vendredi 16 août 2019

Il nous faut de nouveaux noms - NoViolet Bulawayo

En résumé.

Chérie est une petite fille de 10 ans qui habite le Zimbabwe. Avec ses nombreux amis, elle aime inventer des jeux et aller voler des goyaves sur les terres des riches propriétaires aux alentours du bidonville où elle vit. Cela pour oublier l'horreur : une maison rasée, un père parti en Afrique du Sud, une mère qui "vend des choses" à la frontière et qui peut s'absenter plusieurs semaines, une grand-mères adepte de coutumes religieuses douteuses, sa copine enceinte à 10 ans, les multiples tensions dans le pays et la misère, toujours la misère. Arrivée à l'adolescence, Chérie parvient à rejoindre sa tante qui habite Détroit aux Etats-Unis. L'arrivée sur ces nouvelles terres représente de nouveaux obstacles à franchir, Chérie va devoir se construire en tant que femme, loin de ses proches, loin de sa terre natale, et l'on ne peut imaginer à quel point ce ne sera pas facile.

Mon avis. 

Je poursuis sur ma lancée, mon envie de découvrir des histoires venues d'Afrique et écrites par des auteurs africains. J'ai croisé la route de ce livre au détour d'une énième visite sur l'excellentissime blog A l'horizon des mots, qui foisonne de lectures fortes et peu connues. J'ai une fois de plus été séduite par le billet de l'hôte de ses bois, toujours aussi précis dans l'écriture et me voilà qui boucle mes valises pour le Zimbabwe, pays à l'histoire tragique.

Ce livre, peu visible sur la blogosphère, a néanmoins été très apprécié par tous les lecteurs qui ont tourné ses pages. Malgré ces belles promesses et le résumé qui donne envie, je dois avouer que je suis restée sur ma fin, sans trop définir pour autant l'origine du couac. Le style d'écriture est fluide, agréable à parcourir, l'histoire est rythmée, avec cette première partie dédiée à la vie de Chérie au Zimbabwe alors que la seconde partie nous amène aux Etats-Unis et toutes nos cordes sensibles sont branchées sur le mode vibreur. Toutefois, gourmande que je suis, j'aurais aimé plus, plus de détails, plus de précision dans les événements narrés et dans la vie des personnages. Les épisodes de la vie de la jeune fille sont trop vite balayés à mon goût, ils relèvent plus de l'anecdote que de la pierre qui participe à la construction du livre. J'aurais surtout aimé en apprendre davantage sur l'histoire politique du pays. On sent bien les querelles entre Noirs et Blancs, le passé colonial qui est toujours là, latent, qui ne quitte pas ces générations traumatisées, on devine aussi les tensions qui agitent les clans qui se disputent désormais le pays mais tout ça reste flou. J'aurais aimé que l'auteur précise les faits, sans trop en dire non plus car nous ne sommes pas dans un roman historique mais suffisemment pour situer l'histoire dans son temps, en gardant à l'esprit tous les éléments de contexte. Ainsi, j'ai dû aller faire quelques recherches pour en savoir plus sur le Zimbabwe, en ressortant de tout cela un peu frustrée, car n'ayant pas le courage de m'enfiler de longs pavés encyclopédiques. Je ne me suis pas non plus attachée aux personnages, que ce soit les personnages secondaires comme les amis de la jeune fille ou les membres de sa famille ou Chérie elle-même que je ne suis pas parvenue à cerner, entre la petite fille qu'elle était et la jeune femme qu'elle est devenue après son arrivée au Etats-Unis. 

Ainsi, je reste sur une impression de lecture superficielle, dont je garderai certains paysages en tête mais dont j'oublierai tout le reste. Peut-être que j'en attendais trop, que j'aurais dû me laisser davantage porter par le récit de Chérie, sans trop me poser de questions, ou peut-être encore que ce n'était pas le bon moment pour cette lecture. Ou peut-être que c'est comme ça, on adhère à certaines lectures et d'autres nous laissent de marbre, on ne peut pas toujours donner une raison à tout. Malgré cette déception teintée d'amertume, je décide d'octroyer à ce livre un trois fleurs car il est à mon avis important que des auteurs, originaires d'Afrique continuent à s'exprimer sur ces thèmes-là, en ces termes parfois crus et violents mais tellement vrais et d'actualité. Même si je ne me laisse pas toujours emportée par les récits proposés, je suis toujours heureuse de tomber sur ce genre de livres qui nous amènent ailleurs, qui nous ouvrent les yeux sur des préoccupations différentes des nôtres et peut-être plus essentielles et qui nous sortent de nos sentiers battus. Pour toutes ces raisons, je vous encourage à vous plonger dans Il nous faut de nouveaux noms, rien que pour la leçon de vie qu'il nous offre.
Dernières infos.

Il nous faut de nouveaux noms a été publié en 2014 pour la version française et compte 285 pages.

Ma note.

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