En résumé.
Inde. Smita fait partie des Intouchables, cette partie de la population indienne qui n'a aucun droit, même pas celui d'être regardée. Pour survivre, elle est condamnée aux travaux les plus ingrats. Loin d'être convaincue par l'aspect immuable de sa condition, elle souhaite donner à sa fille un avenir meilleur, en se battant bec et ongles pour l'inscrire à l'école.
Sicile. Giulia travaille dans l'atelier de son père, un atelier consacré à la fabrication de perruques dans la pure tradition sicilienne. Lorsque son père est victime d'un accident, Giulia découvre que son entreprise est criblée de dettes. Dans le même temps, elle rencontre un jeune homme dont elle tombe rapidement amoureuse. Ensemble, ils devront trouver la solution pour redresser leur commerce.
Canada. Sarah est une brillante avocate. Pour en arriver là, elle a tout sacrifié, sa vie de femme, d'épouse et de maman. Alors qu'elle est sur le point de gravir encore des échelons en étant promue à la tête de son cabinet, elle apprend qu'elle est atteinte d'un cancer. Elle va alors aller de désillusions en désillusions, découvrant le vrai visage de ses collègues.
Ces trois femmes, bien qu'habitant des continents différents, vont être liées par ce qu'elles ont de plus précieux.
Mon avis.
J'ai mis du temps avant de me plonger dans ce phénomène littéraire. Je me méfie toujours un peu des romans qui provoquent l'engouement des lecteurs. On les voit être tellement plébiscités qu'on finit par en attendre beaucoup, et le risque est d'être déçu. En lisant plusieurs chroniques de blogueurs, j'ai vu que La tresse avait eu cet effet : beaucoup d'entre eux avaient des attentes élevées et ont fini par être déçus par l'aspect trop concis de ce roman. Pour ma part, je n'en attendais pas grand chose. J'étais juste à la recherche d'un roman agréable, plutôt rapide mais percutant, à lire dans les transports. Contrat rempli, je suis facilement rentrée dans l'histoire dont je me souviens toujours alors que j'ai reposé le livre il y a déjà plusieurs semaines.
Au-delà de son contenu puissant et émouvant, ce que j'ai préféré dans ce roman est la façon dont il est construit. L'auteur part du particulier, les histoires singulières de ces trois femmes qui n'ont a priori rien en commun, pour progressivement aller vers le général, à savoir ce qui lie les femmes entre elles. Progressivement, Laetitia COLOMBANI se sert de ces trois brins pour bâtir une tresse, telle un artisan de l'écriture qui contribuerait à sa manière à construire des ponts entre des univers bien différents. C'est ce que révèlent ces passages en italique égrainés tout au long du récit, la patience de l'écrivain qui tisse des histoires dans son atelier, en imagine les personnages, les décors puis qui parvient à en extraire la quintessence. Ainsi, j'ai été bluffée par le dénouement auquel je ne m'attendais pas du tout. Pendant toute la première partie du livre, je me suis demandée quel était le lien entre ces trois femmes, et surtout quel était le lien avec le titre, " la tresse ", et puis une fois que tout s'éclaire, cela nous semble évident et terriblement habile de la part de l'auteur. On assiste au tissage du lien entre ces trois femmes auxquelles on s'est attaché, alors qu'elles mêmes ne savent pas en quoi elles deviennent si indispensables les unes pour les autres. C'est émouvant d'assister à la naissance de cette chaîne de solidarité.
Roman résolument féminin, il raconte les combats si différents de ces trois femmes dont le point commun est de trouver sa place et sa liberté au sein d'une société qui ne leur laisse pas toujours l'opportunité de s'exprimer. Bien sûr, nous avons une préférence pour l'un ou l'autre des parcours. Pour ma part, j'ai été emportée par les trois, car chacun est captivant à sa manière. Pour le lecteur occidental, celui de Smita est peut-être le plus poignant car il nous fait découvrir une réalité si éloignée de la nôtre, tant sur le plan géographique que social. Voir cette femme soumise à de si basses besognes se battre pour que sa fille ait le droit d'aller à l'école est évidemment révoltant et injuste. J'ai également été émue par le combat de Sarah. Bien qu'il soit un peu caricatural, je pense qu'il n'est pas très éloigné de ce que certaines femmes vivent dans leur milieu professionnel, ni de la conciliation difficile entre vie privée et vie professionnelle au XXIème siècle en Occident. Même si elle reste porteuse d'enjeux, l'histoire de Giulia apporte un petit vent de fraîcheur sur l'ensemble du roman, grâce à l'histoire d'amour naissante avec cet homme qui va s'avérer crucial pour le reste de sa vie. Bien que ces parcours ne soient pas toujours très roses, j'ai apprécié voyager dans ces trois continents, parcourir autant de kilomètres pour découvrir des lieux de vie et des destins si différents. L'auteur aurait eu matière à développer ces trois intrigues et à faire de ce roman un pavé, mais le style concis m'a plu aussi. Elle va droit au but, l'essentiel est dit et le message est très clair malgré le peu de développements.
La tresse est assurément un roman à découvrir. J'ai été complètement embarquée par les histoires de ces trois femmes qui finissent par se rejoindre pour former un final inattendu et efficace. A mettre cet été dans la valise de tout bon lecteur qui se respecte !
Dernières infos.
La tresse a été publié en 2017 et compte 222 pages.
Ma note.
Challenges.
* Défi lecture 2022 : Consigne 8 - Livre d'un auteur inconnu pour vous - 20/100
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