C'est au coeur des paysages mystérieux de l'Islande que la jeune Agustina coule des jours heureux. Elle partage son temps entre méditation dans le champ de rhubarbe qui est à côté de chez elle, balade sur le sable noir de la plage et discussions prolongées avec la tendre Nina, sa mère de substitution puisque la vraie parcourt le monde depuis la naissance de sa fille, à la poursuite des oiseaux migrateurs. Agustina a un handicap, elle est née avec des jambes en coton mais cela ne l'empêche pas de partir en vadrouille dès que les conditions s'y prêtent. Cela ne l'empêchera pas non plus d'avoir pour projet la montée de cette montagne qu'elle admire depuis toujours, cachée derrière le rouge vif de la rhubarbe.
Mon avis.
Au tout départ, j'avais l'intention de lire Rosa Candida, le livre le plus connu de l'auteur et conseillé par une amie. Ne le trouvant pas à la bibliothèque, je me suis rabattue sur Le rouge vif de la rhubarbe dont le sentiment général, que je partage, est moins élogieux.
Si vous avez soif d'action, je peux d'ores-et-déjà vous conseiller de passer votre chemin ! Ce livre est plutôt à ranger du côté des lectures contemplatives où il ne se passe pas grand chose. Dans celui-ci, c'est Agustina qui porte à elle toute seule l'intrigue. On la suit dans différents moments de sa vie, tout en restant dans la période de l'adolescence. Ce sont des bouts de quotidien qui nous sont servis, sans véritable lien pour les rassembler, uniquement le fil rouge qu'est Agustina. Les chapitres sont très courts, on n'a pas le temps de plonger dans un nouveau souvenir qu'il faut déjà s'en aller pour en visiter un autre. Ainsi, on aperçoit beaucoup de choses par le judas de la porte mais on n'a pas le temps de rentrer dans la maison, de poser nos bagages et de prendre un thé avec les propriétaires. Une fois la dernière page lue, je me suis demandée, comme beaucoup d'autres lecteurs, où voulait en venir l'auteur. J'ai eu l'impression d'avoir une enveloppe que j'ai tentée d'ouvrir mais dont le contenu est resté vide. Alors que je rédige cette chronique deux semaines après avoir terminé ma lecture, je me rends compte que j'ai oublié une bonne partie de l'histoire d'Agustina, incapable de me souvenir de ce qu'elle aime, de dresser son portrait ou de retracer son histoire.
Tout cela est bien dommage car l'auteur avait en main les clés du succès. Elle aurait pu davantage exploiter la mélancolie des paysages islandais que l'on côtoie rarement dans la littérature. On sent la complexité qui rôde, servie par ce contraste saisissant entre le rouge vif promis dans le titre et l'obscurité des paysages islandais mais on en reste là... Cette complexité aurait pu être présente dans le personnage Agustina dont elle aurait pu pousser l'analyse, forcé les traits, nous bousculant au passage mais je suis restée bien assise dans mon fauteuil. J'aurais notamment aimé en savoir davantage sur la relation qu'elle entretient avec cette mère absente, qui communique avec elle par lettres dans lesquelles elle clame le manque de sa fille, sans pour autant venir la voir. C'est d'ailleurs une bonne idée de la part de l'auteur que d'avoir glissé ses bouts d'intime dans le récit, cela rythme le tout et apporte une note fragile et sensible à l'ensemble de l'intrigue. Malheureusement, cela n'a pas suffi à me convaincre et à me faire aller au-delà de ma frustration : un livre qui aurait pu être tellement mieux si Audur Ava Olafsdottir avait pris le temps de poser ses valises, elle aussi, pour nous raconter la vie d'une adolescente aux jambes de coton sur une île où il n'est pas toujours facile de se construire.
Ce livre me pose un cas de conscience pour la notation. Si la lecture ne m'a pas marquée, j'ai néanmoins passé un agréable moment ces quelques soirs où je l'ai eue en mains. J'opte donc pour un trois fleurs mais je vous conseille ne pas vous arrêter si vous êtes en quête d'un roman inoubliable...
D'un coup d'oeil, les plus, les moins.
+ L'atmosphère très particulière de l'Islande qui se dégage du roman.
+ Plein de bonnes idées (les échanges épistolaires à sens unique, le rêve d'Agustina, ...)
- ... mais qui restent inexploitées.
- On oublie très vite l'intrigue une fois le livre refermé.
Dernières infos.
Le rouge vif de la rhubarbe a été publié 2016 et compte 157 pages.
Ma note.
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