samedi 20 juin 2020

Le temps des secrets - Marcel Pagnol

En résumé.

Le jeune Marcel a désormais onze ans et s'éloigne peu à peu des jeux d'enfants pour entrer dans l'adolescence, qu'il aborde avec insouciance et naïveté. Lors de nouvelles vacances dans les collines de l'arrière pays marseillais, il se rend vite compte que les années se succèdent mais ne se ressemblent pas. Lili des Bellons, son tendre ami, n'est plus disponible pour l'accompagner dans la pose de pièges, il est désormais dévolu aux travaux des champs, aux côtés de son père. Marcel, dans un premier temps attristé par cet abandon forcé, trouve de nouvelles occupations lorsqu'il croise au détour d'un chemin la belle Isabelle. Sa beauté, sa position sociale qu'elle fait croire très respectable, son autorité conduisent Marcel à l'aimer quasi instantanément. Vient alors le temps des secrets, les pudiques, ceux de l'amour. Le jeune garçon s'absente de plus en plus et délaisse sa famille, ainsi que le jeune Lili. Néanmoins, les secrets ne sont pas faits pour durer et son manège sera un jour dévoilé. Cela s'accompagnera de la fin des vacances, et du retour à la vie marseillaise. Une nouvelle année scolaire débute, mais celle-ci est toute particulière puisque Marcel fait son entrée au Lycée. L'occasion pour lui de poursuivre sa quête d'identité.

Mon avis.

Je pense avoir toujours vu ce livre trôner sur les étagères de la bibliothèque familiale et avoir toujours entendu ma mère en parler avec beaucoup d'émotion et d'humour, le présentant comme un livre qui a bercé sa jeunesse. Lu il y a bien des années, j'ai décidé, à l'approche des beaux jours, de me replonger dans l'enfance de Marcel PAGNOL, après avoir lu il y a deux ou trois étés de cela les deux premiers opus qui précèdent celui-ci dans la tétralogie des Souvenirs d'enfance, La gloire de mon père et Le château de ma mère.

Même si j'avais beaucoup apprécié ces deux premières lectures, celle du Temps des secrets fut encore plus agréable. Peut-être la joie de retrouver cet univers si chantant, coloré et innocent, ce temps où les bonheurs simples existaient encore, une balade dans les collines, un jeu d'Indiens, les veillées nocturnes, sans télé ni téléphone pour parasiter l'instant présent. A chaque fois que je me plonge dans ces livres me viennent des évocations de toutes sortes : le chant des cigales, le rire de l'oncle Jules, l'accent chantant d'Augustine, la lumière qui plonge sur le vert des collines et le gris des pierres, l'odeur des mijotés et la chaleur des chemins gravillonnés. Tout ceci enrobé par l'insouciance enfantine qui exacerbe encore plus cette entrée sensorielle dans l'évocation des souvenirs et rend ces journées encore plus épiques, comme si l'on avait affaire à un roman d'aventures. L'arrivée de nouveaux personnages comme Isabelle et sa famille viennent rythmer les vacances du jeune Marcel et amènent avec eux de nouvelles évocations : je pense notamment à l'épisode de la diarrhée qui accable Isabelle, à chaque fois j'en ai des hauts le cœur, rien que d'imaginer l'odeur dans la maison, renforcée par celle des crottes de chats, tout cela dans un mobilier tombant en ruine et poussiéreux.

Le petit plus de ce troisième volume est l'entrée de Marcel dans l'adolescence. Cela s'accompagne nécessairement de nouveaux questionnements et positionnements qui ne sont pas inintéressants et qui je pense font écho en chacun de nous. La question centrale du changement (corporel, mental voire idéologique) bien sûr, mais aussi la durabilité de l'amitié, lorsque les jeux ne sont plus assez présents pour lier deux jeunes garçons qui ont des vies si différentes, l'arrivée du sentiment amoureux aussi et toute la horde de sentiments contradictoires que Marcel éprouve vis-à-vis de sa famille (la trahison, l'impression d'agir à leur insu et de leur cacher des choses tout en voulant leur faire croire qu'il est encore un petit garçon naïf). Cette évolution du jeune Marcel se poursuit avec son entrée au lycée. Il s'agit là de la deuxième partie du livre. Elle fut pour moi plus laborieuse, j'ai éprouvé quelques longueurs, notamment lors de la description des professeurs et des autres élèves. Toutefois, ces quelques chapitres restent capitaux dans le sens où on voit à quel point Marcel se cherche et se compare aux autres pour se construire lui-même. Lui, le fils d'un instituteur respecté, toujours premier dans son école de quartier, sage et méritant est désormais confronté aux élèves pas si sages, aux professeurs et aux salles qui changent, au grand nombre qui le pousse à vouloir se démarquer des autres. Ainsi, ce livre marque la fin du jeune Marcel tel qu'on l'a connu dans les deux premiers volumes.

A l'heure où les départs en vacances semblent incertains et où les voyages ne doivent plus se faire aussi lointains, je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans les Souvenirs d'enfance de Marcel PAGNOL. Dépaysement garanti, sans bouger de son transat, à l'ombre d'un arbre feuillu. Ce livre est qui plus est empreint d'humour et d'émotion, garantissant un moment de lecture très agréable.
Dernières infos.

Le Temps des secrets a été publié en 1960 et compte 311 pages. Il fait partie de la tétralogie Souvenirs d'enfance. Il est précédé de La gloire de mon père, Le château de ma mère et est suivi du Temps des Amours.

Ma note.
Challenges.

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