En résumé.
Fin 2013, Mathias MALZIEU, chanteur au sein du groupe Dionysos et écrivain de talent, apprend qu'il est atteint d'une maladie auto-immune, l'aplasie médullaire. Une maladie qui résulte d'un dysfonctionnement de la moelle osseuse et qui entraîne des hémorragies importantes ainsi qu'une augmentation du risque infectieux dans la mesure où le corps ne dispose plus de défenses efficaces pour se protéger des attaques extérieures. Ce danger permanent arrive au moment où l'artiste est au sommet de sa carrière, prêt à entamer la promotion de son film La mécanique du cœur auquel il tient beaucoup. Bien qu'épuisé et à bout de souffle, il refuse dans un premier temps de se laisser abattre par cette maladie. Mais la situation s'aggrave, les séjours à l'hôpital se multiplient, certains en chambre stérile, les besoins en transfusion sont permanents et le traitement mis en place est un échec, une greffe de moelle osseuse doit donc avoir lieu. Avec cet écrit, Mathias MALZIEU fait part au lecteur de tout son parcours, de la découverte de la maladie à la guérison, mais rend aussi hommage aux personnes qui l'ont accompagné tout au long de cette épreuve.
Mon avis.
Ce livre fut ma dernière lecture de l'année 2020. C'est plutôt ironique de finir sur le thème de la maladie après une année à l'actualité sanitaire très chargée. Je me réservais cette lecture pour mes vacances, ayant envie d'avoir tout le temps de savourer la prose de Mathias MALZIEU, artiste de génie à mes yeux, peut-être mon auteur préféré, tant j'admire son imagination et sa plume, toujours aussi poétique et audacieuse. Malgré le thème général du livre peu réjouissant, ce livre ne fait pas exception, il nous amène encore une fois sur le terrain de la poésie avec beaucoup de malice et d'humilité.
Les livres de Mathias MALZIEU sont toujours plutôt courts, un peu frustrant je l'avoue, mais toujours puissants. Celui-ci ne déroge pas à la règle tant il nous fait vivre de multiples émotions. Des moments émouvants quand l'artiste découvre sa maladie mais aussi tout au long de la lutte avec son propre corps, l'imaginer diminué, seul dans une chambre stérile avec la peur au ventre, assister aux hommages rendus aux soignants qui ont tout fait pour lui redonner le sourire. Des moments de peur lorsqu'il évoque l'aggravation de la maladie, la recherche d'un donneur compatible pour une greffe de moelle osseuse. Et puis la joie de lire sa poésie, de le voir se remettre petit à petit, de prendre son skate et de faire le tour de l'Islande avec. Bien que l'émotion soit présente et que le thème ne soit pas des plus joyeux, ce livre n'est en aucun cas larmoyant. L'objectif n'est clairement pas de faire pleurer dans les chaumières, plutôt relater les mois d'un combat particulier et écrire pour survivre. C'est sa créativité et son imagination inépuisable qui semble avoir eu raison de sa maladie. Tourner en dérision le jargon médical, inventer le personnage de Dame Oclès pour signifier l'imminence de la mort et se réfugier dans un univers onirique, créer des histoires et des personnages farfelus, c'était sa force.
C'est un livre tout en modestie, on a l'impression d'avoir affaire à l'homme plutôt qu'à l'artiste. Il nous laisse entrer dans son intimité, son appartenant à son image, poétique et enfantin, sa relation avec Rosy et son image physique qui se dégrade au fur et à mesure que la maladie s'empare de lui. Il évoque aussi tous les personnages qu'il a pu créer et les histoires qu'il a pu inventer. L'ironie de son personnage phare Jack dans La mécanique du cœur, jeune homme ayant lui-même subi une greffe du cœur, une horloge remplaçant son véritable organe. En lisant son livre, je me suis rendue compte du poids du destin qui est particulièrement présent chez lui, comme si une partie de ce qu'il avait entrepris jusque là semait des indices qui le mènerait vers cette maladie rare. Ce récit se situe à la croisée des genres littéraires, les éléments autobiographiques en constituent bien sûr l'ossature mais Mathias MALZIEU vient agrémenter l'ensemble de touches de fiction, comme si l'on avait affaire à un personnage sorti de nulle part, ce vampire en pyjama qui s'amuserait à aspirer le sang de ses congénères depuis sa chambre stérile.
Vous pouvez ouvrir ce livre sans crainte, agréable moment de lecture garanti. N'ayez pas peur du thème de la maladie, certes peu enthousiasment en ce moment, le talent de l'auteur est tel qu'il saura vite vous détourner d'une possible morosité.
Dernières infos.
Journal d'un vampire en pyjama a été publié en 2017 et compte 251 pages (sans compter la partie "Carnet de bord" sur son voyage en Islande en skateboard).
Ma note.
Challenges.
* 100 livres à lire en 2020 : 51/100
* Défi lecture 2020 : Consigne 75 - Lire le livre d'un auteur avec lequel on aimerait bien flirter - 51/100
Journal d'un vampire en pyjama a aussi été un beau coup de coeur. Il est beaucoup plus intime mais l'auteur conserve la poésie de sa plume au service de son témoignage...une belle réussite !
RépondreSupprimerJe suis entièrement d'accord, une belle réussite, dans la lignée de ses autres romans, même si celui-ci est plus intime de part son thème.
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