dimanche 5 septembre 2021

Une saison douce - Milena Agus

En résumé.
 
Voilà un petit village perdu au sud de la Sardaigne, non loin de Cagliari, sans âme qui vive. Si, quelques personnes y vivent encore, mais elles ont laissé leurs âmes s'envoler. Plus de commerces, plus de train qui passe par là, des bâtiments en ruine et tous les jeunes qui sont partis faire leur vie sur le continent. Même si la mer n'est pas loin, même si le soleil est au zénith, on se croirait proche de la fin du monde. Alors que l'hiver pointe le bout de son nez, apportant avec lui quelques larmes de désespoir supplémentaires, des envahisseurs débarquent. Des blancs, des bronzés, des noirs et des noires, de quoi effrayer les habitants du village, bien en marge de ce qui peut se passer à l'autre bout de leur village désolé. Des migrants, ayant fui la guerre, la misère et la violence quotidienne, accompagnés d'humanitaires tout aussi déboussolés. En transit vers le continent européen, le maire de la commune d'à côte leur a laissé une énième bâtisse en ruine pour poser leurs baluchons, dans l'attente qu'ils soient logés ailleurs, sur le continent. L'arrivée de ces hommes et de ces femmes divisent très vite les villageois, entre ceux qui y voient une opportunité de mettre un peu de vie dans ce trou perdu, et ceux qui y voient une menace. Pourtant, c'est bien la chaleur humaine qui l'emporte, et le petit village perdu du sud de la Sardaigne se remettra à vivre, le temps d'une douce saison.

Mon avis.

Après le Naples d'Elena FERRANTE, je poursuis mon escapade italienne en Sardaigne avec ce très court roman de Milena AGUS découvert chez Jostein. Une chance, ma médiathèque venait de le mettre dans ses rayonnages. Et hop, les valises faites, chapeau de paille sur la tête, lunettes de soleil à mes yeux et me voilà partie pour un voyage sarde à moindres frais !

L'atterrissage fut un peu chaotique, avec des difficultés à entrer dans l'histoire. C'est bien le problème de ces courts romans, il faut embarquer le lecteur assez rapidement et il n'y a pas de place pour le superflu. Ainsi, quelques éléments de contexte sont volontairement zappés, comme le nom exact du village et plus embêtant, l'identité du narrateur. Le roman est écrit à la première personne du pluriel, on imagine derrière ce "nous" plutôt une femme qui parle au nom des autres, celles qui sont de son côté, et donc du côté des migrants. C'est un peu déstabilisant au départ puis on finit par s'y faire. J'imagine que ce "nous" permet de mettre l'accent sur ce qui se passe au sein du village, plutôt que sur le narrateur qui n'est finalement qu'un observateur. Il y a du rythme, et beaucoup de choses à raconter avec tous ces personnages qui sont listés en début de bouquin. J'ai d'ailleurs fini par m'y perdre un peu, entre les villageois, les humanitaires qui sont relativement nombreux et les migrants eux-mêmes. La liste n'est pas très aidante puisqu'elle ne fait que nommer les personnages, sans décrire ce qui les caractérise. Même si l'auteur parvient à garder le fil rouge de son histoire, on peut avoir l'impression à certains moments qu'elle part dans tous les sens tant il y a à développer sur ce sujet.

J'en viens donc au gros bémol de ce roman : sa rapidité. Milena AGUS avait de quoi nous tenir pour 400 pages tellement il y a de pistes à développer. Ce village aurait pu être le théâtre d'une incroyable fresque, mettant en scène tous ces personnages si singuliers. J'aurais aimé que les relations d'amitié soient approfondies, ainsi que les amourettes que l'on voit poindre, j'aurais aimé être spectatrice de la renaissance de ce village paumé, j'aurais aimé voir les bâtiments se reconstruire sous mes yeux, les humanitaires et les migrants prendre une place de plus en plus importante auprès des villageois et les potagers se gorger de fruits et de légumes au fil des saisons. Loin des craintes initiales, l'arrivée de ces envahisseurs, comme ils sont nommés dans le roman, est finalement une bénédiction pour ce village en perdition. C'est d'ailleurs une piste de réflexion intéressante, que de voir la vie qui peut être ainsi insufflée dans des coins de campagne reculés, avec cette envie d'œuvrer pour le bien commun en renouant avec la terre et ce qu'elle peut offrir aux hommes. J'ai également apprécié de voir évoluer les personnages qui retirent tous quelque chose de cette situation inédite. Dommage que ces pistes ne soient pas davantage fouillées et développées, sans compter que certains passages n'ont pas grande utilité, comme ceux sur le religion, qui m'ont beaucoup ennuyée.

Voilà une lecture intéressante à découvrir sur le moment, mais qui ne laissera malheureusement pas une trace indélébile dans ma mémoire de lectrice. Les lieux, les personnages et la trame principale sont bien pensés et offrent des pistes de réflexion pertinentes sur l'accueil des réfugiés en Europe. Dommage que le roman ne soit pas plus long, pour laisser au lecteur le temps de vivre aux côtés de ces habitants éclectiques. 
Dernières infos.
 
Une saison douce a été publié en 2021 et compte 166 pages.
 
Ma note.
Challenges.

* Défi lecture 2021 : Consigne 72 - Un livre avec le mot "nuit" dans le texte (p.29) - 33/100
En 2021... Je voyage : Italie (+ 20 points)

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