samedi 17 juillet 2021

Apprendre à parler avec les plantes - Marta Orriols

En résumé.

Paula Cid est médecin dans le service néonatalogie d'un hôpital de Barcelone. Passionnée par son métier, son quotidien est surtout rythmé par ses heures de garde et ses petits patients qui demandent déjà beaucoup de soin et d'attention. Elle ne le voit pas venir ce jour fatal de Février, cette décision qui bouleversera sa vie, cette rupture après quinze ans de vie commune. Mauro a pris les devants, il décide de quitter Paula, sans lui avoir laissé de signes annonciateurs pour se préparer. Quelques heures après ce repas au restaurant qui a tourné au vinaigre, Mauro se tue dans un accident. En une journée, Paula passe d'un quotidien calme et routinier à des journées de tourment, de longues minutes à ne plus savoir où elle en est, des mois à ruminer cette double peine que le destin lui inflige. Comment digérer la séparation, la trahison, et le deuil. Sur qui prendre appui, ses collègues, son père veuf depuis de longues années, Lidia, l'amie qui a toujours été là, ou ces hommes de passage qui ne remplaceront jamais Mauro. Une année d'interrogations, de doutes, de peine, une année avant de prendre un nouvel envol.

Mon avis.

L'Espagne est à l'honneur ce mois-ci dans le challenge "En 2021, je voyage...". C'est donc en partie pour cela que je me suis dirigée vers ce livre de Marta ORRIOLS, auteure catalane. Comme bien trop souvent, j'ai aussi été attirée par cette couverture qui cadre plutôt bien avec la saison estivale, même si l'histoire qui nous est racontée ici n'a rien de léger ni de joyeux.

Avouons le franchement, le risque était de tomber dans le larmoyant et dans l'excès de pathos. Les enfants malades, le deuil, l'abandon, la séparation et l'infidélité, tout était réuni pour craquer devant la boîte à mouchoirs. Heureusement, Marta ORRIOLS a su choisir les mots et les situations pour déjouer tous nos pronostics. Certes, on ne se fend pas la pêche, mais on ne pousse pas non plus des cris de désespoir toutes les cinq minutes. On est plutôt sur le registre du mélancolique, de la nostalgie et de la compassion vis-à-vis de Paula, qui a tout perdu en quelques heures. Cette histoire pourrait arriver à n'importe qui malheureusement, et cette question surgit, que ferions-nous à sa place ? L'auteure est attachée aux détails, le quotidien est décrit avec beaucoup de soin, des scènes tout à fait banales sont rapportées ici pour ancrer son personnage principal dans un environnement classique, lambda, qui parle à chacun d'entre nous. C'est d'ailleurs ce qui a remporté mon adhésion, ce sentiment d'écouter une amie me parler de ses chagrins, de ses doutes et de ses peurs. Une amie qui n'oublierait pas chaque instant de vie, comme si chaque geste était empreint de la douleur de l'abandon. On marche vraiment sur un fil, on est dans une histoire très intime sans pour autant basculer du côté trash, où tout serait décrit à grand renfort d'exagérations.

J'ai principalement apprécié de voir Paula se reconstruire. Les thèmes du deuil, mais aussi de l'infidélité et du sentiment d'abandon qui en résulte sont explorés avec beaucoup de profondeur et de finesse. C'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose, les rebondissements ne caractérisent pas ce roman, mais je ne me suis pourtant pas ennuyée. J'ai aimé suivre le cheminement de la pensée de Paula, j'ai aimé être spectatrice des micro événements qui lui ont permis de progressivement tourner la page. J'ai interprété ce livre comme un témoignage sur ces grandes peines de la vie, comment chacun peut essayer de s'en tirer. Alors que certains iraient piocher chez les autres l'énergie pour se reconstruire, Paula suit un chemin plus intérieur et solitaire. Elle nous montre que c'est en elle que les ressources sont à chercher et que cela passe par toute une palettes de réactions et de décisions incongrues mais qui poursuivent un même objectif, celui de se retrouver en tant que femme. Dans l'ombre de Paula, il y a aussi Mauro qui est un personnage omniprésent. Plus que Mauro, il y a cette histoire d'amour que j'ai trouvé très belle et très juste. Elle met en avant toutes les peines que peuvent rencontrer un couple : l'incompréhension, le manque de communication, l'éloignement qui peut s'installer sans qu'on lui donne un nom ni une date. La fin du roman est particulièrement belle et apporte encore un nouvel éclairage sur l'ensemble du cheminement de Paula.

Voilà une lecture qui nous offre un moment de pause, une immersion dans le parcours de vie d'une femme qui pourrait être n'importe qui. L'authenticité et la justesse de ce roman ne peuvent laisser indifférents et nous empêchent de tomber dans un sentimentalisme exagéré. Je vous conseille ce livre pour les derniers jours de l'été, quand la mélancolie nous gagne. Ce livre, bien que morose, peut apporter une forme de réconfort.
Dernières infos.

Apprendre à parler avec les plantes a été publié en 2020. Il compte 252 pages.

Ma note.
Challenges.

* Défi lecture 2021 : Consigne 93 - Un livre d'un auteur ayant écrit moins de cinq livres - 26/100
En 2021... Je voyage : Espagne (+ 25 points)

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