux rares, et pour cause, personne n'en parle. Alors, les découvertes furent nombreuses mais aussi terrifiantes. Sans être trop long ni trop complexe, cet essai offre un examen approfondi du sujet. Il part d'un état des lieux sur nos besoins en métaux rares qui sont absolument énormes puisqu'on les retrouve partout dans nos nouveaux modes de consommation, en lien avec le numérique, mais aussi avec la transformation verte de nos moyens de produire de l'énergie, ou encore de nous transporter. L'auteur enchaîne ensuite sur le paradoxe entre la rareté de ces métaux et les besoins croissants de l'humanité. A cela s'ajoutent les coûts environnementaux d'extraction qui sont irréels et en complète opposition avec le respect des biens naturels qui devient plus qu'urgent si l'on veut garder une planète à peu près habitable. Ainsi, nous produisons du vert avec des procédés qui polluent encore davantage que l'utilisation du pétrole. Guillaume PITRON finit de nous achever en évoquant les enjeux géopolitiques inhérents à la détention de ces métaux rares. Ainsi, celui qui les possède conserve une longueur d'avance certaine sur les autres pays, quitte à faire pression sur eux en contrôlant l'export de ces matières. Ainsi, la quasi totalité de ces ressources sont aujourd'hui détenues par la Chine, ce qui nous laisse dans un état de dépendance vis-à-vis de ce pays qui ne connaît aucune limite, encore moins environnementale (les métaux sont extraits dans des conditions épouvantables). Cela va même plus loin, puisque grâce à ses stocks impressionnants de métaux rares, elle a pu attirer le savoir-faire étranger en matière de numérique dans ses propres usines pour in fine s'emparer des méthodes de construction et proposer encore mieux à un marché toujours grandissant.

En lisant ce livre documentaire, j'ai évidemment été horrifiée par tout ce qui y est raconté. Mais je crois que ce qui m'a mise le plus en colère est le silence qui est fait autour de l'importance de ces métaux. Tout notre avenir repose sur quelques grammes de ces ressources providentielles et personne n'est au courant, tout le monde se jette à corps perdu dans des solutions qui nous donnent bonne conscience : rouler dans une voiture électrique, envoyer des mails plutôt que des lettres pour faire des économies de papier, télétravailler pour pouvoir jardiner quelques pieds de tomates. Autant d'actes, qui, s'ils donnent l'illusion de bâtir jour après jour un monde meilleur, nous précipitent encore plus vite vers un monde privé de sa biodiversité et quasi-irrespirable. Je suis en colère devant le fait que les décisions soient prises par une poignée d'individus qui ne prennent même pas la peine de présenter les enjeux de ces mêmes décisions. Il faut consommer des voitures électriques, cela nous sauvera, mais sait-on au moins avec quoi et comment ces voitures sont fabriquées ? Nous laisse t-on le choix (éclairé) de nous opposer à ces décisions qui sont enrobées de jolies mots et de pubs obéissant aux règles du green-washing ? Au-delà de cette opacité de l'information et du manque de consultation citoyenne, je suis toujours aussi atterrée devant la capacité de l'Homme à se mentir à lui-même et à s'entêter dans des procédés qui ne sont pas viables, tout ça pour produire toujours plus et s'offrir un confort qui devient inutile. La promesse d'un monde d'après... Peut-être pire que celui du monde d'avant.

Voilà un essai qui demande du courage pour être lu, car ce qu'il dénonce n'a pas de quoi donner du baume au cœur. Pour autant, à l'heure où nos modes de consommation deviennent les thématiques principales du débat public, je pense qu'il est indispensable de lire ce genre de bouquin qui a le mérite de remettre l'église au milieu du village. Quelques pages peuvent paraître un poil techniques, mais l'essentiel est accessible, en tout cas suffisamment pour se faire une idée claire sur le sujet.
Dernières infos. 
 
La guerre des métaux rares a été publié en 2018 et compte 253 pages.
 
Ma note.
Challenges.
 
Défi lecture 2022 : Consigne 65 - Livre dont le titre contient plus de quatre fois la même lettre - 19/100

dimanche 22 mai 2022

Le temps des amours - Marcel Pagnol

En résumé.

Loin du chant des cigales et des collines ensoleillées, le jeune Marcel entame ses études supérieures. Le jeune homme studieux qu'il était jadis doit se faire une place parmi ses camarades qui ne sont jamais à cours d'imagination pour faire quelques bêtises. Il s'y mettra lui aussi, à tendre des pièges plein de malice à ses enseignants. Jusqu'à ce qu'il découvre la beauté de la poésie, à tel point qu'il se rêve déjà grand poète, faisant la fierté de ses cancres d'amis qui l'érigent en héros. Les vacances au milieu de la garrigue sont toujours d'actualité, et Marcel aura à cœur de soutenir son père et son oncle dans une partie de pétanque d'anthologie, pleine de rebondissements et de suspense. 

Mon avis.

Le temps des amours vient clore la tétralogie des Souvenirs d'enfance de Marcel PAGNOL. Ce quatrième tome, qui m'a été offert par des amis il y a bien des années déjà, est le moins abouti de tous. Alors qu'il en avait écrit l'essentiel, l'auteur n'a pas sauté le pas pour les faire publier. Après son décès, les divers chapitres ont donc été compilés par la maison d'édition et publiés à titre posthume.

Cela explique pourquoi ce livre peut laisser un goût d'inachevé et l'impression qu'il n'y a pas vraiment de fil conducteur entre les diverses histoires. Ainsi, plusieurs thèmes sont explorés, plusieurs souvenirs sont proposés au lecteur mais les transitions entre les chapitres sont inexistantes. J'ai vu à droite à gauche que cela avait pu gêné plusieurs lecteurs. Cela n'a pas été le cas pour moi, je savais à quoi m'attendre en entamant cet ultime tome et je l'ai lu chapitre après chapitre, comme des ultimes témoignages de la vie de Marcel PAGNOL et la dernière occasion de plonger dans cet univers si différent du nôtre, rempli d'innocence et d'authenticité. J'ai apprécié lire les frasques de Marcel et de ses amis. Leurs blagues malicieuses semblent appartenir à un autre temps et éveillent en moi un sentiment de nostalgie. Bien que je n'ai pas connu cette époque, j'aime lire la façon dont ces adolescents jouaient, bien loin des préoccupations adultes et de l'invasion des écrans dans nos vies. La sensation de voyager à cette époque reste très agréable et fait du bien, à l'heure où on peut parfois avoir l'impression que l’insouciance n'est plus permise à notre époque.

En revanche, ce qui m'a un peu manqué est les passages dans la maison de vacances, perdue au milieu de la garrigue, et les scènes en famille. Dans ce quatrième tome, il n'est point question du rire chantant d'Augustine, ni de la beauté de la tante Rose. Seuls Joseph et l'oncle font leur apparition lors d'une partie de pétanque devenu mythique. A la lecture de ce passage, on se reprend une bouffée de chaleur, de cigales, de citronnade à l'ombre des platanes, de gens qui chantent en parlant, au milieu de leurs amis et on replonge une fois de plus dans l'insouciance de l'époque. Contrairement à ce que pourrait nous laisser penser le titre, il n'est pas vraiment question d'amour dans ce tome. Mis à part Lagneau qui vit sa première expérience amoureuse, l'amour n'est pas un thème exploité. En revanche, l'amitié de Marcel pour ses amis - et réciproquement - est largement mise en avant. Dans les dernières pages, il est question d'un long chapitre sur un épisode de peste à Marseille, raconté par un personnage fantasque que Marcel et Lili ont rencontré dans les collines. Plusieurs lecteurs ont trouvé l'incursion d'un tel thème étrange et sans grand intérêt. C'est vrai que je n'ai pas bien compris non plus ce que ce chapitre venait faire là mais il reste intéressant à lire. Il détone avec le reste de l'histoire mais cette intrigue semblait tenir à cœur à Marcel PAGNOL.

Ce dernier tome des Souvenirs d'enfance de Marcel PAGNOL peut sembler décousu à tous ceux qui se sont plongés dans les trois premiers bouquins. J'en conviens. Néanmoins, ces ultimes souvenirs continuent à nous procurer de la joie, la joie d'imaginer une époque bien différente de la nôtre, où l'insouciance est reine et où les journées sont empreintes d'une chaleur réconfortante. C'est avec une petite pointe au cœur que je clos cette saga provençale.
Dernières infos.

Le temps des amours a été publié en 1977 et compte 253 pages.

Ma note.
Challenges.
 
Défi lecture 2022 : Consigne 96 - Livre dans lequel il y a une compétition sportive - 18/100

dimanche 15 mai 2022

Changer l'eau des fleurs - Valérie Perrin

En résumé.

Violette est garde-cimetière dans un petit village de Bourgogne. Un métier qui s'est imposé à elle, comme une évidence après les épreuves vécues, et qu'elle honore avec beaucoup d'humanité. Entretenir ce lieu de mémoire où se croisent les morts et les vivants, chacun trimbalant avec fracas les casseroles du passé, est à la fois pour elle un devoir mais aussi une façon de panser les blessures. Malgré le sourire affiché sur sa figure, Violette n'a pas été épargnée par la vie, si bien qu'elle souhaite désormais la finir seule, entourée par les animaux du cimetière. L'arrivée d'un inspecteur de police dans son cimetière va bouleverser sa routine et changer sa perception du temps. Lui qui enquête sur le grand amour de sa mère, va également être bousculé, si bien qu'il reviendra plusieurs fois dans ce petit cimetière étrangement vivant et coloré.

Mon avis. 

Ce livre, que je croisais partout, m'a été offert par une collègue le jour de son départ. Elle en avait beaucoup apprécié la lecture et souhaitait que je le découvre à mon tour. J'attendais d'avoir de belles journées de vacances pour savourer ce récit fleuve au nombre de pages conséquent. Contrairement à beaucoup d'autres lecteurs, ce ne fut pas un coup de cœur, mais j'en ai tout de même apprécié la lecture.

Si j'en ai apprécié la lecture, c'est avant tout parce que c'est un roman qui parle de la vie, et c'est parce que l'auteur intègre la question de la mort qu'il en est d'autant plus puissant. Que serait la vie si nous étions immortels ? Que seraient les parcours de vie s'ils ne devaient jamais s'achever ? Ainsi, à travers une multitude de personnages, Valérie PERRIN propose au lecteur d'explorer plusieurs parcours de vie, de gens simples, des gens comme tout le monde, ceux qui ont réussi à se conformer aux normes sociales, ceux qui y sont arrivés un temps puis qui ont été rattrapés par des regrets et des amours passionnels, et puis ceux qui ont vécu avec des névroses, et qui ont été à l'origine de véritables drames. Si l'histoire de Violette constitue le fil rouge de ce roman, nous croisons la route de plein d'autres êtres qui sont ou qui ont été. Ainsi, ce roman propose des allers-retours entre présent et passé, mais aussi quelques parenthèses pour découvrir d'autres histoires que celle de Violette mais qui résonnent à chaque fois avec l'intrigue principale. Il s'agit donc d'un roman humain qui s'intéresse au destin, aux rencontres et aux événements qui jalonnent notre existence. Rien n'est jamais noir chez les personnages de Valérie PERRIN, même le plus abject des maris se révèle être un homme aux blessures tellement vives qu'elles lui ont coupé la parole et l'ont privé de ses émotions.

Violette est l'incarnation de ces vies émaillées de rencontres, de drames ou de coups de pouce du destin. Elle qui cache sous ses manteaux aux couleurs sombres des petites robes aux couleurs vives, comme un pied de nez à la vie qui ne l'a pas gâtée. On suit ses aventures avec empressement, trop envieux de comprendre comment elle a pu se retrouver dans ce petit cimetière. On ne sera pas déçu, les rebondissements sont multiples, jamais très heureux. Parfois, c'est d'ailleurs un peu trop, comme si Violette endurait à elle seule tous les drames qu'une femme peut connaître dans sa vie. Les coïncidences sont parfois trop grosses pour être vraies, une Violette dont le nom de famille n'est autre que Toussaint et qui est garde-cimetière... Mouais. C'est dommage, ce genre de petits détails et d'exagérations viennent gâcher les efforts de l'auteur pour rendre par ailleurs ses personnages authentiques et crédibles. 

Même si ce livre est plein de lumière, notamment grâce au personnage de Violette, j'ai trouvé toute une partie glauque et quand j'y repense, cela me met mal à l'aise. Je ne sais pas ce qui me fait réagir ainsi, mais l'évocation du passé de Violette, lorsqu'elle œuvrait comme garde-barrière, m'amène à imaginer une maison toute triste, envahie par la moisissure, ébranlée par les nombreux passages des trains, le soleil cognant sur les rails, faisant naître une lumière aveuglante, la chaleur qui rend l'habitation insupportable, les odeurs de Philippe Toussaint et les mauvaises herbes qui engloutissent le jardin. Ces images sont associées pour moi au passé de Violette, à sa posture de femme vaillante mais résignée, rythmée par les horaires des passages des trains, une femme en friche, tout comme le serait sa maison. Le personnage de Philippe Toussaint, même s'il change progressivement d'image au fil de la lecture, y est pour beaucoup dans cette impression d'étrangeté, comme s'il était associé à la part de malsain qui vient planer sur ce livre et qui côtoie la partie plus lumineuse, celle où les âmes peuvent renaître.

Voilà un roman plus complexe qu'il n'en a l'air, qui vient nous titiller sur la vie, le destin, les rencontres qui se font et celles qui ne se font pas, les années sombres puis les années folles, les décisions que l'on prend, parfois sur un coup de tête. Malgré beaucoup d'humanité et de sensibilité incarnées par Violette, personnage central de cette histoire, quelques petits bémols viennent selon moi émailler le récit. Rien de bien dramatique cependant, Changer l'eau des fleurs reste un agréable moment de lecture.
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Changer l'eau des fleurs a été publié en 2018 et compte 664 pages pour la version poche.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2022 : Consigne 86 - Une scène qui se déroule dans un cimetière - 17/100

dimanche 8 mai 2022

Les sept sœurs - Lucinda Riley

Tome 1 : Les sept sœurs.

En résumé : Situé sur les rives du lac Léman, non loin de Genève, Atlantis est un domaine paradisiaque, construit par un milliardaire pour accueillir ses six filles qu'il a adoptées aux quatre coins du monde. A sa mort, ces six jeunes femmes, désormais indépendantes, se rejoignent sur le lieu qui les a vues grandir pour rendre un dernier hommage à leur Pa Salt, tel qu'elles le surnomment, bien que ce dernier ait décidé de ne pas procéder à un enterrement classique. Cet événement aussi inattendu que terrible les amène à se souvenir de leur arrivée sur le domaine, et à s'interroger sur les raisons de leur adoption. L'homme énigmatique qu'était Pa Salt leur a laissé des lettres, pour chacune d'entre elles, ainsi que des coordonnées géographiques pour qu'elles puissent partir en quête de leurs origines. D'abord réticente, Maïa, l'aînée, finit par se laisser convaincre, désireuse d'en savoir plus sur sa famille biologique mais aussi avide de percer les secrets de ce père à la fois si proche et si distant. Son épopée nous amène au Brésil, de nos jours, mais aussi dans les années 1900.

Mon avis : J'ai pour la première fois entendu parler de cette saga par une amie, que je suivais avec frénésie dans les rayons de la Fnac en quête du dernier tome de Lucinda RILEY. Les années passant, Les sept sœurs est devenu de plus en plus renommé pour finalement atteindre le succès populaire qu'on lui connaît aujourd'hui. Curieuse du phénomène mais aussi séduite par l'idée d'un tome = un pays, je me suis à mon tour lancée dans cette histoire qui promet bien des rebondissements. Avant même de percer les secrets de l'adoption de chacune des sœurs, l'ambiance est déjà au mystère puisque ces six jeunes femmes tirent leurs prénoms des Pléiades, les sept filles d'Atlas et de Pleione dans la mythologie grecque. Ainsi, cet énigmatique milliardaire s'est lancé dans un projet porteur de sens pour lui, et ne semble pas avoir adopté ces jeunes femmes au hasard, mais bien pour conserver un lien avec des significations anciennes, d'autant plus que les Pléiades ont également donné leur nom à une constellation. La première partie de ce premier tome sert donc à installer cette ambiance mystérieuse et à dresser un portrait des différents protagonistes, les domestiques qui œuvrent sur le domaine, mais aussi les six jeunes femmes qui vont nous occuper pour le reste de la saga. Une dernière question surgit : pourquoi la septième sœur n'a pas été adoptée ? Ou du moins, pourquoi n'est-elle pas connue des autres filles ? J'ai trouvé cette première partie de l'intrigue un peu poussive. Ce premier tome, narré à la première personne (Maïa en est la narratrice), démarre lentement et j'ai été un peu lassée par tous les commentaires qui vont vraiment dans le détail et qui s'attachent à décrire le moindre fait et geste de chaque sœur. Une fois passés ces premiers chapitres, le récit s'emballe lorsque Maïa quitte les rives du lac Léman pour rejoindre le Brésil, terre de ses origines. La quête de ses ancêtres nous conduit à Rio de Janeiro. Elle est aidée par Floriano, un écrivain dont elle a déjà traduit les œuvres du portugais vers l'anglais ou le français. Très vite, le binôme comprend que la famille biologique de Maïa est une des plus vieilles familles de colons arrivés au Brésil pour faire fortune, notamment dans les plantations de café. Maïa en apprend davantage sur son arrière grand-mère, Izabella, et c'est ce personnage qui occupe une bonne partie du récit. A travers ses yeux, le lecteur découvre le Brésil des années 1900, du moins la bonne société de cette époque, et assiste à la naissance du Christ Rédempteur, cette immense statue aux bras déployés qui couve de son regard la baie de Rio de Janeiro. A la faveur d'un voyage à Paris, Izabella nous amène également à découvrir le Paris des artistes dans les années 1900, avec notamment la rencontre entre Aires Cabral (l'ingénieur du Christ Rédempteur) et Landowski (le sculpteur du visage et des mains du Christ). Si ces éléments sont vrais, le personnage d'Izabella est purement fictif. Cette plongée à la fois historique et géographique m'a fascinée. Déjà, le Brésil est très certainement LE pays que j'aimerais visiter à tout prix. Sans trop savoir pourquoi, et bien que la misère y fasse rage, j'ai toujours des images colorées qui me viennent en tête quand je pense à ce pays. Les descriptions que l'on retrouve dans ce premier tome ont correspondu aux images que j'en ai et m'ont donné encore plus envie de découvrir pour de vrai cette statue mythique. J'ai également beaucoup aimé le personnage d'Izabella, que j'ai trouvé à la fois passionné mais aussi résigné du fait de sa condition. La narration de son histoire m'a beaucoup plu, pour les images qu'elle a véhiculées. J'ai à la fois appris des choses, je me suis évadée sans quitter mon fauteuil et je me suis aussi interrogée sur la nature humaine. En parallèle de cette plongée dans le temps, on continue de suivre l'évolution de Maïa, qui se transforme progressivement au contact de Floriano. Son épanouissement va de pair avec les images du Brésil qui nous viennent en tête, la chaleur, les plages colorées, le bruit des vagues, l'odeur des fleurs gigantesques et colorées. Si le passé d'Izabella est amplement développé, le passé des autres ancêtres de Maïa est un peu moins explicite, et bien que ce fut très intéressant à lire, je n'ai pas bien compris qu'elle était l'intérêt de s’appesantir autant sur le passé d'Izabella en particulier. Peut-être que cela a un lien avec le projet de Pa Salt et l'adoption des autres sœurs... Ainsi, j'ai un peu été déçue par le décalage au niveau du rythme entre les trois phases du roman : les débuts un peu longuets et au style poussif, le milieu palpitant, et la fin bâclée qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Quoiqu'il en soit, même si je demeure perplexe quant à Pa Salt et ses projets, j'ai hâte de découvrir le second tome, ne serait-ce que pour me plonger dans l'ambiance d'un nouveau pays.

Ma note : 3/5

Challenges :
Défi lecture 2022 : Consigne 35 - Titre dans lequel on retrouve un E dans l'O (œ) - 16/100

Tome 2 : La sœur de la tempête.

En résumé : Comme ses autres sœurs, Ally est bouleversée lorsqu'elle apprend le décès inattendu de son père adoptif, Pa Salt. Ally, l'intrépide, la navigatrice talentueuse, la mélomane qui a décidé de mettre de côté la musique pour se consacrer à la voile. Ally qui séjournait dans les îles grecques, non loin du bateau de son père lors de son décès, sans le savoir. Ally qui venait de rencontrer l'amour et qui se lançait dans de nouveaux projets. Alors qu'elle participe à la Fastnet Race pour tenter de passer à autre chose, elle est frappée par une seconde tragédie. Déboussolée, accablée de tristesse, elle décide de se tourner vers les indices laissés par Pa Salt pour retrouver les traces de ses origines. Un voyage qui va la conduire jusqu'en Norvège, à Oslo (anciennement Christiana) puis à Bergen, avec quelques arrêts en Allemagne (Leipzig). Elle va y découvrir le passé grandiose de sa famille, une génération de musiciens et de compositeurs virtuoses. Au fur et à mesure de son enquête, elle va se constituer une nouvelle famille, et ainsi trouver la force de panser ses blessures.

Mon avis : Enthousiasmé par la lecture du premier tome et ayant eu la chance de vivre à Bergen pendant un an (où j'ai pu visiter le musée Edvard Grieg dont il est question dans ce livre), mes attentes quant à ce deuxième tome étaient grandes. Autant le dire tout de suite, j'ai été déçue, me forgeant au fil de la lecture un avis manichéen : il y a du bon et du mauvais, sans entre-deux. Ce qui ressort en premier est l'impression de longueur... Mon dieu que ce livre est long ! D'habitude, je suis une adepte des gros pavés car je trouve qu'ils permettent de vraiment développer une histoire et ses personnages. En général, j'en garde toujours de vifs souvenirs. Ce sera le cas pour ce tome, mais je pense qu'il aurait pu être raccourci de 200 pages, sans entacher l'intrigue. Lorsqu'on a lu le premier tome peu avant la lecture du second tome, on peut avoir le sentiment que tout le passage sur la réunion à Atlantis pour remettre les indices aux différentes sœurs est redondant, même s'il est raconté par une autre sœur. Qui plus est, il y a une certaine inégalité entre les différents passages du livre. Si la vie d'Anna Landvik et de Jens Halvorsen est largement exploitée, l'auteur ne s'attarde pas sur leur descendance qui est racontée en seulement quelques chapitres. Ainsi, on sent que l'auteur a voulu bâcler la fin, sans doute découragée par l'ampleur de la tâche dans laquelle elle s'était lancée. Outre ces problèmes de longueurs et d'inégalité entre les différentes parties du livre, j'ai été un peu gênée par la niaiserie qui imprègne certains passages. D'abord touchée par l'histoire d'amour entre Théo et Ally, j'ai vite été agacée par les "je t'aime" balancés toutes les quatre lignes, ainsi que cette confiance un peu surfaite, la demande en mariage, etc. Dans ces deux tomes, tout semble si facile, l'amour, l'argent qui coule à flots, la beauté des lieux, tout a l'air si simple que cela en devient peu crédible. Même si la relation entre Anna et Jens reste compliquée, l'auteur emploie également un ton mièvre pour décrire les débuts, ce qui est lassant et décevant. Au-delà de ces deux inconvénients majeurs, j'ai aimé me replonger dans les paysages magnifiques de la Norvège, ainsi que dans l'aspect historique de ce deuxième tome. Comme le premier, il est bâti en deux temps : une première partie consacrée à Ally, puis une seconde partie qui s'attarde sur l'histoire de ses origines, avec en toile de fond le personnage d'Edvard GRIEG qui a fait la renommée de son pays. Cette partie de l'histoire a le mérite de nous faire découvrir la grande histoire grâce à des personnages qui incarnent la petit histoire, et même si quelques protagonistes relèvent de la fiction, d'autres faits sont bien réels. J'ai également apprécié que ce soit la Norvège qui soit mise à l'honneur, un pays que l'on croise peu en littérature, qui plus est pour évoquer son histoire. En somme, même si ce livre ne fut pas le coup de cœur attendu, j'ai quand même pris plaisir à m'immerger dans la culture et les paysages norvégiens. J'ai hâte de découvrir le troisième tome qui me fera très certainement voyager à un autre coin du globe, en espérant que les personnages développés seront moins niais. 

Challenges :
Défi lecture 2022 : Consigne 10 - Auteur décédé en 2021.  - 30/100