La famille Roland, famille bourgeoise du XIXème siècle accueille en son sein deux frères que tout oppose : l'aîné, Pierre, médecin, brun, impulsif et colérique et le cadet, Jean, avocat, blond, calme et gentil. Ces deux hommes, qui semblent s'entendre malgré les différences marquées, voient leur fraternité ébranlée par une nouvelle à laquelle ils ne s'attendaient pas. La famille découvre qu'à sa mort, l'un de leurs vieux amis a décidé de léguer la totalité de son héritage à Jean. Cette générosité divise, entre ceux qui y voient l'occasion de se faire mousser dans la bonne société et de lancer Jean dans son activité d'homme de loi et ceux qui s'interrogent sur ce don qui ne touche qu'un seul membre de la famille. Pierre, mû par une jalousie qu'il peine à contenir, fait partie des sceptiques. Ses interrogations le mènent à déterrer de vilains secrets de famille...
Mon avis.
Ce court roman, ou cette longue nouvelle - la question du genre divise - trônait dans ma bibliothèque depuis quelques années déjà. Il y a quelques mois, alors que je n'avais plus le temps de lire pour des raisons professionnelles, j'ai quand même eu envie de me plonger dans un court récit, plutôt classique. Mon choix s'est porté sur celui-ci, n'ayant lu jusque là qu'un écrit de Guy de Maupassant, Bel ami.
Avec Pierre et Jean, l'auteur emmène le lecteur dans sa Normandie bien-aimée, dans la ville du Havre pour être précise, au sein d'une famille appartenant à la petite bourgeoisie des commerçants. Ce récit est publié à l'époque où les courants réaliste et naturaliste se déploient. De ce que j'en ai lu, ce récit semble s'inscrire dans les deux courants, sans pour autant réunir tous les traits caractéristiques de l'un ou de l'autre, qui le classerait dans une seule catégorie. Mes connaissances sur les courants littéraires étant à ce jour très restreintes, je laisse le soin à des plus experts de trancher la question. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il s'agit bien dans cet écrit de décrire une réalité sociale, la vie de ces petits bourgeois qui commencent à intéresser les artistes (peintres, écrivains) de l'époque. Toutefois, l'auteur ne s'arrête pas seulement à une étude sociologique de ses personnages, il les dissèque, les analyse et se sert de sa plume pour décrire leur psychologie. Je n'ai pas trouvé l'intrigue particulièrement haletante. Non, la force du livre est plutôt dans cette fouille cérébrale de la famille Roland, et surtout des deux frères. J'ai aimé le style de Maupassant, à la fois concis, pertinent mais simple. Son écrit reste tout à fait accessible, et je me suis sentie happée par ses descriptions chirurgicales des sentiments de chaque personnage.
Il est question dans ce livre d'un fils illégitime, caché par la mère, à cette époque où les mœurs en font quelque chose de tabou, en particulier dans les hautes strates de la société. Plus généralement, c'est le thème de la famille qui est exploré, des liens que l'on croit légitimés par une filiation de sang et qui volent en éclats lorsqu'une tout autre vérité apparaît. Avec elle, les personnages redécouvrent des sentiments déjà éprouvés par le passé, mais dont l'intensité reste nouvelle : le sensation d'être trahi par la mère, la douleur de constater que les liens familiaux construits reposent sur un mensonge, la menace du qu'en-dira-t-on, la jalousie, la perte de confiance dans ses repères. Un dernier thème est abordé par l'auteur, un thème qui renforce l'ampleur des tourments des personnages, celui de la mer. Le récit s'ouvre par une partie de pêche et s'achève sur une scène dans le port du Havre. La mer est là pour symboliser tout à tour la sérénité des personnages comme la violence de leurs émotions. Pierre va souvent sur le port pour réfléchir. L'observation du ressac des vagues contre les rochers accompagne ses réflexions, qui s'achèveront par la découverte de la vérité. Pierre et Jean n'aurait pas pu mériter meilleur cadre qu'une ville côtière pour voir se développer cette intrigue qui est surtout affaire de sentiments.
En résumé, un petit classique qui se lit bien et vite, aux thèmes riches, pertinents et approfondis. Si vous êtes intéressés par cette histoire, je vous conseille de vous procurer un livre qui s'accompagne d'une partie analyse (édition des collèges ou lycées). Cette partie m'a bien aidée pour situer le récit dans son temps, et en saisir tous les enjeux.
D'un coup d’œil, les plus, les moins.
+ La richesse des thèmes abordés : les liens familiaux, le fils illégitime, la mer.
+ L'analyse psychologique des personnages et la justesse des termes employés.
+ Un classique tout à fait accessible, à la plume agréable !
- Certains passages peuvent paraître longs mais ils ne gâchent en rien l'expérience de lecture.
Dernières infos.
Ce livre, publié en 1888, compte 159 pages.
Ma note.
C'est un livre que j'avais lu au lycée et j'en garde un très beau souvenir. Le livre est court mais très efficace et tu me donnes envie de le relire !
RépondreSupprimerAh super ! Bonne relecture alors ;)
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