samedi 20 octobre 2018

Les souvenirs - David Foenkinos

En résumé.

Le narrateur est veilleur de nuit dans un hôtel parisien - un emploi qu'il a choisi car il lui laisse le temps de trouver l'inspiration pour ce livre qu'il rêve d'écrire. Si sa vie professionnelle rime avec routine, sa vie privée connaît quelques remous. Son grand-père vient de mourir, et il s'aperçoit qu'il n'a pas su être à ses côtés pour ses derniers jours. Lorsque sa grand-mère, désormais veuve, s'échappe de la maison de retraite dans laquelle elle a été placée, il n'hésite pas à se lancer à sa recherche. Il finit par la retrouver, à Etretat, et une fois ensemble, grand-mère et petit-fils vont partager de tendres moments, autour de leurs souvenirs. Lors de ce voyage, le narrateur rencontre Louise, dont il va tomber amoureux...

Mon avis.

Les souvenirs est mon deuxième roman de David Foenkinos, après La Délicatesse lu quelques années plus tôt. C'est dans le cadre du Pumpkin Autumn Challenge 2018 que j'ai décidé de me tourner vers ce livre, afin de compléter la catégorie "Pommes au four, tasse de thé et bougie" du menu "Automne - Douceur de Vivre". J'avais envie d'une lecture réconfortante, sans prise de tête, et bien écrite. Pari réussi avec ce livre plein de douceur !

J'ai pu lire à droite, à gauche, qu'il fallait avoir un moral d'acier avant d'entamer cette lecture, au vu des thèmes abordés. Certes, le deuil, la vieillesse, la séparation, suite à un décès où à une rupture amoureuse confèrent une certaine nostalgie à l'ensemble du récit. Toutefois, je ne l'ai pas trouvé déprimant pour autant. Ces choses-là font partie de la vie et l'auteur les abordent avec beaucoup de simplicité, de tendresse et de beauté. Ces événements, de part les émotions qu'ils provoquent chez le narrateur, vont lui donner l'entrain et l'inspiration nécessaires à l'écriture de son livre. Ce sont ces souvenirs qui alimentent son envie de créer et d'enfermer sa mélancolie dans une production artistique. Par ailleurs, d'autres thèmes à connotation plus positive contrastent avec la douleur du temps qui passe. Je pense, bien sûr, à l'amour et à l'histoire que la narrateur va vivre avec Louise. Cette partie de l'intrigue ne constitue en aucun cas la charpente de l'édifice, elle vient juste y apporter sa pierre, d'une jolie manière. C'est aussi l'occasion d'évoquer le poids de la transmission entre générations, nos amours naissants, notre avancée dans la vie font écho à ceux que nos aïeux ont pu vivre, c'est comme s'ils nous passaient le relais, à leur disparition. Rien de bien dramatique, c'est la vie qui continue... J'ai pu lire que ce roman était en fait une autobiographie. Après avoir cherché des éléments sur la vie de David Foenkinos, il semblerait que ce soit pure fiction car rien ne correspond avec la réalité. Mais c'est vrai que c'est piégeant, tellement on entre dans l'intimité du narrateur.

Dans la première partie du livre, j'ai été déboussolée par la narration (qui se fait à la première personne). Je ne savais pas vraiment où on voulait m'embarquer, cela me semblait un peu fouillis. On me parlait d'un grand-père, puis d'une grand-mère, puis d'un père et d'un fils qui ne sait pas quoi raconter dans son livre. J'ai compris, petit à petit, qu'il n'y aurait pas une intrigue franche et déterminée dans ce livre mais que ce serait plutôt une ode aux souvenirs, pêle-mêle, tels qu'ils viennent à l'esprit du narrateur. Le concept est poussé jusqu'au bout puisque entre chaque chapitre (au demeurant très courts), sont glissés des bribes de souvenirs (à peine quelques lignes) de personnages célèbres (Saint Lazare, Alois Alzheimer, Vincent Van Gogh) ou d'inconnus (Gérard, le policier en première ligne, le peintre du tableau de la vache) mais toujours en lien avec le chapitre qui précède. J'ai trouvé l'idée plus sympathique, elle apporte une plus-value à l'intrigue générale. Le style d'écriture est très fluide, on a l'impression qu'on assiste à un monologue d'une personne qui nous raconterait sa vie, au travers de ses souvenirs. Le récit du narrateur est émaillé par quelques réflexions pertinentes. Une m'a marquée plus que les autres : le père du narrateur a travaillé d'arrache-pied toute sa vie et lorsqu'il doit partir à la retraite, c'est tout son monde qui s'écroule. Il continue d'aller au bureau tous les jours mais se rend vite compte que ses collègues poursuivent leur vie, sans lui et ne l'incluent plus dans la gestion des dossiers. Il réalise alors que sa vie professionnelle avait pris le pas sur sa vie privée et qu'il ne lui reste plus rien maintenant qu'il est hors-circuit. Rien d'original dans cette anecdote mais ça m'a fait du bien de le lire et de me souvenir de faire attention aux limites à dresser entre vies professionnelle et privée. 

En conclusion, je vous conseille ce petit livre qui parle de la vie, sans prétention, celle du quotidien, celle qui nous concerne tous. Le récit est empreint de douceur, de tendresse et de bienveillance, il saura vous réconforter même si les thèmes abordés ne sont pas toujours des plus heureux.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Un style d'écriture agréable, fluide et tout en simplicité.
+ L'impression de douceur et de sérénité qui se dégage à la lecture.
+ Les petits souvenirs incrustés sont une bonne idée.

- Dans la première partie du livre, on ne voit pas vraiment où l'auteur souhaiter nous embarquer.

Dernières infos.

Les souvenirs a été publié en 2011 et il compte 290 pages. Il a été adapté au cinéma en 2015 par Jean-Paul Rouve et mettant en scène, entre autres Michel Blanc et Annie Cordy. David Foenkinos est également l'auteur de La délicatesse, Le Mystère Henri Pick, Charlotte ou encore Le potentiel érotique de ma femme.

Ma note.

samedi 6 octobre 2018

L'arrière-saison - Philippe Besson

En résumé.

Ben s'agite derrière son comptoir, dans ce café de Cap Cod (côte Est des Etats-Unis), éclairé ce soir-là par le coucher du soleil typique de la fin Septembre, cette lumière franche qui annonce le début de l'automne, froid et rugueux. Les gestes de Ben sont empreints d'une certaine nervosité, comme s'il s'imprégnait des états d'âme de sa cliente fidèle, Louise, accoudée au bar, dans sa robe rouge qui la sublime. Elle attend Norman, son amant, qui doit aujourd'hui quitter sa femme pour la rejoindre, elle, son amour illégitime. Lorsque la clochette retentit, ce n'est pas Norman qui pousse la porte du café mais Stephen, le vieil amour de Louise qui l'a quittée quelques années auparavant pour une amie du couple. Aujourd'hui célibataire, il espérait bien tomber sur cette ancienne conquête dont il est toujours amoureux. Voilà une soirée étrange pour Louise, qui se trouve désormais partagée entre deux hommes. Les souvenirs se bousculent, les sentiments s'agitent, comme Ben, derrière son comptoir.

Mon avis. 

L'arrière-saison fut l'objet d'une relecture. Alors que l'automne montre le bout de son nez, j'avais envie de ressortir ce livre des étagères de ma bibliothèque. Au commencement de l'histoire de Louise et de ses trois mâles, il y a ce tableau d'Edward Hopper, Nighthawks (1942), souvent traduit par Les Noctambules ou Rôdeurs de Nuit. Ce peintre américain, très célèbre pour ses tableaux qui pointent la solitude de l'homme moderne, est très certainement mon peintre préféré. Je suis à chaque fois bouleversée par les décors qu'il propose et les âmes humaines qui les habitent. Les sentiments qui se dégagent de ses toiles sont si justes, si profonds, si émouvants... Alors comment résister à cette proposition de Philippe Besson de raconter les tourments des protagonistes de ce tableau qui sert de couverture au livre ?

Si vous voulez de l'action, je vous arrête tout de suite, car ce livre est plutôt du genre contemplatif. L'auteur respecte d'une main de maître le rythme qui se dégage de ce tableau, à savoir cette lenteur de la pensée un Dimanche soir, dans un café désert, alors que la nuit fait doucement son apparition. L'action est minime, les dialogues rares et succincts, chaque intervention étant fouillée par le narrateur omniscient. Chaque personnage est ainsi passé sous le microscope des sentiments afin de détecter la maladie des regrets mais aussi les espoirs qui naissent dans chaque prise de décision. Malgré la simplicité du décor et de la scène, l'ambiance est pesante, chacun rumine et sait que cette soirée aura un impact déterminant sur leurs cœurs solitaires. Ce sont la mélancolie et la nostalgie qui dominent le tableau, mais aussi la lecture. Un accord divin, délicat et sensible, entre les pensées des protagonistes, ce café ancien qui appartient à la vieille Phillies, la fin de l'été, le coup de pinceau de Hopper et la plume de Besson. Cependant un risque demeure avec ce genre de narration, celui d'ennuyer le lecteur. Pour ma part, ce ne fut pas le cas car le projet de donner vie à un monument de la peinture me séduit beaucoup. Pour autant, j'ai trouvé certains passages assez longs et je me suis parfois sentie frustrée lorsque le narrateur prend le soin de décrire chaque intervention des personnages. Cela contrariait mon envie d'en savoir plus, de rendre cette intrigue un peu plus dynamique. La longueur du livre (un peu moins de 200 pages) est adaptée. Plus de longueur aurait vraiment lassé le lecteur. 

Voilà pour la forme. Pour ce qui est du fond, le message final proposé par Philippe Besson est intéressant. Si on récapitule, Louise souhaite avec ardeur que son amant quitte enfin la femme qu'il trompe depuis des mois pour qu'ils puissent enfin avoir une vraie relation de couple, stable et légitime. Quelques années auparavant, ce fut elle la femme que Stephen quittait pour aller convoyer en justes noces avec une autre femme. Les réflexions de Louise prennent alors une autre tournure, et pourraient être celles de ce quatrième personnage qu'est la femme que l'on abandonne parce qu'elle ne fait plus l'affaire et dont on parle peu dans ces quelques pages. Et comme les choses n'arrivent jamais par hasard, ces constations interviennent ce soir-là, alors que Stephen fait sa réapparition, rappelant à Louise des souvenirs douloureux. De même, Stephen est aujourd'hui Norman, l'homme pivot qui a le pouvoir de faire le malheur de l'une et le bonheur de l'autre, bien présent dans l'esprit de Louise mais peu décrit dans le récit. Au fur et à mesure des chapitres, se met donc en place un jeu de miroir entre les quatre protagonistes, entre Louise et la femme de Norman et entre Stephen et Norman. Le récit nous invite donc à fouiller les apparences, à dresser un portrait exhaustif des personnages mais aussi à mettre en relation les divers sentiments qui les animent. C'est en cela que l'intrigue est plus complexe que l'on pourrait le croire à première vue.

En somme, un petit livre que je vous conseille pour les soirées automnales à venir. Il se lit vite, s'emporte facilement et vous promet de passer un beau moment en compagnie de ces personnages travaillés avec finesse et délicatesse.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Le projet de l'auteur : donner vie au tableau Nighthawks d'Edward Hopper. 
+ L'intrigue, en complète adéquation avec le ton du tableau. 
+ Des personnages travaillés, dont les ressentis sont décrits avec une précision chirurgicale.
+ La complexité des relations entre les personnages, malgré l'apparente simplicité de la scène.

- Quelques longueurs, surtout en fin de livre, quand on se lasse un peu des interruptions de dialogue pour décortiquer les pensées des protagonistes. 

Dernières infos.

L'arrière-saison a été publié en 2002 et compte 191 pages.

Ma note.

jeudi 4 octobre 2018

Throwback Thursday - Livre préféré de l'été 2018

Bonjour à tous !

Le Throwback Thursday est un rendez-vous repris par Betty Rose Books sur son blog. Les consignes sont très simples: chaque Jeudi, nous devons proposer un livre en accord avec le thème que Betty Rose Books nous aura concocté. Le but est de revenir sur des lectures passées d'enrichir notre Wish List en découvrant le choix des autres Bloggeuses!

Je tiens à préciser que toutes les images liées au Throwback Thursday proviennent du blog de Betty Rose Books.
Cette semaine, le thème est Livre préféré de l'été 2018.


Pour l'occasion, voici le livre que j'ai choisi :

Orgueils et Préjugés
Jane Austen
Voilà un thème qui prolonge l'été, malgré le froid automnal qui pointe le bout de son nez depuis quelques jours, pour mon plus grand plaisir. Dans l'ensemble, je suis plutôt satisfaite de mes lectures estivales, même si je ne les ai pas jugées assez nombreuses. Toutefois, il y en a vraiment une qui se détache du lot, un véritable coup de cœur, un livre que j'ai eu beaucoup de mal à lâcher... Je veux bien sûr parler de ce classique de la littérature anglaise, Orgueil et Préjugés. Mon tout premier Jane Austen. J'ai mis du temps à franchir le pas, ayant peur d'être le vilain petit canard déçu au milieu de cette vaste étendue d'avis enthousiastes. Mais dès les premières lignes, j'ai compris que je viendrai à mon tour grossir les rangs des inconditionnels de Jane Austen...

En résumé : En plein XIXème siècle, dans une famille anglaise appartenant à la bourgeoisie. Le père et la mère Bennet ne savent plus où donner de la tête... Cinq filles à marier, si l'on veut leur assurer un avenir car la loi de l'époque est claire : s'il n'y a pas de descendance masculine dans la famille, l'héritage sera destiné au membre masculin le plus proche du père dans la lignée des Bennet. Comme les choses se goupillent plutôt bien, le cousin héritier a bien l'intention d'épouser une de ses cousines. Dans le même temps, de nouveaux voisins arrivent, mâles, célibataires et ayant de l'oseille. Si la mère Bennet est déjà en train d'imaginer ses filles faisant partie de la haute société, qu'en sera-t-il pour les principales concernées ?

Mon avis : Dans cette lecture, je crois que j'ai tout aimé... La plume de l'auteur, qui rend cette histoire dynamique, prenante et intelligente. Les piques adressées au fonctionnement de la société de l'époque, déguisées par l'humour, sont délicieuses. Elizabeth apparaît comme une jeune fille impertinente mais incroyablement intelligente, en avance sur son temps et qui, par ses traits d'esprit, fait ressortir la bêtise de ceux qui l'entourent. Les intrigues sont ficelées avec minutie. Jane Austen tisse sa toile d'une main de maître, ce qui nous permet de passer un moment exquis, où l'on n'a pas le temps de s'ennuyer une seconde. Si vous hésitez encore à vous plonger dans ce classique, je vous conseille vivement de franchir le pas !