dimanche 13 juin 2021

Sous la terre des Maoris - Carl Nixon

En résumé.

Box Saxton est ouvrier en bâtiment. Quelques mois plus tôt, il était encore à la tête d'une société florissante de construction de maisons, mais la crise financière ne les ont pas épargnés, lui et sa famille. Depuis, ils ont tout perdu, et il est contraint d'accepter n'importe quel chantier, même s'il se situe à plusieurs kilomètres de leur foyer. Un jour de tempête, alors qu'il se retrouve seul pour finir son ouvrage, il reçoit un coup de fil qui va causer sa perte. A l'autre bout du combiné, Liz, sa femme, terrorisée, elle vient d'apprendre le suicide de leur fils aîné Mark. Box rentre à toute vitesse chez lui. L'incompréhension du geste, la culpabilité, les papiers à régler, l'organisation de l'enterrement, tout s'enchaîne pour ce couple plongé dans la plus vive des tristesses. Les choses se compliquent encore lorsque Tipene, le père biologique de Mark qui n'a plus donné signe de vie depuis la séparation de Liz et les deux ans de l'enfant, pointe le bout de son nez. Maori de son état, il réclame le corps du jeune homme afin de l'enterrer dans la pure tradition de ce peuple de Nouvelle-Zélande. Les deux hommes vont s'affronter, chacun bien décidé à ne pas céder face aux revendications de l'adversaire.

Mon avis.

J'ai croisé la route de ce livre un peu par hasard, en parcourant les propositions des autres lecteurs qui participent au challenge En 2021, je voyage... sur Livraddict. J'ai été attirée par le genre policier du roman et par le thème principal de l'intrigue, à savoir la cohabitation entre les Maoris et les descendants de colons en Nouvelle-Zélande. J'avais déjà lu à propos des Maoris mais plutôt des reportages, pas vraiment de la fiction. Le projet de l'auteur m'a donc séduite, d'autant plus qu'il est lui-même néo-zélandais, promesse que le récit témoigne d'une certaine vérité sociétale. 

Bien que ce livre soit classé par l'éditeur dans la catégorie des polars, voire des thriller, il faut plutôt envisager cette lecture comme une réflexion autour du deuil, dans cette société néo-zélandaise qui montre certains points de fracture. Je n'ai pas vraiment retrouver les codes du polar : pas de meurtre (à part le suicide de Mark), pas d'énigme à élucider, pas vraiment de chasse à l'homme ni de suspense haletant. En fait, on suit principalement Box et c'est bien lui qui nous occupe durant la totalité du livre. Les autres personnages apparaissent essentiellement comme des personnages secondaires, y compris Tipene dont on ne sait finalement pas grand chose. Les raisons du suicide de Mark ne sont pas non plus expliquées, là n'est pas le cœur du roman. Il s'agit plutôt de Box, Box et ses galères, Box et son passé, Box qui revient sur la terre de ses ancêtres, Box qui lutte face à ce rival sorti du placard, qui s'enfuit pour lui échapper et pour mettre en sécurité le corps de Mark. Les enjeux entre les Maoris et les autres, ceux qui descendent des colons venus repeupler la Nouvelle-Zélande, ne sont pas aussi approfondis qu'on pourrait le penser. La tension est là, mais elle reste floue, sans contours précis. Les coutumes maoris ne sont pas expliquées, et on n'a, à aucun moment, leur point de vue. Ils sont juste présentés comme l’opposition, la violence, la force et la domination. C'est un peu dommage, je m'attendais à avoir davantage de précisions sur ces querelles et sur leur façon d'envisager le deuil.

Si je trouve que le livre n'est pas à la hauteur de ce qui est annoncé (polar, explicitation des points de fracture dans la société), il présente néanmoins un certain nombres de points positifs. J'ai surtout aimé le style d'écriture de Carl NIXON, très sensoriel. Il s'attache vraiment à décrire tout plein de détails, visuels, olfactifs, auditifs qui nous immergent complètement dans l'histoire. Je repense à cette image de la tempête présentée en début de roman, je revois le ciel qui s'assombrit, la baie qui se couvre, les couleurs de la mer qui deviennent de moins et en moins vives et je ré-entends surtout le bruit des gouttes qui s'abattent sur les tôles que Box était en train de fixer. J'ai eu le sentiment de voyager en Nouvelle-Zélande et de m'imprégner des paysages, mais aussi du côté un peu plus morbide de l'histoire, avec cette odeur du corps de Marc qui nous suit jusqu'au dénouement. J'ai également apprécié le fait que le personnage de Box soit si travaillé. C'est un personnage cohérent, et bien qu'un peu effrayée par certaines de ses décisions, j'ai fini par éprouver une forme de respect pour cet homme désœuvré prêt à tout pour enterrer dignement son fils adoptif. Malgré le chagrin qui s'empare de lui, il redouble de force pour offrir à Mark une autre vie plus digne que celle qu'il a vécue de son vivant. Pour ce qui est du rythme, les chapitres s'enchaînent plutôt bien, c'est net, précis, on sait où veut en venir l'auteur et il réussit à nous maintenir éveillés jusqu'à la fin du livre.

Voilà une lecture intéressante, qui l'aurait été encore davantage si elle n'avait pas été présentée comme un polar, ni comme mettant en scène les conflits entre les Maoris et les autres néo-zélandais. Ces fausses annonces créent un peu de frustration car le lecteur s'attend à quelque chose qui finalement ne vient pas. Néanmoins, je pense que ce livre mérite un peu plus de visibilité et je vous encourage à le lire si jamais vous croisez sa route.
Dernières infos.

Sous la terre des Maoris a été publié en 2017 et compte 252 pages.

Ma note.

Challenges.

* Défi lecture 2021 : Consigne 53 - Un livre dont le titre comporte 5 mots - 22/100
En 2021... Je voyage : Nouvelle-Zélande (+ 20 points)

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