jeudi 1 juillet 2021

Jimfish - Christopher Hope

En résumé.
 
Par un beau jour de 1984, au large de l'Afrique du Sud, un jeune homme, complètement égaré, est repéré par un pêcheur. Ramené à port Pallid, il est présenté au chef de la police locale. A l'époque de l’apartheid, où la couleur de peau détermine la place de l'individu dans la société, le jeune homme fait figure d'exception car il n'est ni blanc ni noir. Le policier décide donc qu'il sera du côté des moins privilégiés, qu'il sera nommé Jimfish et qu'il travaillera pour lui en tant que jardinier. Jeune homme extrêmement naïf, Jimfish accepte toutes ces décisions sans broncher et se retrouve à entretenir la propriété de son "bienfaiteur", aux côtés de Malala le Soviet, un jardinier noir se revendiquant philosophe et communiste. Au fil des échanges, le maître jardinier tente de rallier son poulain apolitique à sa cause, notamment en l'amenant à ce poser cette question qui reviendra sans cesse : quel est le bon côté de l'histoire ? Loin de toutes ces préoccupations, l'ingénu Jimfish préfère plutôt tomber amoureux de la fille de son employeur. Lorsque ce dernier les surprend en train de se bécoter, Jimfish est contraint de fuir s'il veut échapper à la folie meurtrière du chef de la police. Commence alors un périple incroyable au travers de l'Europe et de l'Afrique entre 1984 et 1994, Jimsfish étant amené, toujours par le plus grand des hasards, à côtoyé les plus grands du monde d'alors avec cette interrogation qui ne le quitte pas : quelle est le bon côté de l’histoire ?

Mon avis. 

J'ai découvert ce roman à la faveur du challenge "En 2021.... Je voyage", le mois de Juin étant consacré à des lectures sud-africaines. Il m'a fallu un mois pour oser me lancer dans la rédaction de cette chronique, les impressions étant là, parfois un peu floues, mais je ne parvenais pas à les restituer à l'écrit. C'est un peu à l'image de ma lecture : des bonnes idées mais qui peinent à prendre de la consistance, une sensation de flou artistique, en partie due à la rapidité des chapitres mais aussi du fait du contenu très historique et politique, qui demande un minimum de connaissances pour saisir l'essentiel du message.

Jimfish n'est pas un roman comme les autres. En tout cas, ne comptez pas sur lui pour vous offrir une pause détente au bord de la piscine ou dans un hamac, à l'ombre des arbres. Véritable réinterprétation moderne du Candide de Voltaire, ce livre pourrait être classé au rayon des lectures donnant matière à réflexion. Christopher HOPE a choisi une période très dense du point de vue historique et politique. Les événements qui prennent place en cette fin de guerre froide nourrissent particulièrement bien les réflexions autour de cette problématique : quel est le bon côté de l'histoire ? A chaque fois qu'on découvre un nouvel événement avec les yeux de notre ingénu Jimfish, on ne cesse de le regarder avec ce nouvel éclairage : est-ce que c'est ça être du bon côté de l'histoire ? Tout y passe, Chernobyl, la chute du mur de Berlin, la fin des sociétés coloniales et l'avènement des nouveaux gouvernements africains. Jimsfish se retrouve toujours au plus près des dirigeants de l'époque ou au cœur des événements les plus tragiques, points de bascule qui ont participé à la formation de notre société contemporaine. Avec son regard naïf sur les situations, il pose les questions tabou, celles qui trahissent les véritables intentions des dirigeants de l'époque. J'ai vraiment apprécié ce fil conducteur, cette tentative de trouver le bon côté de l'histoire alors qu'en réalité il n'y en a pas. La décolonisation l'illustre à la perfection. D'un côté, les colons ne sont pas du bon côté de l'histoire pour toutes les raison qu'on connaît, mais d'un autre côté, se positionner du côté des nouveaux régimes africains mis en place n'est pas non plus le bon côté de l'histoire dans la mesure où ces régimes furent extrêmement violents et pas vraiment préoccupés par l'intérêt public.

Si j'ai donc été séduite par cette trame de fond, j'ai moins apprécié le reste de l'histoire. C'est vrai que je me suis quand même ennuyée pendant une bonne partie du livre. Je n'avais malheureusement pas toutes les connaissances historiques nécessaires à une compréhension pleine et entière de l'histoire. Je n'ai pas non plus tout compris dans le débat sur le communisme, il y a tellement de nuances à cette époque-là, car les pays et les dirigeants en adopte parfois des pistes différentes. Je ne me suis pas attachée au personnage de Jimfish, ni aux autres. Même si le procédé sert l'objectif de l'auteur de nous amener au plus près des événements pivot, j'ai été lassée par ces hasards successifs qui placent toujours Jimfish en première ligne. C'est un peu grossier au fur et à mesure qu'on avance dans le récit. Les transitions sont aussi un peu bancales, on passe très vite d'un pays à un autre sans forcément comprendre tous les tenants et aboutissants. Même si l'argumentation est intelligente et rigoureuse, j'ai quand même eu la sensation d'une lecture décousue, peut-être aussi parce que j'ai lu quelques pages par ci, quelques pages par là. Pour bien saisir tous les enjeux des aventures de Jimfish, je pense qu'il est nécessaire de vraiment se poser pour les lire et les laisser décanter.

Une déception partielle pour ce livre complexe sur le fond mais simple sur la forme. Voilà un récit intelligent, argumenté, documenté qui demande du temps pour se l'approprier et en comprendre tous les enjeux. Pas une lecture divertissante donc, plutôt une réflexion sur la façon dont s'est construit notre monde contemporain, avec ce désir sous-jacent de toujours trouver sa place et de se situer du bon côté de l'histoire. Malgré toute la frustration que je ressens, je ne suis pas sûre de si vite y revenir.

Dernières infos.

Jimfish a été publié en 2017 et compte 208 pages.

Ma note.

Challenges.

* Défi lecture 2021 : Consigne 77 - Un livre qui s'inspire d'un autre livre, réécriture, réinterprétation, remake - 24/100
En 2021... Je voyage : Afrique du Sud (+ 15 points)

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