samedi 25 juillet 2020

L'extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea - Romain Puértolas

En résumé.

Après avoir arnaqué ses amis et admirateurs dans son petit village de l'Inde, le fakir Ajatashatru Lavash Patel (à prononcer "J'attache ta charrue, la vache" selon le narrateur) embarque pour Paris, destination Ikea afin de se procurer un nouveau lit à clou. Bien décidé à faire des économies, Aja n'a pas réservé d'hôtel et choisit de passer la nuit dans le célèbre magasin. Pourquoi se priver quand on a, à sa disposition, des dizaines de lits et de canapés, des cuisines et des salles de bain ? Alors qu'il est sur le point de s'endormir, il se fait surprendre par deux employés de la marque et se réfugie dans une armoire. Manque de bol, celle-ci est embarquée pour l'Angleterre. Dans le camion transportant les marchandises, le fakir rencontre un clandestin soudanais, en quête d'une terre pacifique. A leur arrivée, les deux hommes sont arrêtés par la police britannique et renvoyés en Espagne. A partir de là, les péripéties se poursuivent pour l'Indien, visitant tout à tour l'Italie, la Lybie et la France, rencontrant sur son passage des personnes qui changeront à jamais sa vie.

Mon avis.

Un livre trouvé en parfait état dans une boîte à livres. Cela a fait mon affaire puisque je pense que je ne l'aurais jamais acheté si je n'avais pas croisé sa route de cette façon. A l'approche des vacances, j'avais envie d'une histoire fraîche, tout simple et rapide à lire. Celle-ci était toute indiquée, en plus on y parle de voyages...

Bien que plutôt léger, ce livre, que l'on pourrait classer dans la catégorie des "feel-good books", propose trois histoires en une. La première, la principale, celle de ce fakir qui va vivre, malgré lui, des aventures rocambolesques. Parti pour un aller-retour à Paris avec le désir bien précis de se procurer un lit à clou, il va finalement faire le tour de l'Europe, souvent placé au centre de plusieurs quiproquo et échappant aux diverses menaces grâce à des moyens de transports peu conventionnels (une armoire, un sac de voyage, une mongolfière). Ces nombreuses péripéties servent de fil rouge à l'intrigue. Ensuite, il y a une deuxième histoire, celle de ce clandestin soudanais et plus largement celle de tous les clandestons. C'est un thème récurrent et Aja s'interroge à de nombreuses reprises sur la souffrance que ressentent ces hommes et ces femmes qui ont tout quitté pour un espoir de vie meilleure. D'ailleurs, sa propre aventure contraste vivement avec leurs aventures à eux. Alors que la sienne est racontée sur le ton de l'humour, et semble se faire de façon si simple (il suffit de se cacher dans une valise pour atterrir à Rome), celle des migrants apparaît, à juste titre, comme douloureuse, semée d'embûches et incarnant quelque part le mythe de Sisyphe. Enfin, la troisième histoire est le changement qui s'opère chez l'Indien, comme si nous avions affaire à un voyage initiatique. Le fakir, habitué à mentir sur ses pouvoirs pour escroquer son entourage, rencontre au fil de ses étapes européennes des personnages qui lui permettent de gagner en maturité. A l'issue du roman, c'est un homme transformé, qui a désormais l'ambition de rendre les gens heureux, à commencer par sa compagne. 

Un roman qui laisse donc entrevoir plusieurs messages, sans pour autant entrer dans une histoire tire-larmes. Au contraire, le récit des aventures d'Aja se veut plutôt comique, même si pour ma part je ne suis pas partie dans de grands éclats de rire, juste quelques sourires de temps en temps. C'est le type de livre que l'on lit pour se changer les idées, sans en attendre grand chose. J'ai d'ailleurs trouvé que la longueur et le rythme étaient bien. Les aventures s'enchaînent, les chapitres sont courts et rythmés, on n'a donc pas le temps de s'ennuyer, et l'histoire s'arrête à temps, un pays de plus aurait été de trop. En revanche, j'ai moins apprécié le côté un peu surréaliste des aventures de ce fakir farfelu. Bien sûr, l'auteur avait besoin de rebondissements et de coups d'éclats pour servir ses ambitions mais j'ai trouvé qu'il allait parfois un peu trop loin. Par exemple, l'histoire d'amour avec Marie est vite introduite puis balayée, la carrière d'écrivain d'Aja sonne faux (comme si un éditeur filait 100 000 € pour un manuscrit à peine entamé) et le passage en Lybie est carrément tiré par les cheveux. Mais bon, il faut accepter ce genre de couacs dans ce type de livre.

En somme, un livre sans prétention, dont l'objectif est uniquement de faire passer au lecteur un bon moment, et c'est d'ailleurs réussi. A lire au bord de la piscine, entre deux plongeons rafraîchissants. 
Dernières infos.

L'extraordianire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea a été publié en 2013 et compte 307 pages. Il est suivi des Nouvelles aventures du fakir au pays d'Ikea. Le premier tome a été adapté au cinéma en 2018 par Ken SCOTT.

Ma note.
Challenges.

Défi lecture 2020 : Consigne 19 - Livre dont le titre contient le nom d'un objet de la maison (armoire) - 27/100

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