En résumé.
Ces dernières années, bon nombre de scientifiques appellent au réveil des consciences face à la menace du réchauffement climatique, comme le prouvent une nouvelle fois les rapports du GIEC publiés cette année. Pour lutter contre ce risque majeur, il faut pouvoir en déterminer les causes. Certes, les gestes éco-responsables sont une porte d'entrée pour essayer de résorber l'hémorragie, mais nous savons tous au fond de nous qu'ils ne suffiront pas face à l'ampleur démesurée du problème. Naomi KLEIN propose ici de revenir sur les causes réelles et profondes du réchauffement climatique. Selon la thèse défendue dans cet essai, celui-ci prend racine dans notre système économique, le capitalisme. Une loi du marché débridée pourvu que la croissance soit au rendez-vous, des énergies fossiles dont on ne peut pas se passer, la concentration des richesses par une poignée d'hommes immoraux, tout cela explique que nous soyons aujourd'hui dans une impasse. Après avoir rappelé les faits, l'auteur nous enjoint à nous ériger contre ce système qui n'a plus de limites et à réclamer plus de justice, une justice climatique mais également une justice sociale.
Mon avis.
Je ne l'ai jamais caché sur ce blog, j'aime lire des bouquins qui parlent d'écologie. Malgré l'urgence de la situation, je trouve que l'on ne parle pas assez de ce thème, sauf pour faire du greenwashing ou pour évoquer des mesurettes qui nous donnent bonne conscience mais qui ne résoudrons en rien la crise écologique majeure qui est en cours. De même, nous fermons les yeux devant les causes réelles du réchauffement climatique, et n'osons pas, malgré les dernières crises en date, qu'elles soient climatiques, sanitaire ou géopolitique, changer radicalement de modes de vie pour aller vers davantage de sobriété. Face à cette inaction généralisée, j'aime me documenter sur le sujet, pour me sentir moins seule mais aussi pour y trouver des chiffres, des dates qui viendront étayer mon argumentaire. Avant même d'ouvrir ce livre, j'étais déjà convaincue par la thèse défendue par Naomi KLEIN. Pourtant, il fut très intéressant à découvrir et fourmille de faits tous plus édifiants les uns que les autres.
Malgré tout l'intérêt que je porte au sujet, ce n'est pas le genre de lecture qu'on savoure le soir avant d'aller se coucher. La découverte de cet essai fut laborieuse étant donnée la densité d'informations apportées par l'auteur. Je l'ai donc lu de façon fragmentée, piochant quelques pages par ci, par là, ou au contraire dévorant un ou deux chapitres en une seule journée. Ce livre est le fruit de plusieurs années d'enquête, réalisée par deux ou trois chercheurs. Il faut donc s'attendre à une argumentation richement documentée mais parfois difficile à appréhender. Ce livre reste accessible au grand public, mais il faut pouvoir se concentrer pour comprendre toute la complexité des règles du commerce, des méthodes d'extraction des énergies fossiles et leurs répercussions sur le réchauffement climatique. L'auteur réussit brillamment à établir des ponts entre le système capitaliste dans son ensemble et les conséquences nettement visibles sur le climat, la disparition des écosystèmes et de plusieurs espèces ainsi que la mise à sac d'environnements naturels.
Cette vaste étude se situe au début des années 2010 en Amérique du Nord. Déjà grave, on peut imaginer que la situation n'a fait qu'empirer pendant ces douze dernières années partout dans le monde. Les inégalités climatiques n'ont fait que s'accroître, entre des pays du Nord qui profitent sans limite des ressources énergétiques alors que les pays du Sud récoltent les fruits de leurs excès, comme en témoigne la violence des événements météorologiques (sècheresse, inondations, etc). Naomi KLEIN étant canadienne, ses recherches se sont avant tout basées sur le continent américain. C'est à la fois intéressant de voir comment se passent les choses outre-Atlantique, les Etats-Unis ayant souvent quelques années d'avance sur ce qui va advenir en Europe, mais c'est aussi un peu frustrant de ne pas avoir davantage d'éclairages sur l'Europe, même si on se doute que ça ne doit pas être très reluisant. L'auteur s'attarde beaucoup sur les énergies fossiles et leurs techniques désuètes d'extraction qui sont de plus en plus coûteuses pour les hommes et l'environnement car il faut puiser de plus en plus profonds ou explorer de nouveaux territoires jusqu'alors protégés par le respect des indigènes pour leurs terres. Ainsi, une deuxième partie est consacrée au réveil des peuples, qui passe selon elle par la reconnaissance des droits des indigènes à disposer de leurs territoires. C'est un peu un remake de David contre Goliath, eux contre la machinerie capitaliste qui écrase tout sur son passage. C'est la raison pour laquelle elle appelle un ralliement des sociétés occidentales à leur cause, car il en va de l'intérêt général.
Je suis sortie de ma lecture toujours aussi scandalisée, d'une part par la perversité du système capitaliste (dont je n'ai jamais douté d'ailleurs), mais aussi par le fait qu'on nous l'impose, qu'il n'existe pas à ce jour de moyen de nous en détourner. Même si le propos est alarmiste, Naomi KLEIN n'entretient pas un discours défaitiste, elle croit au sursaut des consciences et à ce qu'elle appelle "la blocadie", c'est-à-dire tous les mouvements qui convergeraient pour abolir l'extraction d'énergies fossiles en réclamant la protection des territoires visés par les grandes entreprises ainsi que la mise en place d'énergies renouvelables, qui ne serait plus freinée par des règles du marché contraignantes et allant contre ce déploiement plus respectueux de l'environnement.
Même s'il peut faire peur (524 pages quand même), même si la couverture et les thèmes développés ne sont pas très sexy, je ne peux que vous conseiller la lecture de ce bouquin, à l'heure où beaucoup de nos comportements et de nos décisions vont influencer le destin de notre planète.
Dernières infos.
Tout peut changer a été publié en 2015 et compte 524 pages (plus une centaine consacrée aux notes et à la bibliographie).
Ma note.
Challenges.
* Challenge des 100 romans 2022 : 13/100
* Défi lecture 2022 :
Consigne 18 - Couverture majoritairement bleue - 13/100
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